- 5 -

Le soir même, couché dans mon nouveau lit, mon ventre criait famine. J'aurais dû cacher des gâteaux et des chips dans mon sac avant de partir, ça m'aurait été franchement utile de ne pas mourir de faim dès ma seconde nuit ici !

La prochaine Lune Pleine se passerait ici et ça m'angoissait. En tant que loup, en temps normal, j'étais plutôt docile et pas franchement dangereux, cependant je redoutais que cela ne soit pas le cas pour Maximilian ; les Lycans solitaires comme lui s'isolaient pour de bonnes raisons... Généralement, c'était parce qu'ils étaient violents et brutaux avec les autres membres de la Meute. L'influence de la Lune se ressentait plus sur eux que sur n'importe qui – peut-être parce qu'ils étaient plus sensibles.

Ce qui restait le plus inquiétant à mes yeux, c'était le fait que je sois coincé sur cette île avec Maximilian. Si encore je pouvais tenter de le fuir, je serais plus tranquille... Cependant ce n'était pas possible sur ce caillou flottant ! Franchement, comment pourrais-je rivaliser avec un type qui faisait presque deux fois ma carrure ? Même avec la meilleure volonté du monde je ne m'en sortirai pas !

Est-ce qu'Edward comptait là-dessus pour se débarrasser de moi ? Sur le fait que je ne fasse pas le poids face à Maximilian et que je finisse égorgé sur cette île ?

On frappa à la porte, me sortant de mes pensées. Aucune surprise sur la personne qui me sourit deux secondes plus tard, armée d'un plateau avec du thé fumant, deux tasses ainsi que des gâteaux. Maximilian n'affichait aucune expression qui ne puisse indiquer ce qu'il pensait. Depuis le repas, nous n'avions pas échangé un mot – j'imagine qu'il devait m'en vouloir de ne rien avoir avalé.

– Tu préfères manger sur le lit ou sur la table ? me demanda-t-il, planté au milieu de la pièce comme un idiot.

J'avais simplement haussé les épaules, aussi s'approcha-t-il du lit dans lequel j'étais couché.

– C'est tôt pour dormir, déclara-t-il en servant les tasses.

– Je ne dormais pas – je réfléchissais.

En fait, je mourrais de froid à cause des courants d'air, mais hors de question de l'avouer. La chaleur de la tasse me détendit un peu, de même que l'odeur du thé vert aux épices... Avait-il choisi celui-ci parce qu'il savait que j'adorais ça ou était-ce un hasard ? La plénitude que je ressentais était vraiment agréable...

– Eddy a laissé ça pour toi, au cas où tu ne mangerais pas – ou alors il les a oubliés – tête en l'air qu'il est...

Il me présenta une assiette couverte de mes cookies industriels préférés. Je savais qu'Edward et moi aimions tous les deux les cookies au chocolat plus que n'importe quoi sur terre... Des gargouillis se firent entendre, aussi attaquai-je un biscuit avec appétit – et soulagement. Maximilian m'observa avec intensité sans que je ne puisse déterminer ce qu'il avait en tête.

– Tu sais que tu vas devoir manger autre chose que ces gâteaux, à un moment donné ?

Je lui lançai un regard agacé. Bien sûr que je le savais ! Cependant, ce n'était pas pour ça que j'allais m'y mettre tout de suite ! Si je pouvais l'éviter encore une journée, je le ferais !

– Tu as froid ?

Comment s'en était-il rendu compte ? Bonne question. En tout cas, il avait raison.

– Tu devrais t'habiller plus chaudement, surtout en cette saison.

– Je voudrais bien – si tu crois que ça m'amuse d'avoir froid ! Mais je... Je n'ai pas d'autres vêtements.

– Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ? Tu préfères tomber malade ? Je te préviens, pour aller chez le médecin, ça prend une heure rien que pour le trajet.

J'avais simplement soupiré avec lassitude. Tout semblait à des milliards d'années-lumière de cette île ! Enfin, cela ne me servait qu'à occulter la gêne que je ressentais par rapport à cette conversation... Qui ne le serait pas ? Il semblait comprendre que je n'avais pas vraiment envie d'en parler et n'insista pas. Je l'aurais presque remercié.

– Si tu veux, je peux te chercher une couverture supplémentaire. Je les ai toutes dans mon dressing.

– C'est bon, ça va aller. Va bien falloir que je m'habitue au froid et aux légumes. Quand est-ce que tu retournes au supermarché ?

– Dans deux semaines, si le temps me le permet et que rien ne m'oblige à rejoindre la terre ferme entre temps. Mais je t'arrête tout de suite : je ne peux pas stocker grand-chose ici, donc tu n'auras pas de pizza à chaque repas. Je te laisse finir, j'ai un coup de téléphone à passer.

Je ne sais comment, mais je sus qu'il allait appeler Edward. Comptait-il se plaindre de moi, me renvoyer là d'où je venais ? Déterminer si j'en avais envie ou non restait difficile. Ici, au moins, je me sentais plus ou moins en sécurité – pour le moment. Cependant j'avais aussi terriblement horreur des légumes et l'isolement de cette île m'angoissait un peu.

Lorsqu'il fut parti, je me sentais un peu perdu. Un sentiment d'abandon m'habitait, comme si je n'allais plus le voir, qu'il me laisserait seul sur cette île à tout jamais, entouré de ses maudits légumes !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top