Chapitre 16 : la nature d'Angelo 🔞
C'est parti pour le dernier chapitre ~
Accompagné d'un Edward plus âgé :D
Y a un peu de 🔞 aussi btw
Bonne lecture !
✨🐺✨🐺✨
Quand j'avais retrouvé la réalité, j'étais allongé dans un lit, dans un Sanctuaire de Soin. J'avais l'esprit un peu perdu et la vision floue, mais l'odeur, le silence qui régnait et la sensation de plénitude ne trompaient pas.
Je frottais mes paupières en soupirant, espérant que la nausée que je ressentais allait se dissiper rapidement. À un moment, je sentis une main se poser sur la mienne. Je n'avais pas remarqué que je n'étais pas seul.
Je croisai le regard familier de William, qui souriait, malgré son inquiétude et les cernes qu'il avait sous les yeux :
– Will, soufflais-je, tandis que j'ouvrais les bras pour le serrer contre moi.
Il comprit le message sans mal. Ce fut avec soulagement qu'on se serrait l'un contre l'autre pendant un long moment.
– Tu m'as fichu la peur de ma vie, murmura-t-il.
– Moi aussi j'ai eu peur, avouais-je.
En réalité, j'avais plus craint pour Raf que pour moi, mais c'était un détail. Au bout d'un long moment – même s'il me parut court – il retrouva mes iris avec les siens :
– Comment tu te sens ?
– Un peu nauséeux, mais dans l'ensemble, ça va, je dirais... Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ?
– Un groupe d'intervention spéciale qui a fait dans la dentelle, comme d'habitude, soupira-t-il. Ils ont été alertés par Kean qui était sur place et... Le Coven était sous surveillance depuis des mois, donc ils sont intervenus directement. Et comme ils n'avaient pas idée de ce à quoi ils avaient affaire, ils ont neutralisé tout le monde.
Je ne savais pas si j'étais content ou pas.
– Et Raf ? Est-ce qu'il va bien ?
William hocha la tête :
– Kean était près de lui, donc il n'a pas inhalé le gaz neutralisant. Il est dans une chambre sécurisée. Il a été pris en charge pour son bras.
– Son bras ? Quoi, son bras ?
– Il s'est entaillé l'avant-bras pour permettre à Kean de neutraliser les Sortilèges. Ces trucs-là sont liés au sang la plupart du temps.
Je me rappelais qu'il était là, maintenant qu'il m'en parlait.
– Mais qu'est-ce que Kean faisait là ?
– Il semblerait qu'il ait joué cavalier seul... Markus l'a laissé suivre Raf à la place de James, sans poser de questions. J'imagine qu'il ne pensait pas que tout ça allait arriver, sinon il m'aurait averti. J'ai pas encore remonté les bretelles de Kean, mais ça ne va pas tarder !
Donc, il était là quand on s'était fait agresser, moi et Raf. Quelque part, heureusement... Même si je me serais passé de l'intervention des Forces Spéciales, j'étais soulagé que tout ça soit terminé. Enfin...
– Et Amaya ? Et Van ? Tout le Coven ?
– Elles ont été arrêtées et envoyées dans un Sanctuaire de Soin sécurisé en attendant que l'enquête se poursuive. On a un peu chamboulé la surveillance en cours, donc tout est précipité... Mais je te garantis qu'elles ne vont pas revoir le soleil rapidement.
J'imagine que les Venandis devaient être ravis qu'on mette le bazar dans leurs histoires... Enfin, ils pouvaient nous remercier ; sans nous ils n'auraient pas pu arrêter les agissements du Coven si rapidement.
La main de Will se posa sur la mienne :
– Tu es en sécurité, d'accord ? Il y a deux gardes des Forces Spéciales derrière la porte... Tu n'imagines pas à quel point j'ai dû négocier pour être là actuellement.
– J'imagine, soufflais-je avec un sourire.
Il m'embrassa doucement sur le front :
– Et moi, je tiens le siège ici jusqu'à ce que tu te sentes mieux.
Quelque part, ça me rassurait.
– Quand est-ce que je peux sortir ? Demandais-je finalement.
– Pas avant quelques jours au moins. Les Soigneurs veulent faire toutes les analyses possibles pour s'assurer que tout va bien. Raf m'a dit pour... tes « pouvoirs ».
On se regardait dans le blanc des yeux un moment.
– Je ne pensais pas que c'était vrai, avouais-je, c'est quand j'ai compris que j'absorbais ses pouvoirs que... C'est bizarre, la génétique, pas vrai ?
– Très... C'est pour ça que tu as droit à une batterie de tests supplémentaires. Mais tu t'es réveillé vite et tu est alerte, donc ça ne doit pas être critique.
On nous interrompit en frappant à la porte. Un grand type aux cheveux et à la barbe noire entra, vêtu d'un uniforme que je reconnaissais sans mal... C'était celui des Venandis des Interventions Spéciales. Un Soigneur se tenait derrière lui, avec un dossier à la main flanqué de mon nom et mon prénom.
– Von Berg, salua le Venandi, un brin contrarié de le voir là, alors qu'il n'avait rien à y faire.
– Red, le salua-t-il en retour.
Red s'installa dans un coin de la pièce, les bras croisés et l'expression peu commode. William le toisa un moment, avant de se concentrer à nouveau sur moi.
Le Soigneur les ignora pour s'occuper de son patient, c'est-à-dire moi :
– Comment vous vous sentez ?
– Euh... Bien, je crois.
Il posa sa main sur mon torse quelques secondes, le temps pour lui de déterminer que mon cœur battait normalement.
– Vous devez vous reposer, vos réserves de Magie sont basses et... Il se pourrait que cela se répercute sur votre, euh... Nature d'Anthrope ?
William confirma d'un hochement de tête. Le pauvre Soigneur n'avait jamais dû voir un dossier comme le mien.
– On va vous garder en observation quelques jours pour être sûrs que tout va bien, ajouta-t-il.
Le Venandi des Forces Spéciales signifia sa présence avec un petit toussotement, qui agaça un peu le Soigneur. Après l'avoir fusillé du regard, il reprit à mon intention :
– Les examens vous concernant ne révèlent pas de trace de Magie Noire, m'annonça-t-il.
Je papillonnais des yeux, surpris :
– Comment ça, de la Magie Noire ?
– Amaya est une Sorcière qui pratique la Magie Noire, dit Red. Toute sa famille et tout le Coven aussi, d'ailleurs. C'est pour ça qu'ils sont sous surveillance.
Ma première pensée fut pour Raf. Est-ce que lui aussi était concerné ? Je ne pouvais pas me résoudre à l'admettre et j'étais intimement persuadé que ce n'était pas le cas. J'étais prêt à mettre ma vie en jeu pour ça.
– En absorbant sa Magie, vous auriez pu absorber une quantité de Magie Noire, m'apprit le Soigneur. Mais il semblerait que ce ne soit pas le cas. Vous devez avoir une disposition particulière qui l'empêche.
– Comme une sorte de filtre ?
Il opina du chef.
– On peut l'appeler comme ça. C'est une très bonne nouvelle pour votre santé, la Magie Noire a des effets très indésirables sur celle-ci, que ce soit physiques ou mentaux.
J'étais soudainement très rassuré.
– Ça a aussi des effets indésirables sur la liberté, dit Red, avec sa grosse voix. Mais vous avez de la chance, on dirait. Je vais faire mon rapport et on va clore l'enquête sur vous. D'ici là, restez à la disposition de notre bureau d'enquête et n'entrez pas en contact avec votre famille.
Tandis qu'il se dirigeait vers la porte, je le retenais :
– Attendez ! Et pour Raf ? Est-ce qu'il va bien ? Il a des traces de Magie Noire ? Comment vous voulez qu'on ne se voie pas, on vit dans la même ville !
D'accord, j'étais peut-être à fleur de peau et j'avais peut-être crié sur la fin.
– Doucement, tempéra William, Raf va bien, OK ?
Le Venandi en profita pour filer à l'anglaise. Génial.
– Ne vous inquiétez pas, il n'y a pas de trace de Magie Noire chez lui non plus, me confia le Soigneur. Je ne vous ai rien dit.
Je poussais un soupir de soulagement. À son tour, le Soigneur profita du moment pour s'en aller.
– Et on ne va pas se voir pendant combien de temps ?
La Lune savait que ça me rendrait fou de ne pas le voir pour constater moi-même qu'il allait bien.
– Le temps que les enquêtes sur toi et lui soient terminées, je dirais... Quelques jours ? Ça va aller, d'accord ? Il est sous protection et Markus essaye d'aller le voir, comme il est sous sa responsabilité...
J'étais tout sauf convaincu, mais je n'avais pas vraiment le choix. J'espérais juste que Raf allait effectivement bien et que Markus pourrait le voir rapidement. À défaut que je puisse le voir moi-même. Ça me rendait fou.
✨🐺✨🐺✨
Ma convalescence au Sanctuaire de Soin avait duré plus longtemps que prévu à cause d'une donnée que personne n'avait prévue... Pas même les Soigneurs :
– Il semblerait que votre organisme produise une quantité de Magie suffisante pour que vous puissiez utiliser vos pouvoirs, m'avait annoncé un Soigneur, flanqué de trois spécialistes Sorciers et Anthropes.
– De quoi ? Avais-je répondu.
Un autre Soigneur prit la parole :
– Absorber une partie des pouvoirs de votre sœur a modifié quelques paramètres, vraisemblablement... Les analyses que nous avons effectuées sont formelles : vous produisez une quantité de Magie suffisante. Elle n'est pas extraordinaire, mais suffisante.
Je les toisais un long moment, le silence était de mise le temps que j'avale tout ça. L'un des Soigneurs me tendit mon dossier, plein de pages de résultats que je ne comprenais pas.
– Vous avez ici la courbe de production Magique minimale, m'indiqua-t-il, en dessous de ce seuil et si vous n'avez jamais manifesté vos pouvoirs, vous êtes considéré comme un Sans Pouvoir.
Et on notait bien que la courbe rouge, celle de mes résultats, était un peu au-dessus. Elle montait péniblement, mais elle était clairement au-dessus.
Je les toisais avec surprise :
– Mais c'est possible, ça ?
Ils avaient l'air bien gênés.
– C'est assez rare, avoua le plus âgé des Soigneurs, qui était resté silencieux jusqu'alors, mais j'ai déjà vu ce genre de cas. Des Sans Pouvoirs peuvent manifester leurs pouvoirs à la suite d'un choc physique, mental ou Magique. Ce n'est pas une règle, mais... des exceptions.
– La quantité de Magie que vous avez absorbée peut être considérée comme un choc Magique, termina un autre Soigneur.
Le plus âgé acquiesça.
– Et ça veut dire quoi ? Que je suis un demi-Anthrope demi-Sorcier ?
– Ce sont aux Venandis de trancher sur ce genre de détails administratifs.
– Ma nature n'est pas un détail administratif, m'agaçais-je, merde, j'ai passé la moitié de ma vie en tant qu'humain, puis en tant que Loup Garou bizarre, et maintenant vous me dîtes que je suis un Sorcier ?!
– Il semblerait... Ce que mon collègue voulait dire, c'est que votre nature Surnaturelle n'est pas si importante que cela. Les implications de votre cas sont plus urgentes et compliquées à appréhender.
J'avais envie de lui hurler dessus, mais la fin de sa tirade m'avait fait l'effet d'une douche froide.
– Co-comment ça ?
– Vos ressources Magiques sont présentes, mais leur quantité est extrêmement faible. Cette ligne indique aussi le taux de Magie critique pour un Sorcier. Passer en dessous, c'est risquer sa vie, vous comprenez ?
J'observais la courbe, qui me semblait bien trop proche de cette maudite ligne.
– Nous ne savons pas à quel point votre nouvelle nature va influer sur votre état de santé général, ajouta-t-il.
– En tant qu'Anthrope ou assimilé, dit le Soigneur – un Lycanthrope, vous devriez être remis sur pied depuis longtemps, même en tant que Bêta.
– Ce qui nous inquiète, ajouta le Soigneur Sorcier, c'est que cette courbe soit si basse et que vous soyez si faible.
Je commençais à comprendre le problème. En tout cas, à vraiment le comprendre. J'aurais dû être chez moi depuis longtemps, mais comme mes pouvoirs s'étaient manifestés, j'étais encore là, à ne pas savoir ce que j'étais réellement... J'allais avoir l'habitude, à force qu'on m'annonce que ma nature avait changée.
– À quel point ça craint ?
Le Soigneur principal m'avait souri :
– Vos résultats sont encourageants, ils progressent petit à petit, mais ils progressent. Nous avons décidé de vous soumettre à un protocole de soin qui devrait accélérer le processus de production temporairement. Normalement, cela ne devrait pas influer sur la partie Anthrope.
Le Soigneur Anthrope confirma d'un hochement de tête :
– Dans le pire des cas, ce sera inefficace, comme ça le serait pour n'importe quel Anthrope.
– J'espère que j'ai eu de la chance à la loterie, soufflais-je, mais je ne me réjouirais pas trop vite... Dans combien de temps je pourrais sortir ?
– Une petite semaine, le temps qu'on s'assure que le protocole est efficace et que vos réserves soient suffisantes. Il faudra un suivi renforcé pendant quelques mois, mais vous pourrez reprendre une vie normale d'ici peu de temps.
Je l'espérais sincèrement. Le Sanctuaire et Will avaient besoin de moi. Et puis je n'avais pas envie d'être une charge pour les autres.
– Quand est-ce qu'on commence ? Soufflais-je.
– Dans quelques instants, le temps qu'on vous administre les Potions. Vous allez voir, elles sont toutes aussi amères les unes que les autres ! Mais elles sont efficaces, je vous le promets.
– Génial, grimaçais-je.
Comme ils en avaient terminé, tous les Soigneurs quittèrent ma chambre, sauf celui qui me suivait depuis mon arrivée. Il récupéra son dossier.
– Vous pensez que je vais m'en tirer ? Demandais-je, inquiet. Je n'ai pas envie de passer ma vie allongé parce que je suis trop faible.
– Ne vous inquiétez pas... Vos résultats sont encourageants et le protocole suffit généralement à remettre les Sorciers sur pieds. Et si jamais ça ne marche pas sur vous, il y a d'autres moyens qu'on peut envisager pour vous aider.
J'étais un peu rassuré, sans qu'il n'y ait franchement de raison. Pendant qu'il prenait congé, je pensais à mes proches. À William qui devait s'inquiéter – il avait bien dû remarquer qu'on me gardait trop longtemps pour que ce soit normal... Puis Raf aussi. Tous les autres.
J'avais vraiment hâte de rentrer et qu'on me dise que j'étais en pleine forme, que je pouvais reprendre le cours de ma vie normalement, et qu'on ne me dise plus jamais que ma nature Surnaturelle avait changée... À chaque fois, c'était une épreuve physique et mentale, c'était usant et effrayant, d'apprendre qu'on n'était plus vraiment le même... alors qu'on se sentait identique à la veille.
Au bout de deux interminables semaines, j'avais enfin pu voir Raf. Il était venu avec James et Kean pour me rendre visite au Sanctuaire de Soin. J'étais encore un peu faible d'après les analyses, mais on m'avait assuré que je pourrais rentrer bientôt. J'avais hâte de retrouver le Sanctuaire, notre chambre et notre lit, ma petite vie tranquille.
C'était une épreuve pour Raf de venir dans un Sanctuaire de Soin – il détestait ce genre d'endroit. Ça me touchait qu'il fasse le déplacement pour me voir malgré tout.
James avait ramené du jus de fruits et un gâteau, qu'on mangeait pendant que je résumais les dernières nouvelles concernant mon état. Ça me touchait qu'ils soient aussi inquiets, même si je m'en voulais aussi de les inquiéter.
Après une heure, je commençais à fatiguer. Je ne savais pas encore si les Potions étaient efficaces, mais elles me donnaient vraiment envie de dormir. James était resté auprès de moi quelques minutes de plus :
– Faut pas que tu t'inquiètes, d'accord ? Si jamais les Potions ne marchent pas, je pourrais utiliser mes pouvoirs... Avec un peu de chance, ça te remettra sur pied.
– Ah, je... Je n'y avais même pas pensé... Mais on verra, le Soigneur à l'air confiant.
Il n'avait pas l'air convaincu.
– Je voulais juste que tu saches que je serais là, si jamais t'en as besoin, murmura-t-il en me prenant dans ses bras.
Je l'enlaçais à mon tour :
– Merci.
On restait un moment enlacés ainsi, jusqu'à ce qu'il s'éloigne. Il avait les yeux brillants et l'air un peu dépité.
– J'espère sincèrement ne pas avoir besoin de tes services, murmurais-je en lui prenant la main.
– T'en sauras plus quand ?
Je haussais les épaules.
– Aucune idée... mais vous serez les premiers au courant, c'est promis.
Il me reprit dans ses bras pour un long moment.
– Et Raf, ça va moralement ?
– Il est comme moi, un peu déboussolé, mais dans l'ensemble ça va... Kean s'occupe de nous comme des enfants, rit-il, avant de s'éloigner de moi : on passe tout notre temps libre ensemble à se morfondre parce que tu n'es pas là...
– Ce serait bien d'arrêter de vous morfondre, souriais-je, je ne suis pas mort et mon état s'améliore...
– Si tu crois que c'est facile ! Mais on va essayer.
Je bâillais à m'en décrocher la mâchoire :
– Je vais y aller, sourit-il, on viendra te voir demain après le boulot. Tu as besoin de quelque chose, tant qu'on y est ?
– Will va me ramener des bouquins normalement, donc... pas vraiment. Si tu peux trouver du chocolat, je ne dirais pas non.
– OK, va pour le chocolat ! Repose-toi bien !
Il s'éloigna, me salua une dernière fois, avant que je ne me retrouve seul dans ma chambre. Le silence me faisait du bien. J'avais le visage chaud et rougi, en plus d'être somnolent – les effets des Potions, c'était quelque chose quand ça se déclenchait...
Je fermais les yeux doucement, pour entamer une bonne sieste bien méritée. Will m'avait dit qu'il passerait en début de soirée, j'avais quelques heures pour être en forme avant qu'on se retrouve.
✨🐺✨🐺✨
Dix jours plus tard, je sortais enfin du Sanctuaire de Soin. Le protocole de remise en forme avait fonctionné suffisamment pour que mon taux de Magie remonte assez pour ne plus être critique. J'avais ordre de me reposer, mais je pouvais enfin rentrer chez moi.
J'étais soulagé de passer le Téléportail pour retrouver le Sanctuaire ! Will était venu spécialement me chercher, malgré la charge de travail qu'il avait. Forcément, je n'étais plus là pour tout coordonner, donc il fallait bien que quelqu'un le fasse...
Riley, Oliver, Raf, James et Kean avaient organisé une petite fête de bienvenue, à base de gâteaux, de petits fours et quelques bouteilles. J'étais content de rentrer et de retrouver tout le monde, même si rester assis à table avec eux m'avait crevé.
Heureusement, ils n'étaient pas restés longtemps. Je crois que ça devait se voir que j'étais éprouvé et que j'avais besoin de m'allonger un peu.
Après sa séance d'entraînement et le débrief du jour, William me rejoignit dans la chambre. J'étais allongé, mais je ne dormais pas. Il passait dans la salle de bain après avoir déposé un baiser sur ma joue, se changea, avant de s'allonger contre moi.
– Comment tu te sens ?
– Fatigué, mais content... J'ai avalé mes Potions – elles sont toujours aussi dégueulasses !
– Je veux bien te croire, rit-il, avant d'embrasser mon front.
On restait un petit moment, dans le silence, à profiter de ce moment intime. On n'avait pas eu le temps d'avoir un moment à nous depuis mon retour, ça nous faisait du bien.
– Mon père veut qu'on aille déjeuner avec lui demain ou après-demain, m'annonça-t-il, en fonction de comment tu te sens...
Je soupirais. Je n'avais pas vraiment envie de quitter le Sanctuaire pour le moment – je venais à peine de rentrer.
– Je peux lui dire de venir dîner, si tu préfères. Je passe chercher de quoi dîner, je suis sûr qu'il comprendra.
– Je suis sûr qu'il préférera manger des plats à emporter plutôt que ce que tu pourrais lui préparer, me moquais-je.
Il avait souri.
– Je lui dis que c'est bon pour demain ?
Je hochais la tête positivement.
– Il va être content, ajouta Will, il était inquiet pour toi.
– À ce point-là ?
Ça me surprenait toujours. On passait peu de temps ensemble lui et moi, mais il avait l'air de beaucoup tenir à ma santé et ma sécurité. Ou alors, Will était insupportable quand je n'étais pas en forme et il ne le supportait pas – allez savoir, ils étaient capables de tout dans cette famille.
– Il n'a pas eu l'occasion d'aller te voir au Sanctuaire de Soin, avoua-t-il, mais il m'a demandé de tes nouvelles régulièrement. À James aussi, si j'ai bien compris. Des pâtes, ça te va ? J'ai envie de manger italien en ce moment.
– Prends ce que tu veux, tant que je n'ai pas à le faire moi-même.
– Pas de soucis... Je vais commander ça pour demain soir. On a mis Oliver dans la cuisine en attendant que tu te sentes mieux, d'ailleurs.
C'était la seule personne autre que moi sous ce toit capable de faire quelque chose de mangeable... Ce n'était pas sa passion première, mais j'imagine que les plats infâmes que pourraient préparer Will et Riley étaient assez motivants pour qu'il se dévoue à la tâche.
Je prenais mes aises dans ses bras, contre lui. Ça m'avait manqué comme pas possible de m'endormir à ses côtés, envahit par son odeur et rassuré par sa chaleur. J'étais à deux doigts de ronronner de plaisir actuellement.
– Je suis content que tu sois rentré, murmura-t-il.
– Moi aussi, je suis content d'être rentré.
Un petit silence s'installa, avant qu'il ne reprenne :
– J'ai discuté avec Oliver et Riley il y a quelques jours.
– Si tu me dis qu'ils comptent partir du Sanctuaire, ce n'est pas le moment, me lamentais-je.
– Mais non, rit-il, ils sont bien là où ils sont... Ne t'en fais pas pour ça.
– Ouf ! Parce que je ne te raconte pas le bazar ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Ils ont demandé à avoir des vacances ?
Les pauvres devaient faire tourner le Sanctuaire pendant mon absence et les absences de Will... C'était une grande charge de travail et une sacrée responsabilité. Même si j'avais toute confiance en eux, je ne voulais pas me décharger sur leurs épaules indéfiniment.
Si moi j'acceptais tout ça, c'était pour William. Pour qu'on soit ensemble le plus possible, même s'il n'avait pas trop de temps à m'accorder. C'était mon choix. J'aimais ce que je faisais.
– Non, en fait... Ils m'ont proposé d'en prendre.
Je me relevais pour l'interroger du regard :
– Quoi ?
– Ils se sont bien débrouillés pendant que t'étais pas là et moi... à demi présent. Du coup, ils m'ont proposé de prendre quelques jours de vacances, juste toi et moi, afin de recharger les batteries.
Je papillonnais des yeux un moment, le temps que tout ça se mette en place dans mon cerveau.
– Mais on ne peut pas les abandonner comme ça ! M'outrais-je. Il y a une tonne de paperasse en retard, je ne te parle pas des entraînements qu'on a ratés et...
William m'embrassa pour me faire taire :
– Et tout ça, ça peut attendre une dizaine de jours de plus, tu ne crois pas ?
J'avais envie de répondre « non », mais factuellement, ça pouvait attendre, effectivement.
– J'ai pris conscience qu'on travaillait beaucoup trop, toi et moi, et que... Il y a des choses qu'on n'a jamais faites et je ne veux pas qu'on se lève un matin en regrettant de ne pas avoir pris le temps de vivre un peu.
Il était vrai qu'on n'avait pas fait beaucoup de choses comme les autres couples qu'on connaissait. Du genre, partir en vacances ou en week-end en amoureux, par exemple.
– Riley s'est vraiment bien débrouillé, tu sais, ajouta William. Ils font un bon binôme tous les deux, et... Je pense qu'on a le droit de lever un peu le pied et la patte, tu ne crois pas ?
Après un moment d'hésitation, je hochais la tête. Il avait raison. J'oubliais parfois que Riley était apte à remplir ses missions sans qu'on soit derrière lui... Il avait bien grandi et il était temps que j'intègre ça.
– Peut-être qu'on pourrait... Tu proposes quoi ?
– On pourrait commencer par une petite semaine de vacances au soleil, avec plage et cocktails à volonté... Mon père a une propriété dans le sud de l'Espagne, je suis sûr que ça te plaira.
– Voyez-vous ça ! D'accord, va pour la semaine en Espagne, les cocktails sur la plage et le farniente. Je vais peut-être y prendre goût, méfie-toi.
On échangeait un rire, puis un baiser, avant que la fatigue ne commence à nous peser plus lourdement qu'avant. J'étais confortablement installé contre William, bercé par sa respiration calme et régulière. J'étais à deux doigts de m'endormir quand il crut bon de parler :
– Et sinon... Maintenant que tout ça s'est terminé...
– Mh, protestais-je, à demi endormi, c'est vraiment important à ce point ?
Comme il ne répondait pas – et que j'étais assez réveillé pour m'en rendre compte – je relevais le nez vers son air bizarre. Ce n'était pas souvent que je voyais le William nerveux.
– Ça peut attendre demain.
– Maintenant que tu m'as bien empêché de m'endormir, lui reprochais-je, t'as intérêt à parler !
– Désolé, murmura-t-il en embrassant mon front.
– Si tu crois que ça va me suffire ! Qu'est-ce qui est aussi urgent que ça ?
Il se referma comme une huître. OK, c'était vraiment important, visiblement.
– Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de parler de ça quand tu es contrarié.
– Fallait y penser avant, maugréais-je, avant de me radoucir : qu'est-ce qui te rend si nerveux, tout d'un coup ?
Il inspira, avant de plonger ses iris émeraude dans les miens. Je déviais le regard, sachant exactement ce qu'il allait se passer si je ne le faisais pas.
– Désolé, je ne l'ai pas fait exprès, s'excusa-t-il en posant sa main sur ses yeux, je suis fatigué...
– J'ai assez donné avec la Manipulation pour le moment, répondis-je, en me forçant à rire.
Je n'avais pas vraiment envie de rire, mais il était assez nerveux comme ça...
– En fait, je... Je me disais qu'on pourrait profiter de nos vacances pour...
Et comme il ne finissait pas sa phrase, je l'encourageais :
– Pour... ?
Le retour des iris plongé dans les miens, mais cette fois-ci, aucun risque de Manipulation. Il avait l'air fragile. Presque triste ? Appréhendant, en tout cas.
Je passais en revue toutes les choses agaçantes et ennuyantes qu'il pourrait me demander de faire pendant nos vacances. Je ne voyais rien, mais je cherchais quand même.
– Tu te souviens quand je t'ai demandé en mariage et qu'on a pas progressé depuis?
J'écarquillais les yeux, surpris et choqués, avant de me rendre compte qu'effectivement, nous n'avions pas progressé d'un pous. J'avais besoin de temps et d'espace pour réfléchir, puis Raf avait débarqué, puis Raf était parti, puis les choses s'étaient enchaînées, pour nous mener à ce jour.
Ça faisait des années qu'on était fiancés et qu'on n'avait pas pris la peine de s'y mettre. J'avais totalement oublié, mais ce n'était pas son cas visiblement. Ironique pour quelqu'un qui clamait haut et fort qu'on ne le verrait jamais se passer la corde au cou ou la bague au doigt.
– Et t'es nerveux parce que t'as peur que j'aie changé d'avis ? Le narguais-je.
– Possiblement, admit-il, les pommettes aussi rouges que le bout de ses oreilles.
Pour faire durer un peu l'instant, je déposais quelques baisers sur sa joue, dans son cou, sur son torse, avant de prendre mes aises sur son ventre. Il me regardait comme si j'allais le manger tout cru. Ses mains caressaient mes cuisses à travers mon jogging, tandis que je prenais ses lèvres. Ma langue trouva la sienne pour un langoureux baiser qui dura un long moment. Depuis combien de temps on n'avait pas pris le temps de s'embrasser comme ça ? Trop longtemps à notre goût, j'imagine.
Mes mains caressaient le torse puissant de mon amant, et il n'en fallut pas plus pour réveiller le lion qui sommeillait en lui... Il prit le dessus sur moi, prit mes lèvres tout en descendant mon bas et mon boxer, pour délivrer l'objet de ses désirs.
Sa main laissa place à sa bouche. Je soupirais d'aise. On n'avait rien inventé de plus plaisant que cette sensation, de mon point de vue personnel... William savait comment s'y prendre avec sa bouche et sa langue pour me rendre fou.
Après quelques minutes d'effort de sa part, j'appuyais sa tête pour atteindre l'orgasme, en poussant un gémissement rauque. Le regard mutin de mon amant aurait pu me faire reprendre de l'altitude, mais j'étais trop fatigué pour un marathon-couverture.
Une fois débarrassé des preuves dans le lavabo, William me rejoignit à nouveau dans le lit. Entre-temps, je m'étais rhabillé. Il était à peine assis que je m'étais approché de lui pour lui rendre la pareille, le sourire complice et mutin... mais il m'avait stoppé :
– Je suis crevé, désolé, murmura-t-il.
– Pas de soucis, moi aussi je suis crevé... Surtout depuis que tu m'as empêché de dormir.
Je me retrouvais couché entre les coussins avec un Will qui me coinçait contre le matelas, regard de braise de sortie :
– On remet ça demain ? Susurra-t-il.
– On remet ça demain, confirmais-je sur le même ton.
Il s'éloigna de moi pour se coucher, du moins, jusqu'à ce que je le retienne en caressant son avant-bras :
– Et pour le mariage, lâchais-je finalement, je crois qu'on devrait sérieusement s'y mettre.
Il semblait soulagé et ravi de l'entendre.
– Tu dis ça à cause de la pipe que je viens de te faire ?
– Ça ne gâche pas le plaisir, avouais-je, mais aussi parce que j'ai envie de passer le restant de ma vie à tes côtés et que ça me file des remords de voir ton air de chiot battu...
Son expression se fit plus agacée, ce qui me fit sourire.
– On parlera de ça demain, conclut-il, et ne me réveille pas quand je m'endors.
– J'ai la rancune tenace.
Bon, en fait, je m'étais endormi en premier quelques minutes plus tard, une fois installé confortablement dans ses bras. Il n'avait pas tardé à me suivre. On avait passé une bonne nuit réparatrice comme on n'en avait pas eu depuis longtemps, emmêlés l'un dans l'autre.
✨🐺✨🐺✨
Howard était arrivé tôt. Will était parti chercher le dîner quelques minutes avant et il sonnait déjà à la porte. Moi qui pensais avoir le temps de mettre la table et compagnie avant son arrivée, c'était raté.
– Bonjour Howard, dis-je en l'invitant à entrer, vous arrivez avant que j'aie eu le temps de mettre la table...
– Un satané défaut que j'ai de toujours être à l'heure, rit-il.
– Dommage que vous ne l'ayez pas transmis...
On s'installait dans le salon. Je lui servais son vin préféré en lui donnant des nouvelles de mon état. J'allais bien mieux qu'il y a quelques jours, même si j'avais à peine quitté le lit depuis mon retour.
Une fois les verres servis, je m'installais dans le fauteuil privilégié de William. J'aimais bien cette place et j'en profitais dès qu'il n'était pas dans le coin.
– Will m'a annoncé la bonne nouvelle, me dit Howard, sans dissimuler sa joie.
– Les nouvelles vont vite, constatais-je.
– La moitié de la ville est déjà au courant ! Je voulais vous assurer que je participerais aux frais comme je l'ai fait avec mes autres fils – vous avez déjà défini une date ?
Je tirais une tête bizarre, mais ça n'avait pas l'air de le troubler.
– Pour être honnête, je... Tout est encore un peu nébuleux pour l'instant.
– Je suis trop enthousiaste, je sais, avoua-t-il. Prenez votre temps, on est plus à quelques années près.
– Effectivement... Ce qui ne veut pas dire que j'ai douté de mes sentiments ou des siens, c'était juste...
– Pas le bon moment pour ça, j'ai parfaitement compris !
– Je ne sais pas si Will vous a dit, mais on va partir quelques jours en Espagne à la fin du mois.
Il hocha la tête :
– J'ai cru comprendre qu'il prenait enfin des vacances.
Ce fut à mon tour de hocher la tête.
– On en profitera pour parler du mariage et tout ce qui s'en suit... On aura bien le temps pour ça sur la plage.
William avait choisi cet instant pour rentrer. Il salua son père, m'embrassa, avant de nous faire quitter le salon pour la cuisine. Je n'avais toujours pas mis la table, mais Will s'en chargea à ma place. J'avais juste eu à poser mes fesses sur une chaise et à armer ma main d'une fourchette pour manger.
Les deux Von Berg échangeaient des banalités sur leurs vies respectives, j'écoutais sans vraiment faire très attention. J'avais l'esprit bien loin d'ici – je m'imaginais déjà me la couler douce au soleil, sur la plage, un cocktail à la main et William pour me passer de la crème solaire sur le dos – ou ailleurs.
✨🐺✨🐺✨
Six mois après que mes pouvoirs se soient déclarés, j'étais enfin sorti d'affaire. Du moins « officiellement ». La brochette de Soigneurs qui suivaient mon cas s'était décidée à clore le suivi renforcé au bout de six mois, estimant que mon état était stable.
J'avais des réserves de Magie basses, mais la partie « Anthrope » de mon être suffisait pour équilibrer la balance. Je devais juste contrôler tout ça régulièrement pour s'assurer que je ne risquais rien.
Dans les faits, j'avais mis un mois pour reprendre mes activités normalement, trois pour pouvoir m'entraîner à nouveau et cinq pour être totalement opérationnel sur le terrain. Bien sûr, j'avais Will, Riley et Oliver sur le dos en permanence pour que je lève la patte.
Quand je m'ennuyais trop, je passais voir Raf au Coven. Comme James et Will me l'avaient dit, elle s'y était acclimatée et avait trouvé ses marques. Elle passait son temps dans les serres depuis que Markus avait donné son feu vert pour les exploiter. James mettait son nez là-dedans et visiblement, Raf et lui étaient pleinement épanouis.
Depuis qu'elle avait trouvé sa place au sein du Coven, Raf allait mieux physiquement et moralement. Elle avait retrouvé des couleurs, elle souriait plus et n'avait plus peur des autres comme avant. Bon, peut-être que Kean et James y étaient pour beaucoup là-dedans. Ça me faisait drôle de me dire que ces deux-là étaient ses premiers vrais amis, comme moi quand j'en avais eu besoin...
– Tu rêvasses, m'indiqua Raf, qui avait passé ses bras sur mes épaules.
Je revenais sur terre, profitant de notre contact physique. Ça aussi, ça avait bien évolué... J'étais content qu'elle vienne vers moi comme ça.
– J'ai toute la liste des préparatifs du mariage qui tourne en boucle dans ma tête, nuance, avais-je ri.
Elle s'installa à table avec moi, puis servit le thé dans deux tasses. J'observais son visage serein et son sourire discret. Pour n'importe qui, elle aurait pu avoir l'air neutre et blasée, mais je connaissais la valeur de la nuance actuelle de ses lèvres.
– J'espère qu'il est bon, me dit-elle en me présentant une tasse, en attendant d'avoir les accréditations d'herboristes, j'ai que le droit de faire des mélanges de thés...
C'était un gros projet dans lequel elle comptait se lancer à la rentrée. En attendant, Markus mettait la main au portefeuille pour que les serres retrouvent leur splendeur d'antan. James donnait de sa personne – littéralement – pour que les plantes soient en pleine forme. Et Raf s'occupait de tout coordonner et de tout entretenir.
Ils espéraient que les serres seraient fonctionnelles d'ici cet automne, quand Raf débuterait ses cours pour devenir Herboriste.
– C'est amer, grimaçai-je en reposant la tasse sur sa soucoupe.
– James a dit pareil, sourit-elle, j'aime bien l'amertume alors je ne m'en rends pas compte.
Je détestais l'amertume sous toutes ses formes. C'était vraiment un exploit pour moi d'avaler des Potions, plus amères les unes que les autres...
– Je vais y aller plus doucement sur l'amertume, promit-elle. James m'a donné des échantillons, si tu veux.
J'échangeais volontiers ma tasse amère contre quelque chose de plus fruité et plus sucré. Je reconnaissais bien les goûts de James – on avait presque les mêmes, de toute façon.
Tandis qu'on parlait de tout et rien – enfin surtout de l'organisation de mes mariages – Kean était arrivé. Il avait encore les cheveux humides de sa douche post-entraînement.
– Ah, t'es là toi aussi, me salua-t-il.
Il déposa le sac en plastique qu'il avait à la main sur la table :
– Livraison express, annonça-t-il fièrement, cheesecake au thé matcha.
C'était le dessert préféré de Raf. En fait, dès qu'il y avait du thé matcha, elle mangeait ça sans en laisser à personne.
– Bon, j'ai que deux parts parce que je ne pensais pas que tu serais là, s'excusa-t-il à mon intention, mais tu peux prendre ma part si tu veux...
– Si vous en voulez pas, je me dévoue volontiers, rit Raf.
– On peut faire moitié-moitié, proposais-je à Kean. Désolé, je pensais que Will te dirait que j'étais ici.
– Ah, il n'était pas là... C'était juste Riley et moi aujourd'hui.
– Ah bon ? Il ne m'a pas dit qu'il avait quelque chose de prévu... Ça doit être son père ou un truc pour le mariage – il y a toujours un truc pour le mariage, en ce moment !
– Tu m'étonnes !
Kean divisa sa part en deux pour m'en donner la moitié, tandis que je reprenais ma longue tirade sur les joies d'organiser un mariage avec deux cérémonies... Ils étaient patients avec moi, tous les deux. J'étais en boucle depuis des mois et ils devaient avoir hâte – autant que moi – que tout ça se termine...
✨🐺✨🐺✨
Quand j'étais rentré au Sanctuaire en début de soirée, j'avais compris pourquoi William avait annulé son entraînement...
– Edward ! M'exclamais-je, tandis qu'il me prenait dans ses bras, mais qu'est-ce que tu fais ici ?
– Je suis venu te voir, cette question ! Je n'ai pas pu venir avant à cause de... enfin, tu vois, les responsabilités de Chef habituelles !
– Et vous ne m'avez rien dit, ni toi ni Will !
– Surprise, sourit mon fiancé. En fait, j'avais totalement oublié.
Ce qui ne m'étonnait pas du tout de lui. Heureusement qu'Edward ne se vexait pas.
– Alors, raconte-moi tout ! Il paraît que c'est galère, ces mariages !
– Ne me lance pas sur le sujet, me lamentais-je, je saoule tout le monde avec mes problèmes de traiteurs, de décorateur et compagnie ! Quelle idée de se marier aussi.
– C'est pour ça que je préfère les Unions, tu fais une petite soirée tranquille avec les membres de la Meute et voilà, c'est réglé !
Si seulement ça pouvait être aussi simple nous concernant ! Mais non, bien évidemment, ça ne pouvait pas l'être. Il fallait inviter tout le gratin familial et amical, voire des affaires de Von Berg Corp. pour le mariage « officiel », et recommencer pour le mariage « officieux ».
– Le pire là-dedans, c'est d'avoir à organiser le mariage humain, dit William, après avoir fini son cinquième verre de whisky, personne n'en veut de ce mariage pourri.
– Surtout pas lui, ajoutais-je, mais on doit bien le faire pour ne pas trop éveiller les soupçons.
Et la Lune savait à quel point on aurait préféré éviter.
– En tout cas, je suis dans les starting-blocks pour l'enterrement de vie de garçon, conclut Edward, j'ai même réussi à persuader Dan de venir, c'est vous dire.
William et moi échangions un regard alarmé : on n'avait même pas pensé à ça. On vivait ensemble depuis longtemps et on n'avait pas imaginé faire quoi que ce soit à ce sujet.
– La boulette, rit Edward, vos témoins n'ont rien prévu ?
– Euh... On ne leur en a pas parlé, avoua Will.
– Peut-être que Raf et James ont pensé à quelque chose, mais ils ne m'ont parlé de rien.
– Je suis presque sûr que tu serais au courant si Max comptait faire quelque chose.
Edward hocha la tête :
– Il ne m'a rien dit, mais il a d'autres préoccupations en ce moment, donc... Je me suis donné la mission d'en savoir plus par moi-même.
– On te reconnaît bien, estimais-je, je t'appellerais pour te tenir au courant.
– J'espère bien, sinon c'est moi qui organise ça, et ça, vous ne voulez pas que je le fasse !
Surtout parce qu'à chaque fois qu'il avait organisé lui-même une petite sauterie, ça s'était toujours fini de manière rocambolesque. On n'avait pas besoin de ça en plus du reste, définitivement.
Will était au téléphone avec Max, puis Markus, tandis que je lavais la vaisselle avec Edward dans la cuisine.
– Mes félicitations, au fait, dit-il soudainement. Je voulais te dire ça de vive voix ! Je suis content pour toi et Will, même si ça fait des années que vous êtes ensemble et tout le tralala !
– Ah, merci... Je suis à ça de croire à ces histoires de « la Lune fait tout pour te mettre sur le bon chemin ».
– Ce ne sont pas juste des histoires, tu sais ! C'est véridique.
– Un peu trop mystique pour un mec terre à terre comme moi, si tu veux mon avis... Mais j'admets qu'il y a eu pas mal de concours de circonstances pour me mener jusqu'à Will. Et c'est à toi que je le dois, alors... Merci pour tout ce que tu as fait pour moi.
Il avait l'air touché.
– Techniquement tu le dois à mon père et à la Lune, mais j'accepte le merci quand même ! J'en ai beaucoup voulu à mon père de ne pas t'accueillir chez nous, me confia-t-il, mais finalement... C'est peut-être mieux que tu sois resté auprès de Will.
– Probablement...
Comme le moment était intense et qu'on avait les yeux un peu brillants, on se serrait l'un contre l'autre pendant un long moment. Ma nouvelle vie avait commencé comme ça il y a des années ; par une étreinte d'Edward... et ça me rendait tout chose qu'on soit là, maintenant, à s'étreindre encore, malgré le temps qui s'était écoulé.
Je voyais toujours en lui mon sauveur et une présence rassurante, à un niveau différent de n'importe qui sur terre. Il était le premier Lycan que j'avais rencontré, le premier à qui j'avais accordé ma confiance et celui qui ne l'avait jamais trahie.
Edward était important pour moi, au moins autant que Will, Raf ou James, même si on ne se voyait pas souvent. J'aimais me dire qu'il ressentait la même chose pour moi.
– La vaisselle ne va pas se finir toute seule, souffla-t-il avec émotion, les yeux embrumés de larmes.
Je n'étais pas capable de répondre, alors on s'était remis à notre besogne, dans un drôle d'état.
William finit par nous rejoindre quand on trinquait, un peu plus tard. Il avait l'air détendu, même si Max et Markus étaient unanimes sur l'idée de l'enterrement de vie de jeune homme ; personne n'avait envie de s'y coller... Il trinqua avec nous après avoir déposé un baiser sur ma joue :
– À l'organisation chaotique de ce mariage, lançais-je.
– À l'organisation chaotique de ce mariage, répéta Will.
– À votre bonheur conjugal, rajouta Edward, et à la Lune qui sait toujours nous mener sur le bon chemin, peu importe qu'il soit escarpé ou non.
William le toisait d'un drôle d'air, tandis que j'échangeais un sourire complice avec Edward. On trinquait tous les trois, avant de bien entamer nos verres de champagne, dont la bouteille fut débouchée pour l'occasion.
Si on m'avait dit, quand j'étais plus jeune, que ma vie serait telle qu'elle est maintenant, je crois que je ne l'aurais pas cru. Ça me semblait surréaliste d'avoir tout ce que j'avais ; un beau chez-moi, un fiancé en or, des amis et de la famille, de cœur ou de sang, autour de moi...
Et pourtant, tout ceci était bien réel ! J'avais une bague de fiançailles autour du doigt pour le prouver – et bientôt, ce serait une alliance.
✨🐺✨🐺✨
Eeeeeet voilà pour ce dernier chapitre ~
Je vous poste l'épilogue juste après ~
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