- 40 - 🔞


L'après-midi avait été longue. J'avais essayé tant bien que mal de me concentrer, en vain ! Je ne cessais de me repasser la conversation que j'avais eue avec James ce midi... puis je me flagellais mentalement de penser à tout ça, alors que c'était interdit et une très mauvaise idée d'espérer quoi que ce soit !

Pourtant j'avais beau me marteler l'esprit à grands coups de « tu ne lui plaîs pas » et « on est trop différents », c'était comme si mon cœur refusait totalement d'écouter ma raison, et mon esprit pâtissait de tout ça.

Au final, je n'avais rien fait de constructif, préférant multiplier les allers-retours à la cafétéria pour chercher du thé, du chocolat, quelque chose à grignoter. J'avais attiré l'attention – et sans doute la pitié – de Keane, qui avait fini par engager la conversation avec moi. Il voyageait beaucoup et avait des tonnes d'anecdotes et histoires rocambolesques à raconter... en plus, il les contait avec une bonne dose d'humour. J'avais totalement occulté ce qui obscurcissait mon esprit depuis le déjeuner, à force de rire.

Quand Maximilian réapparut enfin, aussi contrarié que fatigué, il m'avait trouvé avec Keane et James. Je m'étais senti coupable de passer du bon temps ici alors que lui n'avait pas l'air d'avoir passé une journée agréable... mais sa main qui passa le long de mes épaules juste avant qu'il ne s'installe à mes côtés avait été assez rassurante. Il osa même un sourire quand nos regards s'étaient croisés.

J'avais loupé un battement de cœur, rougi vivement, puis toute notre conversation de midi me revint en tête... ses sentiments horribles que je développais à son égard, son inaccessibilité, ma propre situation précaire, voire minable – tout était revenu en une fraction de seconde et je m'étais refermé comme une huître.

Heureusement, nous étions partis rapidement. Maximilian avait encore des choses à faire, mais il tenait à passer au magasin avant de rentrer à l'hôtel. J'en avais profité pour récupérer du shampooing et un paquet de cookies au caramel. Maximilian avait pris de quoi se préparer un bon gros sandwich... et des chips en quantité.

Ça ne lui arrivait pas souvent, ce genre de choses, mais la pression de ce dossier était difficilement supportable. Et la frustration que cela générait le forçait à puiser dans ses réserves pour maintenir la Bête tranquille – du moins, d'après ce qu'il m'avait avoué. Donc il mangeait encore plus, à défaut de pouvoir se défouler physiquement. Et comme le temps pressait, tout ce qui lui passait par la main était bon. Y compris les plats industriels qu'il détestait habituellement.

Je m'en voulais un peu de n'avoir l'occasion de lui cuisiner quelque chose. Même si je n'étais pas aussi bon cuisinier que lui, j'apprenais petit à petit... dommage que la chambre de l'hôtel soit dépourvue de coin cuisine.

Je profitais de notre retour à l'hôtel pour aller prendre une douche, pendant que Maximilian étalait ses papiers sur la table basse et le canapé. Il pianotait sur son ordinateur sans accorder la moindre importance à ce qu'il se passait autour.

À la place de lui en vouloir, j'avais lancé la chaîne hi-fi discrètement. Ça l'aidait à se concentrer, la musique. Puis, c'était le moins que je puisse faire pour l'aider.

Depuis que j'avais retrouvé Maximilian, je tentais de dissimuler une semi-érection totalement injustifiée... Pour le moment, il avait l'air tellement absorbé par son dossier que j'aurais pu être déguisé et maquillé comme une voiture volée qu'il ne l'aurait pas remarqué. Et heureusement pour moi !

L'objet de ma réaction physique était contrarié, ce qui le rendait encore plus attirant qu'en temps normal. Une certaine aura de danger planait autour de lui – la Bête qui se laissait deviner – et une partie de moi était très intriguée... voire excitée.

Heureusement qu'il ne faisait pas du tout attention à moi ! Afin d'éviter tout débordement et dérapage, j'avais filé dans la salle d'eau.

Me déshabiller m'avait fait un drôle d'effet... ça m'avait vraiment émoustillé. Comme si Maximilian était dans la pièce à me reluquer avec une lueur intéressée et perverse à souhait...

Franchement, qu'est-ce qui n'allait pas chez moi ? C'était la première fois de toute ma vie que je ressentais une telle chose ! L'excitation sexuelle... Et celle-ci me semblait incontrôlable !

Sous l'eau froide, j'avais tenté de débander par tous les moyens, mais rien à faire... c'était à croire que quoi que j'imagine et quoi que je veuille, mon corps refusait d'obéir. J'avais beaucoup trop chaud – mon sang ressemblait à de la lave en fusion, j'avais les reins en feu et... Plus au sud, ce n'était pas en reste non plus.

La porte était fermée, mais je redoutais que Maximilian ne débarque ici par inadvertance, pour aller aux toilettes par exemple, et qu'il me voie dans cet état... j'aurais tellement honte ! Mais d'un autre côté, j'étais aussi curieux de savoir comme lui réagirait en me voyant ainsi débauché... peut-être qu'il serait choqué. Peut-être qu'il serait alléché.

Je ne me reconnaissais pas vraiment, mais je m'en fichais totalement pour le moment. D'habitude, j'étais plutôt pudique sur la chose, mais pas aujourd'hui, visiblement...

Des images passèrent dans mon esprit en boucle : Maximilian qui desserrait sa cravate d'une manière sensuelle ; les boutons de sa chemise qui cédaient les un après les autres, avant que la chemise ne tombe au sol ; puis le bouton de son pantalon, sa braguette ; son boxer... 

Puis des mains baladeuses qui caressaient sa peau nue et offerte, ses formes outrageusement masculines et bien sculptées, cette chose interdite entre ses jambes... Sans compter ce danger planant, sa Bête qui se mêlait à lui, qui tentait de prendre le dessus et le pourrait à tout moment... la Lune savait seule ce qu'elle pourrait me faire, offert et vulnérable...

Bon sang ! Je n'en pouvais plus ! J'allais exploser de désir et de frustration mêlée !

Si seulement je pouvais arrêter ses images ! Mais en avais-je réellement envie ? Au fond, non, je ne voulais pas que ça s'arrête – pas comme ça, du moins...

Sans honte et sans appréhension, je m'étais finalement autorisé à céder à mes pulsions... Mon corps entier brûlait d'un désir interdit et ne demandait qu'à être soulagé !

J'étais à deux doigts d'aller rejoindre Maximilian dans la chambre, à l'allumer sans pudeur et à m'offrir pleinement à lui sans la moindre retenue. Mais quelque chose m'en empêchait. Quelque chose de fier, de dominant, qui refusait de s'abaisser à ce genre de comportement. C'était bien la première fois que je me sentais dominant et fier... Dans le fond, ça me plaisait. (Du moment que ça m'empêchait de me couvrir de honte devant Maximilian, ça m'allait !).

Lentement, ma main descendit vers mon entrejambe, caressant mon ventre au passage... je soufflais d'aise. C'était la première fois que je faisais un truc pareil.

Tandis que je gratifiais ma virilité d'un plaisir interdit de plus en plus intense, je basculais la tête en arrière, le souffle de plus en plus écourté... Mon corps réagissait plus que bien à ce traitement, mais pas assez à mon goût.

Les yeux fermés, j'imaginais Maximilian nu dans la pièce adjacente, sa large main expérimentée s'adonnant à la même luxure que moi... Ma seconde main effleurait plus timidement mon téton – je trouvais la sensation étrange... Grisante, mais étrange.

Cela me tendit d'autant plus !

J'occultais totalement le fait que la porte n'était pas verrouillée, qu'il pouvait débarquer ici à tout moment et me surprendre dans cette position... Et de m'imaginer prit en flagrant délit d'une telle débauche, cela me procurait encore plus de plaisir. J'en frissonnais, même !

Tandis que je sentais la fin s'approcher doucement, Maximilian frappa à la porte. Trois coups bien sentis qui me firent frémir...

– Keaden ? Tout va bien ? Ça fait un moment que tu es sous l'eau...

– Euh... O-Oui ! Je me... Euh... J'avais des courbatures avant et je voudrais les soulager...

Odieux mensonge, mais dans un sens, j'aurais presque voulu qu'il ne me croie pas et entre ici pour constater quel genre d'activité me prenait autant de temps...

– Ah, ben, viens vite, alors, conclut-il, un peu perplexe.

Se rendait-il compte du pouvoir érotique de ses paroles, bon sang ?! Tandis que j'accélérais mes caresses, des gémissements m'échappèrent. Maximilian avait l'ouïe sensible et j'eus peur qu'il m'entende... j'avais alors mis une main sur ma bouche, massacrant mes lèvres avec mes dents, pour ne plus faire de bruit.

La chaleur de l'eau, la pression, l'interdit, mon désir toujours plus brûlant et cette sensation nouvelle de dominance qui coulait sous ma peau, eurent raison de moi.

Les traces de mon plaisir dégoulinaient de la paroi, se mêlant à l'eau, tandis que je reprenais peu à peu mon souffle et mes esprits.

Bon. Sang. 

Venais-je réellement de faire ce que j'avais fait ? 

Oui, incontestablement.

Avec minutie, j'avais nettoyé la cabine de douche, comme si ça pouvait annuler ce que je venais de faire. Mais cela avait existé, je ne pouvais pas le nier. Comme je ne pouvais pas nier avoir pris mon pied.

Que dirait Maximilian s'il m'avait vu faire ça ? Il se méprendrait sur moi, sur mes intentions, sur ce que je ressentais... Moi-même je trouvais cela lamentable et honteux. Mon assurance s'était fait la malle, tout comme mes désirs et mon plaisir !

J'inspirai et expirerai plusieurs fois, tentant de remettre de l'ordre dans mon corps et mon esprit.

La meilleure chose à faire, c'était d'oublier tout ça et agir comme si de rien n'était. Comme si je n'éprouvais pas de plaisir en pensant à lui sous la douche, que je ne le désirais pas, que tout ceci n'avait jamais eu lieu et ne se reproduirait jamais.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top