Chapitre 1 : La fuite d'Oliver 2/2
J'inspirais profondément en franchissant la porte de la gare, pour faire mon premier pas dans la ville. J'étais seul au milieu de nulle part, en plein milieu d'une zone urbaine, en pleine nuit, à devoir attendre l'aube pour continuer ma route...
La ville était oppressante pour moi. Le béton, le bitume, les voitures, les odeurs de pollution et d'échappement... Ça m'angoissait, même la nuit. Au moins autant que d'être hors de mon Territoire sans Alpha près de moi.
Cependant je gardais à l'esprit que mon frère pouvais venir ici en voiture pour me retrouver... Qu'il viendrait forcément à cette gare. Et il en était hors de question qu'il me retrouve aussi facilement !
Je devais être plus malin et rapide que lui, sinon je paierais ça de ma vie ! Et même si pour le moment mon avenir me semblait impossible à envisager, je ne tenais pas à mourir pour autant.
Sans attendre, et poussé par un sentiment étrange, je m'élançais entre les bâtiments, à la recherche d'un endroit sûr où attendre le levé du jour... C'était compliqué pour moi, étant donné que cet environnement m'était totalement inconnu, et que je n'avais aucune idée de ce qu'était un « endroit sûr » ici.
Finalement, je trouvais refuge dans une sorte de parc. Un endroit où il y avait des buissons, des arbres, de quoi me dissimuler le temps de me reposer quelques heures. Juste assez pour récupérer un peu.
Je m'allongeais dans l'herbe en gémissant, mon corps entier m'élançait, je me sentais nauséeux, en danger et oppressé par l'environnement, mais cela aurait pu être pire : je n'avais rien de cassé, il ne pleuvait pas, la température était même agréable...
J'essayais de relativiser au maximum, parce que j'avais vraiment besoin de ne pas perdre ma motivation.
J'observais le ciel dégagé, étoilé malgré la pollution de toute ces lumières que les humains se bornaient à garder allumées la nuit... Je me laissais aller à mes pensées, dans un état un peu second, sans doute conséquent à ma blessure et à la fatigue.
Je ne savais pas si c'était mon frère qui m'avait mis dans cet état ou non, mais je le soupçonnais fortement. Il fallait toujours que tout dégénère avec lui et me faire du mal ne le dérangeait absolument pas, même si j'étais plus faible que lui.
Soudainement, je fus comme piqué par une pointe de rage et de ressentiment, et j'eus tout le mal du monde à ne pas me lever pour frapper quelque chose, mettre à brailler contre lui... À exprimer ma colère noire.
– Calme-toi, Oli, calme-toi... Tout va bien. T'es juste dans un piteux état, loin de chez toi, en pleine ville et... Totalement seul !
Et c'était peu dire ! Je ne connaissais personne en dehors de ma Meute ! Forcément, je n'avais pas à connaître qui que ce soit, étant donné que j'étais un Bêta, que mon père, puis mon frère devaient veiller sur moi, que je ne devais pas quitter mon Territoire. J'avais l'air fin à présent, couché entre deux buissons à demi-conscient...
Conneries !
Je plaquais mes mains sur ma bouche, comme si cela pouvait étouffer les grondements rageux qui voulaient s'échapper de moi...
J'inspirais et expirais plusieurs fois pour me calmer. Cela me prit plusieurs minutes, mais j'avais réussi à retrouver un semblant de quiétude...
La pression redescendait doucement, la fatigue me pesait de plus en plus.
Si cela n'avait tenu qu'à moi, j'aurais voulu rester en alerte jusqu'à... Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que je trouve un endroit sûr où me cacher ? Comme si un endroit pareil existait sur terre !
Notre Meute était connue dans tout le pays, et si ce n'était pas hors des frontières aussi, mon frère avait des relations avec tous les Chefs de Meute de ce pays – ou presque...
Où pouvais-je me cacher ? À part dans une zone sans Lycans... Ce qui ne m'arrangerait pas : je n'avais pas souvent été en contact avec des humains, aussi ignorais-je comment interagir avec eux. Je pouvais me trahir à n'importe quel moment et éveiller les soupçons d'un humain sans même m'en rendre compte... Ce qui n'était pas bon pour moi.
Et puis, au fond, aller où ? Pour faire quoi ? Ce n'était pas comme si j'avais un but... Je n'avais qu'un peu de liquide dans mon sac, quelques affaires, mes papiers d'identité, aucune idée d'où je pouvais aller et encore moins de ce que je devais faire maintenant...
– Si seulement je pouvais connaître une seule personne qui ne soit pas de la Meu...
Je me stoppais moi-même dans ma phrase ; mais quel idiot ! J'en connaissais une ! Enfin... Je me rappelais d'elle. Vaguement. Je me souvenais de la description que l'on m'avait faite du trajet pour se rendre chez lui... C'était tout, mais c'était suffisant. Du moins, j'en avais la conviction.
J'avais une petite chance de me tirer de ce guêpier, si je parvenais à retrouver cette personne, à tout lui expliquer, peut-être qu'elle comprendrait, peut-être qu'elle m'aiderait... Ou peut-être qu'elle ne serait pas ravie de me voir débarquer, elle me toiserait d'un drôle d'air en dégainant son téléphone pour appeler mon frère et–
Ne pas présumer.
C'était ce que Père m'aurait dit, probablement. Il m'arrivait, parfois, de l'entendre me dire des choses. Ou alors, il s'agissait de souvenirs... ? Enfin, quel que soit le nom de ces choses, ça m'aidait à garder mon calme, à me reconcentrer.
Pour l'instant, j'avais une chance à saisir, un endroit où aller, une personne susceptible de m'aider, ne restait plus qu'à la trouver et la convaincre... Et ça, ce n'était pas une mince affaire non plus.
🌕🐺🌕🐺🌕
La ville était à peine baignée par les premiers rayons du soleil levant que je m'étais réveillé, en sursaut. J'avais fermé les yeux quelques heures, mais je n'avais pas l'impression de m'être vraiment reposé... J'avais plutôt comaté et cauchemardé que dormi.
Pendant que je pestais envers ces foutus cauchemars qui m'empêchaient de récupérer convenablement, les bruits de la ville me parvenaient. Elle se réveillait, comme moi.
Ça m'intimidait d'un côté, mais de l'autre je me sentais prêt à découvrir ce nouvel environnement, à en devenir le maître... Cependant je gardais l'esprit lucide ; je devais avancer, ne pas stagner dans le coin.
Il n'y avait presque personne dans les rues, et ça m'arrangeait bien. Si je pouvais limiter l'attention qu'on me portait, c'était bien. Moins je croisais de gens, moins ceux-ci seraient susceptibles de dire m'avoir aperçu si on leur posait la question.
J'attendais sur un banc à proximité qu'un guichet de la gare routière ouvre pour acheter un ticket et quitter cet endroit au plus vite. Plus je passais de temps ici, plus mon frère me rattrapait et serait susceptible de me trouver. Prendre un bus me permettrait de brouiller les pistes.
Au-delà du jeu du chasseur et de la proie auquel on semblait jouer mon frère et moi, il y avait également mes blessures qui me pressaient. J'avais besoin de soin, de me reposer. Mon corps perdait de l'énergie au fil des heures, je sentais mes forces diminuer... Et ça allait forcément s'aggraver. Ce qui m'empêcherait forcément d'avancer, à un moment. Si je m'écroulais en pleine rue, ce serait mon frère qu'on préviendrait en premier et il n'y avait pas de doute sur ce qui allait se passer par après...
En me relevant, je sentais un vertige me prendre. La faim et la soif, aussi. Puis la douleur, encore et toujours. C'était difficile à supporter, mais je serrais les dents. Je n'avais pas le choix de toute façon.
Une fois mon ticket acheté, je m'étais mis en quête d'un peu de nourriture et d'eau, avant le départ du bus. Des heures de trajet peu confortables m'attendaient, je ne pourrais pas manger ou boire autre chose avant un moment. Et puis je ne voulais pas gâcher le peu d'argent que j'avais dans mes poches – j'ignorais de combien j'aurais besoin pour arriver à destination...
J'avais hâte d'arriver, et en même temps pas tant que ça... Je redoutais qu'on ne me reconnaisse pas, qu'on refuse de m'aider, ou pire, qu'on m'attaque. Je n'avais rien à faire en dehors de mon Territoire, encore moins sur celui d'un autre... Mais j'étais un Bêta, ça jouait en ma faveur, j'imagine ? Peut-être qu'ils se poseraient des questions avant de s'en prendre à moi...? Je me rassurais comme je le pouvais.
J'avais comaté des heures sur mon siège avant d'arriver à Inverness. C'était la grande ville la plus proche de l'endroit que je devais atteindre, ça m'avait soulagé d'enfin y arriver, même si le trajet n'était pas terminé pour autant.
Je me souvenais vaguement que ma destination finale était un lieu-dit près d'une petite ville, pas très loin d'Inverness. Et c'était déjà remarquable, parce que la dernière fois qu'on m'avait parlé de cet endroit, j'avais à peine une dizaine d'années.
Ce fut déjà bien amputé de mes forces que je descendais du bus, comme si j'avais oublié mon énergie sur mon siège en descendant...
Je n'avais pas cherché plus loin, dès que mes pieds avaient touché le sol, j'avais cherché un autre bus pour sortir de la ville, atteindre une autre, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de bus.
Puis, une fois descendu du dernier, je dus faire du stop pour qu'on me dépose à un croisement, en pleine campagne. J'avais dû marcher deux heures le long d'une route de campagne déserte, avant d'apercevoir enfin l'orée de la forêt avec le panneau du lieu-dit. Il était dissimulé, mais je l'avais bien vu.
J'étais soulagé de m'être souvenu de tout assez précisément pour le retrouver si.. Facilement ? C'état comme si le chemin était gravé dans ma tête et que je n'avais qu'à le suivre... Le doute ne m'avait pas vraiment assailli, pour être honnête, c'était comme si je savais exactement où j'allais – ce qui était impossible, vu que je n'avais jamais mis les pieds ou les pattes ici.
Ce fut soulagé qu'enfin le voyage prenne fin que je m'engageais sur le petit chemin de terre qui s'enfonçait dans la forêt. Retrouver mon terrain habituel me fit du bien, je sentais des odeurs que je connaissais, qui me rassuraient, et ce fut presque confiant que je marchais droit vers un village qui n'était pas le mien, vers une Meute qui n'était pas la mienne, sur un Territoire qui n'était pas le mien.
Quand enfin je vis un parking avec des dizaines de voitures garées les unes à côté des autres, je m'étais dit que j'étais presque arrivé. Que c'était le moment, parce que j'étais éreinté.
Puis... Que peut-être j'aurais dû m'annoncer avant. Que peut-être on allait m'attaquer parce que je n'avais rien à faire là.
La nuit était tombée pour ne rien arranger... Comment réagirait-on en voyant un parfait inconnu débarquer ici en pleine nuit ? Sans doute pas très sereinement...
Un grand mur encerclait de belles maisons dans un style chalet, c'était agréable à voir. Sécurisant, même hors de mon Territoire. Ça me rappelait chez moi, même si les choses étaient tout de même bien différentes ici. C'était plus moderne.
Je détaillais les maisons les unes après les autres, dans un calme et un silence qui aurait pu paraître angoissant... Mais qui ne l'était pas pour moi.
Je ne saurais dire combien de temps j'étais resté face à ce village, dissimulé dans l'ombre, à regarder les lumières dans les foyers s'éteindre les unes après les autres, mais cela avait dû durer un moment... parce qu'elles étaient presque toutes éteintes et la nuit bien avancée quand je m'étais posé la question.
Je me sentais... Absent. Comme si je dormais mentalement, mais que physiquement je restais en alerte. C'était étrange, mais sans doute dû au trajet et aux difficultés que j'avais eues depuis mon départ.
Une fois mon esprit revenu sur terre, j'avançais vers la grille, décidé finalement par la perspective d'un lit et de quoi manger... Mais peut-être que je devrais attendre le lendemain matin, au final ? Après tout, je n'étais qu'à quelques heures près, ce serait moins s'imposer, j'imagine...
Pendant que je pesais le pour et le contre, je me sentais partir tout d'un coup. Je m'étalais étalé au sol lamentablement, à bout de force. Entre la faim, la soif, la fatigue et cette pression constante... Je n'étais plus capable de tenir debout. Même d'en avoir l'envie m'étais insurmontable.
Lentement, mais sûrement, je fermais les paupières, je cessais de lutter par manque de force. Puis par manque de volonté.
On était en été et il faisait bon, mais mon corps se glaçait peu à peu... Je ne frissonnais pas, mais je sentais une drôle de chose planer au-dessus de moi. Quelque chose d'angoissant, de terrifiant.
Puis, sans crier gare, un profond sentiment de soulagement s'empara de moi quand je sentis mes paupières se fermer, pour ne plus se rouvrir. Je me sentais presque bien, alors que je n'aurais clairement paaspas dû.
J'étais en danger, c'était vital que j'ouvre les yeux, que je me relève, que j'appelle à l'aide... Cependant, je n'arrivais même plus à vouloir ouvrir les yeux ni à émettre le moindre son. Je m'en fichais totalement, je voulais juste dormir – ce qui ne me ressemblait pas du tout.
🌕🐺🌕🐺🌕
Quelques heures plus tard, lorsque le soleil était déjà haut dans le ciel, j'étais allongé dans un lit. Lavé, soigné, changé, bien au chaud entre des draps propres et des coussins moelleux, dans une maison... Où cela sentait bon les fleurs. Une douce odeur discrète, mais agréable.
La quiétude des lieux ne m'avait pas empêché de me réveiller en sursaut, paniqué, apeuré... Et totalement incompréhensif. Où est-ce que j'étais ? Comment j'y étais arrivé ? Est-ce que j'étais mort ? Peut-être... Peut-être que j'étais mort !
J'observais autour de moi, le cœur battant à tout rompre et les sens en alerte : la pièce était baignée d'un soleil timide, les murs blancs et la décoration sommaire me faisaient penser que j'étais dans une sorte d'hôpital. Ou d'infirmerie. Ou... de paradis ? Est-ce que le paradis ressemblait à une chambre d'hôpital ?
Enfin... Non, c'était stupide. J'étais en vie, n'est-ce pas ? J'avais l'impression d'être en vie en tout cas...
La nausée et les douleurs qui me reprenaient soudainement témoignaient que j'étais en vie. On n'avait pas mal au paradis. Du moins, d'après ce qu'on m'avait dit plus jeune.
Des compresses recouvraient mes blessures les plus impressionnantes, et un bandage m'encerclait le ventre, là où j'avais été sérieusement mordu. On m'avait lavé et changé, aussi.
Je commençais à envisager que peut-être on n'allait pas forcément envie de me tuer... En tout cas, c'était idiot de me sauver la vie et me soigner pour me tuer juste après.
Des bruits de pas m'alertèrent soudainement, derrière la porte, sans doute dans un couloir... ? Elle ne tarda à s'ouvrir doucement, un type inconnu entra en me lançant un sourire chaleureux et rassurant au possible.
Alpha.
J'avais beau me méfier, j'identifiais sans mal qu'il portait une blouse blanche de médecin. En théorie, même s'ils étaient des Alphas d'une autre Meute, un médecin restait un médecin. Du moins, c'était ce que je m'étais dit pour me rassurer...
L'Alpha s'installa sur une chaise à bonne distance de moi. Il paraissant moins impressionnant assit.
– Est-ce que ça va ? Me demanda-t-il.
Son ton était doux, presque un murmure, pour éviter de m'impressionner plus que je ne l'étais. Ça me mettait en confiance. Je me disais qu'il devait avoir l'habitude d'impressionner des Bêtas comme moi et savait comment atténuer cela.
– Je crois ? Marmonnais-je alors, où est-ce que je suis et... comment je suis arrivé là ?
– Hm, notre Second t'a trouvé devant le portail et amené ici, tu étais blessé et sans doute à bout de force... Alors je me suis occupé de toi avec lui.
Le Second, rien que ça.
– Au fait, je m'appelle Eric, mais tu peux m'appeler Ricky si tu veux. Je suis médecin, ici, au sein de la Meute. C'est moi qu'on vient voir quand on est malade ou blessé en général...
Je hochais la tête, même si je l'avais identifié de suite.
– Est-ce que tu me laisserais t'ausculter ? Pour vérifier que tout va bien... La morsure sur ton flanc était impressionnante hier soir.
Après un hochement de tête positif de ma part, il s'installa sur le bord du lit, prit mon pouls, ma tension, vérifia mes bandages... Avec des gestes lents et doux, pas le moins du monde menaçants.
– Bien, tout est en ordre on dirait... Je vais passer un coup de téléphone pour dire que tu es réveillé, d'accord ?
Après un hochement de tête en guise de réponse, il me laissa seul dans la pièce. J'essayais de mettre au point un discours pour expliquer au mieux ma situation... Ce qui n'était pas forcément simple.
Même si le Second et moi, on se connaissait depuis longtemps, je redoutais qu'il m'ait soit oublié, soit qu'il ne veuille rien avoir à faire avec moi.
Après tout, ça faisait dix ans.
Le médecin revint finalement, avec un plateau recouvert d'un repas alléchant. Je m'étais jeté sur la nourriture et l'eau, affamé et assoiffé. Cela semblait plus le ravir qu'autre chose de me voir engloutir tout ça sans tenir compte des bonnes manières.
Quand le Second de la Meute arriva, j'avais presque fini de manger. Ricky m'avait laissé seul un peu avant, avec ordre de me reposer et d'appeler au moindre problème. Et de ne pas tenter le loup en me levant.
Il n'y avait que moi et lui. Lui, le Second de la Meute. Lui qui m'avait vraisemblablement sauvé la vie. Lui qui...
– Vous n'êtes pas Max, dis-je avec une soudaine anxiété.
Et d'un coup, je ressentis à nouveau cette pression, de la panique, de la peur, cette insécurité pesante.
Des larmes m'échappèrent alors, dévalant mes joues rapidement.
– Hé, doucement, dit-il avec un sourire en s'installant sur le bord du lit. Désolé de te décevoir, mais je m'appelle Danny, je ne suis pas Max...
– Mais je...
J'avais la gorge nouée par la peur, l'appréhension, ce qu'il sentit nettement. Il posa sa main sur la mienne, attirant mes iris dans les siens... Et contrairement à d'habitude, je ne ressentais pas le besoin de baisser le regard. Lui-même n'avait pas l'air d'avoir envie que je le fasse. Ce n'était pas un Alpha normal qui me faisait face... Du moins, pas de ceux que j'avais l'habitude de côtoyer.
Pas peur – je n'avais pas peur de lui.
Avec douceur, il essuya une larme, puis me serra contre lui, juste assez longtemps pour que je me calme.
– Tu t'attendais à ce que ce soit Max qui vienne te voir ? Demanda-t-il, après un long moment de silence.
Je hochais la tête positivement.
C'était ce qui était prévu, il y a longtemps. Ce que mon père m'avait dit. « Il doit rentrer chez lui parce qu'il doit devenir le Second de son frère un jour ». Mais... ça ne s'était pas passé comme ça... Visiblement...
– Tu le connais, Max, c'est ça ?
Un nouveau hochement de tête. Oui. Je le connaissais. Depuis longtemps.
– Je... Je ne sais pas s'il se souvient de moi, et je... Peut-être qu'il ne veut pas me voir...
Avec douceur, il passa sa main dans mes cheveux pour dégager mon visage des mèches qui retombaient dessus.
– Bien sûr qu'il va vouloir te voir, murmura-t-il avec un sourire, mais il ne vit plus ici depuis des années...
– P-Pourquoi ça ? Il est... Il est parti ?
– Pour ses études, et il n'est jamais vraiment revenu. Il vient nous voir de temps en temps. Ça fait trois ans qu'il vit à Glasgow avec son Uni.
Je trouvais ses iris avec surprise :
– Hors de la Meute, parmi les humains, avec son Uni, résumais-je alors, la voix tremblante.
Il sourit pour essayer de me rassurer :
– Exactement... Je l'appellerais quand il rentrera chez lui, d'accord ? En attendant, tu vas te reposer, et... Si tu veux me parler de ce qu'il t'est arrivé, tu peux. Sinon ça attendra que tu sois remis, ça te va ?
Ça m'étonnait qu'il me laisse le choix, comme ça. Normalement, il aurait dû me bombarder de questions façon interrogatoire dans les séries policières... Mais visiblement ce n'était pas capital de savoir ce que je venais faire ici.
– J'ai dû m'enfuir de chez moi, marmonnais-je. Mon frère à... Il a hurlé... La Mise à Mort et je... Je ne savais pas où aller...
Et repenser à tout cela m'avait fait craquer. La fatigue, la pression, tout le reste... Il m'avait repris dans ses bras, ça m'avait surpris, et aussi un peu déstabilisé. Je n'avais plus l'habitude de ce genre de... Traitement ? Les démonstrations d'affection ? Quelque chose de ce genre-là.
Il me rassura :
– Je vois... Ne t'en fais pas, tu es en sécurité ici, d'accord ? Tu peux te reposer sereinement, on va s'occuper de cette histoire...
Mon remerciement s'était perdu dans ma gorge nouée, mais il semblait l'avoir compris sans mal.
– Tu veux bien me dire comment tu t'appelles ?
– Oh, je... Pardon, j'ai oublié de me présenter avec tout ça et je... Je m'appelle Oliver.
– Très bien, Oliver.
– Oliver Forst.
Et comme ce à quoi je m'attendais, mon nom de famille lui avait directement situé qui j'étais, d'où je venais, quelle était ma Meute, dans quel genre de guêpier j'étais, qui était mon frère :
C'était Luther Forst.
🌕🐺🌕🐺🌕
Des heures plus tard, tandis que je me réveillais plus ou moins, j'entendis des choses à travers la porte. J'avais une bonne ouïe naturellement, mais mes sens étaient d'autant plus en alerte depuis que j'étais réveillé. Au cas où.
– Oh, bon sang, souffla une voix grave derrière la porte. Qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ?
On ne lui répondit pas, mais cela devait être rhétorique.
– Il a l'air d'aller bien, enfin, pour le contexte... Mais ce qui m'inquiète c'est que ça implique Luther...
Je reconnaissais la voix de Danny, même s'il murmurait.
– Je m'en doute bien ! Essaye de joindre Max, sinon tu appelles Kaeden, mais je veux l'avoir au téléphone au plus vite... Je crois que ça lui ferait du bien à lui aussi d'entendre sa voix.
Sous-entendu, moi. Il avait raison, ça me ferait du bien de l'entendre. Au moins pour qu'il sache que j'existais encore. Même si cela pouvait aussi ne pas lui faire plaisir.
Le Chef de Meute ne tarda pas à entrer dans la pièce. Il me souriait, mais ce n'était pas tant ça qui m'avait marqué : c'était cette ressemblance frappante qu'il avait avec le Max de mes souvenirs. Avec les années, je l'imaginais exactement comme ça... Même si, dans les faits, son frère était plus grand et imposant que lui.
– Bonjour, Oliver, murmura-t-il en s'installant sur une chaise, près du lit.
– Vous êtes Edward, le frère de Max, lâchais-je alors. C'est vous le Chef de Meute...
– C'est exactement ça !
Et visiblement il n'avait pas l'air bien méchant. Ce qui me détendit un peu.
– Il m'a dit beaucoup de choses sur vous, murmurais-je, mais je ne me souviens de presque rien...
– Tu étais tout petit, c'est normal... Lui aussi il m'a parlé de toi. Il disait que tu le suivais partout et que tu ne voulais jouer qu'avec lui.
Je passais ma main dans mes cheveux, un peu honteux :
– Je devais bien l'ennuyer, avec le recul...
– Max n'est pas comme ça, tu sais... Il adore les enfants.
Un petit silence s'installa alors, durant lequel je me sentais un peu mieux.
– Danny m'a dit pour ton frère, dit-il avec douceur, guettant ma réaction.
– Il ne doit pas savoir où je suis, sinon il va–
– Je sais, me coupa-t-il, doux, mais ferme, tu peux me faire confiance, c'est mon truc de régler des problèmes... Tu n'es pas le premier et sans doute pas le dernier à débarquer ici avec des problèmes graves, et pour le moment, je n'ai jamais trouvé une seule situation que je n'ai su régler.
– C'est vrai ? Vous faites vraiment ça ?
Il confirma d'un sourire :
– C'est l'essence même de notre Meute, l'hospitalité, ne t'inquiète pas. On a tous l'habitude de voir des nouvelles têtes. J'essaye de joindre Max, pour que tu puisses lui parler, mais il est très occupé avec son boulot.
– Je comprends, oui...
– Si tu veux faire un tour dehors, tu vois ça avec Ricky, tu es son seul patient pour l'instant... Repose-toi et reprends des forces.
Je hochais la tête, perdant mon regard vers la fenêtre. J'entendais les bruits de la vie dehors. Un peu intimidant, sachant que ce n'était pas chez moi, que je ne connaissais personne.
– Si tu es en état, on se retrouvera au dîner, sinon je passerais te voir dans la soirée... Il y a ce qu'il faut dans la salle de bain si tu veux te laver ou te changer. Si jamais les vêtements ne te vont pas, il y en a d'autres dans la commode.
– D-D'accord, merci...
– Et si tu as faim, la cuisine est en bas, tu peux te servir comme tu veux.
– je... merci. Merci beaucoup.
Après un dernier sourire encourageant, puis quitta la pièce. Je me laissais tomber sur les coussins en soupirant. J'avais soudainement à nouveau sommeil... et je n'avais pas tardé à m'endormir.
🌕🐺🌕🐺🌕
Hey hey !
J'espère que ça vous a bien surpris de savoir qui était Oliver :B J'avais peur que ce soit un peu trop obvious haha
Sinon, je sais que vous adorez toustes Luther de base, j'espère que là vous l'appréciez encore plus à la fin de ce chapitre 😂😁
Sinon, on se dit à mercredi prochain pour le début du chapitre 2 (ou dimanche sur L'Esprit de Noël !) !
Haydn
(Crédit 📷 : Ashley Gerlach)
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