Concours d'écriture #9

Auteur: Yasminna

Une heure. Il me reste une foutue heure.

Assis sur le sol dur et froid de ma cave, je ramena la machine à écrire que j'avais fauché dans le salon avant que le feu ne commence à se propager. J'aurai dû faire plus attention, ne pas m'écarter du droit chemin comme Marleen me l'avait demandé ce jour ci. Mais c'était si tentant, je n'ai pas pu y résister, cette fois là.

Et puis, je l'ai remarqué. L'homme rôdant devant chez nous, une lampe torche à la main. Tu l'as remarqué, toi aussi. Je le sais. Mais tu ne m'en a pas parlé, faisant comme si de rien n'était.

Tu aurais dû, petite, tu aurais dû.

Toujours à l'affût, que nous étions. Heureusement que tu n'est pas là, aujourd'hui. J'ai eu le bon sens de te proposer d'aller voir Tommy, ainsi que ses chevaux. Par chance, tu es une grande fan des animeaux. Tu as donc immédiatement accepté de t'y rendre. Lorsque tu as quitté la maison, après t'avoir perdue de vue, mon regard discrètement s'est posé sur un certain arbre.

Il était là.

Ignorant de qui il s'agissait, et encore trop faible pour pouvoir me battre seul, j'ai choisi de fermer les yeux sur sa présence. La journée s'est passée ainsi, à jeter des coups d'œil suspect vers la fenêtre, histoire de m'auto-rassurer.

Fausse bonne idée, que tu me dirais.

Un bruit de verre brisé m'avait attiré à l'étage, un peu trop rapidement. Grosse erreur de ma part, d'ailleurs. Il était là, un colt pointé dans ma direction. Je déglutis, faiblement apeuré.

<< Qu'est-ce que vous voulez? >>, avais-je lancé, une pointe d'appréhension dans la voix.

<< Je suis envoyé par les Lucioles. >>, avait-il répondu.

Les Lucioles¹, hein.

Il était parfaitement inutile de m'en dire plus. Tu n'es pas arrivée à destination, et moi, je suis condamné. Foutue erreur de ma part, hein? Je sais que tu vas m'en vouloir. Enfin, tu m'en voudras de là-haut. Tu es sûrement déjà allongée sur une table d'opération, vêtue d'une simple robe d'hôpital, la cervelle à l'air. J'aurai aimé voir ton expression, lorsqu'ils t'ont apprit que tu étais la seule et unique personne dotée de la capacité à leur fournir un antidote pour cette foutue infection². T'avoir fais croire le contraire pour te garder prêt de moi était un énorme acte d'égoïsme. Mais que veux-tu ? Lorsque Marleen m'a annoncé ce qu'ils allaient te faire, je n'ai pas pu m'en empêcher. Je n'allais pas encore à nouveau perdre un être auquel je m'étais profondément attaché.

Je me souviens encore de l'expression que tu as abordé, cette fois là, lorsque tu t'es tournée vers moi. Un voile de doute, de tristesse et de frustration couvrait ton regard habituellement perçant.
Après t'être mordu quelques minutes la lèvre inférieure, balançant doucement d'un pied à l'autre, nous laissant dans un silence de plomb. Puis finalement, tu pris la parole, allant droit au but. C'est d'ailleurs quelque chose que j'admire chez toi. Tu ne pas réservée comme je le suis.

<< Jure-le-moi. >>, avais-tu dis.

J'avais discrètement déglutis, craignant d'entendre ce que je ne voulais pas promettre.

<< Jure-moi que tout ce que tu m'as dis à propos des Lucioles est vrai. >>, avais-tu continué.

Une seconde d'hésitation avant de te donner une réponse, claire, nette, et précise.

<< Je te le jure. >>

Un énorme mensonge, ouais.

C'était sûrement le plus gros mensonge que j'ai pu faire avaler à quelqu'un. Enfin, je ne crois pas que tu y aies cru. Lorsque ton regard croisa le mien, je n'ai pu que me crisper. Me dévisageant toujours, tu lâcha un simple " Okay. ", faisant mine de te détendre. Mais je savais bien qu'au fond de toi, tout au fond, tu avais une furieuse envie d'hurler. D'exprimer la rage que tu avais profondément enfouit, depuis le jour où tu as arrêté de te répéter ;

Pourquoi moi?

Un bruit de détonation m'avait fait revenir à la réalité, ramenant mon attention sur l'envoyé des Lucioles.

<< Tu comptes commencer à m'écouter quand la lune sera perchée haut dans le ciel?! >>, avait grogner l'homme.

J'avais doucement secoué la tête, impassible.

<< Avances. >>, a-t-il continué.

J'ai docilement obéis, avançant dans le salon. L'autre m'a alors sèchement poussé sur le sofa, l'arme toujours pointée dans ma direction. Déglutissant, j'ai décidé d'entamer la conversation. Je n'ai plus rien à perdre après tout, non?

<< Pourquoi n'être passé à l'action que maintenant? >>, ai-je dis.

Il me dévisagea longuement, claquant la langue, avant de baisser le revolver.

<< Un élément imprévu de ce matin m'a poussé à agir. >>, a-t-il répondu.

J'arqua un sourcil, perplexe. De quoi pouvait-il parler ?

<< Trois claqueurs³ m'ont sauté dessus. Je les ai tous butés, mais .. >>, commença-t-il.

Merde. Pas ça.

<< Un foutu infecté est venu m'attraper le bras, lorsque ma garde était baissée. >>, avait-il conclué.

Après ça, il avait relevé sa manche le plus haut possible, dévoilant de nombreuses cicatrices sur son bras. Mais ce fût la morsure qui attira mon attention, placée à mi-chemin entre l'intérieur du coude et le poignet.

Sans l'ombre d'un doute, je me releva rapidement, lui assénant un coup au visage.

Je ne peux pas rester ici, ai-je pensé.

Mais avant que je n'ai pu m'en rendre compte, je m'étais fais violemment plaqué au sol, l'autre appuyant ses genoux contre mes omoplates. Son poid était concentré sur le milieu de mon dos, appuyant sur la blessure béante encore présente malgré que des mois et des mois soient passé. Voilà le résultat d'être un survivant⁴.

Mais, à ce moment là, je ne l'étais plus pour très longtemps. En effet, j'étais dans l'incapacité totale de riposter, j'étais donc à la merci totale de cet homme.

<< J'veux pas devenir un malade comme ces choses, alors j'vais crever. Ce sera douloureux, mais c'est mieux que devenir un de ses putain d'infectés. >>, recommença-t-il.

J'ai à nouveau déglutis, appréhendant la suite.

<< Et je vais t'emmener dans ma chute. >>, finit-il.

Sans plus attendre, il m'attrapa le bras, le tordant sèchement dans mon dos, malgré le plus possible de résistance dont j'ai pu faire preuve. Et en quelques secondes, ma propre manche fût relevée, l'autre plantant ses dents dans ma chair, m'arrachant un horrible grognement.

Il me lâcha finalement, s'éloignant dans la cuisine, cherchant quelque chose dans les tiroirs.

<< Tu as le sommeil lourd, tu sais? La fille l'a remarqué, mais a fait mine de ne rien voir. >>, a-t-il dit.

Ces paroles paraissaient lointaine. J'observais désespérément la marque sur ma peau, espérant que tout cela n'était qu'un rêve, qu'Ellie viendrait me réveiller, me tirant de ce bordel.

Un rire malsain avait échappé à l'autre, tandis qu'il se dirigeait vers la fenêtre, une boîte à la main.

Des allumettes.

<< Dis-toi que nous allons juste nous endormir. Un sommeil profond, et éternel. >>, souffla l'autre.

Ce fut les dernières paroles qu'il m'adressa. Les flammes grandissaient à une allure ahurissante, consumant son corps en une bouchée, tandis que son cri déchirant avait envahit la pièce. Et moi, assit là, à écrire mes derniers instants sur un bout de papier à l'aide d'une machine à écrire rouillée, je vais bientôt le rejoindre.

▼▼▼▼▼

Cette histoire tourne autour du principe du jeu nommé The Last Of Us.

¹, Les lucioles sont une organisation contre le gouvernement dont le but est de combattre l'infection, au risque de se salir les mains.

², L'infection est une maladie s'étant d'abord répandue vers Boston, elle est ce qu'entraîne l'inhalation des spores d'un champignon. Elle peut se transmettre d'infecté à non-infecté par morsure, ce qui est plus souvent le cas.

³, Les claqueurs est le nom donné aux personnes souffrantes de l'infection depuis un certain temps. Leur visage a complètement été touché, ce qui fait qu'ils soient rendu aveugle. Ils utilisent donc leur ouïe pour se repérer. Leurs semblable et eux même utilisent un bruit de claquement pour donner leur position, d'où vient leur nom.

⁴, Groupe restreint, aux pauvres moyens étant contre le gouvernement et parfois les Lucioles.

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