Chapitre 13 : La seconde attaque 1/2 ⚠️
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Être une Meute autonome n'avait pas changé grand-chose dans notre quotidien. À part sentir la Marque quelques jours après que Kaeden me l'ait faite, je n'avais rien senti de très différent...
Elle ne se voyait pas, mais elle se sentait. À la fois par moi, pendant les premiers jours, où ma peau était brûlante et rougie par la morsure... mais aussi par les autres, qui pouvait à présent identifier à l'odeur que j'appartenais officiellement à un Chef de Meute. L'odeur de Kaeden se mêlait à la mienne pour signifier à tous qu'il était mon Chef.
Riley et moi devions nous faire à cette Marque, cette nouvelle odeur, similaire, mais pas totalement la même... cependant, nous étions quand même très contents de l'être. Et surtout que Max et Kaeden prennent bien notre relation. Et qu'ils acceptent que je reste près de Riley – donc près d'eux – quitte à devoir affronter Luther droit dans les yeux...
– À quoi tu penses ? Me demanda Riley, ce qui me ramena sur terre.
On prenait notre petit-déjeuner depuis quelques minutes, après s'être préparés à aller au Sanctuaire.
– Hm... À rien.
– Tu sais, quand tu penses à ton frère, t'as une expression spéciale... Et c'est vraiment facile de la reconnaître.
Je haussais les épaules, l'air vague.
– Ça fait longtemps que je suis parti maintenant, soupirais-je, il aurait dû venir depuis longtemps, tu ne crois pas ?
– Pas s'il a eu ce qu'il voulait.
– Du genre, que je parte de la Meute ? Pourquoi est-ce qu'il ne m'a pas simplement banni, alors ? Même rien que m'emmener en ville et me laisser dans une rame de métro aurait réglé le problème.
– Ben... peut-être que des gens de ta Meute auraient été contre et...
– Riley, c'est le Chef de Meute, quoi qu'il dise ou fasse, la Meute doit obéir. C'est comme ça et pas autrement, là-bas.
Je ne comprenais toujours pas ce qu'il s'était passé. Tout était flou, nébuleux... illogique. Si Luther avait voulu se débarrasser de moi, il aurait pu le faire depuis la mort de Père, en me bannissant tout simplement...
Pourquoi attendre tout ce temps ? Pourquoi hurler la Mise à Mort ? Ça semblait tellement extrême, même pour lui !
Puis Riley n'avait pas totalement tort non plus ; les membres de la Meute, même s'ils avaient le devoir d'obéir à leur Chef, avaient droit à leur propre opinion. Et j'aimais à imaginer qu'ils n'étaient pas tous pour que je meure de la gueule de mon propre frère... Enfin, je l'espérais serait plus juste.
– Et tu penses pas que... certains soient capables de... je sais pas... de lui dire d'aller se faire voir ?
Je haussais les épaules :
– Je ne pense pas que la Meute soit prête à remettre en cause tout ce en quoi on croit ni à faire vaciller le pouvoir et la paix, juste parce que le Chef de Meute a hurlé une Mise à Mort... Sans compter les Défaillants de l'Institut, si la Meute va mal, ils ne peuvent pas aller bien. Et ça, ça dépasse de loin des petites querelles entre frères, tu ne crois pas ?
Il m'observa un moment avec son expression de réflexion maligne, avant de répondre :
– Et si c'était le cas, hein ? Imaginons que l'ordre établi au sein de ta Meute soit totalement bouleversé, et...
Je le coupais en posant mes lèvres sur les miennes :
– Et ça ne changerait rien au fait que je t'aime et que je compte bien rester là où tu décides qu'on va... ce ne sera certainement pas là-bas, de toute façon.
Il avait rougi un peu, troublé, juste assez pour qu'il ne trouve rien à répondre.
– N'empêche que j'ai peut-être raison.
– Et que ces histoires ne me concernent plus depuis que je suis Marqué. Ou peut-être même qu'elles ne m'ont jamais concerné, aussi.
– Comme tu veux.
Je sentais bien la frustration dans son regard. Riley détestait ne pas avoir le dernier mot, et moi, j'adorais voir e froncement de ses sourcils, ses iris brûlants, le rictus désapprobateur de ses lèvres... C'était vraiment plaisant à voir.
– Bon, on y va ? Me lança-t-il alors, pour changer de sujet. Tu feras moins le malin dans le bus.
Il passait la porte d'entrée, toujours un peu frustré, tandis que je le suivais, pas forcément ravi d'avoir à prendre les transports en commun. C'était une épreuve à chaque fois – même si c'était plus « agréable » quand il me prenait la main, pour me soutenir ou me rassurer.
– Bon sang, j'ai l'estomac à l'envers, maugréais-je en me tenant ledit estomac, je vais vraiment penser à trouver un chemin à travers les bois...
Riley affichait un grand sourire moqueur :
– Tu mettrais trop de temps à arriver, même si t'as quatre pattes... Et puis sérieusement, tu vas t'y faire. Un jour. Probablement.
Je lui lançais un regard entendu. Ça faisait des semaines qu'il me disait cela, et je me sentais toujours aussi mal quand j'étais dans les transports.
Ça allait mieux en ce qui était de me balader en ville ou au centre commercial, la présence de la foule humaine ne me stressait plus autant qu'avant. Même si j'étais à présent nerveux de croiser un autre Surnaturel, ces derniers temps.
Glasgow avait une populace Surnaturelle variée et nombreuse... Forcément, une zone neutre comme cela, c'était plutôt rare, donc ce n'était pas anormal qu'elle soit prise d'assaut par tout un tas de Surnaturels aussi divers que variés. Angelo nous avait listé une partie de ceux-ci, et on ne s'attendait pas à ce qu'il y en ait autant...
Ça me rendait un peu nerveux de savoir qu'on pouvait en croiser dès qu'on mettait le nez dehors, que ce soit en ville ou en forêt. Même s'ils n'avaient pas le droit de nous attaquer, voire nous aborder, c'était tout de même stressant. Surtout pour moi, qui n'avais (officiellement) jamais croisé autre chose que des Lycanthropes, un Venandi et un Hybride.
Riley prit ma main avant de se diriger vers le Sanctuaire, le sourire aux lèvres.
Aujourd'hui, on avait des entraînements légers. Lui allait s'amuser avec ses couteaux, et moi j'allais aider Angelo à ranger des papiers. C'était un peu le moyen qu'on avait de le remercier de s'occuper de nous, de nous laisser venir au Sanctuaire aussi souvent.
On passait toujours autant de temps ici, à s'entraîner, surtout depuis que Riley s'était décidé à devenir l'apprenti de William. Il n'était toujours pas sûr de lui à cent pour cent, mais il prenait de l'assurance, peu à peu.
Kaeden avait raison ; William était un bon pédagogue, et surtout, il savait s'adapter aux forces et faiblesses des autres avec une étonnante souplesse... Rien ne semblait trop dur à Riley, parce que tout était étudié pour, même si le niveau des enseignements prenait de l'ampleur d'une manière visible...
Enfin, visible pour moi et Angelo. Riley, lui, ne semblait pas s'en rendre compte.
Je déposais un dernier carton sur une étagère en hauteur, l'esprit un peu ailleurs.
– Merci de m'aider avec toute la paperasse, j'aurais mis des jours à remettre de l'ordre là-dedans sans toi.
– De rien, de toute façon je n'ai rien à faire quand Riley s'amuse avec ses couteaux.
Angelo sourit en hochant la tête, avant d'annoncer qu'on en avait assez fait pour aujourd'hui. Les rapports étaient classés, rangés dans des cartons, eux-mêmes rangés par mes soins.
– Il se passe toujours autant de choses, pour avoir tous ces rapports ?
– Ehm, en temps normal, non... mais l'été, entre les Unions, les mariages, les arrivées, les départs, les naissances... Enfin, tu vois le délire. Et puis Will traîne pour faire ces rapports depuis des mois, donc tu en as qui sont datés, un peu.
Pendant qu'on continuait notre petite conversation, on retrouvait le rez-de-chaussée du Sanctuaire. Riley avait fini de lancer ses couteaux, avait pris sa douche, et m'attendait visiblement.
William était habillé avec un costume hors de prix, taillé sur mesure, tiré à quatre épingles, coiffé et la barbe taillée pour la circonstance. Il avait laissé le nœud papillon pendre à son cou, le temps pour lui de fermer ses boutons de manchettes dorés. Ils étaient ronds, gravés d'une tête de faucon, comme la plupart des choses qu'il possédait et qui avaient de la valeur. C'était une petite excentricité traditionnelle des Venandi de sa famille, et probablement en général, d'arborer leur animal totem un peu partout. Par notes discrètes. Et parfois moins.
Pendant que je m'asseyais sur le canapé, rejoignant leur conversation, Angelo s'était occupé de ses boutons de manchettes, puis de son nœud papillon, avant d'admirer le résultat :
– Je te trouve magnifique, lança-t-il avec un sourire, dommage que tu ne fasses pas autant d'effort pour passer la soirée avec moi !
William roula des yeux en poussant un soupir. Ça l'agaçait d'avoir à aller aux soirées mondaines, mais cela faisait partie de son boulot aussi. Celui de jour, il était tout de même fils du PDG ; celui de nuit, puisque l'on comptait également un certain nombre de Surnaturels dans les hautes sphères de la région.
– Si je pouvais l'éviter, grogna William, j'en ai ras le carquois de ces soirées à la noix...
– C'est dur d'avaler des petits fours ou des plats délicieux, le tout arrosé de champagne et whisky hors de prix, n'est-ce pas ? S'amusa Angelo.
– Terriblement, grogna William. En plus, c'est une soirée de la boîte... Je vais voir la tête de tous les crétins importants du bureau – comme si je ne les voyais pas assez en journée ! En plus, il faut faire des courbettes aux clients en plusieurs langues.
– Oh, tu vas croiser Max, alors ?
Il hocha la tête positivement :
– Kaeden l'accompagne, normalement. Il ne vous l'a pas dit ?
– Hm, si, probablement... mais on écoute qu'une fois sur deux, si tu veux tout savoir...
Riley disait cela, mais dans les faits, il était toujours très attentif à ce que disait son cousin. Ce qui n'était pas forcément mon cas... Enfin, sauf si ça concernait Riley.
– Si je peux me permettre... Pourquoi est-ce que tu as un travail « humain » et que tu t'obliges à aller à ces soirées, si tu aimes pas ça ?
– Pour entretenir ma couverture, répondit-il, très calmement. C'est important que tout le monde pense que je suis une personne totalement normale. Ça l'est d'autant plus vu que ma famille est humainement connue, tu vois...
– ... Et je devrais faire pareil ? Avoir une couverture humaine, ou... je sais pas quoi ?
– Probablement pas... Je suis juste le modèle familial pour éviter d'attirer l'attention. Toi, t'as pas besoin de couverture.
– Dommage... Ça aurait fait agent secret. Comme dans les films.
– Crois-moi, ce n'est pas de tout repos ! Des fois je voudrais bien envoyer valser ces soirées mondaines... mais ça ferait jaser, et donc, on aurait probablement droit à des paparazzi ou autre dans le jardin.
Ce qui n'était pas souhaitable, étant donné qu'il s'agissait d'un Sanctuaire. Pour le moment, il n'abritait pas de Surnaturels autres que le propriétaire de lieux et Angelo... mais il était toujours possible qu'un jour des Sorciers, Lycans et autres Vampires viennent passer quelque temps ici. Et il n'était pas conseillé d'avoir des humains dans le coin en ces moments-là.
– Bon, je vais devoir vous laisser, le chauffeur doit attendre depuis un moment.
William nous avait quitté avec une expression blasée, ravi de se rendre à la soirée.
Angelo nous avait proposé de nous raccompagner en voiture, une fois que William et son chauffeur humain seraient partis.
– Tu veux dîner avec nous ? Demanda Riley, avant de descendre de voiture. On va certainement manger un truc devant la TV...
– Ehm, ce serait avec plaisir, mais j'ai un bon bain chaud, un verre de vin et un bouquin qui m'attendent à la maison... Et puis vous devriez profiter de cette soirée entre vous, ils vont probablement rentrer tard.
– Je proposais juste par politesse, sourit-il alors, on va probablement s'endormir en cinq minutes sur le canapé, comme à chaque fois ! Bon, du coup, on se voit demain !
– Pas trop tôt, Will va certainement récupérer un peu... Et je compte bien en profiter aussi.
Ils échangèrent un sourire, tandis que moi je descendais de la voiture, crevé par cette journée. Cette semaine, aussi. Je ne rêvais que d'une bonne nuit de sommeil pour recharger les batteries...
Une fois dans l'allée, quelque chose m'avait alerté. Une sorte de... présence ? Quelque chose de... Menaçant ? Riley et Angelo discutaient encore un peu dans la voiture, tandis que moi, j'observais les alentours avec méfiance. Forcément, c'était la nuit, on n'y voyait presque rien...
Par contre, j'entendais... Un bruissement de feuille, des bruits de pas sur la terre... puis une silhouette sortant des buissons que je surveillais.
– Eros ! lançais-je alors, bon sang, tu m'as fait peur ! Et qu'est-ce que tu fais ici, déjà ? T'es censé rester à l'arrière de la maison...
Le chien battait de la queue depuis qu'il m'avait reconnu, faisant fi des réprimandes, tandis je me mettais à sa hauteur pour le caresser, observant encore les alentours, au cas où. Je ne voulais pas que Riley coure le moindre risque...
– T'aurais pas croisé quelque chose ou quelqu'un qui n'avait rien à faire là, hein ?
Eros avait tendance à aboyer facilement quand il était dehors, surtout la nuit... donc je lui faisais confiance.
– Hey, Eros, sourit Riley en le caressant à son tour, on te manquais trop, hein... Bah oui, on est partis longtemps... Et t'as hâte de manger ta pâtée !
– Je suis à peu près sûr que Max lui a donné double dose avant de partir.
– On va t'en donner quand même, hein, on sait jamais, il a peut-être oublié !
On se relevait tous les deux, Eros monta l'escalier qui menait au perron sans demander son reste. Pendant que Riley allait ouvrir la porte d'entrée, moi, je récupérais le courrier.
J'avais un petit sourire, ravi qu'on puisse passer la soirée tous les deux ensemble, Riley et moi. Max avait probablement préparé le repas, pour que l'on n'ait qu'à réchauffer nos assiettes pour manger...
Je pouvais très clairement dire, en cet instant très précisément, que j'étais heureux. J'aimais cette petite routine qui se mettait doucement en place depuis que j'étais Marqué. J'aimais Riley. J'aimais l'idée d'appartenir à Kaeden. J'aimais l'idée de vivre à Glasgow, au sein de cette Meute.
Une fois rentré, je m'attelais à réchauffer le dîner. Max avait commandé un bon repas au restaurant tenu par la Meute voisine... Il avait toujours peur qu'on se sente mal quand ils partaient en soirée, tous les deux, c'était sa façon de nous rassurer, de nous faire passer une bonne soirée nous aussi.
– Tu vas être ravi, il t'a pris un plat de lasagne au champignon, lançais-je à travers la maison. Et un tiramisu aux fruits rouges !
Riley adorait les champignons et les fruits rouges – c'était le genre de détails que j'aimais noter mentalement, au cas où.
Et Riley avait visiblement envie de se faire désirer, ce soir.
– Moi j'ai droit à un mijoté de sanglier, insistais-je alors, en passant devant le salon, pour rejoindre l'escalier. Riley ? Tu prends ta douche ?
Je n'entendais pas l'eau couler, ni aucun bruit à l'étage, d'ailleurs. Je l'appelais encore une fois, et n'obtenant pas plus de réponses qu'avant, me décidais à monter à l'étage... Il n'était ni dans la salle de main, ni dans notre chambre, ni dans celle de Kaeden et Max, ni dans le bureau.
– Riley ! Appelais-je, un peu plus inquiet, s'il te plait, ce n'est pas drôle du tout !
Je sentais monter en moi une certaine angoisse. Cette chose que j'avais sentie avant n'était peut-être pas que Eros, après tout... Ce fut en voulant passer dans le jardin que le constatait que la fenêtre était ouverte.
Peut-être que Riley prenait un peu l'air avec les chiens ? Alors pourquoi tout était si calme dehors ? C'était la nuit, on aurait dû l'entendre parler... Non ?
À la place d'entendre Riley, j'avais droit au silence le plus total, le plus angoissant. Le bruissement du vent dans les feuilles, quelques craquements...
– Riley ? Appelais-je à nouveau.
Aucune réponse. Pas même un aboiement des chiens. Tout était calme... Beaucoup trop calme... C'était anormal, un tel calme.
Quelque chose – ou quelqu'un – bougea au fond du jardin. Quelque chose qui s'approchait de moi, mais que je ne parvenais pas à distinguer à cause de la pénombre... Quelque chose qui se colla à moi, la queue entre les jambes :
– Décidément, Eros, soufflais-je, rentre à la maison si tu as peur comme ça...
En finissant ma phrase, je fronçais les sourcils, suivant le chien du regard. Il allait se réfugier dans la maison, encore chamboulé par... Quoi ?
Eros n'était pas le genre de chien à se laisser facilement apeurer. Il aboyait toujours beaucoup et se donnait le rôle de protecteur des autres... Clea était plus craintive, plus discrète, plus du genre à fuir se cacher.
Donc... Quelque chose clochait bel et bien ici.
– Clea ? Ace ? Vous êtes là ?
Aucune réponse. Okey, là, c'était vraiment bizarre.
Ace venait dès qu'il sentait la présence de quelqu'un dans le jardin... Qu'on l'appelle ou pas – d'ailleurs, on l'appelait peu, vu qu'il venait de lui-même voir ce qu'il se passait. Et Clea... Dès qu'elle reconnaissait la voix de l'un d'entre nous, elle accourait pour nous faire la fête.
Or, là... Personne. Pas un bruit. Pas un jappement, aboiement, bruit de patte, hurlement ou... rien.
Pressé par une bouffée d'angoisse, j'avançais au fond du jardin, appelant les chiens manquants, Riley, désespéré...
Je priais la Lune pour que tout ceci soit une vaste blague idiote dont Riley était à l'origine ! Parce que penser que quelqu'un ou quelque chose traînait dans le coin et que Riley se dise qu'il allait s'en occuper, parce qu'il était l'apprenti de William et que celui-ci était impossible, ça avait son pesant d'angoisse...
Je me sentais nul d'avoir mis tout ce temps à constater qu'il n'était plus là – franchement, comment je pouvais être aussi bête et idiot ? Il fallait surveiller Riley comme le lait sur le feu, est-ce qu'un jour seulement je le comprendrais ?
Ce fut une fois arrivé à la petite porte en bois qui délimitait la propriété et permettait de passer dans la forêt que j'eus une certitude. Celle que Riley était passé par là. Je sentais son odeur... Ténue, mais présente.
Et aussi...
– Non ! M'exclamais-je, submergé par la peur, l'angoisse, le stresse.
J'étais tellement chamboulé et déstabilisé, que je me transformais immédiatement sans l'avoir réellement voulu.
Je n'étais pas vraiment en état de réfléchir comme un humain, et ça, ma partie d'Alpha l'avait bien compris... Elle me guidait, faisait en sorte que je mette ma peur « sur pause » pour que je sois plus efficace, que je sois apte à le retrouve le plus vite possible.
Apte à enfin résoudre ce problème.
Une fois mes sensations animales retrouvées, j'humais les environs à la recherche de son odeur, pour la suivre. La piste était fraîche... mais son odeur était discrète, surtout par rapport à l'autre. Celle qui était puissante, musquée, prenant la truffe comme pas possible ! Et identifiable à des kilomètres !
Je ne devais pas perdre de temps. Riley était en danger, seul, et j'étais la seule personne à pouvoir l'aider. Le retrouver. Bon sang, pourquoi fallait-il que cela arrive quand Max et Kaeden n'étaient pas là ? Que William ne soit pas disponible non plus !
Enfin, je ne devais pas me concentrer sur les absents... mais sur la piste.
Je m'élançais à toutes pattes, suivant ce mélange d'odeur, que je trouvais horripilant au possible ! Et angoissant. J'en avais les tripes qui se contractaient d'angoisse, de peur et de... d'impatience, aussi.
Ce qui me rendait fou de rage, c'était que Riley n'ait pas appelé à l'aide. Qu'il ait cru intelligent de fuir en forêt une fois qu'il avait identifié le danger... alors qu'il avait promis juré craché d'aller se cacher, se mettre l'abri ! Une fois que je l'aurais sauvé, j'aurais deux-trois trucs à lui dire sur nos petits arrangements, du genre, s'il s'engageait à les suivre... Il fallait les suivre !
J'accelérais ma course encore plus, faisant fi de l'odeur... étant donné que j'entendais du bruit, des voix, lointaines, mais... plus proches que jamais.
Je furetais à travers les arbres et les fourrés, de plus en plus irrité de ce mélange d'odeur, celle de celui que j'aimais et celle de celui que je haïssais la plus sur cette terre... Une haine viscérale déferlait en moi, telle une mer déchaînée par un typhon trop puissant, prêt à dévaster tout sur son passage dans l'espoir d'être apaisé un jour...
Finalement, les voix me parvinrent plus nettement. Assez pour que je comprenne qu'il s'agissait d'une dispute. Ou, du moins, d'une discussion animée.
Mon sang ne fit qu'un tour en entendant la voix de Riley. Même si j'identifiais qu'il était calme et semblait maîtriser la situation... Je ne pouvais pas m'ôter de la tête, du cœur et des tripes, qu'il était en présence d'un danger. Danger que je parvenais à identifier sans mal, mêmes 'il était de dos...
Luther.
Luther semblait éprouvé, moins imposant que dans mes souvenirs, même si le concernant, il restait tout de même bien imposant...
Riley n'avait pas l'air de se rendre compte qu'il faisait face à un Alpha qui n'hésiterait pas à le tuer. S'il bluffait, c'était du niveau acteur hollywoodien, à ce stade !
Encore sous le coup de la colère de la fuite de Riley, la haine viscérale que faisait naître la présence de Luther devant moi, et aussi le profond sentiment d'avoir échoué ma mission surveiller Riley, protéger Riley...
Je reprenais forme humaine, pour débouler dans la clairière, interrompant leur petite discussion.
– Oliver, non ! Hurla Riley.
Luther se tourna vers moi, et dès qu'il avait constaté le regard haineux et noir que je lui lançais, avec ma nouvelle carrure d'Alpha qui avait envoyé valsé sa Déficience, qui avait pris de l'importance, de la puissance...
Et bien, je vis, l'espace d'une microseconde, de la peur dans son regard.
Juste assez pour que je ressente cette chose qu'un Alpha ressentait en présence d'un autre Alpha qui lui était soumis... Cette sensation de force, d'invincibilité, que quoi qu'il se passe, ce petit Bêta Défaillant qui se prenait pour un Alpha n'aurait jamais le dessus moi.
Il pourrait faire ce qu'il voulait... C'était trop tard. À mes yeux, il était un petit Bêta apeuré. Qu'importe sa carrure, son statut d'« Alpha », son air menaçant qui tentait vainement de répondre au mien, d'essayer de m'intimider...
Ça ne marchait pas. Ça ne marcherait jamais plus.
Foi d'Oliver Forst.
– Oliver, lâcha-t-il, dans un souffle rauque à souhait. On a des trucs à régler, toi et moi...
Il avait cette lueur assassine dans le regard. Ces crocs avaient doublé de volumes, comme s'il s'apprêtait à me bouffer. Ce qui était probablement le cas.
Je savais que même s'il était Un depuis plusieurs années, sa Bête avait encore de l'influence sur lui. Après tout, Luther avait été élevé comme moi, on lui avait appris à laisser les instincts de l'animal prendre le dessus sur lui quand cela était nécessaire...
Et sa partie animale était, disons, facilement de sortie – et l'on n'était pas capable de savoir s'il en allait de sa volonté ou non. Ce qui était au moins aussi dangereux que de savoir qu'elle était présente.
– Laisse Riley tranquille, lâchais-je d'une voix très grave, laissant mes crocs de loup ressortirent à mon tour.
– Oli, attend, je...
– Tu te casses d'ici, hurlais-je à Riley, avec toute la rage que je pouvais ressentir, maintenant !
Il prit quelques secondes pour s'exécuter. Il s'éloigna de Luther, prit un luxe de précautions pour ne pas envenimer la situation. Ce qui s'avérait bien plus compliqué que ce que je pensais...
Ce que j'ignorais, c'était qu'il pensait que Riley avait pris possession de mon être, de ma volonté, qu'il contrôlait mon esprit et donc mes gestes... Comme en étaient capables tous les Venandi peu scrupuleux du libre arbitre, plus intéressés par leur petit pouvoir et leur sécurité personnelle que par les sentiments d'un jeune Alpha Deficient, probablement perdu et fragilisé par tous ces changements dans sa vie...
Les Venandi étaient des prédateurs pour nous, c'était une réalité. Alors même si William était plus là pour maintenir l'ordre, ce n'était pas le cas d'autres de son espèce... plus enclin à profiter de leur statut de prédateur pour soumettre et abuser leurs proies pour leur petit profit.
Luther n'avait des Venandi que la caricature brutale et figée que j'avais moi-même avant d'en côtoyer un de près... Il n'avait comme référence que les on-dit et vieilles histoires pour Louveteaux qu'on lui avait racontées plus jeune, pour qu'il se tienne tranquille...
Certes, Riley était un Hybride, mais ça n'empêchait en rien Luther de penser qu'il était aussi capable qu'un Venandi pur sang d'user de son influence sur moi ; il m'avait sous sa coupe et que j'étais totalement incapable de raisonner par moi-même à cause de lui.
Ce qui n'était pas totalement faux ; je n'étais pas capable de raisonner normalement en sachant qu'il était en danger, là, maintenant... Mais ça n'avait rien à voir avec une quelconque influence due à Riley.
C'était mon loup, l'Alpha en moi, faisait taire ma partie humaine admirablement bien – tellement que j'étais à peine capable de trouver mes mots pour parler...
– Oliver, reprit Luther, voyant que Riley se rapprochait de moi, éloigne-toi de ça, tu veux... Il n'est pas ce que tu crois, d'accord ? Il est dangereux...
J'identifiais la colère de cette partie bestiale en lui qui prenait doucement le dessus sur lui. Etait-ce de sa volonté propre, ou celle du loup ? Impossible de savoir.
Puis, j'étais loin de me poser cette question, laissant moi aussi mon loup influencer mon jugement...
– C'est toi qui es dangereux ! Hurlais-je alors, casse-toi d'ici, ou je te jure que je te–
– « Que tu » quoi ? Répliqua-t-il sur le même ton, tu comptes faire quoi ? C'est pas parce que t'as grandi que t'es capable de me battre ! Je suis ton Chef de Meute, tu dois obéir !
Ça y était, le loup avait pris le dessus sur lui. Il me montrait les crocs, grognait, bombait le torse pour essayer de m'impressionner... Des touffes de poils envahissaient sa peau humaine, signe que la limite de la transformation serait bientôt franchie.
La seule chose dont j'avais peur, c'était que Riley soit blessé. Lui ne m'impressionnait pas. Ou, plutôt, il n'impressionnait pas mon Alpha de loup.
– Va te cacher, articulais-je difficilement à l'intention de l'Omega.
– Je t'ai dit de t'éloigner ! Rugit Luther, lançant un regard noir à mon petit-ami.
– C'est toi qui vas t'éloigner, lançais-je sur le même ton, insolent.
De quel droit donnait-il des ordres à Riley ? Ça redoubla ma colère. J'avais envie de lui sauter dessus pour lui apprendre le respect... De le soumettre. Qu'il implore mon pardon, et aussi celui de Riley.
– Oli, je t'en prie, murmura le concerné, il faut que je te dise un truc...
– C'est pas trop le moment, là ! Va où-tu-sais, tout.de.suite.
Je ne quittais pas Luther du regard, qui lui, faisait de même, je n'étais donc pas capable de voir l'expression mi-frustrée mi-apeurée de Riley... qui essayait d'éviter l'affrontement physique entre nous.
Cependant, c'était inévitable, j'imagine. C'était notre ADN, notre sang, notre éducation.
Depuis des générations, nous apprenions à écouter notre instinct d'animal, à le laisser prendre le dessus sur notre humanité en temps utile...
C'était à double tranchant. Du moins, ce fut ce que Riley devait se dire, actuellement.
– Oliver, me pressa-t-il, m'empoignant le bras pour m'obliger à me tourner vers lui, c'est pas ce que tu croi–
Dès qu'il m'avait touché, Luther avait poussé un grondement sourd, avant de l'interrompre en poussant un hurlement à glacer le sang.
Sa peau humaine laissa totalement place aux poils blancs du loup, hérissés par la colère... Il s'élança vers nous, tous crocs dehors, bien décidés à régler le léger problème d'autorité qu'il avait avec moi.
Riley resta paralysé, regardant Luther fondre sur lui sans avoir la moindre idée de ce qu'il devait faire... Il était loin d'être prêt pour gérer un Alpha Dominant en colère de la carrure de mon frère – et peut-être ne le serait-il jamais, d'ailleurs... Son cœur battait la chamade, ses tripes se tordaient dans tous les sens, de peur... L'Omega avait peur.
Je le savais, je le sentais.
Je dus le pousser vigoureusement sur le côté, puis m'élancer à mon tour droit vers Luther, une fois transformé... Autant dire que j'avais eu la truffe creuse en décidant de m'entraîner, de développer mes aptitudes d'Alpha, au cas où ce genre de chose arriverait.
Parce que ça arrivait, Luther et moi nous nous affrontions.
Riley était en danger de mort, et c'était à moi de protéger sa vie.
Je ne craignais pas la douleur, la mort et l'odeur du sang. Du moins, je n'étais pas capable de les craindre, actuellement. L'Alpha en moi annihilait totalement ce genre de chose... Elle était faite pour ça ; affronter la mort.
Au fond, Luther était comme une de ces proies que je chassais et mettais à mort... Même si concrètement, il était plus gros que toutes les proies que j'avais mises à mort jusqu'à présent.
Il y avait une première fois à tout !
À ma grande surprise – mais probablement pas celle de mon loup – je l'avais déstabilisé. Était-ce parce que je venais frontalement vers lui, tous crocs dehors ? Peut-être. C'était la première fois, je crois, alors peut-être que ça le surprenait que j'en sois capable...
Enfin, j'étais bien loin de m'en soucier pour le moment ; je plantais toutes mes dents dans son cou, et mordait de toute la force dont ma mâchoire était capable. Luther poussa un cri, douloureux, surpris – on s'en fichait. Il criait, c'était tout.
Je tentais de le mettre à terre, mais lui avait repris ses esprits, visiblement... Parce qu'il se dégagea, même si cela avait dû lui faire un mal de beau diable.
Son sang coulait dans ses poils blancs, tachait mon torse d'Alpha fier. Le goût métallique du sang sur ma langue me satisfaisait grandement... Et Luther, ça le rendait fou de rage.
Il tenta, en désespoir de cause, de me soumettre, avec son influence de Chef de Meute... sauf qu'il n'était pas mon Chef de Meute.
Donc, ça ne marchait pas. Puis je n'aurais probablement pas été en mesure de me soumettre, même si ça avait encore été le cas... Pour moi, Luther n'était qu'un plus qu'un Bêta Défaillant, n'était plus mon Chef de Meute, et était l'imprudent qui essayait de s'en prendre à mon Riley !
J'étais en colère contre lui. Et pas simplement une colère humaine... Une colère animale, aussi !
Il esquissa à peine un mouvement que je lui sautais à nouveau dessus. Une force m'animait, quelque chose que ni lui ni moi ne pouvions soupçonner... Je plantais mes crocs dans son flanc, mordait de toutes mes forces, le poussait, assez pour qu'il perde l'équilibre et s'affale au sol.
Du sang coulait sur le sol, mais ça ne m'émouvait pas plus que ça ; c'était une proie comme une autre. Presque comme une autre.
Luther gronda en se relevant, puis tenta de m'attaquer... Heureusement, grâce aux entraînements des dernières semaines, j'avais eu le réflexe de m'écarter. Il était plus gros, il était plus lent.
Avec vivacité, je le mordais au niveau de la nuque, appuyant vers le sol pour le soumettre... mais il résista, se secoua pour se débarrasser de moi.
Quand je recroisais son regard, je voyais nettement que j'avais l'avantage. Il était essoufflé, blessé, quand moi j'avais encore toute ma vivacité.
J'avais également ce goût du sang qui coulait. De son sang qui coulait. Ça me faisait me sentir grand, puissant, Dominant...
J'avais la sensation que je serais entièrement moi-même, fier, et l'Alpha que je devais être, uniquement lorsqu'il se serait effondré ; vidé d'énergie ou exsangue, c'était au choix.
Enfin, pour le moment, il vacillait à peine. Ce n'était pas encore fait, et je gardais à l'esprit qu'une seule de ses morsures pouvait faire totalement basculer la situation... Il pouvait me briser un os rien qu'en me mordant.
Après un grondement rauque, il balança sa gueule çà et là pour essayer de m'avoir, vainement, j'étais trop rapide... Mes réflexes étaient trop accrus.
Du moins, au début.
Vint l'instant où j'avais relâché mon attention, où il m'attrapa... parce que je commençais à fatiguer. La journée avait été longue et mon endurance laissait à désirer, visiblement.
Mon sang ne tarda pas à se mêler au sien, à couler sur le sol, à maculer nos poils ; il m'avait mordu le flanc avec brutalité.
La douleur me fit hurler, mais ce ne fut en rien comparable avec la douleur qui m'élança lorsqu'il me projeta plus loin...
J'avais un mal de chien, je mis du temps à me relever... et je constatais que j'avais du mal à bouger, poser ma patte arrière gauche par terre était un véritable supplice, et garder l'équilibre m'était compliqué.
Mais je l'avais fait, je posais la patte à terre pour maintenir un équilibre plus sûr, lançant un regard mauvais à Luther... tout simplement parce qu'il regardait Riley avec un drôle d'air.
Et il était hors de question qu'il touche à un cheveu de Riley.
Tandis qu'il avançait vers lui, menaçant, Riley était toujours paralysé, incapable de réagir... Je bondissais sur Luther pour le mordre, avant qu'il n'ait l'idée de lui faire du mal. De toute ma rage, de toute ma gueule, de tout mon espoir que Riley s'en sorte... Il gueula, m'envoya à nouveau à terre, mais cette-fois, il semblait résolu à s'occuper de mon cas avant celui de Riley.
J'étais plus un danger pour lui qu'un Hybride paralysé par la peur, à présent. C'était ce que je voulais, ça faisait gagner du temps à Riley.
J'essayais de le mordre, encore et encore, mais il avait le dessus sur moi, ses morsures étaient redoutables... J'essayai tant bien que mal de débattre, de me débarrasser de lui, je n'y arrivais pas. Ses morsures étaient difficiles à encaisser déjà de base... mais alors au bout de plusieurs !
J'avais l'air fin, couché par terre, ne pouvant pas me relever sans un gros effort physique et mental... soumis à son bon vouloir, totalement incapable de me sortir de là seul...
Et Riley l'avait compris aussi. Son cœur battait à tout rompre et les pensées fusaient dans sa tête. Il crevait de peur... pas de Luther comme avant, mais que je ne m'en sorte pas. Que mes blessures soient graves, irréversibles. Et qu'il en soit en partie responsable.
Sa partie d'Omega était terrorisée et ne demandait qu'à fuir ; son autre partie se refusait à abandonner le combat, à m'abandonner moi, surtout.
Que devait-il écouter ? Quel était le bon comportement à adopter ? Tout était tellement contradictoire ! La pression de faire le bon choix le paralysait. Il ne voulait pas prendre la mauvaise décision... mais viendrait bien le moment où il devrait faire un choix. Il en allait de nos vies. La sienne... la mienne.
Une nouvelle morsure dans le cou me fit pousser un hurlement de la morte... J'essayais de me dégager, de le mordre en retour, vainement. Et Riley restait toujours là, figé dans la peur.
Ce fut ne voyant mon corps tomber à terre, quand Luther relâcha sa morsure, que Riley repris plus ou moins conscience. Il ne me vit ni réagir, ni me relever, ni pousser le moindre son. J'avais les yeux ouverts, mais... c'était comme s'ils étaient vides.
– Oliver, gémit-il, les yeux exorbités et pleins de larmes.
Je ne réagissais pas à son appel. Encore moins lorsque Luther passa sur mon corps pour tenter d'intimider Riley.
Ce qui fonctionna... pas vraiment :
– Je vais te buter, cracha-t-il alors, lui lançant un regard noir dont les Venandi avaient le secret. J'en ai rien à foutre que tu sois un Chef de Meute, que j'ai pas le droit de m'en prendre à toi, je vais te buter !
Riley avait ses couteaux dans les mains, ceux avec lesquels ils s'entraînaient habituellement... ceux que William lui avait donnés depuis qu'il était son apprenti. Ceux qui avaient des lames d'argent, juste au cas où.
Luther gronda, ses crocs de sortie, un mélange de bave et de sang s'échappait de sa gueule. Rien que de savoir qu'il s'agissait du mien, ça retournait l'estomac de Riley... mais il se reprit vite ; si on ne me soignait pas rapidement, je perdrais trop de sang et...
Ne pas y penser. Ne surtout pas y penser.
Tandis que Luther lui fonçait dessus, Riley resta sur place, loin d'être intimidé. Il avait envoyé valser ses peurs d'Omega pour ne suivre que les instincts du Venandi.
Jusqu'au dernier moment, il ne bougea pas, jusqu'à ce que, quand Luther pensa qu'il allait lui bouffer la jugulaire... il ne se baisse, pour pivoter sur lui-même à une vitesse folle et enfoncer une lame d'argent dans son ventre.
Luther gueula. Cet idiot n'avait pas vu les lames. Forcément, elles étaient ensorcelées pour s'assombrirent une fois la nuit tombée... Redoutable. Surtout pour les idiots peu méfiants comme Luther.
De toute ma vie, je n'avais jamais été autant ravi que William soit dans nos vies ! Et aussi ravi qu'un objet ensorcelé existe !
Luther, essoufflé, l'expression douloureuse, lui lançait un regard noir. Regrettait-il de l'avoir provoqué ? Non, sans doute pas... Il s'en voulait sans doute de s'être laissé avoir ainsi, si facilement, pas un hybride qui faisait la moitié de sa carrure, et ses petits piques à brochette en argent !
Il l'attaqua à nouveau, et Riley le poignarda à nouveau. Plusieurs fois, priant pour que l'affrontement se termine bientôt... Mais c'était sans compter sur la résistance et l'endurance de mon frère.
À force d'attaquer, de parer, de se déplacer... Il se retrouva juste devant moi, entre mon frère et moi, toujours inconscient :
– Oliver ! C'est le bon moment pour te réveiller !
J'avais repris un peu conscience, juste assez pour comprendre qu'il avait besoin de moi. Riley était en danger, il avait besoin de moi. Je devais protéger Riley, alors, difficilement, je me relevais.
Je n'avais pas le choix, de toute façon. Je devais être près de Riley. Le protéger. Il en allait de sa vie.
– Faut que tu rentres, me dit-il alors, le souffle court, que tu appelles Will... Je le retiens le temps que je peux et je vais me mettre à l'abri quand tu seras loin...
Luther lui sauta à nouveau dessus, se prit un énième coup de poignard, et à la place d'obéir à Riley et d'aller chercher du secours... Je bondissais sur Luther pour lui choper la nuque et la mordre de toutes mes forces.
Sans surprise, il se débarrassa de moi, et se reconcentra sur l'Hybride qui lui faisait face et qui... je reprenais spontanément – et en urgence – ma forme humaine, pour beugler :
– Riley, attention au–
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que Luther lui sautait dessus, et lui, bien trop proche du ravin, perdait l'équilibre... et tombait au fond de celui-ci. Je croisais le regard de mon Riley, horrifié, apeuré, tandis qu'il basculait dans le fossé... et prenait conscience que ce serait peut-être la dernière chose qu'il ferait de sa vie.
En une fraction de seconde, je bondissais vers mon Riley, pour essayer – vainement – de lui attraper la main... La distance qui nous séparait était trop grande pour que j'aie la moindre chance, mais c'était la seule chose que je pouvais faire.
– Riley ! Hurlais-je alors, Riley !
Je ne le vis pas tomber, mais je l'avais entendu. Son cri glaçant, son corps qui dévalait la pente, sans doute malmenée par les pierres, les arbres et autres buisson, puis... Plus rien.
Le silence glacial. Pas le moindre cri, pas la moindre plainte, pas le moindre bruit.
Mon sang s'était glacé d'un coup, rien que l'idée qu'il soit... mort... ça me... Je me sentais froid, à l'intérieur. Vide. Dénué du moindre espoir. Ressentant un mélange de chagrin, de frustration, de culpabilité...
C'était à moi de protéger Riley, de veiller sur lui et... J'avais foiré. Sur toute la ligne. J'avais... permis sa mort... c'était de ma faute. De mon entière faute.
Je me repris au bout d'une seconde à peine, me drapant dans le déni ; il n'était pas mort. Il ne pouvait pas être mort. Pas comme ça, pas à cause de moi, pas alors que je devais assurer sa sécurité...
Je refusais qu'il meure, que ce soit comme ça ou autrement.
J'étais prêt à me jeter à mon tour dans le fossé pour le rejoindre au plus vite, essayer de l'aider, m'assurer qu'il était encore en vie... C'était d'une idiotie sans nom. J'allais me fracasser le crâne sur une pierre ou un arbre, comme c'était probablement arrivé à mon petit-ami quelques instants avant. Mais je n'étais simplement pas capable de raisonner.
Pour moi, la seule chose à faire dans l'immédiat, c'était de le rejoindre au plus vite et de... Et bien., je ne savais pas vraiment ce que je ferais une fois cela fait, mais... ça devrait venir sur le coup ?
Au moment où j'allais bondir pour le rejoindre, deux bras puissants m'encerclèrent, m'empêchant de fini en bas du fossé. De le rejoindre.
– T'es complètement fou ou quoi ! Hurla Luther en me balançant sur le sol, loin du fossé. Tu vas te tuer !
Je le regardais, tel un imbécile, avec de gros yeux... Alors, Riley était mort, hein ? C'était comme ça que ça finissait... par sa mort, par ma faute.
J'avais failli à le protéger, j'avais même causé sa mort. J'avais failli en tant qu'Alpha.
Et je payais ça de sa vie.
Je m'étais effondré au sol.
Luther posa genou à terre, m'observant avec un drôle d'air... Et moi, j'avais toujours la tête du parfait crétin déconnecté de la réalité qui venait tout bonnement de tout perdre, et était tout de même encore assez en vie pour le constater.
– Oli, m'appela-t-il en tapotant ma joue, connecte les trois neurones qu'il te reste, on a des trucs à régler...
Je regardais l'endroit où Riley était tombé en respirant difficilement, les larmes me montant aux yeux.
Mort. Mort. Mort. Riley est mort.
Ça ne cessait de tourner dans ma tête, tout comme les dernières images que j'avais de lui, tombant en arrière dans ce fossé... les bruits insupportables que son corps avait faits en heurtant les arbres, les souches, les pierres.
– Oliver, bordel, cria Luther en me secourant les épaules, oublie l'influence de ce Venandi de malheur, ce n'est pas réel, c'est de la manipulation...
– P-Pas réel, répétais-je, horrifié – avant de le repousser avec fureur, et de littéralement exploser de haine : pas réel ! C'est de ta faute s'il est mort ! Et tu oses me dire que c'était pas réel !
On s'était relevé et on s'affrontait du regard ;
– Je vais te buter, lâchais-je d'une voix tellement rauque et grave qu'elle aurait plus été attribuée à Luther qu'à moi, en temps normal.
Une vague de haine déferlait en moi. C'était lui le responsable de tout ça... De mon état, de la mort de Riley. De la moindre chose qui n'allait pas sur terre.
Et il était temps qu'il paie pour ça.
– Oliver, c'est pas une...
J'avançais, il reculait.
Son regard était teinté d'horreur. De crainte.
J'espérais que ce serait la dernière fois que je verrais ses iris trahirent cela. Oh, pas parce que je ne voulais pas qu'il me craigne, mais parce que je comptais à ce qu'il n'ouvrirait plus jamais les yeux après cette nuit.
La haine, le ressentiment, la frustration, la peur, tout ce qui s'était accumulé depuis des années en moi à cause de lui, par ces choses qu'il avait dites, faites, causées... Ma Déficience, quitter mon Territoire, tout ce qu'il m'avait obligé à affronter, la mort de Riley... Tout ça.
Tout ça, ça allait me faire exploser, comme une bombe.
Une bombe à retardement, voilà ce que j'étais depuis que je savais être Déficient. Quelque chose sous pression, qui bouillonnait depuis trop longtemps, instable, qui sèmerait le chaos, la désolation et la mort sous peu.
J'étais une bombe armée, et il venait d'appuyer sur le détonateur. Qu'il le veuille ou non, j'allais exploser. Qu'il le veuille ou non, j'étais aussi létal pour lui qu'il l'avait été pour celui que j'aimais. Et il ne pourrait rien faire pour arrêter ça.
J'étais prêt à mourir, ça ne me faisait pas peur. De toute façon, Riley n'était plus là... À quoi bon continuer ? Je ne serais pas capable de vivre sans lui. Je ne serais pas non plus capable de faire face à Kaeden pour lui avouer que j'avais échoué.
J'espérais même ne pas survivre, et entraîner mon frère par le fond. Je le rejoindrais plus vite, après avoir vengé sa mort. C'était tout ce que je désirais, à présent.
La dernière chose dont je me souvenais, c'était de me transformer en poussant un hurlement à glacer le sang des Alphas les plus courageux, avant de bondir sur Luther, tous crocs dehors, bien décidé à lui faire regretter d'être encore en vie.
Je n'entendais, ne voyais, ne sentais, plus rien, à partir de là. La partie d'Alpha en moi était totalement hors de mon contrôle – et c'était ce que je voulais. Qu'elle se déchaîne contre lui, elle le désirait depuis longtemps...
Plus rien ne me parvenait ; ni les hurlement glaçant et gémissement douloureux, ni le sang qui maculait nos poils et le sol, ni les douleurs des morsures et des coups qu'on s'infligeait mutuellement...
C'était le trou noir complet. L'Alpha en moi était totalement de sortie, il avait soif de sang et de vengeance.
La Mort n'avait qu'à se tenir prête, elle allait avoir du travail sous peu.
🌕 🐺 🌕 🐺 🌕
Ouais, je coupe là, je suis comme ça x)
Ne me détestez pas trop, c'est la suite de l'histoire u_u et cette partie est déjà assez longue Q_Q
Sinon, sachez que le concours de Leïan est toujours en cours ! Vous pouvez aller jeter un œil sur l'œuvre que j'ai créée pour cela (et qui s'appelle "Le concours de Leïan" tout simplement !).
Il y a toutes les infos sur comment participer, les lots à remporter, les modalités, blablabla.
Sachez d'ailleurs que la suite de ce concours est une histoire entre l'OC du/de la vainqueur-e dudit concours et Leïan (en gros, il s'agit de lui trouver un-e copain-ine). Ce sera pour cet été et publié sur l'œuvre "le concours de Leïan" :)
(et uniquement dans cette histoire, avec le crédit, bien évidemment).
Pour le moment, j'ai une forme de publication en tête, et j'espère pouvoir m'y tenir :3
Sinon, j'espère que votre "fin de confinement à prendre avec des pincettes" se passe bien, je vous dis à la semaine prochaine pour la suite du chapitre 13 :D
Passez une bonne semaine !
Haydn
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