Chapitre 11 : la décision de William

C'est au tour d'Oliveeeeeer !

Là, vous vous dîtes, "mais il a géchan Oli O_o" et ouais ! Vous avez raison ! Après TWW Oliver (dans la timeline), il glow up un peu avec l'âge, notre petit Oli :3

Il devient un *vrai* Alpha et l'influence du monde moderne fait son petit chemin hahaha

Je vous laisse lire tranquillement après ces quelques précisions :D

Bonne lecture !

✨🐺✨🐺✨



Une fois que Max et Kaeden étaient rentrés chez eux, pour y trouver William dans sa tenue et moi en train de vider leur réfrigérateur – j'avais besoin de récupérer vite, et pour cela, je devais manger en conséquence – ils avaient fini par apprendre pour la nature surnaturelle de William.

Comme je ne savais pas trop quoi dire ou quoi faire, j'avais gardé le silence, me contentant d'observer William se prendre la tête avec son ex... Je me sentais bizarre de le voir comme ça. Il ne s'emportait jamais avec moi, ça me faisait drôle de voir qu'il pouvait s'emporter à ce point.

On était rentré à la Villa avec la voiture de Kaeden. J'étais inquiet pour lui. Pas autant que Max, mais plus que Will.

Une fois rentré, Will prit une douche, et estima qu'on allait commander des pizzas et passer l'entraînement... Heureusement, parce que je n'étais pas en état pour ça.

– Tiens, ça devrait te faire du bien – tu veux que j'appelle James ? demanda-t-il en s'installant sur le canapé à mes côtés.

– Ça devrait aller... J'ai juste des courbatures et des bleus.

J'avalais la fiole de Potion de Soin cul sec, je grimaçais juste après.

– Toujours aussi dégueu ce truc...

– Et pourtant, je trouve qu'elle a meilleur goût que les autres que j'ai déjà avalées...

– Je suis sûr que tu mens. T'es un menteur professionnel.

Il fit mine de se prendre une balle dans le cœur et se laissa tomber dramatiquement. Je m'installais sur lui, son bras passa sur mes épaules. Je me sentais bien. En sécurité. Ce qui n'était pas le cas depuis l'affrontement avec l'Alpha.

– Tu es sûr que ça va ? T'as fait un sacré vol plané... et ce serait normal que tu... sois marqué.

Je me laissais le temps de la réflexion avant de répondre :

– Ça va... Je suis content que tu sois arrivé vite – ça m'a paru être super long...

– Je commence à te connaître, murmura-t-il en m'embrassant les cheveux, je me doutais bien que s'il y avait un danger, tu foncerais droit dans le tas...

– Qu'est-ce que tu veux que je te dise, soupirais-je en me relevant, ils avaient besoin d'aide. Je voulais gagner du temps. Je vais bien et j'espère qu'Oliver aussi.

– C'est un Alpha, il devrait s'en remettre... Pas sûr que ce soit le cas de Max, ajouta-t-il, moqueur, t'as vu sa tête quand il a découvert le pot aux roses...

Je le frappais dans le bras – plutôt mollement, parce que la Potion faisait de plus en plus effet et que j'étais vidé après toutes ces émotions – pendant qu'il se marrait comme une baleine.

– Il se ramollit avec l'âge, ricana-t-il, je pensais qu'il allait m'accrocher au plafond...

– Tu sais que certains pourraient le prendre mal que tu passes ton temps à parler de ton ex ?

– Oh, c'est de la jalousie, ça ?

Comme je le toisais avec un air entendu et légèrement boudeur, il me prit dans ses bras :

– Ils vont bien ensemble et je suis ravi pour eux, OK ? J'aime juste jouer au chat et à la souris avec Max, c'est tout...

– Ta mère ne t'as jamais dit que c'était dangereux de chercher des noises à un Lycan ?

– Elle disait un tas de trucs sur les Lycans, mais ce n'était pas son genre de dire ça...

On était restés un long moment enlacés, en silence, profitant de l'instant. Au bout d'un long moment, je m'éloignais de lui pour plonger mes iris dans les siens :

– S'il n'y avait pas Kaeden entre toi et Max, tu penses que tu serais avec lui ?

Je ne savais pas trop ce qu'il m'avait pris de poser la question. Je connaissais déjà la réponse. Mais, je ne sais pas... J'avais besoin de l'entendre de sa bouche. William n'était pas le genre de type à déclamer des poèmes d'amour et à faire preuve d'un romantisme digne des romans à l'eau de rose... Il avait de petites attentions à la place des mots, ce qui me suffisait d'ordinaire... Mais là, j'avais besoin de plus.

Will tirait une tête bizarre, m'observant un long moment en silence, avant qu'il ne se lève pour quitter le salon. Je ne savais pas trop quoi penser. Je me sentais con. Quelle idée stupide de lui demander ça... Comme s'il allait répondre quelque chose du genre « bien sûr que non, il n'y a que toi dans ma tête, je t'aime comme un fou et je ne l'ai jamais aimé autant que toi ». Peut-être dans mes rêves !

Je m'étais laissé tomber sur le canapé, un peu sonné par sa réaction, la Potion de Soin et le contrecoup de l'affrontement avec l'Alpha... J'avais le cœur serré, les larmes aux yeux et l'envie de rembobiner le film pour m'empêcher de lui demander ça.

Pendant que je me demandais comment j'allais rattraper ça, tout en gérant la tempête de sentiments négatifs qui me prenait, Will était revenu. Génial. Maintenant j'allais devoir lui parler dans cet état. Il posa sa tête sur le canapé, avant que ses lèvres ne frôlent les miennes.

– Angie, souffla-t-il, tu veux bien te relever ?

– Je suis bien là, reniflais-je.

Comme William était lourd et moi tout sauf en état de lui résister, je m'étais laissé faire. J'étais avachi dans le canapé, mais c'était mieux que rien. William était à genoux, sa main caressant la mienne, tandis que je me bornais à ne pas le regarder dans les yeux.

– Je voulais que ça se passe autrement, avoua-t-il, qu'on soit dans un endroit de rêve, après avoir passé une journée magique, un dîner romantique... Mais on va dire que c'est maintenant le bon moment...

Il avait une voix troublée par l'émotion. Il ne parlait pas, il soufflait... C'était à peine audible – heureusement que j'avais une bonne ouïe...

– De quoi tu parles ? marmonnais-je, dubitatif.

J'aurais pu m'attendre à tout, sauf à ce qui allait suivre ; William avait sorti quelque chose de sa poche, avait ouvert la petite boîte en velours bordeaux, pour me la présenter. Au centre, il y avait un anneau d'or et d'argent. La partie en argent était lisse et régulière, tandis que la partie dorée était plus brute, plus en relief... Les deux se complétaient avec harmonie. Au centre de l'anneau, il y avait un beau rubis. Il avait beau être petit, il restait voyant. En tout cas, moi, je ne voyais que lui.

– Qu'est-ce que tu...

– Est-ce que tu veux m'épouser ?

Heureusement que mes yeux étaient attachés à ma tête, parce qu'ils auraient pu tomber tellement j'avais les yeux écarquillés par la surprise... Je me figeais dans ma surprise, paralysé par ses paroles. Ça m'avait pris un temps pour réagir :

– Tu te fous de ma gueule ? M'outrais-je, lui lançant un coussin dans la tête, tu passes ton temps à me dire que tu ne veux pas te marier ! Ça fait des années que tu me rabâches le même discours ! Et là, tu te pointes comme une fleur pour me demander ma main ?!

Il se débarrassa du coussin, arborant son horripilant sourire moqueur, avant de paraître plus sérieux :

– Je ne veux pas me marier par intérêt, nuance... J'aime bien Markus, mais pas au point de vouloir de lui jusqu'à ce que la mort nous sépare. Toi je te veux jusqu'à ce que la mort nous sépare.

J'avais rougi et pâlis à la fois, le toisant sans savoir quoi dire et quoi faire. Il n'avait pas l'air de se foutre de moi – rien qu'à voir la bague, je pouvais dire qu'il avait de nouveau acheté un truc hors de prix...

– Je comprendrais que tu dises non, que ce soit trop tôt, que tu n'aies pas envie de mariage non plus, enchaîna-t-il, mais... Je voulais juste que tu saches que... Je t'aime à ce point.

J'avais déjà les larmes aux yeux, mais là... Elles avaient toutes dévalé mes joues sans que je n'arrive à les contrôler ! Je le serrais contre moi, essayant de retrouver mon calme... Mais c'était peine perdue.

– T'es un abruti ! lui reprochais-je, une fois remis de mes émotions – plus ou moins, bien sûr que je vais dire oui, crétin ! Comment tu veux que je m'attende à ça ?!

– La Lune merci, soupira-t-il, sincèrement soulagé.

Il me passait l'anneau au doigt, sa main était fébrile, comme la mienne...

– Elle est spéciale, ajouta-t-il en caressant l'anneau avec son doigt, elle est ensorcelée pour se fondre dans ta peau quand tu te transformes.

– Je ne veux pas savoir combien ça t'a coûté.

On était bien différents, Will et moi, sur bien des sujets. Le pire, c'était sans doute l'argent. J'avais grandi sans argent – du moins, pas beaucoup – et lui... Il baignait dedans depuis sa naissance. Il n'avait jamais eu à s'inquiéter de ne pas en avoir, quand moi j'espérais un jour en avoir assez pour manger à ma faim tous les jours...

D'habitude, je ne me gênais pas pour lui reprocher d'en dépenser inutilement... Mais ce soir, j'avais laissé couler. J'étais ravi d'avoir cette bague au doigt. J'étais content qu'elle soit adaptée à mes transformations, qu'il ait pensé à ça avant de l'acheter me touchait.

– Ton père est au courant ? Demandais-je, après un long moment où on s'était dévoré des yeux avec des sourires niais.

Il hocha la tête :

– C'est lui qui s'est chargé de faire ensorceler la bague. On a la bénédiction du grand patron.

Tes frères sont au courant ?

Il perdit son expression pour la contrariété :

– Pourquoi tu poses des questions qui fâchent, aussi, soupira-t-il.

– Will...

– Ils ne savent même pas que je suis gay.

– J'ai hâte de les rencontrer officiellement, ironisais-je.

Je les avais vu lors de l'enterrement de sa mère, mais j'étais un ami de Will auquel ils n'avaient pas fait attention. Ils étaient préoccupés par l'héritage, la situation – ou plutôt, la couverture – de Will qu'ils jugeaient minable, les ragots intrafamiliaux qui allaient bon train...

– On n'est pas obligé de les inviter.

– Will... Soit on fait ça bien, soit on ne le fait pas.

Il leva les yeux au ciel :

– Je savais que tu dirais ça...

– Je veux qu'au moins un truc dans ma vie soit fait normalement, OK ?

– Je sais, je sais... On a le droit de faire deux mariages, dans ce cas ? Un pour mes connards de frangins, et un autre pour les autres ?

– Un mariage humain de couverture, et un vrai mariage avec nos proches – ça me paraît bien !

Il m'avait à peine laissé le temps de finir ma phrase qu'il me bondissait dessus pour m'embrasser à pleine bouche... Je l'avais laissé prendre ses aises sur moi, ravi qu'on en vienne enfin à cette partie-là ! On était très occupé, et souvent fatigué, mais on avait toujours un peu de temps et d'appétit pour ce genre de choses... Et ce d'autant plus qu'on venait de se fiancer ! J'avais beau être shooté par la Potion et courbaturé, j'avais profité pleinement de l'instant... Il n'y aurait qu'une seule nuit dans ma vie durant laquelle Will et moi serions aussi fraîchement fiancés – je voulais en profiter à fond !

✨🐺✨🐺✨

Quelques jours plus tard, j'étais content d'avoir eu raison. Will était un peu frustré, mais j'étais trop fier de moi pour faire comme si de rien n'était.

– Je te l'avais dit, je crois, le narguais-je en égouttant les pâtes.

– T'es en boucle depuis ce matin, me reprocha-t-il, t'as eu raison, OK, t'es content ?

Je l'embrassais sur la bouche, avant qu'il ne me serre dans ses bras :

– Riley risque de venir ici dans les prochains temps, dit-il, au moins pour essayer de comprendre la partie Venandi de sa nature.

– Je m'en doute... Je vais rester ici et m'occuper de la paperasse – ils sont hors de danger de toute façon, non ?

Il hocha la tête.

– Tu crois que ça va aller pour lui ? Je sais que les Hybrides sont... pas bien considérés...

Il haussa les épaules :

– Ça dépend de son caractère... Mais je crois que ça devrait aller. Il est entouré et il ne devrait pas quitter Kaeden avant un moment, au pire il s'installera au sein de la Meute d'Edward. Je ne m'inquiète pas trop. Je m'inquiète plus qu'il utilise ses aptitudes n'importe comment et que ça me retombe dessus.

– À mon avis, vu à quel point il est curieux et a la bougeotte, ça ne sera pas difficile de le convaincre de prendre quelques cours.

– Pas faux !

Je lui présentais son assiette, avant de m'attabler au bar à ses côtés pour qu'on dîne ensemble. J'étais encore sur mon petit nuage quand je sentais ma bague de fiançailles... Et quand je voyais celle de Will, aussi. Elle était semblable à la mienne, mais la pierre était une émeraude. Le vert était sa couleur préférée et elle lui allait foutrement bien.

– Je suis content, dit-il soudainement.

Je finissais d'avaler mes spaghettis en l'interrogeant du regard.

– T'as l'air d'être sur un petit nuage et je suis content.

Je rougissais un peu, il essuya le coin de mes lèvres plein de sauce tomate avec sa serviette.

– T'es pas sur ton petit nuage, toi ?

– Peut-être un peu moins... Ça fait des mois que j'attends le bon moment, je pense que j'ai dû m'y faire.

– À ce point ? Monsieur Impatience personnifiée aurait attendu tout ce temps pour faire sa demande ?

Là, ce fut lui qui rougit.

– Je n'étais pas sûr que tu acceptes... Et je n'étais pas sûr d'encaisser le non. Puis je me suis dit que je devais me lancer un jour, et à chaque fois que je prévoyais de faire ma demande, il y avait un truc qui faisait tout capoter !

Je papillonnais des yeux :

– Et tu ne prends pas ça comme un mauvais présage ?

– J'en ai rien à foutre des mauvais présages, OK ? Les Loups-Garous sont de mauvais présages – t'es le plus beau mauvais présage que j'ai jamais rencontré !

– Je ne sais pas comment je prends ça, souriais-je.

Il m'embrassa, avant que l'on continue notre repas en discutant de tout et de rien, de ce qu'on allait faire le lendemain, ce qu'on prévoyait pour le week-end – bref, une discussion routinière normale et banale... C'était peut-être bizarre, mais c'étaient mes moments préférés. J'avais l'impression d'être un type normal, qui avait une vie normale et un quotidien normal avec un fiancé normal – ce qui me semblait impossible il y a quelques années encore...

✨🐺✨🐺✨

Après quelques semaines de préparation, entraînements et autres examens divers, Riley était autonome. Enfin... Il était assez autonome pour que Will lui confie de petites missions. Il lui fallait au moins deux ans d'apprentissage pour pouvoir devenir Soutien de Venandi officiellement – d'ici là, Will avait le temps de le former correctement.

Depuis qu'il s'était engagé dans cette voie, je jonglais entre sa formation, la gestion du Sanctuaire, l'administratif divers, mes entraînements, ma vie privée avec William et ma vie privée sans William... Autant dire que j'en avais par-dessus la tête. Je ne me plaignais pas. Pour être honnête, je ne me rendais même pas compte que j'en faisais autant. Je n'avais pas le temps de me poser de questions, en fait...

On ne se voyait plus vraiment Will et moi. Enfin, on se voyait, mais Riley et Oliver étaient souvent au Sanctuaire – quand ce n'était pas Kean, James et/ou Markus...

– Angie ? M'appela Riley, est-ce que ça va ?

– Hein ? Oh, oui... Excuse-moi, j'ai mal dormi cette nuit.

En réalité, je dormais bien, mais trop peu. Je commençais ma journée tôt, je la finissais tard – cumulé aux entraînements de Riley, Oliver et Will...

– Je te disais que j'allais faire un tour dans la zone industrielle, c'est Will qui me l'a demandé.

– Ah, d'accord... Parfait ! N'oublie pas de faire le rapport dans la foulée, je cours déjà après Will pour qu'il les fasse !

Promis ! sourit-il.

On savait tous les deux qu'il allait faire comme Will ; laisser traîner jusqu'à ce que je le fasse moi-même, parce que ça ira plus vite que d'attendre qu'ils s'y mettent.

Une heure après son départ, mon téléphone sonnait. Je décrochais sans même regarder l'écran, imaginant que c'était Riley qui avait un problème ou que Will voulait me prévenir d'un truc. Ça m'avait donc surpris que ce soit la voix de Kean qui me parvienne :

« – Hé, me salua-t-il, je parie que tu as oublié... »

Bon, vu le ton enjoué, il ne devait pas m'en vouloir.

– Oublié quoi ? M'alarmais-je.

« – Tu m'as dit de venir pour m'entraîner avec toi – t'as vraiment oublié ? »

Ça ne me ressemblait pas. Après avoir ouvert mon agenda sur l'ordinateur, je constatais que j'avais bien oublié.

– Excuse-moi, j'étais... J'ai des trucs par-dessus la tête...

« – Pas grave, on peut reporter si tu veux ? »

– Non, ça va aller ! Tu es en bas ?

« – Ça fait cinq minutes que je sonne, pouffa-t-il. »

Et merde, je n'avais même pas entendu !

– J'arrive !

Je raccrochais en descendant l'escalier, pour trouver Kean qui avait passé la porte et m'attendait dans l'entrée.

– Je suis désolé, m'excusais-je, j'ai totalement zappé...

– Hé, ce n'est pas grave, t'inquiète ! T'es sûr que tu veux qu'on s'y mette ? On peut aussi se poser et boire un coup...

Il disait ça parce que j'avais une tête à faire peur avec mes cernes et mes cheveux en bataille.

– Non, ça va aller... T'as pas fait tout ce chemin pour rien !

J'essayais d'assurer, mais j'aurais préféré m'installer dans le canapé et boire un coup avec lui. Enfin... J'aurais préféré qu'il rentre chez lui et que je puisse boucler le budget du Sanctuaire, histoire d'avancer le chantier, dont le dossier devait être envoyé dans – trop – peu de temps...

Une fois changés, Kean et moi nous étions échauffés. Je ne me sentais pas au top de ma forme, mais je me disais que bouger un peu me ferait du bien. Ça me donnerait un coup de fouet.

Kean m'observait avec une drôle d'expression, comme s'il se retenait de me clouer sur une chaise ou dans mon lit, sans oser franchir le pas.

Peut-être qu'il aurait dû.

On avait à peine commencé à faire quelques mouvements – c'était l'histoire de quoi ? Une dizaine de minutes ? – que je tombais dans les vapes. Ni plus ni moins. Sans signe annonciateur, sans que je ne puisse le sentir.

– Angie ! M'appela Kean, frappant mon visage pour me faire revenir, hé, oh, Angie ! Merde, ne me fait pas ça, Will va m'écarteler vif...

Comme je ne répondais pas, Kean prit le pendentif que Will m'avait donné en remplacement de celui que j'avais brisé quand le frère de Riley s'en était pris à lui et Oliver... Ça valait une fortune, ces trucs-là, mais c'était diablement efficace.

Trois minutes après, pendant que Kean surveillait mon pouls – lent et faible, même s'il était toujours présent – William débarquait. James le suivait, tout aussi paniqué que lui.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? Angie, Angie, tu m'entends ?

Je ne réagissais pas. Kean résumait ce qu'il s'était passé pendant que William dégainait son téléphone pour appeler on ne savait qui... James essayait de se calmer pour utiliser ses pouvoirs... Mais c'était peine perdue. Il avait déjà du mal quand il était calme – ne parlons pas de situation stressante !

– Merde, je ne sers à rien, s'agaça-t-il, je ne sens rien, j'arrive à rien !

– Calme-toi, lui répondit Kean avec patience, son pouls est faible, mais régulier... Ça va aller.

Cinq minutes après qu'il ait raccroché, William alla chercher le Soigneur d'urgence qu'il avait appelé à la rescousse. C'était un Sorcier, mais il avait l'habitude des Anthropes – du moins, nous osions tous l'espérer.

– Depuis combien de temps il est dans cet état ? demanda-t-il en déchirant mon t-shirt.

– Je sais pas... Dix minutes ? Un peu plus, peut-être...

– Vous avez fait quelque chose ? adressa-t-il à James.

– Non, je... je n'arrive à rien quand je suis stressé...

– OK, laissez-le respirer – passez-moi une Potion de Réveil.

William s'exécuta. Le Soigneur entendait mon pouls, toujours aussi lent et régulier, à travers la main qu'il avait posé sur mon torse. Il agita la fiole de Potion sous mon nez après l'avoir débouchée. Ces Potions portaient bien leur nom : l'odeur était tellement répugnante que ça pouvait réveiller un mort... Forcément, n'importe quel Anthrope avec un odorat dans la norme Anthrope finissait par se réveiller... Ce qui fut mon cas, après deux longues minutes à agiter ce machin sous mon nez.

Oh, merde, gémissais-je, c'est quoi ce truc dégueu...

Les trois autres poussèrent un soupir de soulagement, le Soigneur sans doute aussi. Il referma la fiole, mais j'avais toujours cette odeur horrible dans le nez.

– Comment vous vous sentez ? Une douleur quelque part ?

Je lui répondais par un non de la tête, toisant le Soigneur d'un drôle d'air, étant donné que je ne savais pas du tout qui il était et ce qu'il faisait là. Ni ce que Will et James faisaient là, d'ailleurs.

– Vous avez fait un malaise il y a une quinzaine de minutes, m'expliqua-t-il, plaquant sa main sur mon torse, le pouls est revenu à la normale... Est-ce qu'il a des antécédents médicaux ?

– Pas à ma connaissance... Mais ça fait un moment qu'on n'a pas fait de check-up complet, avoua William.

– OK, on va l'emmener au Sanctuaire de Soin pour quelques examens – vous vous souvenez de quand date votre dernier repas ? Si vous avez bu de l'eau ?

– Ben je... je ne sais pas trop... Ce matin, je dirais... Et j'ai bu un peu avant qu'on commence à s'entraîner...

– L'effort physique était intense ? Adressa-t-il à Kean.

– Non, pas vraiment... On avait à peine commencé avec quelques petits échanges cordiaux quand il est tombé dans les pommes.

– C'est grave ? M'inquiétais-je alors.

– Peut-être, on va vous faire passer des examens. Il ne faut jamais négliger les malaises en général, mais encore plus lorsqu'il s'agit de... d'Anthropes.

Passons son hésitation à me qualifier ainsi... Mais j'imagine qu'il ne voulait pas passer pour un idiot devant tout le monde ou me contrarier.



Quelques minutes plus tard, j'empruntais le Téléportail pour le Sanctuaire de Soin, couché sur une civière. Les autres m'accompagnaient, même si on leur avait dit que les examens pouvaient prendre du temps et qu'ils devaient patienter.

Après une batterie d'examens magiques et le passage de trois Soigneurs – un Venandi, un Anthrope et un Sorcier – qui avaient discuté un long moment devant la salle d'examen, on m'installait dans une chambre du Sanctuaire. J'avais envie de rentrer chez moi, mais ils me gardaient en observation.

William avait le droit de venir me voir, il avait l'air soucieux. Heureusement, le Soigneur Venandi était entré rapidement pour faire le point sur mon état.

– Le problème avec M. Lopez, dit-il avec délicatesse, c'est que sa condition est... différente... des patients Anthropes... Pour être honnête avec vous, on n'enseigne nulle part aux Soigneurs à soigner des Loups-Garous.

Probablement parce que d'habitude, on devait les abattre.

– Mais vous savez ce qu'il a ? insista William.

– D'après les examens, et en imaginant que M. Lopez soit un Anthrope... Il s'agit d'un malaise dû au surmenage, très probablement. Peut-être est-il plus sensible physiquement qu'un Anthrope dit normal, du fait de sa condition.

– Mais je... je n'ai quasiment rien fait aujourd'hui... J'étais sur l'ordinateur pour attaquer le budget du Sanctuaire – on s'est à peine échauffé avant que je fasse ce malaise, non ?

– C'est plus compliqué que ça, dit le Soigneur, plus grave. Ce n'est pas une chose à prendre à la légère. Un Anthrope ne fait pas facilement ce genre de malaise – il en va de leur survie, vous comprenez ? Depuis combien de temps vous cumulez beaucoup d'activités ?

– Je n'en cumule pas tant que ça, m'outrais-je.

– Angie, souffla William en prenant ma main dans la sienne, t'en fait peut-être un peu trop ces derniers mois... Tu gères le Sanctuaire, l'administratif de tout le monde, la formation de Riley, en plus des rondes et entraînements... Ça fait beaucoup, tu ne crois pas ?

Je sais ce que vous vous dites : « mais oui Angie, c'est beaucoup trop »... Mais pour moi, ça n'avait pas l'air trop. Je pensais même pouvoir en rajouter encore. J'avais l'impression que je n'en faisais pas assez, étant donné que je passais mon temps à rattraper le retard accumulé et que... j'étais toujours en retard.

– Vous devez faire attention, il en va de votre santé mentale et physique, vous comprenez ? insista le Soigneur. Ce malaise est un signal d'alarme évident à ne pas négliger.

– Mais je... je ne peux pas en faire moins ! m'agaçais-je, vous imaginez qu'un Sanctuaire peut tourner sans qu'on s'en occupe ? Qui va s'occuper de faire vos rapports en retard, de rendre les dossiers en temps et en heure, de gérer tout ce bazar ?

Clairement, il ne fallait pas compter sur William. Il avait déjà sa couverture à maintenir, ses entraînements et autres rondes, Riley à gérer... Il n'arrivait déjà pas à faire un rapport de ronde, comment voulez-vous qu'il monte un dossier financier de l'année passée pour la semaine prochaine ?

– C'est ma faute, estima-t-il, je suis désolé... Je ne m'étais pas rendu compte que je me déchargeais à ce point sur toi... Je veux dire... Je m'en doutais, mais... Pas que ça mettait ta santé en danger.

– Mais je peux gérer, OK ?

– Pas dans l'immédiat, intervint le Soigneur. Il vous faut du repos, reprendre des forces, mettre tout sur pause quelques semaines et ne pas reprendre un rythme aussi soutenu à l'avenir. Vous comprenez que vous auriez pu mourir ? Si vous aviez été seul, votre cœur aurait fini par cesser de battre.

D'un coup, je prenais conscience de la gravité du malaise. J'avais encore dans l'idée que mon malaise était l'équivalent d'un malaise humain... un peu de repos et j'allais repartir. Pas que j'étais passé à côté de la mort.

– Mais je...

– T'inquiètes, je vais trouver des solutions, me rassura William, je m'occupe des dossiers urgents, Riley va se charger des rondes et Kean va nous donner un coup de main... Et toi, tu te reposes.

Comme je n'avais rien à lui opposer, je me tournais vers le Soigneur :

– Combien de temps je vais rester ici ?

– Une nuit ou deux, en fonction de votre état... Puis on va vous transférer dans une autre aile du bâtiment, où vous pourrez reprendre des forces sereinement. Vous aurez une chambre individuelle, un accès au parc, la possibilité de voir du monde – le tout sous la surveillance médicale.

– J'imagine que c'est trop demandé de rentrer chez nous.

– Dans une semaine, si vos résultats sont assez bons – ça vous va ?

Comme je n'avais pas le choix, je hochais la tête en signe d'approbation.

Le Soigneur nous laissait là, William m'embrassa doucement, avant de m'assurer une nouvelle fois que tout était sous contrôle. J'étais loin de le croire, mais je n'avais pas le choix, j'étais cloué au lit pour la semaine qui venait au minimum.

✨🐺✨🐺✨

Dix jours plus tard, je sortais enfin de la clinique – j'étais ravi de rentrer chez moi ! William était venu me voir tous les deux jours, m'assurant que tout était sous contrôle – mais les cernes sous ses yeux me suggéraient le contraire. Les jours où il ne venait pas, James faisait le déplacement, parfois avec Kean. Même Markus était venu me voir, un beau jour, étant donné qu'il passait des examens mensuels dans le Sanctuaire.

J'étais content de prendre le Téléportail pour rentrer. J'avais ordre de ne rien faire, mais au moins, c'était à la maison... Et j'avais hâte de constater l'ampleur des dégâts à cause de mon absence.

J'arrivais dans la véranda, pour constater qu'on allait fêter mon retour. Markus, James et Kean étaient devant une banderole « bon retour Angie ! » et derrière une table recouverte de chips, petits amuse-bouches et autres boissons.

– Riley et Oliver ne devraient pas tarder, ils font un petit tour dans le centre-ville, m'annonça Will.

– Comment tu te sens ? me demanda James en me prenant dans ses bras, j'espère qu'il n'y a pas de contre-indications pour la fête !

– Je ne crois pas, souriais-je, pas d'alcool, mais je devrais survivre...

James me relâcha, enthousiaste, une fois qu'il eut vérifié par lui-même que j'étais en bonne forme. J'avais fait comme si je n'avais rien remarqué, je pouvais comprendre qu'il soit inquiet et se sente impuissant...

– Parfait ! Lança Kean, qui me tendait un verre de limonade, installe-toi, on va tout gérer ! James et moi, on a fait le déjeuner !

– Ils ont appelé pour commander, corrigea Markus, moqueur.

– Ça me va, je meurs de faim ! Et je préfère que Will ne touche pas à la cuisine...

– Tu ne voudrais pas que ces deux-là le fassent non plus, ricana Markus.

Pendant que Kean et James lui reprochaient d'être une catastrophe culinaire sur pattes lui aussi, je m'installais sur le canapé. Will fit de même. Puis, quelques minutes plus tard, Oliver et Riley nous rejoignaient.

– Max et Kaeden te disent bonjour, me dit Riley, ils ne voulaient pas venir pour ne pas trop te fatiguer... Comment tu te sens ?

– Oh, merci... Ça va mieux depuis que je sais que je peux rentrer... Ça me soulage grandement d'être là.

– Et nous aussi, renchérit James.

– Comment vous vous en êtes sortis avec la paperasse ? demandais-je finalement.

– Tout va bien, assura William, mon père m'a aidé à boucler la paperasse urgente – il a plus l'habitude que moi... Puis Kean s'est occupé de Riley... Et on a tous fait un gros effort pour finir nos rapports en retard. Tout est à jour.

– On a bien charbonné pour, souffla Riley, et désolé pour les rapports en retard, je n'avais pas compris que c'était aussi important et que... C'était sur toi que ça retombait...

– T'inquiètes, ça va... Je dois me reposer encore une semaine ou deux, et je pourrais reprendre doucement – ce n'est pas une raison pour reprendre de mauvaises habitudes !

– J'ai promis à Will de ne pas me coucher avant d'être à jour dans mes rapports !

– Et je me suis promis la même chose, ajouta Will. Aller, assez parlé de boulot, on profite de la petite fête sans abuser des bonnes choses...

La conversation dévia vers pleins d'autres choses, du moment que ça ne concernait pas le Sanctuaire et sa gestion. Ça m'avait fait du bien, cette petite pause forcée... Même si j'étais ravi de rentrer aussi. Surtout, j'étais content que cette petite fête ait lieu. Pas parce qu'elle était pour moi... Mais parce qu'il y avait une bonne partie des personnes auxquelles je tenais réunies dans une même pièce.



Le soir même, je retrouvais enfin mon lit... Enfin, le lit que je squattais dans la chambre de Will. J'avais encore mes affaires dans ma chambre, mais je n'y dormais plus depuis un bon moment...

– Demain, grasse matinée, m'annonça mon fiancé en s'installant dans le lit.

– Tu ne travailles pas ?

– Non, j'ai posé deux semaines de congés... J'avais au moins besoin de ça pour régler les dossiers urgents... Il me reste quelques jours pour m'assurer que tu ne fasses strictement rien.

– Je peux au moins me lever ?

– Tant que tu restes en dehors de la vie du Sanctuaire, tu fais ce que tu veux... Si tu veux, James s'est proposé de t'emmener prendre un peu de bon temps au spa. Markus a ses entrées, il pense que ça te fera du bien.

Je hochais la tête :

– Si je dois me sacrifier, souriais-je, ravi de l'idée. Je l'appellerai demain.

Je m'installais contre lui, profitant du calme et de l'instant. J'avais besoin d'une bonne nuit de sommeil dans ses bras, actuellement.

– Tu sais, je... Je pensais démissionner.

Je me relevais pour l'interroger du regard :

– Comment ça « démissionner » ?

– Quitter mon boulot de couverture, précisa-t-il. Mon père pense que ça serait mieux pour moi, pour toi et pour le Sanctuaire.

– Mais tu aimes ton boulot, non ?

Il hocha la tête :

– J'aime que mon fiancé soit en bonne santé aussi... J'ai bien compris que c'était impossible pour moi de gérer ma carrière officielle et ma carrière officieuse sans me reposer sur toi. Je me disais que c'était le bon moment pour me consacrer réellement à ce Sanctuaire... On pourrait diversifier les activités dans quelques mois, si on se sent prêts, qu'est-ce que tu en dis ?

Je le regardais avec perplexité un long moment. Ça me semblait surréaliste qu'il arrête de travailler pour Von Berg Corp. Et ça me semblait encore plus surréaliste que son père soit d'accord avec ça !

– Mais avant, on s'occupe du mariage ! On n'a toujours rien commencé...

– T'es vraiment décidé, notais-je.

Il hocha la tête :

– Je me laisse quelques mois pour former Kaeden, mon père pense que c'est une bonne idée qu'il prenne ma place, puis... Je serais là à cent pour cent.

– Merde, je vais devoir arrêter de me la couler douce dans la piscine pendant que tu bosses !

On partageait un rire, puis je reprenais ma place dans ses bras, un sentiment de satisfaction qui m'envahissait. J'étais content que les choses changent, même si ce n'était pas dans l'immédiat... D'ici quelques mois, la situation serait plus stable et plus sereine pour lui comme pour moi. J'avais hâte. Même si pour l'instant, je devais prendre du temps pour moi, pour me remettre totalement et ne plus faire de malaise à l'avenir...

✨🐺✨🐺✨

Et voilà pour ce chapitre :D

Il en reste 5 à partir de maintenant :B

Normalement, il ne devrait pas y avoir de trou de publication, sauf si j'ai un empêchement de dernière minute o/

Je vous laisse sur le glow up d'Oliver hahaha

A la semaine prochaine pour la suite ~

Haydn

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