Cinquième partie

« Trop près. Beaucoup trop près ! Il est complètement inconscient de se rapprocher autant quand je suis aussi instable ! Il le sait pourtant que- »

Oikawa s'arrêta dans sa tirade et se souvint que non, Iwaizumi n'était pas censé être au courant, qu'être si près de lui le rendait toute chose, puisqu'il s'était démené pour lui cacher son attirance pour lui. Il rougit violement en se rappelant du visage de son meilleur ami aussi près du sien. Encore quelques secondes de plus et je lui aurais sauté dessus. Définitivement. Il se rendit compte du cheminement de ses pensées et devint encore plus écarlate.

« RAHHHH !

—TOORU T'AS PAS BIEN FINI DE HURLER ? hurla soudainement sa grande soeur.

— JE NE HURLE PAS !

— SI TU LE FAIS ET PARLE MOI SUR UN AUTRE TON !

— TOORU TAIS TOI ! TU VAS RÉVEILLER TOUT LE QUARTIER ! cria la chef de famille, à son tour.

— MAIS JE NAI PAS-

— Pardon 'Man ! cria l'aînée de la famille par-dessus les plaintes de son frère. »

Oikawa marmonna devant l'injustice de cette famille et s'écrasa sur son lit. À peine quelques secondes plus tard, il entendit des pas et sa porte s'ouvrir. Mais il n'eut pas le temps de relever la tête qu'un poids non identifié lui écrasa le dos.

« Alors mon petit Ruru, qu'est-ce qu'il se passe dans cette petite caboche ?

— Il se passe que tu m'étouffes, la sauvage... »

Comme attendu, il se prit une tape violente sur la tête.

« Ce n'est pas comme ça que je t'ai éduqué !

— C'est normal, c'est maman et papa qui m'ont éduqué, pas toi espèce de folle ! »

Il n'eut pas le temps de reprendre sa respiration, que sa grande soeur l'étouffa avec un oreiller.

« Espèce de sale gamin, dit-elle en séparant chaque syllabe.

— Humkdkk métoujemffsgrllmm !

— Hein ? J'entends pas bien ?

— GRIZNSLDNMZMFF !!

— Essaie encore ! »

L'aîné de la famille Oikawa était hilare et Tooru avait des envies de meurtres envers sa personne. Au bout de quelques secondes supplémentaires, Manaka enleva l'oreiller quand elle vit son frère prendre une teinte bleuâtre. Il la repoussa alors et se mit à tousser comme s'il s'était mis à respirer les gaz de combustion sortant du pot d'échappement d'une voiture. Il jeta un regard malveillant à la grande brune, qui rigolait encore.

« T'as fini de te marrer ?

— Désolé, rigola-t-elle.

— Fait en sorte que ce soit un minimum crédible, grommela la victime. »

Elle lui sourit en guise de réponse et lui soupira en se ré enfonçant dans son traversin. Manaka aillant remarqué depuis quelques temps que son petit frère n'avait pas le moral, avait décidé de lui tirer les vers du nez.

« Alors Ruru, qu'est-ce qu'il t'arrive ? »

Il lui répondit, mais ayant la tête dans son oreiller, Manaka n'entendit qu'un grognement.

« Sors ta tête de là, je comprends rien à ce que tu me racontes. »

Il grogna une fois de plus et tourna sa tête-de pucelle en manque d'amour d'après sa soeur-, et répéta.

« Y'a rien le poulpe.

— Et tu vas me faire croire que ça, dit-elle en désignant sa tête, c'est normal ? »

Il haussa un sourcil dans l'incompréhension la plus totale.

« Ce que tu pointes, c'est mon visage...

— Justement !

— Hein ?!

— T'as une tête de dégénéré en manque d'amour ! Voir à un puceau qui s'est vu rater la chance de sa vie ! »

Tooru totalement pris de court, ne put qu'ouvrir sa bouche, tel un poisson hors de son habitat naturel.

« Vu que tu ne réponds pas et que tu es surpris, ça veut dire que j'ai vu juste. »

Elle se rapprocha de son visage et répéta sa précédente question.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive Tooru ? »

Il se reprit, et repoussa violement Manaka qui était beaucoup trop près de son visage.

« T'approches pas autant ! Je n'ai pas envie de faire des cauchemars ! »

Il se prit un oreiller.

« Change pas de sujet. »

Il lui lança un de ses regards impassible et se retourna complétement d'elle.

« Lâche moi.

— D'accord. »

Il se retourna, surpris qu'elle change d'avis aussi rapidement...

« Si tu ne veux pas m'en parler je vais deviner ! »

...et soupira de dépit. Quelle idée stupide qu'il ait eu de penser qu'elle allait abandonner aussi facilement. Ce n'est pas comme si je vivais avec elle depuis dix-huit ans... Il la regarda chercher, les sourcils froncés au maximum, la langue sortie et les bras et jambes croisés.

« Ah !

— ?

— Je sais. C'est tellement évident que c'en est risible, soupira-t-elle.

— Qu'est-ce que tu vas me sortir encore...

— C'est Hajime. »

Il se releva tel un ressort et pu observer l'air de satisfaction qui flottait sur son visage.

« Comme-

— Comment je le sais ? S'il te plaît Ruru ! Tout le monde s'en est rendu compte ! C'est limite écrit sur ton front que tu l'aimes ! »

Là, le cadet de la famille ne sut que dire et resta là, la bouche grande ouverte, les yeux dilatés avec sa respiration qui commençait à s'emballer. Il fixait sa soeur, comme si elle venait de lui annoncer qu'elle était en faite un fantôme du passé, et que tout ce qu'il vivait, était purement et simplement, le fruit de son imagination. Il naviguait en plein cauchemar. Tout le monde ? Je suis si transparent que ça ? Il se sentait doucement glacer d'effroi. Et lorsqu'il se rendit compte de la portée des paroles, une terreur sans nom le prit aux tripes. Quand elle dit tout le monde...ça veut dire qu'Iwa-chan aussi est... ? Ses yeux s'agrandissaient au fur et à mesure que l'information imprégnait son cerveau. L'aîné se rendant compte du cheminement de ses pensées, se hâta de le rassurer.

« Quand je dis tout le monde, je parle bien évidement des parents, de Matsukawa et Hanamaki, Kunimi et même Takeru s'en est rendu compte. Mais Hajime ne le sait pas. Pour ça, il est aussi aveugle que toi. »

Elle murmura la dernière phrase, en souriant. Tooru se détendit mais il tilta sur deux noms.

« Makki et Mattsun le savent ? »

Manaka soupira, agacée.

« Évidement qu'ils le savent ! Ce sont même les premiers à l'avoir remarqué !

— Je pensais qu'ils avaient mal interprétés et qu'ils pensaient que j'étais comme ça parce qu'Iwa-chan s'éloignait de moi..., marmonna-t-il dans sa barbe sans faire attention au regard remplit de dépit de son aîné. »

Il lança un regard incompréhensible à Manaka qui ressentit le besoin de se justifier.

« Tu as la manie d'observer tous les gens autour de toi, de les scruter jusqu'au plus profond de leurs êtres, pour trouver leurs points faibles et donc pouvoir parer toutes possibilités d'être pris de court, ce que tu détestes par-dessus tout. »

Il hocha la tête, incertain s'il fallait qu'il prenne ou non ce que Manaka lui disait, comme étant un compliment ou une critique.

« Ton comportement a déteint sur ton entourage-sauf Hajime bien sûr-. Depuis le collège, ils se sont eux aussi mis à observer tout ce qui les entourent, avec modération évidemment. Ils ne sont pas devenus comme toi à chercher la moindre faille chez l'autre, sale petit rat, plaisanta-t-elle. »

Tooru rigola en secouant la tête.

« Donc la dernière fois que je les ai vu, on a discutés -de toi et Hajime- et on en est venu à la conclusion que tu étais tombé amoureux. Ne me demande pas pourquoi ni comment on en est venu à cette conclusion ce serait beaucoup trop long à t'expliquer ! Bref ça ne m'étonnait pas vraiment vu comment vous étiez toujours collé depuis la maternelle. De vrais pots de colle ! Pour en venir à tes amis, il ne faudrait pas que tu les sous-estime. Ils sont très malins et-

— Je ne les sous-estime en aucun cas, la coupa Oikawa, très sérieux. Je ne me permettrais jamais une chose aussi stupide que de sous-estimer mes amis. Et surtout Makki et Mattun. Si je suis, aux yeux de tous le plus fourbe et le plus manipulateurs, en réalité ce sont eux les cerveaux de presque tous mes plans tordus -en dehors du volley bien sur-. »

Manaka ne dit rien et se contenta de l'observer. Il n'avait eu aucune hésitation dans ses paroles, dans sa gestuelle. Elle sourit en se disant que son frère n'était vraiment pas une personne commune. N'avoir aucune hésitation lorsqu'il parlait de ses amis, cette totale confiance qu'il avait pour leur personne, c'était beau.

« Certes. Mais t'es quand même un enfoiré.

— Pourquoi tu m'insultes tout à coup ? demanda Tooru, outré.

— Comme ça. Une simple envie. »

Il la regarda l'air de dire  « Tu te fous pas un peu de ma gueule ? ». Il soupira et sa soeur continua sur sa lancée.

« Bref. Tout ça c'est bien beau mais ça n'explique pas pourquoi depuis quelques jours tu sembles être tombé encore plus bas que tu ne l'étais. Alors ? »

Il grommela et la remballa.

« Pas tes affaires. »

Grossière erreur.

« C'est comme ça que tu remercies ta grande soeur préférée, qui se déplace exprès pour s'enquérir de l'état de son petit frère préféré ? Alors que je pourrais te laisser te lamenter pour toujours et te laisser crever telle la veille loque célibataire que tu es, qui aurait passé toute sa vie en compagnie de chats de gouttières et qui se noierait dans sa pisse ? dit-elle en se relevant, la main sur le coeur, outré.

— Charmant, marmonna-t-il. Et je ne peux pas être ton frère préféré et tu ne peux pas être ma soeur préfère parce qu'on est que tous les deux, banane !

—C'est tout ce que tu retiens ? »

Comment a-t-elle pu trouver un mari et avoir un enfant avec ? Ça me dépasse...

« Je pourrais tout aussi appeler Hajime et lui demander...

— Non !

— Alors dit moi.

— Tch.

— Ne me tch pas ! »

Il se renfrogna et se frotta rageusement les cheveux.

« C'est une manie de la famille de tout faire pour arriver à ses fins, tu le sais Ruru, chantonna Manaka devant l'air bougon de son cadet.

— Ouais... »

Il soupira et lui raconta comment et de quelle manière Iwaizumi l'avait mis dos au mur, en passant bien évidemment l'épisode de sa crise. Il ne grimaça rien qu'en pensant à comment elle réagirait si elle découvrait qu'il avait pleuré comme une fillette.

« Pas besoin d'en faire tout un plat !

— Hein ? répondit-il intelligemment.

— Ba oui, vendredi tu le prend à la fin des cours et tu lui dis tout sur ton amour passionnel, il t'avoue qu'en réalité il t'aime depuis longtemps, vous vous embrassez et fin de l'histoire ! C'est aussi simple que ça ! »

Il la regarda comme si elle sortait d'un de ses films d'aliens préféré qui viennent envahir la Terre.

« Je crois que tu regardes beaucoup trop de dramas et de séries américaines...

— N'importe quoi. Et puis qu'est-ce que tu veux qu'il se passe d'autre ? demanda-t-elle très sérieusement.

— Qu'il rejette mes sentiments ? Qu'il m'insulte ? Qu'il...me laisse tout seul peut être ? Que je...que je le dégoûte ! »

Sa voix était montée crescendo au fur et à mesure qu'il parlait. Il était maintenant debout, dos à sa soeur et il tremblait. Manaka ne pouvait pas voir de sa position, mais les yeux de Tooru étaient brillants de larmes.

« Il ne te laissera pas.

— Comment peux-tu en être certaine ? cria-t-il.

— Je le sais.

— Comment ?

— Je le sais c'est tout.

— TU POURRA- »

Il ne put finir sa phrase, que Manaka l'avait emprisonné dans une étreinte bienveillante. Elle entama de grands mouvements de frictions sur le dos crispé de son petit frère afin de le détendre.

« Il ne te laissera pas, répéta-t-elle, il ne te laissera jamais.

— Comment tu peux en être aussi certaine ? renifla-t-il en refermant ses bras sur son dos.

— Pourquoi le faire maintenant alors qu'il en a eu l'occasion tellement de fois ? Chieur que tu es.

— Hey ! T'es censé me consoler pas m'enfoncer encore plus, marmonna-t-il, je croirais entendre Mattsun et Makki...

— Ils ont appris de la plus grande, après tout !

— Comment ça ?

— Rien du tout ! »

Elle rigola et passa une main dans les cheveux soyeux de l'amoureux perdu.

« Il ne pourra jamais te laisser parce qu'il t'adore autant que toi tu l'aimes, idiot. Même s'il s'avère qu'il ne partage pas tes sentiments, ce qui m'étonnerait fortement, marmonna-t-elle, il ne laissera jamais votre amitié partir en fumée. Tu es au courant non ?

— De quoi ?

— Si toi tu es têtu, Hajime lui est encore plus borné qu'un chien en laisse devant un os. »

Il eut un temps d'arrêt puis il s'écarta d'elle, de façon à ce qu'il voit son visage.

« Tu viens réellement de comparer Iwa-chan à un chien affamé ? demanda-t-il ayant peur de comprendre.

— Oui. Pourquoi ? dit-elle en penchant la tête. »

Il allait s'insurger quand il vit les extrémités de sa bouche tressauter. Il soupira et frappa l'épaule de son aîné, qui ricana, avant de se dégager de son emprise. Il se rassit sur son lit. Il y eu un silence gênant pour Tooru et amusé pour Manaka durant plusieurs minutes avant qu'il ne se racle la gorge et ouvrit la bouche pour prendre la parole. Mais Manaka prit les devants.

« Ce n'est pas tout mais moi je suis crevé. »

Elle se retourna et se dirigea vers la porte sous le regard choqué du capitaine de Seijoh.

« Hey !

— Dort bien petit frère ! Te laisse pas mourir quand même ! Ce serait bête que tu meurs avant d'avoir goûté aux lèvres de ton cher et tendre Iwa-chan, dit-elle en lui lançant un regard plein de sous-entendu par-dessus son épaule.

— Mais pourquoi tu pars maintenant alors que je veux te remercier ? cria-t-il énervé.

— Parce que je m'en fiche de tes remerciements. Je suis ta grande soeur. C'est moi l'aîné de la famille, c'est normal que je vienne aider mon petit frère en détresse !

— Mais quand même-

— TUTUTU ! Je ne veux rien entendre ! Aller bonne nuit ! »

Et elle ressortit de la chambre. Tooru resta une minute à regarder sa porte comme si elle était en pleine mutation, puis il se laissa tomber en soupirant sur son matelas. Soudain sa porte se ré ouvrit et il vit la tête de Manaka passer à travers l'entrebâillement. Il releva un sourcil, l'incitant à prendre la parole.

« Au faite ne pense pas que mon aide était gratuite hein !

— Qu'est ce qu-

— Ça vaut bien trois-quatre massages intégraux, mon petit déjeuner apporté au lit pendant deux semaines et ton dessert durant 5 jours, pas vrai ? lui dit-elle avec un immense sourire.

— Non mais t'es cinglé ? T'as perdu l'esprit en deux minutes chrono ? dit-il complètement vidé de toute énergie. T'auras que mon dessert espèce de frappé du bulbe, maintenant dégage de ma chambre ! »

Il lui balança son coussin et la tête de sa soeur disparue à travers ses rires.

Il n'eut même pas le temps de respirer que sa porte se ré ouvrit et son père apparut cette fois.

« Pap-

— Tooru soit gentil avec ta soeur. Elle est venue t'aider si gentiment, tu dois lui rendre compensation en retour. Que dis-tu qu'au lieu de deux semaines tu lui apporte son petit déjeuner durant 4 jours ? Et tu ne lui feras que le massage de son dos."

Tooru se massa le front, désespéré.

« Alors ?

— J'en dis que vous devez aller tous vous faire soigner.

—Voyons ce n'est pas une façon de parler de sa famille ! Comment t'ai-je éduqué ? demanda sa mère apparaissant comme par magie au côté de son père.

— Hein ?

— Tu devrais faire plaisir à Manaka un petit peu, continua-t-elle. Que dis-tu de-

— J'en dis que vous allez tous sortir de ma chambre, maintenant. Et toi, ne rentre pas ! s'exclama-t-il sur Manaka qui essayait de se faufiler entre ses parents. »

Il s'arma de ses coussins et se mit en position de lancer.

« Ça va, ça va, on sort, dit son père hilare. »

Il attendit qu'ils sortent tous pour reposer ses coussins. Il soupira une énième fois et se retint de se frapper la tête contre le mur le plus proche.

« Au faite, par rapport à mon petit déjeuner, entendit-il. »

Il releva si vite la tête que son cou craqua en un son sinistre. Il vit -encore- la tête de Manaka.

« VA AU DIABLE ! hurla-t-il en lançant tous ses coussins. ET RETOURNE CHEZ TOI ! T'ES PAS SANS ABRIS QUE JE SACHE ! »

Manaka partit pour de bon, en rigolant. Il attendit bien cinq minutes avant de relâcher tous ses muscles et de se jeter sur son lit.

« Famille de dingue..., râla-t-il. »

Il sourit tout de même en pensant que grâce à tout ce grabuge, il n'avait plus ce poids sur la poitrine qui l'étouffait.

« Merci... »

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