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Au courant de la nuit, je m'étais réveillé en sursaut, paniqué, couvert de sueur. J'avais à nouveau fait un effroyable cauchemar, cependant ce n'était pas cela qui m'avait réveillé... Au-dehors, la tempête se déchaînait depuis bientôt deux heures. Le vent soufflait dans tous les sens, de même que la mer se fracassait sur les rochers. Régulièrement, des éclairs déchiraient le ciel dans d'assourdissants bruits qui m'inquiétaient vraiment – j'avais même sursauté quand l'un d'eux fut un peu trop proche de moi à mon goût...
Sérieusement, je détestais cet endroit ! On pourrait mourir de mille façons sans que personne ne soit mis au courant avant des semaines ! Voir des mois ! Durant de longues minutes, je m'angoissais seul dans mon lit. J'avais peur et froid.
Cela me prit bien dix minutes avant de songer à aller voir Maximilian dans sa chambre. Même s'il ne pouvait empêcher les murs de s'effondrer ou calmer la tempête, au moins je me sentirais un peu rassuré d'être en sa présence... Oui, je sais, ce n'était pas vraiment rationnel et que j'allais sans doute passer pour une poule mouillée, mais actuellement je m'en fichais éperdument !
Armé du peu de courage qu'il me restait, j'avais quitté mon lit pour rejoindre le couloir. Devant la porte, Eros et Clea dormaient, comme s'ils montaient la garde. Ils m'observèrent une seconde avant de me sauter dessus en aboyant... Moi qui voulais être discret, c'était raté !
Maximilian ne tarda pas à ouvrir la porte pour venir à mon secours. Je l'avais remercié d'un regard avant de rougir vivement en me rendant compte que je m'étais encore illustré dans un mauvais sens. Après m'avoir relevé, sa main resta longuement sur mon avant-bras, tandis que son regard parcourait mon visage avec intensité.
Il m'observa ensuite de haut en bas, l'air perplexe. Je devais avouer que j'avais simplement mon boxer pour cacher ma virilité.
– Tu as froid, dit-il. Je vais te donner une couverture.
Je l'avais suivi dans sa chambre, pas sûr qu'il m'ait invité à le suivre. Ce n'était pas vraiment conseillé de pénétrer dans l'espace vital d'un congénère sans y avoir été convié. Surtout s'il avait un statut supérieur. Cela ne semblait pas vraiment l'atteindre quand je franchis la porte, ce qui était rassurant.
Son antre était semblable à la mienne, bien qu'il y ait des objets personnels un peu partout, des photographies de famille sur sa commode et des bibelots horribles qui prenaient la poussière. Il fila dans son dressing pendant que j'observais un cadre où Edward et Maximilian posaient, bras dessus bras dessous, ayant une quinzaine d'années à peu près. Ils avaient l'air heureux et se ressemblaient vraiment beaucoup, tellement qu'il était possible de différencier l'un de l'autre uniquement par leurs vêtements.
Il m'interrompit en me tendant une couverture. J'avais sursauté puis rougis, pris en faute. Je reposais le cadre un peu violemment sur la commode et m'étais excusé du regard... Cela l'intrigua fortement. J'avais ouvert la bouche pour tenter de m'expliquer, mais un éclair particulièrement proche me fit sursauter.
J'avais pâli soudainement en voyant la tempête à travers la fenêtre, encore plus déchaînée qu'avant.
– Tu ne risques rien, me rassura-t-il, le manoir est solide.
– P-Permets moi d'en douter...
J'avais vraiment peur. Comment voulait-il que je dorme tranquillement alors que dehors les éléments se déchaînaient ?! Si ça se trouve le toit allait s'envoler, les murs s'effondrer, le sol l'imiterait et moi je mourrais !
– Si tu veux, tu peux, marmonna Maximilian, un peu mal à l'aise. Ça ne me dérange pas.
Je l'avais dévisagé avec incompréhension pendant de longues secondes, m'attendant à ce qu'il ne se rende pas compte que je n'avais aucune stricte idée de ce dont il parlait. Nous restions comme deux idiots pendant bien dix secondes, ce qui était bien gênant, jusqu'à ce qu'il ne me lance un hochement de tête vers son lit.
Oh. J'avais compris. Rougis comme une tomate. Il était sérieux, là ? Il m'invitait à dormir dans son lit à ses côtés, alors qu'il me connaissait à peine ! Je trouvais sa proposition étrange, intrigante – et franchement suspecte – mais je n'avais pas envie de me retrouver seul dans mon lit non plus.
– Fais ce que tu veux, conclut-il en se recouchant. Mais si tu meurs de froid et de peur, ce sera de ta faute !
Il disait cela avec un sourire, histoire de me détendre... Ça me gênait de dire oui, avouer que j'avais franchement froid et besoin de lui pour me réchauffer – aucun sous-entendu, merci bien, j'étais assez mal à l'aise comme ça !
Et puis dormir avec quelqu'un, je n'en avais pas l'habitude. Par contre, me balader dans le lit pendant la nuit sans tenir compte de ce qu'il y avait autour, oui ! Je redoutais de me réveiller contre lui le lendemain, voir pire ; dans ses bras ! Enfin, le lit était plutôt spacieux, peut-être que je n'allais pas le toucher.
– Je bouge beaucoup, marmonnai-je en m'installant à la place vide, je suis désolé par avance.
Retrouver la chaleur me fit du bien. Vraisemblablement, il m'avait donné sa place bien chaude, ce que je louais avec joie, occultant le fait que cela soit franchement déplacé comme réaction. Je planais entre ses draps douillets !
Maximilian me sortit de mon état d'allégresse en se relevant. Je l'avais suivi du regard, me rendant alors compte qu'il dormait dans la même tenue que moi. Pourtant lui n'avait pas froid. Injustice flagrante ! Enfin, j'imagine que sa musculature admirablement bien sculptée y était pour beaucoup.
Il revint en me tendant un tissu, qui s'avérait être un t-shirt trois fois trop grand pour moi et beaucoup trop petit pour lui.
– C'est tout ce que j'ai, marmonna-t-il, habille-toi au moins un peu, je ne plaisantais pas pour le médecin.
Je ne répondis pas et enfilai son t-shirt sans attendre. Il était trop large, mais suffisamment épais pour me tenir bien chaud. Était-ce de ma faute si je n'avais presque aucun vêtement ? Non, pas vraiment. Mais pour lui cela semblait naturel que je sois le fautif, même s'il ne savait rien de tout le reste.
– Merci et bonne nuit, avais-je murmuré en lui tournant le dos.
Son regard me parcourait à travers les draps. Bien que je ne le voyais pas, j'avais les sens en alerte en permanence et un bon instinct pour ce genre de chose, aussi n'avais-je pas besoin de regarder pour le savoir.
Finalement, il se tourna à son tour, à bonne distance de moi. Dehors, le vent gagnait toujours plus en intensité, les éclairs fendaient la nuit et la pluie battait la fenêtre dans un fracas assourdissant, pourtant ce qui m'empêcherait le plus de dormir, c'était de savoir que Maximilian dormait à un mètre de moi. C'était stupide, étant donné que je l'avais désiré ; j'aurais bien pu refuser sa proposition. Ou retourner dans ma chambre.
Sans doute aurais-je dû le faire. Ne pas dormir de la nuit à cause de la tempête était plus satisfaisant pour mon ego qu'à cause de sa présence à mes côtés – enfin, pas que cela ne soit très glorieux non plus, au final.
Sa chaleur et son odeur m'entouraient et m'enivraient, en partie parce que son odeur était forte et prenante, mais aussi parce que mon odorat était vraiment sensible.
Ou alors était-ce parce qu'elle me touchait plus que les autres ?
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