Chapitre 78...
– Cours Matteo ! Plus vite ! Lui intime Alexanne en étant devant.
Le jeune garçon ne peut s'empêcher de regarder derrière lui, ce qui le ralentit. Il n'en revient pas ses yeux. Après tout ce qu'il a vu dans cette attraction, avoir des bombes de feu qui tombent derrière lui est quelque chose de flippant.
D'extrêmement flippant même. Mortel.
– Putain Alexanne !
Le garçon se décide à arrêter de tourner la tête et se concentre sur sa course pour rattraper son amie. Intérieurement, il espère que le Dieu de son Anabuela va les aider. Elle a toujours été religieuse. En même temps, la religion était assez ancrée pour sa génération. Et l'Espagne était très croyante.
– On ne va pas tenir longtemps à ce rythme ! Craint Matteo de nouveau aux côtés d'Alexanne.
– L'adrénaline va nous aider, t'inquiète...
Il est vrai que voir ces boules de feu tomber du ciel leur a donné un sacré coup de booste niveau adrénaline. Les deux étudiants ne doivent surtout pas flancher au risque de se faire écraser par ces boules aussi grosses que les boules de démolition sur un chantier.
Voyant Matteo tenté de retourner la tête à nouveau, la jeune femme lui attrape la main, le forçant à rester concentré. Matteo est surpris par ce geste mais en même temps, il éprouve de la gratitude tout en étant impressionné par elle. Il se dit qu'elle doit être vraiment attachée à ses amis pour risquer sa vie une deuxième fois dans cet enfer.
Matteo sait qu'il ne pourra jamais être avec elle. Il ne sait même pas si une fois sortis de l'attraction, elle et ses amis se souviendront de lui. Son lien avec elle n'était pas présent dans la réalité d'avant leur passage dans l'attraction. Il a été créé de toute pièce à la sortie de la jeune femme. En réalité, et Matteo le réalise seulement, il n'est qu'un pion placé par le forain pour distraire la jeune fille. Lui faire oublier sa réalité.
Sa prise de conscience rend le jeune garçon assez démoralisé.
– On va s'en sortir, lui assure Alexanne en serrant sa main dans la sienne, on va tous y arriver. Et quand on sera sorti, on se retrouvera pour manger les meilleurs tortillas du monde ! Celles de ton Abuelita.
Cette dernière remarque laisse penser à Matteo qu'Alexanne a déjà le même rapprochement que lui. Elle a peut-être compris également qu'ils risquaient de ne pas se retrouver à la sortie.
– Et tu n'as pas encore goûté ses churros !
– J'ai hâte !
C'est alors qu'une boule de feu vient exploser à un mètre d'eux, les propulsant violemment.
*
Caroline, Gabin, Lexy et Oliver dévalent la pente le plus vite possible. Ils doivent se dépêcher avant que le forain ne comprenne leurs intentions. Si jamais il n'est pas déjà au courant...
– J'espère que tout va bien pour Alex et Matteo, s'inquiète Lexy.
Oliver, à l'avant du cortège, la rassure avec affirmation :
– Ils vont y arriver. On connaît Alexanne. On sait que rien ne peut lui résister.
Gabin approuve les paroles de son ami. Il faut dire que la jeune femme les a bien surpris avec toutes les ressources dont elle dispose pour parvenir à ses fins. Elle s'est retrouvée dans un monde où toutes les traces de ses amis avaient disparu mais elle ne s'est pas laissée faire. Et elle a réussi à les retrouver.
– On n'est plus très loin de l'eau, les prévient Caroline au même niveau qu'Oliver.
En effet, l'eau n'est plus qu'à quelques mètres. Elle suit son cours dans une mélodie fascinante. Accompagnée par un chant d'oiseaux. Le premier que les étudiants entendent depuis leur entrée dans l'attraction.
– C'est bon signe du coup d'entendre les oiseaux ? Interroge Gabin.
Tout le monde veut le croire. Ils veulent croire en leur libération prochaine.
Caroline est la plus impatiente. Elle qui a passé une vingtaine d'années d'enfermée dans cette attraction se demande comment sera la vie à sa sortie. Qu'en sera-t-il de ses parents ? Seront-ils présents à son retour ? La jeune femme avait dix-sept ans quand elle a été prise au piège. Est ce que son apparence changera une fois délivrée ? Est-ce qu'elle aura l'air d'une femme de trente quatre ans ? Comme Dimitri ?
Caroline chasse toutes ses questions de sa tête. Il faut qu'elle reste concentrée pour l'instant. Ils ne sont pas encore tirés d'affaire.
– On y est ! S'exclame Gabin.
Les étudiants ne sont plus qu'à deux mètres de l'eau.
– On a juste à aller dans l'eau pour pouvoir sortir d'ici ? N'en revient toujours pas Lexy.
Oui. Il faut y croire.
Oliver et Caroline sont les premiers à atteindre la rivière.
Mais, juste au moment où ils vont pour entrer dans l'eau, celle-ci disparaît, comme par enchantement.
Les étudiants regardent le cours d'eau disparaître sans rien comprendre.
Et la voix qu'ils connaissent se met alors à raisonner entre les arbres :
– Vous ne croyiez tout de même pas que j'allais vous laisser sortir comme ça...
*
Matteo atterrit lourdement contre un arbre en poussant un cri de douleur. Sa tête a frappé violemment contre le tronc, le faisant saigner. Le jeune homme se redresse en chancelant et tenant sa tête pleine de sang. Un épais voile de fumée et de poussière recouvre la zone où a eu lieu l'explosion de la boule de feu. Des bosquets et des branchages sont en feu. Matteo se met alors à tousser en sentant la fumée lui prendre la gorge.
– Alexanne ! Crie-t-il en cherchant des yeux son amie.
Le fait de ne pas obtenir de réponse pousse le jeune homme à accélérer sa remise sur pieds pour aller chercher son amie.
D'autres boules de feu continuent à tomber autour de lui mais Matteo est seulement concentré sur Alexanne. Il a peur pour elle. Il se met à craindre le pire.
Soudain une forme sombre se dessine derrière un rocher. Matteo évite des boules de feu puis se met à courir en direction de cette forme. Il chancelle légèrement dans sa course mais il doit se dépêcher au cas où son amie soit blessée.
C'est bien Alexanne qui est allongée derrière le rocher. Une orientation peu commune de son pied droit laisse penser qu'il est cassé. La jeune femme a dû être projetée violemment par l'explosion sur le rocher avant de tomber à plat ventre, ce qui lui a cassé le pied.
Lorsqu'il arrive à son chevet, la jeune femme gémit de douleur. Matteo est rassuré. Elle n'est pas morte.
– Alexanne ! Je suis là !
Le garçon s'agenouille à côté d'elle pour l'aider à se remettre sur les fesses. Alexanne se laisse faire, non sans manifester sa douleur. Et en la retournant, le garçon comprend pourquoi.
En plus de son pied cassé, la jeune femme a un éclat de la boule de feu coincée dans le bas du ventre. Matteo s'empêche de pousser un cri de surprise en voyant cela. Il enlève son t-shirt puis le plaque contre la blessure de la jeune femme afin d'arrêter l'hémorragie.
– Je vais te relever maintenant, tu vas t'appuyer sur moi d'accord.
Il n'a pas besoin de lui préciser que cette action va faire un mal de chien à la jeune femme. Elle le sait et en a bien conscience. Alexanne hoche la tête tout en prenant sur elle. Matteo ne prend même pas la peine de faire un décompte et relève son amie d'une traite. Alexanne lâche un hurlement de douleur. Matteo s'excuse auprès d'elle un milliard de fois avant de la prendre afin de la maintenir.
– Il va falloir que tu maintiennes la pression sur ta blessure.
Alexanne hoche la tête avant de prendre le t-shirt de son ami. Elle remarque alors son torse nu. Le garçon est couvert de bleus ou de blessures en tout genre à peine cicatrisée. Elle aperçoit également du sang agglutiné à l'arrière de sa tête.
– On n'est plus très loin ! L'encourage Matteo en essayant de presser le pas.
La jeune femme sautille sur son pied valide. Elle ne sent même plus son pied droit. Matteo continue de la porter tout en essayant d'oublier ses douleurs à lui.
– Les fioles ! S'écrit soudainement Alexanne.
Le duo s'arrête alors et la jeune femme fouille alors la poche dans laquelle elle les avait mises. En les sentant intactes dans sa poche, Alexanne pousse un long soupir de soulagement.
– On ne devrait pas les prendre tout de suite ? Demande alors Matteo. Ça éviterait de risquer à nouveau de les perdre ou de les casser.
Il n'a pas tord dans son raisonnement. Alexanne sort donc les fioles de sa poche et en donne une à Matteo avant d'avaler le contenu de la sienne. Matteo l'imite et avale cul sec le liquide de sa fiole. Puis il reprend contre lui son ami et continue leur chemin le plus rapidement possible.
Les boules de feu sont toujours dangereuses et pleuvent sans interruption autour d'eux. Mais le duo ne se fera pas avoir une seconde fois et calcule sa trajectoire en fonction des boules tombantes.
Ils finissent par arriver à la fin du chemin et devant un bâtiment vétuste. Les deux amis sont à bout de souffle.
Mais ce n'est pas fini.
Le forain se tient devant le bâtiment au bois sombre. Il porte son emblématique chapeau melon et son monocle. Il est en train de lisser sa moustache à l'aide de sa main droite.
Les deux étudiants s'approchent de lui en silence. Le forain ne bouge pas d'un poil et ne dit pas un mot tant que les deux joueurs ne sont pas face à lui.
– Vous ne croyiez tout de même pas que j'allais vous laisser sortir comme ça ? N'est-ce pas Alexanne...
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