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Il me remonta dans sa chambre. Je n'y fis pas réellement attention, trop concentré sur mes émotions qui me faisaient vivre un enfer.
Plusieurs minutes plus tard, il revint dans sa chambre pour m'aider à me relever. J'avais mis un peu d'ordre dans tout ce qui s'agitait en moi, même si je ne pouvais pas affronter son regard pour le moment...
Il me laissa me déshabiller et entrer dans l'eau seul. J'avais de suite remarqué qu'il avait pris la peine de faire de la mousse, histoire de ne pas me laisser sans barrière face à son regard...
Cela ne m'empêcha pas de rougir vivement.
– Est-ce que ça va ? ce n'est pas trop chaud ?
J'avais simplement fait un « non » de la tête, toujours honteux de moi-même.
Il prit un peu de son shampoing – celui qui sentait la forêt sauvage et que j'adorais – et entreprit de débarrasser mes cheveux de la boue qui recouvrait ma tête. Le potager et le verger étaient boueux et même sous une forme de loup je n'avais pu y échapper. Mon corps en était recouvert.
– Ça va aller Kaeden, tout s'est bien passé cette fois, il n'y a rien de cassé, pas de morts ou de blessés.
Je ne réagis pas vraiment. Sa main passa de mes cheveux mouillés à ma joue, puis à mon menton, qu'il releva avec une douce fermeté.
Mon regard rougi et intimidé croisa le sien, si doux, si serein. Comme si tout ceci était normal. Il n'y avait rien de normal, bon sang ! j'étais à nouveau parti en vrille et ça aurait pu dégénérer ! qu'aurait-il dit si j'avais tué ses chiens ?
Une nouvelle vague de larme me submergea. Il m'attira contre lui. J'étais pitoyablement avachi sur sa cuisse, abandonnant la lutte contre le typhon qui faisait couler mes larmes... sa main caressait doucement mes cheveux. Cela m'aida à reprendre le dessus. Suffisamment pour me tenir seul.
– Ne t'en fais pas, ça peut arriver, dit-il alors, la voix neutre au possible. Excuse-moi, je n'aurais pas dû te laisser tout seul.
– C-C'est moi qui suis... désolé. J'ai fait peur aux chiens.
– Ils ont l'air plutôt en forme... ça m'est déjà arrivé, à moi aussi.
Malgré ma honte, j'avais trouvé son regard. Il semblait douloureux, comme le mien.
– Au début surtout, comme toi. J'ai fait du mal au chien de la famille, sauf que contrairement à toi, je l'ai blessé... Tu les as bien traités, tout va bien.
– Mais je... ils avaient peur ! Et puis je... je me sentais si puissant, si dominant ! je voulais les tuer...
– Mais tu ne l'as pas fait, pas vrai ? Tu les as dominés, mais tu n'as pas fait couler le sang. Il ne s'est rien passé de dramatique, alors ne t'accable pas de tous les maux du monde. Et puis, c'est de ma faute, je n'aurais pas dû te laisser seul avec une tempête qui s'annonce en sachant que tu pouvais être effrayé. Excuse-moi.
Pensait-il réellement que c'était le temps qui m'avait mis dans un état pareil ? oui, il le croyait. Devrais-je lui dire que c'était son abandon qui m'avait fait paniquer ? c'était si stupide. Il était revenu et n'avait aucune intention de me laisser seul ici, livré à moi-même !
Confus, j'avais lâché la bombe. J'imaginais aisément qu'il trouva ça stupide – moi-même je trouvais ça stupide !
– Kaeden, souffla-t-il doucement, jamais je ne t'abandonnerais comme ça, c'est promis. Eddy m'a chargé de veiller sur toi et je ne compte pas désobéir, d'accord ? je voulais te laisser te reposer.
– Mais tu... tu pourrais en avoir assez de moi et–
– Et ce n'est certainement pas comme ça que je procéderais si jamais c'était le cas, tu as ma parole. Enlève ses idées de ta tête, d'accord ? Tu peux compter sur moi. Quoiqu'il se passe.
Ses paroles me firent du bien. J'étais soudainement rassuré. J'avais posé ma tête sur sa cuisse, il reprit ses caresses douces et apaisantes dans mes cheveux. Durant de longues minutes, la sérénité prit la place de ma peur et de ma culpabilité.
Le silence fut brisé quand Maximilian me conta alors ses pires crises, comme les miennes, en plus sanglantes et plus difficiles à stopper. À côté de lui, j'étais un « petit loup apprivoisé », selon ses propres termes. Cela me rassurait.
Peut-être qu'il avait tout inventé, cependant la sincérité que j'entendais dans sa voix me suggérait le contraire.
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