Chapitre 17 - Ava 🌸
À mon réveil, tout tangue de manière exagérée. Je suis réveillée, pourtant, j'ai l'impression que mes paupières pèsent une tonne. Sans parler de cette sensation plus qu'horrible d'avoir du sable dans les yeux. Bon sang... j'ai l'impression qu'un camion m'a roulé dessus.
La bouche et la gorge sèche, je tâte ma table de nuit par automatisme à la recherche de ma bouteille d'eau habituelle. Je meurs de soif. Pourtant, je ne trouve que ma lampe qui tombe par terre dans un fracas qui augmente ma céphalée.
Vive la gueule de bois !
Seigneur, combien de verres ai-je bu hier soir ? D'ailleurs... que s'est-il passé ? Le dernier souvenir qui me revient, c'est de moi en train d'enchaîner les shots de téquila comme s'il n'y avait pas de lendemain.
Soudain, je sens la langue chaude de Buddy contre mon front, les joues et... mes trous de nez. Sans même le vouloir, j'éclate de rire et le repousse, alors qu'il s'acharne. Il me souffle son haleine fétide au visage tout en plaçant ses pattes sur mon torse.
Enfin, je me décide à ouvrir les paupières, doucement afin que la lumière qui filtre à travers le vitrail ne me défonce pas les rétines.
C'est alors qu'une question existentielle s'impose à moi : comment est-ce que j'ai fait pour rentrer ?
Allongée sur mon lit, les mains plongées dans le pelage de Buddy, je constate que je porte toujours les mêmes vêtements. Les souvenirs sont extrêmement flous, mais je me rappelle très bien la raison qui m'a poussé à boire sans modération. D'office, je l'écarte de mon esprit. Il est hors de question que j'y pense, que je lui donne un tel pouvoir sur moi.
La peur n'arrangera rien, et il est hors de question que l'anxiété revienne dans ma vie. Je m'y refuse. Ce salaud prend plaisir à me torturer, alors il est hors de question pour moi de flancher. Non, je ne lui ferai pas une telle fleur.
Hier, il m'a prise au dépourvu, et j'ai préféré noyer mes soucis dans de l'alcool. Aujourd'hui, avec la tête dans le coltar, je vois les choses sous un autre angle. Je ne m'empêcherai pas de vivre sous prétexte que ce malade me stalke.
Et je ne ressasserai pas tout ce qu'il m'a fait subir au cours de ces dernières années. Non, il est hors de question que cet enfoiré me coupe les ailes. Je m'y refuse. Si j'ai quitté la Californie, c'était bien pour prendre mes distances et repartir sur de bonnes bases.
Instinctivement, je passe une main sur mon cuir chevelu. Encore aujourd'hui, cet endroit que j'effleure avec délicatesse reste douloureusement sensible. Une marque invisible, mais omniprésente, de ce qu'il m'a fait. Après tout, il m'a arraché une poignée de cheveux ce jour-là. Chaque fois que je repense à cette violence, une vague de dégoût et d'impuissance me submerge.
Je peux encore sentir sa présence derrière moi, son odeur envahissante de cèdre et de musc, douce mais terriblement oppressante. Ce parfum, autrefois si anodin, me donne aujourd'hui la nausée. Mon estomac se serre, un haut-le-cœur monte en moi, comme si mon corps cherchait à rejeter ce souvenir gravé dans ma peau.
Je me lève en quatrième vitesse et file dans la salle de bains où je m'accroupis devant les toilettes, le souffle court. Mes mains tremblent tandis qu'un haut-le-cœur me secoue, et je vide mon estomac dans la cuvette, jusqu'à ce qu'il soit complètement vide. J'ignore s'il s'agit de l'effet de l'alcool, ou de ces souvenirs.
Après avoir tiré la chasse d'eau, je décide de prendre une douche, espérant que la vapeur et la chaleur de l'eau m'aideront à me détendre. À faire le vide dans ma tête. J'en ai extrêmement besoin. La dernière chose que je souhaite, c'est ressasser cette soirée. Après l'incident, je me suis promis de ne jamais le laisser avoir le dessus sur moi. Et je compte tenir cette promesse.
***
Une fois propre comme un sous neuf, j'enfile des vêtements plus confortables et quitte ma chambre pour rejoindre la cuisine. Je me déplace sur la pointe des pieds tout le long du couloir Buddy à mes basques. Il me regarde comme si j'étais stupide.
Même si cela fait un petit moment maintenant que je suis réveillée, je ne me souviens toujours pas comment je suis rentrée à l'appartement. Vu mon état d'ébriété, je doute beaucoup avoir pu donner l'adresse de Zaiden à mes amis.
Dès l'instant où je pénètre dans la cuisine, mon coloc allume le mixeur. Le bruit est amplifié par ma gueule de bois carabinée, et j'ai la soudaine envie de fracasser cet engin.
Je grimace et presse mes mains contre mes tempes, tentant vainement d'atténuer la douleur lancinante qui me vrille le crâne.
— Bordel, éteins ça ! grogné-je en m'asseyant autour de l'îlot.
Le bruit cesse enfin, à mon plus grand soulagement.
Habillé de sa tenue de sport et ses muscles ruisselant de sueur, Zaiden dépose un grand verre d'une substance plus que douteuse devant moi. Je la contemple d'un air écœuré, avant de le regarder avec curiosité. Sans grand mal, je remarque les cernes sous ses yeux ainsi que sa mine fatiguée.
— La soirée poker a duré plus longtemps que prévu ?
Il pousse un long soupir avant de passer une main sur son visage, sans prendre la peine de me répondre. D'accord, je vois que monsieur est d'une humeur massacrante ce matin. D'ailleurs... quelle heure est-il ? Et surtout... où est-ce que j'ai fourré mon portable ? Hier soir, je l'ai éteint afin qu'il ne puisse pas me contacter. Je lui ai raccroché au nez, je sais qu'il m'aurait rappelé jusqu'à ce que je décroche ou qu'il se lasse.
Je connais ce schéma par cœur. Cela fait quatre ans que ça dure. Je pensais qu'en déménageant à New York...
Cesse d'y penser ! Ne le laisse pas s'imposer dans ta vie !
— Qu'est-ce que c'est que ce truc ? demandé-je à Zaiden, sceptique.
La boisson a une couleur étonnamment louche, et lorsque je rapproche mon nez pour renifler, l'odeur qui m'envahit les narines me file la nausée.
— Ça pue les œufs pourris, ton truc ! Tu veux me tuer ?
— C'est pour ta gueule de bois, Ava, soupire-t-il, étonnamment las.
— Il est hors de question que j'avale ça !
— Je suis certain que tu as déjà avalé bien pire dans ta vie, marmonne-t-il pour lui-même, croyant que je ne l'ai pas entendu.
Face à son insinuation, j'écarquille les yeux. Qu'insinue-t-il ? Je ne rêve pas, il vient de faire une remarque à connotation sexuelle, non ?
— Qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur ? poursuis-je, méfiante au possible.
À tous les coups, il veut m'empoisonner. J'ignore ce qui s'est produit cette nuit, mais j'ai comme la légère impression qu'il est la raison pour laquelle j'ai atterri dans ma chambre sans savoir comment.
— Il ne vaut mieux pas que tu le saches.
Il croise les bras sur ses épaules et gonfle son torse, comme si cela suffisait à m'intimider. Sa mâchoire contractée, son air crispé... on dirait qu'il se retient de me passer un sacré savon.
— J'ai des allergies alimentaires, mens-je.
— Non, tu n'en as aucune. Et refuser de manger du céleri, ce n'est pas une allergie.
Il se souvient parfaitement de la fois où ma mère a voulu me faire avaler ce truc et j'ai feint une réaction allergique pour lui foutre la frousse. Oui, j'étais une vraie chipie.
— T'as envie de passer tout ton dimanche à agoniser sur le canapé ? Non ? Alors, bois !
Ce machin fonctionne vraiment ? J'ai des doutes. J'ai surtout l'impression que dès que je l'avalerai, je filerai aux toilettes pour tout dégobiller. Et honnêtement, j'ai suffisamment craché mes tripes pour aujourd'hui.
— Si tu me dis ce qu'il y a dedans, je boirai.
Il pose ses mains à plat sur le plan de travail et me foudroie du regard. Un peu amusée par son caractère de cochon, je plonge dans ses prunelles et lui confie, d'une voix de velours :
— J'aime savoir ce que j'avale.
Sa mâchoire tressaute, signe que je l'énerve plus que tout au monde. Zaiden clôt ses paupières un instant, soupire après avoir marmonné une insulte qui m'échappe, et dévoile le contenu de sa recette :
— Citron, jus de tomate, une pincée de sel, une cuillère à café de sauce Worcestershire, trois gouttes de Tabasco, de l'eau et un œuf cru, entier.
Rien qu'en entendant les ingrédients, je ravale un mini-vomi. Voilà qui explique l'odeur d'œuf pourri de tout à l'heure.
— Un œuf cru... entier... avec le blanc et le jaune et tout et tout ?
Il hoche la tête, au bout de sa vie.
— Tu veux me tuer, avoue !
J'ai forcément dû faire un truc qui ne lui a pas plus pour qu'il veuille me faire subir une torture pareille.
— Cesse de faire ta drama queen, Ava ! Je bois ce truc les lendemains de soirées arrosées et je suis toujours là. Alors, arrête de faire l'idiote, comporte-toi en adulte et assume tes conneries. Personne ne t'a obligé à te torcher la gueule hier, alors cesse de geindre et bois ce truc cul-sec !
Je le fixe, bouche bée. Son ton autoritaire me cloue sur place, et pendant une seconde, je me sens comme une gamine qui se fait remonter les bretelles par son père parce qu'elle a dépassé l'heure du couvre-feu.
— T'es pas obligé de me crier dessus, rétorqué-je, vexée, tout en attrapant le verre d'un geste brusque.
Zaiden lève les yeux au ciel, appuyé contre le comptoir, bras croisés, avec ce regard suffisant qui me donne envie de l'étrangler.
— Tu m'en as fait voir de toutes les couleurs ce matin, alors j'ai tous les droits, me mouche-t-il, sans aucune pitié.
— Ce matin ?
Je renifle une nouvelle fois ce cocktail toxique et un frisson de dégoût me traverse tout le corps.
— Je vois que c'est le black-out, soupire-t-il, de plus en plus crispé. T'étais pas joignable sur ton portable. Shane a flippé, il m'a appelé et il m'a demandé de te retrouver.
Shane... j'avais presque oublié cette maudite puce. Et l'idée que Zaiden soit au courant me gêne profondément. Après tout, quel genre de personne accepterait volontairement de se faire fliquer ? Je n'ai pas envie qu'il se pose la question, parce que je ne veux surtout pas lui confier les raisons de cette surveillance. Ça me fait trop honte, me fait paraître faible, et je déteste l'idée de paraître vulnérable.
— Tu veux savoir ce que tu faisais lorsque j'ai débarqué au Saphyr ? Tu te dandinais sur le comptoir du bar en mini-robe devant une horde de mecs excités.
Bon sang ! Non ! Non, je n'ai pas fait ça ! Il ment, pas vrai ?
Pourtant, des bribes de souvenirs me reviennent, mais tout est confus dans ma tête. Je me rappelle d'arriver sur les lieux, de rejoindre Penny, Elliot et de faire la connaissance de Billy, son partenaire. Nous sommes entrés très rapidement dans le club et j'ai enchaîné les verres. Je voulais... oublier.
Oublier cet appel.
Oublier cette voix.
Oublier tout ce que je traîne derrière moi.
Je ne voulais pas qu'il prenne le dessus sur moi, qu'il réussisse à gâcher ma soirée alors... j'ai bu sans modération, parce que c'était plus simple que d'affronter la réalité. Je voulais tenir les questions éloignées de mon esprit. Et j'ai réussi... mais à quel prix ?
— Ça te revient ?
— Rien de très... concluant.
Tout est flou, emmêlé, je ne sais pas ce qui est réel ou imaginaire.
— Si je n'étais pas intervenu, ils t'auraient dévorée toute crue.
— Tu... tu exagères, murmuré-je en me tortillant sur ma chaise, mal à l'aise.
— Tu crois vraiment ça ? Ava, tu étais tellement saoule que tu as commencé à ramper à quatre pattes sur le comptoir comme une maudite chatte en chaleur !
Je sens mes joues rougir à l'extrême rien qu'en imaginant la scène. Seigneur, quelle honte ! Et il m'a vu dans cet état. Mais le pire...
— Qu'ai-je fait d'autre ?
Je suis certaine que ça ne s'est pas arrêté là. Si mon esprit a décidé d'effacer une partie de la soirée, c'est sûrement pour une bonne raison.
— Te comporter comme une sale gamine capricieuse. Crois-moi, j'ai eu envie de te donner une fessée.
Malgré moi, je souris et me pince les lèvres afin de dissimuler mon rictus, tout en baissant la tête. Zaiden qui me donne une fessée... je ne suis pas contre cette idée.
— J'ai dû te traîner en-dehors de ce club, tu ne voulais pas collaborer.
— Désolée, soufflé-je, sincèrement.
— Ouais, tu peux l'être, crache-t-il. En attendant, je m'en fous si ça te plaît ou non, tu vas boire ce cocktail parce que je t'ai déjà suffisamment supporté cette nuit pour en prime devoir t'entendre geindre pendant toute la sainte journée.
J'ignore pourquoi, je suis persuadée qu'il n'est pas aussi furax à cause de ce qui s'est produit au club. Me cache-t-il quelque chose ? Je lui poserais bien la question, mais vu le regard noir qu'il me lance, je réalise qu'il vaut mieux que je m'exécute avant qu'il ne perde ce qu'il lui reste de patience.
Peu assurée et l'air toujours aussi écœurée, je rapproche le verre, hésitante.
— Cul sec !
J'arque un sourcil, puis le fixe, l'air mauvais.
— Si je crève, tu me dois des funérailles grandioses.
— Si tu crèves, je me débrouillerai pour te ressusciter juste pour te tuer à nouveau, marmonne-t-il, les mâchoires contractées.
— Tu veux à ce point me faire du bouche à bouche et me tripoter la poitrine ?
— Ava ! râle-t-il, agacé par ma bêtise.
— Ça va, hein ! Ne me presse pas, sinon je vais vomir.
— T'as pas intérêt, sinon je te jure que je te fais tout nettoyer à l'aide du bout de ta langue !
Beurk ! Quelle image agréable, dis donc !
— Sadique.
— Gamine.
— Crétin.
Il se pince les lèvres, ferme les yeux et pousse un soupir tellement long que je sens son souffle me chatouiller les joues.
— Si tu ne le bois pas tout de suite, je te promets que j'attrape un entonnoir, te le fourre dans la gorge et te fais avaler de force.
Je le fixe, horrifiée, mais je sens mon esprit se tortiller sous la menace. Il est sérieux.
— T'es un vrai tyran...
— Non, je suis juste fatigué de devoir te gérer comme une gamine.
Sa dernière remarque m'agace plus que tout, alors rien que pour lui prouver qu'il a tort sur toute la ligne, je bois ce truc infect sans même y réfléchir. Je me pince le nez et au bout de cinq gorgées, le verre est vide. Je sens le jaune d'œuf cru glisser dans ma gorge, je manque de tout recracher. Je suis vraiment tentée, mais la menace de Zaiden est bien trop présente dans mon esprit.
Écœurée, je réprime une nausée et repose le verre sur le comptoir. Un rot m'échappe tandis que mes yeux se remplissent de larmes. Maudit Tabasco à la con !
— La prochaine fois que tu voudras boire sans penser aux conséquences, repense à cet instant. Je suis certain que ça te remettra les idées en place.
— T'es vraiment...
Nouvelle nausée.
Hâtivement, je couvre ma bouche de ma main. Il est hors de question que je nettoie mon vomi avec ma langue. Le connaissant, il serait vraiment capable de m'obliger à le faire.
Il n'attend même pas que je reprenne ma phrase. Une fois certain que je ne vais pas tourner de l'œil, il quitte la cuisine et je l'entends s'enfermer dans sa salle de sport. Pendant ce qui reste de journée, je n'ai plus à faire à lui, alors que j'aurais réellement eu besoin d'une distraction afin de m'empêcher de cogiter.
Oui, j'aurais vraiment aimé passer ma journée à me disputer avec lui plutôt qu'à ressasser cet appel d'hier. Celui qui m'a poussé à faire vivre à Zaiden une soirée d'enfer.
❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️
Zaiden a repris sa revanche 🤣 mais Ava n'arrête pas de rajouter une couche à chaque fois qu'elle l'ouvre avec ses phrases à double sens qui le rendent maboule 🤣
On apprend aussi plus par rapport à son stalker... Ça fait froid dans le dos 😖
Quoi qu'il en soit, j'espère que ce chapitre vous a plu !
On se retrouve mercredi prochain pour la suite ! ❤️
Bon week-end !
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