Chapitre 8 - James

C'est enfin l'arrivée de James le Fameux XDDDDD

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Quelques semaines après le décès de la mère de William, tout était rentré dans l'ordre. Il avait pris ses fonctions officiellement, rien n'avait véritablement changé une fois la passation de pouvoir effectuée. Il y avait plus de monde qui venait ici, étant donné que notre Sanctuaire était devenu le Sanctuaire principal, à présent... Mais les visites étaient plutôt des visites de courtoisies ou des entretiens avec William à propos de dossiers et/ou papier en souffrance.

J'avais repris ma petite routine habituelle, à savoir traiter les papiers et dossiers, ainsi que les rapports et l'administratif en général. Will mettait tout en ordre depuis sa prise de fonction, alors j'aidais comme je le pouvais.

Il ne tarderait pas à travailler pour Von Berg Corp., dans les bureaux du centre-ville, donc il fallait que tout soit en place d'ici là. Histoire que l'on ait un rythme de croisière acquis avant qu'il ne travaille.

Même si tout semblait aller bien, William était très affecté par la perte de sa mère. Elle était le pilier central de sa vie depuis toujours, que ce soit en tant que mère ou en tant que tutrice et partenaire d'entraînement. Même si Kean et moi faisions de notre mieux, on ne pouvait pas la remplacer.

En cette fin de vacances, William et moi profitions d'un temps de répit pour profiter de la piscine et du soleil. Ça avait ses avantages de vivre dans la villa, dommage qu'on n'ait pas le temps d'en profiter comme on voulait !

– Dire que dans une semaine je serais enfermé dans un bureau, se lamenta Will, couché sur son matelas en plastique, une bière à la main.

– M'en parle pas, tu seras encore plus en retard dans tes rapports, dis-je sur le même ton.

– Hé, je suis à jour !

– Parce que j'ai fait les trois quarts de ton boulot, ouais !

Il concéda le point. J'allais finir par me charger de tout, sauf de la signature, à ce rythme-là.

– Tu sais, je... Je me disais un truc.

J'enlevais mes lunettes de soleil pour lui accorder toute mon attention :

– Quoi ? Tu penses sérieusement à engager Kean ?

Pour le moment, le Sanctuaire tournait uniquement grâce à William. Du moins, officiellement. Il n'avait pas encore décidé s'il voulait embaucher des Soutiens – c'était une charge en plus à ajouter à nos épaules, sans compter que les candidats ne couraient pas les rues dans un endroit aussi calme et tranquille. Les seuls rushs qu'on avait étaient d'ordre administratif, et les rondes étaient souvent plus monotones qu'autre chose.

– Plutôt épouser Markus, rit-il, vu comment il gère sa vie, je préférerais avoir un gamin plutôt que Kean dans mes pattes !

Il était vrai qu'il avait tendance à privilégier la détente au travail, même s'il était assidu et sérieux quand il s'agissait des entraînements.

– Non, enchaîna Will, qui ôta ses lunettes également, je me disais que ce serait le bon moment pour officialiser ton rôle au sein du Sanctuaire.

Je papillonnais des yeux :

– Tu veux dire... Que je devienne ton Soutien ?

Il hocha la tête :

– Tu te débrouilles déjà très bien comme ça... Si tu dépends du Sanctuaire, il y a des avantages qui pourraient assurer ta sécurité et ton avenir si jamais... Je ne sais, tu voulais partir ou quelque chose comme ça.

Je lui offrais mon plus bel air dubitatif :

– Mais je ne veux pas partir, qu'est-ce qu'il te prend ?

– Je sais, mais imaginons que tu veuilles quitter Glasgow un de ces jours. Si tu travailles pour le Sanctuaire, ça peut t'ouvrir des portes vers d'autres Sanctuaires. Même si on cherche surtout des Venandis opérationnels, tu ne devrais pas avoir de mal à te faire une place quelque part avec tout ce que tu sais faire.

Ça ne me plaisait que moyennement qu'il envisage que je quitte ce Sanctuaire... Mais il était vrai que l'avenir était incertain. Qui sait ? Je pouvais tomber sur l'amour de ma vie au détour d'un coin de rue et le ou la suivre à l'autre bout du pays pour y vivre, même si ça ne m'enchantait pas plus que cela aujourd'hui.

– Pourquoi ça te pique soudainement maintenant ?

Il remit ses lunettes en place et inspira, avant de me répondre :

– Si j'avais fait cette demande avant, ma mère aurait refusé, pour tout un tas de raisons partiales... Maintenant que c'est moi qui suis responsable, je peux m'autoriser tout ce que je veux – dans la limite du raisonnable, je veux dire.

Ça ne m'étonnait pas plus que cela.

– Mais si tu préfères qu'on ne le fasse pas, ça me va aussi... Peut-être que tu te sens d'attaque pour intégrer une Meute ?

– Je te l'ai dit ; je ne pense pas que j'en serais capable un jour... Je me sens chez moi ici, ce n'est encore arrivé nulle part ailleurs... Mais d'accord, faisons la paperasse pour que ce soit officiel que je me charge de tout pendant que tu te la coules douce.

– Dit-il dans sa bouée-donut, un soda à la main et les doigts de pieds en éventail.

On échangea un sourire mutuel, avant de reprendre le cours de notre farniente.

– Je n'ai vraiment pas envie d'être la semaine prochaine, se lamenta William.

– Aller, ça te reposera un peu d'être au bureau !

– Je sais bien... Mais je vais croiser Max. et ça me... Enfin tu vois. Je ne me sens vraiment pas opérationnel pour jouer au chat et à la souris, en ce moment.

– C'est vrai que je n'y avais pas pensé... Tu comptes lui demander de resortir avec toi ? Maintenant qu'il vit hors de sa Meute et que ta mère n'est plus entre vous... Tu pourrais tout lui dire, non ?

Il en crevait d'envie, ça se voyait, mais son discours était à l'opposé de ce que je constatais :

– Laisse tomber. Il a perdu son père il y a quelques mois, moi ma mère... Ce n'est pas le moment pour ce genre de plan. En plus, il a l'air de bien s'être remis. Je ne veux pas qu'on reprenne notre relation, que finalement la situation ne lui aille pas plus qu'avant, et qu'on se sépare à nouveau... C'était assez compliqué la première fois.

Et dire que c'était – en grande partie – ma faute...

– Je suis désolé.

– Arrête avec ça, OK ? On n'était pas fait pour être ensemble. Même si tu aimes quelqu'un de tout ton cœur, ça ne marche pas forcément... Max a besoin de quelqu'un avec qui partager du temps, ce que je ne pourrais jamais lui offrir – tu vois bien le temps qu'on passe ensemble, toi et moi, alors qu'on est censé travailler ensemble...

Il était vrai qu'on ne se voyait pas si souvent que ça, en dehors des briefings et des croisements en coup de vent entre deux tâches... Les seuls moments où on était bien ensemble, c'était lors des entraînements ou quand on dînait le soir. Et encore, là, il ne travaillait pas encore pour Von Berg Corp., mais uniquement pour le Sanctuaire !

– Essaye de ne pas fermer la porte, l'encourageais-je, si ça se trouve, il serait ravi de travailler ici...

En revanche, pas sûr qu'il apprécie ma présence dans le coin. William dû se faire la même réflexion en son for intérieur, vu la grimace qui déforma ses lèvres.

– Je suis sûr que me casser les pieds à longueur de temps parce que je suis en retard dans mes rapports lui ferait bien plaisir, mais tu t'en charges déjà admirablement bien.

– T'as juste peur qu'il soit plus efficace que moi.

– On ne peut rien te cacher.

On partageait un rire, avant que William ne sorte de l'eau pour nous ravitailler en bière et soda. C'était vraiment agréable, cette journée off, à ne se préoccuper que de notre petite personne et de parfaire notre bronzage... dommage que ça n'arrivait pas si souvent que cela !

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Cela m'avait pris un mois pour avoir les accréditations officielles pour travailler en tant que Soutien de William. J'avais enchaîné les rendez-vous et la paperasse pour mon dossier, puis il était passé devant la commission comme une lettre à la poste. Ce fut avec fierté que William m'avait fait signer le parchemin il y a deux jours ! Voilà que je travaillais officiellement pour le Sanctuaire !

J'étais plutôt fier de pouvoir arborer l'insigne, légèrement différent de celui de Will, qui signifiait que j'étais son Soutien officiel. J'étais également passé chez un Sorcier qui m'avait marqué du sceau d'appartenance au Sanctuaire de Will ; il prenait la forme d'un tatouage en forme de flèche sur l'avant-bras, qui s'accordait avec l'arc que Will avait depuis qu'il était devenu Venandi responsable.

Il n'était pas définitif ; je pouvais le faire enlever en démissionnant...  Il avait l'air d'un tatouage tout à fait normal, et nous donnait l'impression de ne pas être simplement liés par un parchemin... Il y avait quelque chose de plus profond.

On s'en était extasié quelques jours, avant de nous y habituer. Même si je souriais bêtement quand je le voyais, des semaines après l'avoir gravé magiquement dans ma peau.

Pour fêter ça, William avait invité Kean et Markus à dîner. Ils étaient ce qui se rapprochait le plus d'amis pour moi, et on voulait marquer le coup. Comme j'étais submergé de boulot et que Will travaillait à présent auprès de son père la journée, j'étais passé à la pizzeria de la Meute chercher le dîner.

On m'y accueillait toujours chaleureusement, malgré la sale expérience qui remontait il y a des années. Ça me faisait toujours plaisir de débarquer dans le restaurant. Je savais que ce n'était pas ma Meute, mais pour moi, c'était presque le cas. C'était la seule au sein de laquelle j'avais vécu, même si ça ne s'était pas aussi bien passé que prévu. Enfin, ils ne m'en voulaient pas, c'était l'essentiel.

J'avais appelé pour qu'on prépare la commande à emporter et je m'apprêtais à régler la note avec la carte que William m'avait donnée, avant de m'apercevoir que Max était là, assis à une table. Il mangeait sa pizza et buvait son verre de vin seul, plus concentré sur son téléphone que sur moi...

J'avais un pincement au cœur, subitement. Dire qu'il était là tout seul, par ma faute ! Même si Will disait tout le temps que ce n'était pas que ma faute, je me sentais coupable quand même. Il l'avait quitté parce que j'avais débarqué dans sa vie sans prévenir et qu'il n'avait pas eu le choix... Si je n'étais pas venu à Glasgow, peut-être qu'ils seraient encore ensemble à l'heure qu'il était ?

– T'as besoin d'aide pour mettre tout ça dans la voiture ? Me demanda Theo, qui tenait la caisse ce soir.

– Euh, non, ça devrait aller ! Merci pour tout et désolé pour l'heure tardive... Tu-sais-qui est plutôt occupé et Markus aussi.

– T'inquiètes, on a toujours de quoi remplumer Tu-sais-qui, répondit-il avec un clin d'œil. Et félicitations pour ta promotion, au fait.

– Les nouvelles vont vite ! Merci, mais je ne fais rien de plus que ce que je faisais déjà. J'ai juste un chèque à la fin du mois.

– C'est déjà pas mal ! Oh, on dirait qu'on m'appelle... Passe boire un café à l'occasion, on aura le temps de papoter – j'arrive !

Sur ce, il me laissait prendre les sacs en plastiques qui contenaient le repas du soir. Je lançais un dernier regard à l'ex de William, qui accordait toujours autant d'importance à son téléphone... J'avais très envie de lui dire de venir avec moi, qu'il soit au courant de tout ce qui concernait la vie secrète de son ex, qu'ils se rabibochent et qu'ils vivent heureux ensemble.

Cependant, les paroles de Will m'en empêchaient. Il avait raison, ce n'était pas le moment de prendre des décisions importantes. Ils étaient tous les deux dans une phase étrange de leurs vies et ils avaient besoin de temps, de calme et d'espace pour se remettre.

Puis, qui j'étais, moi, pour me mêler des histoires de cœur de William Von Berg  ?

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Plusieurs semaines après l'officialisation de mon rôle au sein du Sanctuaire, la mère de Markus et Kean était à son tour décédée. Elle était malade depuis de nombreuses années, ce n'était une surprise pour personne. S'en était suivi un marathon-condoléances – mais heureusement, cette fois-ci, ça se passait sur leur domaine et pas au Sanctuaire... Will avait tenu son rôle de fiancé de façade admirablement bien.

Après quelques semaines – délais raisonnables définis par Markus – ils mirent officiellement fin à leurs fiançailles. Personne n'était franchement surpris. On avait fait une petite fête entre nous, afin de marquer le coup. Puis nos vies avaient repris un cours normal, comme si William et Markus n'avaient jamais été fiancés.

Je m'entraînais souvent avec Kean, qui avait le bon goût d'être aussi habile en corps à corps que pour tester mes sens et réflexes. Étant donné qu'il pouvait se rendre invisible – en plus de traverser la matière – il était parfait pour entraîner mon ouïe, et surtout, ma confiance « aveugle » que je devais avoir en ce sens. J'avais les oreilles sensibles depuis toujours, mais depuis que j'étais un Loup-Garou, ce sens était exacerbé. Bien plus que ma vue, du moins.

William travaillait à Von Berg Corp., cela s'était passé mieux que ce à quoi il pouvait s'attendre. Surtout la partie « cohabitation journalière avec mon ex ». Même si je le soupçonnais d'être toujours amoureux de lui et qu'il devait crever d'envie de laisser une seconde chance à leur couple, il n'avait encore rien fait pour que ça se passe. Peut-être qu'il attendait le bon moment.

Passé le temps de se faire à son nouveau rythme, William avait commencé à traîner dans les bars et boîtes de la ville. C'était pour se faire voir, se tenir au courant de ce qu'il se passait sur son Territoire. Du moins, officiellement.

Bon, c'était surtout une excuse pour évacuer la pression, la peine et tout ce qu'il avait sur les épaules ces derniers mois, mais je me voyais mal lui faire des reproches. Je n'avais ni nez ni truffe à mettre dans ses affaires.

Une nuit, tandis que je m'étais endormi devant un film, William était rentré plus tard que d'habitude. Il rentrait toujours entre une et deux heures du matin, normalement... Mais là, il était presque quatre heures trente. Il avait balancé ses clefs sur la commode, allumé la lumière et poussé un râle d'agonie en se laissant tomber dans un fauteuil avant de se rendre compte de ma présence.

– Oh, désolé, je ne voulais pas te réveiller...

– C'est raté... Je me suis endormi devant mon film.

Je remettais de l'ordre dans mes cheveux et dans mes idées, avant de me débarrasser du plaid pour me lever.

– Je vais nous réchauffer un truc, je meurs de faim...

– Bonne idée...

Quand on passait à table, William avait troqué sa chemise et son jean contre un débardeur et un jogging.

– Tu rentres tard, bâillais-je.

– Ouais, je... J'ai fait un petit détour.

– T'as ramené Max chez lui.

C'était plus une affirmation qu'une question. Elle le laissa coi de longues secondes.

– Comment tu le sais ?

– Je ne le sais pas, je le sens.

J'avais déjà croisé Max, dont l'odeur s'approchait de celle d'Edward – ce n'était pas difficile de la reconnaître...

– Je déteste quand vous faites ça.

– Je suis presque sûr que ça t'impressionne.

Il admit d'un geste de la main, la moue contrariée.

– Est-ce que vous... Tu lui as parlé ?

Il secoua la tête.

– Tu ne vas pas me lâcher, hein...

Ce fut à mon tour de secouer la tête.

– Ce n'est pas le moment pour qu'on remette le couvert... Il est en train d'en prendre plein la tronche à cause de moi, de la mort de son père et je crois qu'il a besoin de vraiment profiter de sa liberté.

– T'as préparé tes excuses, c'est bien ! Mais c'est lâche.

Il poussa un râle agacé.

– Tu sais que j'ai raison, c'est pour ça que tu t'agaces.

– C'est toi qui m'agaces. Bref, parlons d'autre chose – tu ne veux pas m'accompagner la prochaine fois ?

– Pas vraiment... Je t'ai dit que ce n'était pas mon truc, les boîtes de nuit et puis si c'est pour te voir draguer la moitié des gens présents pour éviter de parler de tes sentiments à ton ex, je peux rester devant la TV.

– Je pensais qu'on pouvait passer la soirée ensemble, bien s'amuser et... Max ne met pas les pieds dans les bars et boîtes tenus par les Surnaturels.

– Tu ne nies même pas, fais un effort, souriais-je, mais... Non, ce n'est pas mon truc les soirées de ce genre.

– J'aurais essayé... C'est super bon, c'est quoi ?

– De la Fabada – des haricots blancs, de la charcuterie et des épices. Je me suis dit que tu aurais faim en rentrant et que ce serait parfait pour te caler.

– Quelle joyeuse idée !

On finissait notre repas, avant d'aller nous coucher. Moi, pour finir ma nuit, et lui pour enfin la commencer.

Je n'étais plus vraiment fatigué... Je me tournais et me retournais dans mon lit pendant trois heures, avant de me lever, pour enfiler mes gants et frapper le sac pour me calmer.

Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi je me sentais aussi... Nerveux ? En tout cas, j'avais besoin de me défouler un bon coup, de transpirer et frapper dans quelque chose, et comme Will n'était pas en état d'encaisser les coups, le sac le ferait à sa place.

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La routine s'installa rapidement au Sanctuaire, tant pour moi que pour William. Cela faisait presque deux ans que j'étais officiellement Soutien de Venandi... J'avais vingt ans depuis quelques mois, j'effectuais les rondes seul, après les avoir réalisées avec William pendant des mois.

Je voulais en faire plus, mettre mes aptitudes à profit, essayer d'aider au mieux... Ça soulageait William, qui avait un emploi du temps surchargé. Et puis je me sentais bien, à fureter dans les bois sous ma forme animale...

Avant que William ne me laisse l'accompagner, j'avais dû faire mes preuves, après un entraînement d'un tout autre niveau de ceux qu'on faisait habituellement. Il m'avait appris à marcher le plus silencieusement possible, à pister, à me repérer sur son Territoire, jusqu'à ce que je le connaisse comme ma poche. Il m'avait appris à me battre sous mes deux formes, à chasser, à laisser la bête en moi s'exprimer pour que j'en tire le meilleur parti.

Une fois qu'il m'avait estimé prêt, j'avais pu l'accompagner, avant qu'il ne me laisse gérer les rondes par moi-même, au fur et à mesure. On dira ce qu'on voudra sur William, qu'il était insupportablement pointilleux, horriblement exigeant, excessif dans ce qu'il attendait des autres et de lui-même... Mais c'était un bon professeur.

Grâce à lui, j'étais opérationnel en quelques mois, ce qui était un miracle – ou quelque chose de ce genre – du moins d'après William.

Je revenais d'une ronde un soir, où William devait être à une soirée de gala avec son père, quand j'avais constaté qu'il était resté au Sanctuaire. Je trouvais ça bizarre – même s'il n'aimait pas particulièrement les mondanités, il se pliait à l'exercice d'habitude...

– Ah, Angie, m'accueillit-il, se levant du canapé. On a un invité pour les semaines à venir.

Comme j'avais encore ma forme animale, ledit invité me toisa avec de grands yeux. J'avais beau être un Bêta, je restais plus imposant qu'un loup normal... En plus, mes iris rouge sang ne devaient pas être très engageants non plus.

Notre « invité » devait avoir le même âge que moi, avait des cheveux blond doré mi-longs attachés en man-bun, ainsi que des iris d'un vert plutôt clair. Il était habillé avec un sweat et un jean, un sac à dos était à ses pieds. Physiquement, on avait la même taille, même s'il était plus frêle que moi, qui avais pris une belle musculature depuis que William m'avait « pris en main ».

Je filais vers ma chambre, pour redescendre une fois habillé, et trouver William ouvrant une nouvelle bière à notre invité.

– Angie, je te présente James. Il travaille pour Max depuis quelques semaines et...

– Il commence à avoir des doutes sur ma nature, finit-il.

– Je lui ai conseillé de s'installer ici quelques semaines, le temps que je lui trouve un endroit où s'installer et être en sécurité.

– Ah, d'accord...

Pendant qu'ils discutaient, je préparais le dîner. Ils parlaient principalement de leurs postes à Von Berg Corp., de Max et de leurs couvertures humaines – soit des choses qui ne me concernaient ni de près ni de loin.

James était sympa comme type, souriant et à l'aise, même s'il ne connaissait pas Will depuis longtemps... Bon, je le trouvais un peu trop tactile et trop à l'aise, mais cela ne semblait pas déranger Will. Il devait avoir plus l'habitude de ce genre de choses que moi, lui qui passait ses soirées de week-end dans des boîtes, des bars ou des soirées mondaines – quand moi je ne sortais que pour aller au cinéma ou manger un morceau quand j'avais envie de voir du monde.

Je ne savais pas quelle mouche me piquait subitement, mais je me sentais de trop. J'aurais bien pu ne pas être dans la pièce qu'ils auraient agi pareillement... Pas que je sois jaloux – du moins... Je crois ?

Mon regard ne cessait de se diriger vers notre invité, jusqu'à ce que je me dise que le fixer de la sorte était bizarre, pour retrouver son visage quelques secondes plus tard.



Après le repas, j'avais pris mes jambes à mon cou quand William annonça qu'il s'occupait de la vaisselle. D'habitude j'essuyais celle-ci, pendant qu'on continuait de discuter, mais ce soir, il n'avait pas besoin de moi.

Je savais que William avait une vie sexuelle et amoureuse pendant ses sorties. Il ne me cachait pas qu'il couchait avec des gens, que ce soit dans un lit ou ailleurs... Mais ce soir, j'en avais pris pleinement conscience.

Je me sentais de trop, ce qui était gênant, autant pour eux que pour moi, alors j'avais fait comme souvent quand j'étais mal à l'aise ; je fuyais. Je n'avais même pas annoncé que j'allais me coucher – je craignais qu'ils me retiennent ou de les déranger dans leur... Parade nuptiale... ?

Au fond, ce n'était rien de grave. C'était même probable que William finisse par ramener un de ces amants ici, mais ça m'avait fait prendre conscience que ma situation était toujours aussi précaire qu'avant.

Imaginons que James sorte avec William et qu'ils veuillent avoir leur intimité... Ce serait à moi de quitter les lieux. À moi de trouver un autre endroit où m'installer – probablement seul, pour ne rien arranger...

Ce fut avec une certaine anxiété que je m'étais couché, essayant de relativiser, de trouver du positif dans cette histoire, mais rien que l'idée de quitter ma chambre, le Sanctuaire et ma petite vie actuelle, ça me paralysait de peur. J'aimais les choses telles qu'elles étaient jusqu'à présent – vivre dans ce Sanctuaire, aider Will comme je le pouvais, considérer que cette chambre était la mienne et que j'y étais en sécurité...

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Les semaines qui suivirent furent aussi angoissantes et frustrantes que la première soirée. Même s'ils essayaient de m'inclure dans la conversation, je me contentais de répondre par « oui », « non » et autres « hm ». Je m'étais fermé comme une huître depuis l'arrivée de James, même si ce n'était pas sa faute... Il était avenant et sympa avec moi, c'était sans doute le pire ! Ça et William qui n'avait pas l'air de se rendre compte de la situation. À moins qu'il s'en fiche royalement de mon attitude.

Heureusement, Kean venait régulièrement me sauver de la situation – enfin, officiellement, il s'entraînait. Il avait aussi remarqué que James était trop tactile et trop aguicheur avec William pour que ce soit normal. Du moins, d'après ce qu'il m'avait dit. On spéculait tous les deux sur leur relation probable et Kean n'avait pas de mal à constater que cette situation n'était pas sereine pour moi.

« Tu veux que j'aille lui parler ? » m'avait-il demandé une fois, ce à quoi j'avais répondu un franc « non ». J'avais trop peur de sa réaction et de sa réponse. « James et moi on file le parfait amour et je ne veux plus du cas social dans mes pattes », voilà ce qu'il allait dire. Je n'étais pas assez fort psychologiquement pour me prendre ça dans les dents en ce moment. Rien que l'idée de dormir hors du Sanctuaire me terrifiait !

Même si Kean s'agaçait de ne rien pouvoir faire et de voir les deux autres minauder comme si tout allait bien, il n'avait rien dit à Will. Il réservait ça à Markus, qui était au courant de tout, même si j'étais loin de m'en douter – et lui, de s'y intéresser... Mais comme souvent, Markus était le confident involontaire de ses proches.

Comme je l'ignorais totalement, ça ne m'inquiétait pas. Si j'avais su... Je me serais angoissé qu'il aille tout balancer à William. Markus était bien le genre contraire à moi ; confronter frontalement les gens pour résoudre ses problèmes au plus vite... D'autant plus si Kean le saoulait avec ses histoires à longueur de temps.

Cela expliquait pourquoi, un beau jour, Markus avait dîné avec William. Enfin... Il l'avait « convoqué », ce que le Venandi n'appréciait que moyennement – mais il avait fait un effort pour son ex-fiancé.

Une fois les plats servis – quand cela fût sûr qu'on ne les dérangerait plus avant un moment – Markus se lança. Il sirotait un de ses vins préférés pour se donner du courage. Ça ne lui ressemblait pas vraiment, du moins, pas tel que son ami le connaissait.

– Tu vas cracher le morceau ? Lui demanda William, qui attaquait son homard avec appétit.

– Ça se voit à ce point.

– Pitié, sourit William, que tu m'invites dans ton meilleur restau de la ville, en tirant cette tête, c'est que t'as forcément un truc à me demander. Un truc bien emmerdant, j'imagine ?

– Mh... En réalité, ce n'est pas pour te demander quelque chose que je t'ai invité.

William le toisa un moment, jusqu'à ce que le Sorcier se décide à enchaîner :

– Kean m'a dit que tu cherchais un appartement pour quelqu'un. Je me disais que... Non, en réalité, c'est Kean qui se propose de quitter sa dépendance pour s'installer dans la maison principale.

Autant dire que William restait dubitatif. Techniquement, si on ne faisait pas partie du Coven, on n'avait rien à faire chez eux. Surtout dans la dépendance aménagée dans laquelle Kean vivait qui était un peu à l'écart dans le domaine...

– Hm, d'accord... Mais tu sais, j'ai d'autres endroits à dispositions. Pourquoi subitement Kean voudrait laisser sa place ? Je croyais qu'il était content d'avoir son chez lui ?

Markus haussa les épaules. Les considérations de ce genre, il s'en fichait. Chez lui, c'était l'endroit où il était né et où il vivait depuis toujours... Il n'avait pas quitté son foyer à ses six ans pour vivre à l'autre bout du pays, pour n'y revenir que quelques semaines par an, comme son frère.

– Il semblerait que les choses aient évoluées. Je ne suis pas sûr de bien comprendre, mais... Il est vrai que je serais rassuré s'il s'installait au sein de notre manoir. Bien évidemment, je ne l'obligerais pas à faire partie du Coven, ce serait un peu... Bizarre.

William était toujours surpris.

– Eh bien... C'est très généreux de ta part, mais pour être honnête, je ne sais pas si l'idée risque de l'enchanter. La situation est compliquée, pour changer.

Markus le toisa drôlement :

– Je veux bien qu'il ne soit pas ravi à l'idée d'intégrer une Meute, mais un Coven ? C'est très différent.

Passons le fait qu'en réalité, à part le fait qu'il ne s'agisse pas de la même espèce et que cela ne porte pas le même nom, une Meute et un Coven étaient très similaires... Markus enchaîna :

– Puis, on se connaît depuis des années. Kean se sent concerné, il me tanne le cuir depuis des semaines... Je suis sûr qu'Angelo se fera à la vie au sein de notre Coven – plus que celle au sein d'une Meute, j'entends.

– Attends... Quoi ?

OK, on avait totalement perdu William, qui papillonnait des yeux.

– Trouver un endroit où Angelo pourra vivre, c'est bien ce que tu veux, non ? En tout cas, c'est ce que Kean m'a dit... Il m'a dit pour ton nouveau petit-ami, aussi.

– Mais de quoi tu parles ?

Le temps que le Venandi remette tout en place, Markus buvait une gorgée de vin.

– Attends, non... Ça n'a rien à voir ! Je ne veux pas trouver d'appart' pour Angelo... Il n'en a jamais été question ! Tu sors ça d'où ?

– De Kean. Qui passe beaucoup de temps au Sanctuaire avec Angelo et ton nouveau petit-ami.

– Oh, pitié... James n'est pas mon petit-ami ! Il travaille pour Max et a besoin d'aide... C'est un genre de Surnaturel qu'on ne peut pas laisser sans protection, c'est pour ça qu'il vit au Sanctuaire en attendant que je trouve mieux – Angie pense vraiment qu'on est ensemble ?

– On dirait bien... Cela dit Kean le pense aussi. Vos histoires de cœurs et de fesses me passent au-dessus de la tête, mais comme je l'ai sur le dos depuis des semaines pour qu'Angelo s'installe chez nous...

– La Lune, souffla William, un brin agacé. Je comprends mieux pourquoi on se voit à peine depuis l'arrivée de James... Je dois lui parler tout de suite !

Markus posa sa main sur la sienne, qui avait déjà son téléphone à la main :

– Tu feras ça demain... Il est tard et ce serait très impoli de me planter ici en plein repas.

William consentit, en regardant l'heure, à remettre notre discussion au lendemain. En attendant, il avait cuisiné Markus sur le sujet – ce que le concerné n'avait que moyennement apprécié. Autant Kean était un grand fan des rumeurs, dramas et autres cancanages, autant son frère détestait ça.

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Bien loin de me douter de leur conversation, je passais la soirée avec James, comme ça nous arrivait souvent... J'essayais de trouver des excuses pour m'enfermer dans ma chambre, mais parfois, je devais bien rester avec lui. Il était sympa, même si je mettais clairement de la mauvaise volonté dans les conversations...

Je passais mon temps le nez sur mon téléphone, sans réelle raison autre que lui signifier que je me fichais de ce qu'il me racontait. Des histoires de bureau dont je me fichais royalement vu que je ne travaillais pas à Von Berg Corp. – ça me dérangeait moins quand Will m'en parlait, pour une obscure raison.

Quand James laissa tomber l'idée que j'allais socialiser avec lui ce soir, il monta se coucher. Pour être sûr de ne pas le croiser dans les couloirs, je restais dans le salon un moment. OK, ce n'était ni classe ni sympa ce que je faisais... Mais comment voulez-vous que je devienne ami avec le mec qui allait me foutre hors de chez moi ? Même si ce n'était pas véritablement chez moi ici, pour moi, c'était tout comme !

Le pire, c'était sans doute que James soit aussi sympa et qu'il tente de faire ami-ami avec moi, alors que je savais pertinemment qu'il n'attendait que mon départ d'ici... Ça me donnait envie de vomir et de frapper dans le sac jusqu'à en avoir trop mal pour continuer.

Comme j'avais les nerfs à vif et que de toute façon, malgré l'heure tardive, je n'allais pas dormir tout de suite... Je m'étais décidé à frapper ce pauvre sac de frappes. Ça me faisait toujours du bien d'évacuer, même si une partie sombre de moi préférerait frapper James plutôt que le sac...



Au bout d'un long moment à donner des coups dans le sac – sans doute un peu trop vigoureux – je commençais à ressentir l'effort dans mes mains. Ce qui ne m'avait pas arrêté pour autant. Je continuais malgré la douleur, malgré les larmes qui coulaient sur mes joues, se mêlant à la sueur. J'avais besoin de me concentrer sur autre chose que la boule d'angoisse que j'avais dans le ventre. Et cette colère qui montait doucement, mais sûrement, en moi.

Ce qui m'avait stoppé, ce fut l'arrivée de William. Il était tiré à quatre épingles, ce qui me suggérait qu'il avait passé la soirée avec Markus ou son père – s'il m'en avait parlé, je n'avais pas écouté.

– Tout va bien ? Me demanda-t-il en entrant dans la salle d'entraînement. Il est tard.

– Je n'arrive pas à dormir, répondis-je, sans doute un peu sèchement.

Pendant que je vidais une bouteille d'eau en m'essuyant le front avec une serviette, William essayait de rassembler ses mots et son courage.

– Angie... Il faut qu'on parle, toi et moi.

Voilà, le moment fatidique était arrivé. Il allait me dire que je devais partir d'ici. Que j'étais un gros con avec James et que c'était bien fait pour moi.

– Ça peut attendre que je prenne ma douche ?

Il répondit par un hochement de tête. J'étais un peu moins nerveux qu'avant qu'il me parle... Là, j'aurais pu repartir pour frapper ce sac jusqu'à l'aube, tellement il avait peloté mes nerfs en une seule phrase ! Peut-être qu'un jet d'eau froide calmerait mes ardeurs – ça ne marcha pas du tout.

Je retrouvais William dans la cuisine. Il s'était servi un whisky en m'attendant. Pour la première fois, j'en avais pris un aussi... Ça l'avait surpris, surtout quand je l'avais descendu cul sec avant de me resservir, et de réserver le même sort au petit frère.

– Hum... Tu devrais te calmer sur ça, dit-il en me voyant me servir une troisième fois, c'est moi qui ne suis pas bourré en finissant la bouteille, pas toi...

Je lui lançais un regard noir. Il aurait pu dire n'importe quoi qu'il l'aurait récolté. J'étais en rage contre lui, contre James et contre tout sur cette terre.

– Qu'est-ce que tu veux me dire ? L'attaquais-je alors, buvant une partie de mon troisième verre avec insolence.

Malgré les années qu'on avait passées à vivre l'un avec l'autre, William découvrait des facettes de moi qui le surprenaient encore... Même si j'étais un peu insolent quand on se chamaillait gentiment, là, c'était d'un tout autre niveau.

– C'est à propos de cette histoire d'appartement.

Autant dire que je savais déjà quel discours il allait me tenir... Du moins, je pensais que je le savais :

– Markus m'a dit que Kean lui a parlé du fait que tu penses que c'est pour toi que je cherche un appart... et que je sortirais avec James ou je ne sais quoi.

Autant dire que mon petit air insolent s'était fait la malle au profit d'un sentiment de trahison et de honte. Plus de la honte, sur l'instant.

– Quoi ? Mais... Il m'avait promis de ne pas en parler ! M'outrais-je. Je vais le tuer, rien à foutre qu'il disparaisse ou se rende invisible !

Pauvre Kean. Ça n'avait rien à voir avec lui, et pourtant, c'était à lui que j'en voulais le plus ! À cause de lui, j'allais me prendre la réalité en pleine face... Celle que j'essayais de fuir et d'occulter depuis des semaines.

Je tentais encore de fuir en m'éloignant, mais William me retint et me fit face :

– Tu te montes la tête, d'accord ? Il n'y a strictement rien entre James et moi... D'accord son attitude prête à confusion, mais... Il fait appel à ces pouvoirs sans s'en rendre compte.

OK, la colère laissa place à la curiosité. Elle finirait par me perdre, celle-là. Will comprit tout seul qu'il avait mon attention :

– Tu sais qu'il est un Descendant de Druide... Il n'était pas au courant de ce qu'il était réellement avant qu'on se rencontre. Ces aptitudes, ces pouvoirs, ces choses qu'il est capable de faire... Il fait tout ça naturellement, sans contrôler ses pouvoirs. Et il est d'une nature tactile et ouverte – Max me l'a confirmé...

– Mais je... quoi ?

J'avais du mal à le croire. Pas parce que je sentais qu'il mentait – au contraire – mais parce que ça me semblait aberrant. Comment était-il possible qu'il ignore ce qu'il était et qu'il utilisait ses pouvoirs ?

– Une des aptitudes qu'on a en commun, c'est le Don de Manipulation, entre autre. Il s'en sert sans même s'en rendre compte parce qu'il ne sait pas le contrôler. Bien évidemment, sur moi, ça ne marche pas – et sur toi non plus, probablement... Il peut aussi influer sur les émotions des gens, et ça non plus, il ne le contrôle pas.

– Comment tu peux en être sûr  que ça ne marche pas sur moi ? Il pourrait bien me faire me sentir mal ou je ne sais quoi ! Si ça se trouve, il fait tout pour que je devienne fou et que je me casse de moi-même !

Et ça m'outrait qu'il puisse faire une chose pareille. Utiliser ses pouvoirs sur moi pour que je me sente de trop, que je ne sois jamais tranquille, même dans un Sanctuaire, que j'en vienne à me dire que je ferais bien de partir, même si j'ignorais où aller ! Ça me révoltait !

– James n'est pas comme ça, m'opposa-t-il, et de toute façon... Tu es... On s'est entraînés pour que tu résistes à ça, non ? C'est pour ça que je me suis permis de dire à James de venir ici... J'étais sûr qu'il ne te ferait rien de mal.

Je fronçais les sourcils :

– Alors, il... Il ne fait pas exprès de... Que je me sente mal, de trop ou... Je ne sais quoi ?

Il secoua la tête :

– James n'a pas autant de ressource que moi, donc... Il y a peu de chance pour qu'il te fasse quoique ce soit. Et puis... Il ne se contrôle pas, d'accord ? S'il le fait, ce n'est pas de sa faute. Et puis... Je ne pense pas qu'il soit du genre à utiliser ses pouvoirs pour faire du mal aux autres.

Donc tout ça, c'était dans ma tête, finalement ? Je me sentais très con sur l'instant. Démuni, aussi.

William posa sa main sur mon épaule :

– Ça va aller, OK ? Je vais trouver un endroit où James va s'installer et vivre sa petite vie tranquillement... Toi et moi, on reste ici, ensemble, d'accord ?

– C'est vrai ?

Il m'avait fait un beau sourire en confirmant de la tête.

Décrire ce que je ressentais était compliqué... J'étais content et soulagé, mais je me sentais aussi coupable et con. J'étais horrible avec James sans que cela soit justifié... Du moins, j'en prenais conscience en cet instant.

– Je te promets sur mon honneur que je ne te forcerais jamais à partir, ajouta-t-il, plus sérieusement. Même si j'en viens à me caser. J'irais m'installer ailleurs s'il le faut, mais ici, c'est chez toi, j'ai compris le message, d'accord ?

Mes yeux brillaient un peu trop, trahissant l'émotion qui me prenait les tripes et la gorge... Sans me contenir, je m'étais réfugié dans ses bras. La dernière fois que j'avais été aussi soulagé, c'était quand on m'avait déclaré apte, il y a quelques années. Autant dire que ce n'était pas rien. Les bras musclés de Will se resserrèrent sur moi. On restait un moment enlacés, pris chacun par nos émotions...

Quand on se relâcha enfin, je m'essuyais les yeux, soudainement éreinté... Bon, peut-être que je voulais enlever quelques larmes, aussi. William avait l'air content que tout ça soit derrière nous et que tout rentre dans l'ordre, même si je pense que le plus soulagé de tous, c'était moi.

– Ce n'est pas tout, mais je me lève dans quelques heures et je suis crevé...

– Tu veux manger quelque chose ?

– Je sors du restau – le homard était divin ! Je réserverais une table, tu dois absolument goûter ça !

– Tu as mangé du homard avec Markus ? Lui qui déteste tout ce qui touche de près ou de loin à la flotte ?

– Il était indigné, ricana William, mais il a pris des tripes, histoire de me rendre la pareille...

Parfois, ils me rendaient chèvre, ces deux-là.

On montait vers nos chambres en continuant notre conversation le plus normalement du monde. Les choses étaient revenues à la normale, comme si les dernières semaines n'avaient pas existé...

Ce fut soulagé et rassuré que j'avais retrouvé mon lit... Toute cette histoire était dingue ! Je revoyais les événements dans ma tête avec un autre regard, maintenant. J'avais toujours du mal à me dire que James était bien naturellement un type trop tactile, que c'était en partie dû à ses pouvoirs, et que je m'étais monté la tête tout seul, tout ça me paraissait dingue !



✨🐺✨🐺✨



Et voilà pour ce chapitre ☺️

L'arrivée de James (enfin, dans cette histoire haha) !

Je vous raconterais d'autres trucs sur lui (et du coup Markus et Kean) durant son histoire ! Elle devrait arriver un de ces quatre ! Mais c'est pas pour tout de suite.

Voilà, je vous laisse sur ça jusqu'à la semaine prochaine pour le chapitre 9 😌

À mon avis, il va vous intéresser hehehehe

Haydn

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