Chapitre 3 : L'arrivée à Glasgow 1/2

Danny n'avait rien de grave. C'était impressionnant, sans doute douloureux, mais pas grave. Il n'avait que des bleus et des plaies superficielles, mais leur nombre devait le faire souffrir atrocement... Tellement qu'il n'arrivait pas à se lever seul, encore moins descendre les escaliers. Il était totalement shooté à cause des médicaments qu'il avait pris – Edward avait dit qu'il y était particulièrement sensible, mais ça restait tout de même impressionnant...

Max l'avait soigné sommairement, Edward voulait rentrer au plus vite pour que leur médecin l'examine, que son Uni se repose... Et Max voulait rentrer chez lui, étant donné qu'il travaillait le lendemain.

Et moi, au milieu de tout ça, je ne savais pas où aller, quoi faire, quoi dire.

Je m'en voulais de m'en être pris à Danny, après tout ce qu'il avait fait pour moi... Et je comprendrais qu'il ne veuille pas me voir avant un moment, si ce n'était jamais. M'imposer auprès de lui n'était pas ce que je voulais...

Tout comme m'imposer dans la vie de Max, qui s'était Uni, avait une maison, un travail – une petite vie tranquille, en somme. Il était plus ou moins stable, ce qui était une bonne nouvelle, mais il n'était pas guéri pour autant... Je ferais forcément vaciller son équilibre avec sa Bête – si ce n'était pire, état donné que j'étais moi-même Défaillant.

Cependant, Max et Edward n'avaient pas mis longtemps à faire leur choix. C'était simple : Max savait gérer la Défaillance ; Max avait moins de monde à gérer que son frère ; Max me connaissait depuis plus longtemps ; Max serait le plus à même de gérer Luther en cas de besoin.

Edward devait penser à la sécurité de sa Meute, aux Louveteaux, mais aussi à mon état qui nécessitait quelqu'un capable de comprendre les signes et gérer ma Bête quand elle était de sortie... Et ça, il n'y avait que Max qui pouvait le faire correctement. Le fait que je sois totalement en confiance avec lui complétait la liste déjà longue d'arguments « pour » que je reste auprès de lui...

Danny n'était pas en état de comprendre vraiment ce qu'il se passait, mais il avait tout de même dit plusieurs choses – pas véritablement cohérentes et compréhensibles – pour que je reste près de lui. Ça m'avait fait plaisir, puis je me sentis encore plus coupable de lui avoir fait du mal, la seconde qui suivit...

Cela leur avait pris du temps, mais Edward l'avait convaincu de lâcher le morceau. Ce qui n'était pas peu faire, d'après ce que j'avais vu... Même pas totalement clair, il ne voulait rien entendre – cependant, Edward avait sa technique pour détourner son attention, surtout dans cet état.

Nous n'avions pas fait de vieux os au manoir. Il y avait de la route pour rejoindre Glasgow, et Max voulait dîner chez lui, profiter de quelques heures avec son Uni, avant qu'une nouvelle semaine ne commence... Ce que je comprenais parfaitement. Même si je n'avais jamais été en couple, je comprenais qu'il ait envie de passer du temps avec celui qu'il aimait plus qu'avec moi perdu sur une île en pleine mer.

Le trajet en voiture avait été éprouvant pour moi. Je n'avais pas du tout l'habitude des moyens de transport modernes, et la voiture me donnait la nausée, en plus de me troubler l'ouïe et la vue... Ce qui était véritablement perturbant et pas du tout agréable.

Puis, finalement, au fil de la route, bercé par le ronronnement du moteur et la vitesse monotone, la fatigue aidant, je m'étais endormi.



– On est arrivé, déclara Max, ce qui me réveilla d'un coup.

Dehors, c'était la nuit, j'avais mis quelques secondes à me situer. Glasgow. Première fois que je venais ici, mais sans doute pas la dernière, songeais-je alors.

La voiture était garée dans une allée légèrement éclairée. La maison de Max semblait tout à fait normale – on n'aurait pas dit que des Lycans vivaient sous ce toit – et plutôt accueillante... Je ne pouvais pas apprécier les fleurs et autres arbustes que Max avait plantés étant donné qu'il faisait sombre, mais j'en sentais les odeurs. Et l'odeur de la forêt, juste de l'autre côté de la maison, qui m'avait instantanément rassuré.

La lumière de la cuisine était allumée, d'après ce que Max avait murmuré, en se dépêchant de récupérer mes affaires dans le coffre, verrouiller la voiture, pour finalement rentrer chez lui. Je l'avais suivi, à défaut de savoir quoi faire d'autre.

Quand j'étais arrivé près de la cuisine, j'entrapercevais un baiser fugace qu'il échangea avec son Uni, avant de croiser son regard. Un de ces regards intenses qui faisait frissonner... Je sentais nettement qu'il était un Alpha Dominant

En une fraction de seconde, j'avais compris qu'il ne voulait pas du tout que je sois ici. Je ne saurais exactement dire ce qui ne lui revenait pas chez moi, si c'était ma tête, ma présence, mon existence ou autre chose, mais je pouvais clairement affirmer qu'il n'était pas content que je sois là...

Il avait un regard bestial et contrarié, quelque chose d'intimidant pour tous, même un Alpha plus gros que lui... Ajoutés à cela, des sourcils froncés, une lèvre supérieure remontant pour me laisser apprécier une partie de ses crocs – bref, il n'était pas du tout engageant. Et pas difficile de traduire que c'était parce que je me tenais devant lui.

Moi, je ne tenais pas à contrarier qui que ce soit, encore moins lui. Au-delà d'être l'Uni de Max, il était plus grand et plus musclé que moi, plus Dominant – et j'avais appris très tôt à ne pas chercher quelqu'un de plus gros que soi...

Max m'avait plus ou moins expliqué que c'était lui le Dominant ici, et que, depuis qu'il était Guéri, il avait tendance à imposer son point de vue. Ce qui était légitime pour un Alpha Mâle Dominant tel qu'il l'était devenu.

Et s'il ne voulait pas de moi ici, qui étais-je pour l'obliger à m'accueillir ?

Heureusement, avec la Lune Pleine, ma Bête devait être vidée, puisque je n'avais rien senti. Ni sa présence, ni son influence, ni un vertige qui annoncerait peut-être ma perte de contrôle.

– Kaeden, je te présente Oliver, sourit Max – qui n'avait vraisemblablement pas compris ce qu'il se passait entre nous – en se dirigeant vers moi, la première fois que je l'ai vu, il portait encore des couches... Tu te rends compte ?

Le regard noir de son Uni ne quitta pas ma personne – de quoi briser la glace, vraiment...

– Et Oli, voici Kaeden, enchaîna Max, on s'est Uni il y a un peu plus de trois ans, on vit ici depuis et...

– Je peux savoir ce qu'il fait là ? Le coupa Kaeden, son regard passant enfin à Max, visiblement toujours contrarié.

Max perdit son sourire instantanément, comprenant enfin que tout n'allait pas se passer aussi bien que ce qu'il espérait.

– Et bien... Il se trouve qu'Edward pense qu'il sera mieux ici, près de nous, que chez lui... Tu sais qu'ils sont toujours très occupés et...

– Parce que nous on est jamais occupés, peut-être ? C'est son boulot de s'occuper de... ça !

– Je sais bien, mais... Oliver est Défaillant... Et Eddy ne peut pas gérer ça.

Ce qui, à notre grande surprise, n'avait pas du tout l'air d'être des raisons suffisantes pour justifier ma présence ici. Et puis, il ne semblait pas surpris non plus d'apprendre ça.

– Il n'a qu'à rentrer chez lui, enchaîna-t-il, c'est ce que Luther fait, non ? S'occuper des Défaillants ! Ça tombe bien, c'est son frère qui est concerné !

– Tu sais bien que c'est impossible.

Cette fois, la voix de Max était plus grave, plus sérieuse, ce qui ne fit pas changer d'avis son Uni.

– Eddy me l'a demandé, je ne peux pas désobéir... Et dire oui pour toi et non pour les autres, tu comprends ?

Ce qui le courrouça un peu plus :

– Fait ce que tu veux, je m'en fiche !

C'était un de ces « fais ce que tu veux » qui sous-entendait qu'au contraire, il ne valait mieux pas faire ce qu'il voulait. Mais visiblement, Max n'en tiendrait pas compte. Ce qui me soulageait... Ou peut-être pas ?

Sur ce, après m'avoir lancé un regard glacial, Kaeden monta à l'étage.

– Je suis désolé, m'adressa Max avec un sourire maladroit, Kaeden a vraiment du mal avec les changements depuis... Enfin, ce n'est pas important. Il va s'y faire dès qu'il sera un peu plus proche de toi.

– Encore faudrait-il qu'il accepte de se rapprocher, murmurais-je alors, mal à l'aise.

Il n'avait pas répondu, préférant me sortir quelque chose à manger. Pendant que je me forçais à avaler quelque chose, il changeait les draps de la chambre à l'étage.

Pour ne rien arranger, je m'installais dans la chambre de Kaeden, son espace personnel... Il devait être encore plus ravi de ma présence, au moins autant que de me savoir dans ses pattes pour les... jours, semaines, mois, années à venir... ?

Il n'y avait pas à dire, ma vie était clairement mieux à présent que j'étais ici... Avant j'avais Luther pour me lancer des regards noirs et me parler sur le ton le plus glacial possible, maintenant, j'avais Kaeden.

Fantastique, vraiment.


🌕🐺🌕🐺🌕



Le lendemain, je me réveillais à nouveau en bondissant du lit, pour m'étaler au sol lamentablement. La chambre était plutôt spartiate, mais amplement suffisante pour dormir... et s'étaler par terre au réveil.

Encore à demi endormi, je m'étais sommairement habillé, puis j'étais descendu dans la cuisine, où Max et Kaeden mangeaient en silence. L'ambiance était toujours tendue et froide – pourquoi est-ce que je ne m'étais pas recouché ?

– Hé, Oli, déjà debout ?

– Hm, oui... Je ne savais pas à quelle heure je devais me lever alors je me suis réveillé tôt.

Mensonges, mais je préférais garder pour moi les cauchemars qui troublaient mes nuits.

– Hm, tu peux rester au lit autant que tu veux...

– Ben je... Je pensais que j'aurais des choses à faire.

Kaeden me détailla avec scepticisme et colère mêlée, le temps que Max précise que chez nous, on avait toujours quelque chose à faire dans la journée. Certains appelaient ça des corvées, mais moi je préférais dire que j'avais des services à rendre. Puis, ça apprenait à avoir des objectifs, à ne pas se reposer sur ses lauriers.

– Ben là tu n'as plus rien à faire, c'est génial, répliqua Kaeden, en colère.

Il quitta la cuisine, attrapant rageusement sa veste au passage tout en annonçant qu'il attendrait dans la voiture. Je le regardais s'éloigner avec un drôle de sentiment ; à la fois gêné d'être la cause de cette situation, et aussi furieux qu'il me traite ainsi... C'était assez étrange. C'était... à cause de la Défaillance.

Je passais ma main sur mon ventre, comme si cela suffirait pour apaiser la Bête... Bien évidemment, ça n'avait rien fait du tout. Je sentais toujours sa colère.

– Ça va aller ? Me demanda Max, attirant mon attention en posant sa main sur mon épaule.

– Je... je crois... Je la sens. Je sens sa colère.

Il parut soulagé l'espace d'une seconde – si je la sentais, ce serait « plus simple » à gérer, une fois identifié ce qui la mettait en colère... Mais cela dépendait de son bon vouloir, si elle décidait de me laisser la sentir ou non. Et peut-être qu'elle avait juste envie de jouer avec mes nerfs, à se laisser sentir de temps en temps, juste pour me rendre fou.

Max ne pensa pas du tout que cela allait, mais n'insista pas pour autant. De toute façon, il devait aller travailler.

– Il y a des livres à l'étage, la TV fonctionne et tu peux faire un tour dans la forêt en passant par le jardin, c'est plutôt discret... Je t'appelle à midi, n'hésite pas à dévaliser les placards, OK ?

Je hochais la tête en souriant timidement, avant qu'il n'attrape sa sacoche, sa veste et file à son tour rejoindre Kaeden dans la voiture. Puis ils étaient partis et je me retrouvais donc seul, toute la journée, à n'avoir rien à faire.

Et ça ne m'aidait pas vraiment à être à l'aise.




Quelques heures plus tard, je somnolais devant une émission sans intérêt, à la limite entre la conscience et l'inconscience, toujours animé par un profond sentiment d'insécurité et de solitude.

Ça pouvait paraître bête, mais c'était la première fois de ma vie que je me retrouvais seul aussi longtemps. « Chez moi », je n'avais qu'à franchir la porte pour que quelqu'un me sourie, m'invite à jouer ou me demande de l'aide pour ceci ou cela... Mais ici, ce n'était pas le cas. Si je sortais dans la rue – ce que je n'avais pas osé faire – il n'y aurait rien, étant donné que le quartier était résidentiel, que tout le monde travaillait en ville. Et de savoir ça, ça m'angoissait.

Ce qui m'angoissait aussi, c'était la probabilité que Luther débarque ici dans les jours à venir pour me faire la peau.

Je sursautais en entendant le téléphone de la maison sonner. Ce n'était pas fort, mais suffisamment pour me réveiller... Je l'observais longuement sans savoir quoi faire ; décrocher, ne pas décrocher ? Il était quinze heures et Max avait appelé à midi pour me dire qu'il rentrerait vers seize heures. Peut-être que c'était retardé ? Peut-être que c'était de la publicité ? Peut-être que c'était... Luther ?

Je décrochais le combiné en appréhendant très mal la chose... Ce sentiment s'envola aussitôt pour laisser place à une frustration de penser ainsi. Bon sang, ce serait dur de s'y faire, à ça...! C'était aussi étrange à ressentir que ce qu'on décrivait, cette dualité entre « je suis un Bêta de nature » et « je deviens un Alpha »...

« – Hey, salut Oli, me dit-on alors, d'une voix plus traînante qu'habituellement. »

– Danny, soupirais-je alors, avant de me reprendre : je suis vraiment désolé de m'en être prit à toi, je ne sais pas ce que... Je n'ai rien senti, je... D'un coup je me suis réveillé au lit et il faisait jour !

« – Ne t'en fais pas, ça va aller... Je vais déjà beaucoup mieux. Comment c'est, Glasgow ? »

Je sentais bien qu'il ne voulait pas s'étendre sur le sujet. Soit pour m'épargner de la peine, soit par pudeur... Et ça me faisait me sentir encore plus coupable.

– B-Bien, je crois... Je ne suis pas trop sorti. Mais la maison est sympa, la chambre aussi...

« – Max s'occupe de toi, j'espère... »

– Hm, il travaille, mais il m'a dit qu'il prendrait quelques jours quand il pourrait... Pas tout de suite...

On échangeait encore quelques banalités sur des sujets divers, je m'étais même surpris à sourire, détendu, avant que Danny ne raccroche. Je me sentais un peu mieux. Mais toujours terriblement seul, quand j'avais reposé le combiné sur son socle, dans un silence mortel.



Le soir, lorsque Kaeden était rentré de ses cours, je pensais que je me sentirais mieux. Qu'on discuterait un peu, même s'il n'en avait pas très envie... Qu'on briserait la glace et qu'au final, il serait moins en colère contre moi.

Pourquoi est-ce que j'avais imaginé ça ? Comme si ce serait aussi simple !

Il avait à peine franchi la porte que son visage passait de neutre à contrarié. Quand il s'était rendu compte que j'étais dans le salon. Il passait dans le couloir sans même m'adresser un mot, dévalisa un placard, déposa le contenu sur le canapé et s'y installa sans m'accorder ni regard ni parole. Tout en avalant une barre de céréale au chocolat bourrée de sucre, il ouvrit son ordinateur portable et commença à pianoter dessus.

Je le regardais du coin de l'œil, priant très fort pour qu'il tourne la tête vers moi et s'adresse à moi, pour me dire n'importe quoi... Quelque chose. Que je me sente moins invisible.

Ce qu'il finit par faire, toujours contrarié :

– Moins fort, je n'arrive pas à me concentrer, ordonna-t-il, avant de remettre le nez sur son écran.

– Hm, oui, désolé...

Une fois le volume de la TV baissé, j'hésitais à continuer la conversation. J'étais plutôt sociable – du moins, je n'avais jamais eu peur d'aller vers les autres, je trouvais toujours quelque chose à dire... Mais là, rien ne me venait.

– Ta journée était... comment ? Marmonnais-je maladroitement.

Qu'est-ce qu'il m'avait prit de dire ça ? Aucune idée. Ça me mettait mal à l'aise, ce silence pesant...

Il se tourna vers moi, le regard agacé et furieux à la fois :

– Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « je dois me concentrer », exactement ? J'ai un devoir à faire, un dossier à avancer, et pas de temps pour discuter de choses débiles avec toi, compris ? Laisse-moi travailler !

Soit. Clair, net et précis !

En soi, il n'avait pas tort. Pourquoi avais-je besoin de l'ouvrir ? Alors que je voyais bien qu'il travaillait...

Je n'aggravais pas plus mon cas, préférant me concentrer sur la TV pour essayer d'évacuer mon sentiment de malaise.

Ce qui ne marchait pas, forcément.


Quand Max était rentré, lui aussi épuisé par sa journée, Kaeden était monté dans le bureau, à l'étage. Max commença à préparer le dîner, je l'avais aidé assez naturellement...

– Comment était ta journée ? Me demanda-t-il en coupant les légumes.

– Longue, ennuyante et... Très longue. Danny à appelé pour savoir si j'allais bien.

Je résumais ça pendant qu'on retrouvait nos vieilles habitudes...

La cuisine avait toujours été un lieu de retrouvailles chez moi ; après une journée passée dehors, chacun vaquant à ses occupations, on se retrouvait dans cette pièce pour préparer le repas, se raconter nos journées, échanger des choses...

C'était un moment en famille privilégié. Je me souvenais très bien quand, de ces moments. Et même si mon père était très occupé, il prenait toujours le temps de préparer le dîner et de manger avec sa famille... Et forcément, quand Max était chez nous, il passait aussi ce moment avec nous.

Cela me fit du bien de retrouver ce moment. Ça faisait longtemps – depuis la mort de Père – que je n'avais pas ressenti cette chaleur et cette plénitude de retrouver ce vieux réflexe...

Mon père adorait cuisiner, et ce qu'il préférait durant ces moments-là, c'était de nous transmettre ce qu'il savait, de nous apprendre... Et moi aussi j'adorais ça. Ce qui n'était pas le cas de Luther, qui pensait que c'était une perte de temps précieux pour un Chef de Meute de faire la cuisine.

Lui, il chargeait quelqu'un de préparer ses repas, qu'il avalait en compagnie de son Second, n'invitant que rarement qui que ce soit d'autre à sa table sans que cela soit avec intérêt : d'autres Chefs de Meute, des patients de marque, des proches de patients influents, des Alphas méritants de la Meute...

C'était devenu une espèce de moment politique important, plus qu'un moment de partage – et j'étais ravi de ne pas y être convié. Même si, parfois, j'avais aussi envie de dîner en sa compagnie, juste pour... me souvenir du bon vieux temps.

J'étais content que Max ait gardé ça. Ce moment semblait être resté le même pour lui que pour moi, et ce malgré les années écoulées...

– J'imagine que tu n'as jamais mangé quoi que ce soit d'industriel ou d'humain, dit-il soudainement. Je sais que ton père était vraiment réfractaire à ça.

Certaines Meutes gardaient une philosophie ancestrale, quand d'autres s'adaptaient au monde moderne. La mienne faisait partie de celle qui s'autosuffisait pour presque tout, y compris la nourriture. On n'allait jamais faire nos courses au supermarché – entre la culture de nos potagers, l'élevage et la chasse, nous avions largement de quoi nourrir tout le monde, et donc, aucune raison d'inclure quoi que ce soit venant de l'industrie humaine.

La rumeur voulait que les organismes Lycanthropes étaient plus résistants, plus forts et mieux portants en restant proche de leur mode de vie sauvage et instinctif... Quand ils n'étaient pas pollués par la « nourriture humaine »... Du moins, c'était ce que les anciens disaient, et ce que les parents croyaient, donc ainsi que ma Meute procédait.

La contrepartie de ce genre d'alimentation « spécifique », c'était que nos organismes n'étaient pas faits pour ingérer des mets humains. L'adaptation était souvent compliquée – je savais de quoi je parlais, j'avais du mal à avaler ce qu'on me proposait, parce que je sentais que mon corps réagissait mal...

– Hm, non, je... Je n'ai pas pu manger presque tout ce qu'il y a dans le réfrigérateur, et je ne parle pas du placard...

Il m'avait souri :

– Moi non plus... Mais Kaeden adore tous ces trucs, et je n'ai pas envie de trop le contrarier en ce moment.

– Hm... Pourquoi ça ?

– Ses examens approchent. Ça fait trois ans qu'il travaille dur pour ce diplôme, et pour ne rien arranger, son chef lui confie des tâches avec de plus en plus de responsabilités... Je ne veux pas en rajouter, tu comprends ? Et puis lui n'a pas de problème à ingérer tout ça, contrairement à nous...

Je ne savais pas trop quoi répondre.

Maintenant, son Uni m'avait moi à gérer en plus... peut-être que c'était pour ça qu'il était contrarié.

– Mais je vais te faire quelque chose de plus « normal » pour toi, il ne manquerait plus que tu sois malade à cause de la nourriture...

Ce qui s'avérerait probable si je mangeais trop de ces produits humains. Ça prenait du temps pour s'y habituer, et je n'avais pas forcément envie de m'y habituer... Comme pour tout ce qui m'entourait, d'ailleurs.

J'avais juste envie de vivre comme avant, que rien n'ait changé, que je sois toujours chez moi.

Mais c'était impossible... je n'avais pas le choix ; je devais m'adapter.



🌕🐺🌕🐺🌕



Voilà voilà, pour ce début du chapitre 3 !


Je vais juste préciser deux-trois trucs à ce stade de l'histoire :

- Kaeden est plus grand, plus fort et plus Dominant qu'à la fin de son histoire, tout simplement parce que trois ans se sont écoulés et que forcément ça influence son physique et son mental.

- Son caractère aussi, jpense que vous voyez la différence entre les deux (enfin j'espère XD)... Tout ça parce qu'il est Guéri (donc, ex Défaillant) et que sa "Bête" (Alpha maintenant) influence sa personnalité tout le temps, et plus simplement quand il perd le contrôle.

- Max est toujours Défaillant et rien n'a vraiment changé depuis la fin de la première histoire le concernant :p


Voilà, j'espère que c'est clair pour vous ! Je voulais glisser ça dans le texte, mais Oliver (qui raconte l'histoire) n'est pas censé le savoir, donc... Je vous le pose là au cas où x)
(dîtes moi si ça manque, je trouverais comment rajouter ces précisions !)

Et si jamais vous avez des questions, remarques ou besoin de précision(s) sur ça ou autre, laissez un commentaire ici !


Je vous dit à dimanche sur L'EDN ou à mercredi prochain ici :p

Bonne aprèm !

Haydn
(Crédit : Tiago Rodrigues)


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