– On l'a une nouvelle fois échappée belle, lâche Lexy en se retournant vers ses camarades.

Les autres approuvent puis se mettent à observer le nouvel endroit où ils viennent d'atterrir. Ils se trouvent dans un espace assez difficile à décrire. Ils ne sont ni dans un endroit extérieur, ni dans une pièce ou une maison. Leur espace se compose de sable fin de couleur beige ainsi que d'un plafond ou d'un ciel plutôt sombre. Aucune fenêtre n'est visible. Leur seul lumière semble provenir de l'espace en lui-même.

– On est où là ? Demande Alexanne afin d'avoir une description.

Caroline lui répond tout en ne sachant pas vraiment comment décrire cet endroit.

Alexanne prend tout de même le peu d'explication fournie par sa camarade et essaie de se représenter l'endroit dans sa tête. Sa cécité lui pèse énormément. Elle se rend compte que la vision est un don très précieux. Oliver est dans le même cas qu'elle.

– Il n'y a pas d'écriture ? Demande Oliver, soutenu par Gabin.

– On n'en voit pas pour l'instant, lui répond Caroline.

Matteo est auprès d'Alexanne et essaie de communiquer avec le geste et le toucher. Tous deux en sont arrivés au code suivant : un tapotement sur le bras veut dire « oui », deux tapotements signifient « non ». Alors Alexanne se met à poser des questions à son ami quant à cet endroit.

Le groupe finit par prendre la décision d'avancer même si aucun chemin n'est tracé. Tout n'est que sable, dans toutes les directions. Les étudiants marchent donc dans une direction sans savoir vers où cela va les mener. Ils guettent par ailleurs tout indice qui pourrait leur permettre de définir à quel Dieu ils vont avoir affaire. Car après deux portes, ils ont compris que leur épreuve est sur le thème des dieux romains.

– Ça pourrait être qui selon vous ? Demande Caroline afin de voir si ses compagnons ont plus d'idées qu'elle.

– Pour l'instant, on a que du sable... répond Oliver sans grande sûreté. Il faut voir après.

Soudain, leur endroit se met à bouger. Les étudiants s'arrêtent de bouger tout en essayant de garder leur équilibre.

– Un tremblement de terre ? Questionne Lexy avec surprise.

La secousse se fait de plus en plus forte si bien que ses amis et elle finissent par tomber. Les étudiants regardent de partout en se demandant ce qui se passe.

C'est alors qu'une chose encore plus folle se produit. Leur univers se met à basculer sur le côté, les entraînant dans une glissade vers l'inconnu. Ils essaient de s'agripper à quelque chose mais rien, à part du sable, ne se trouve à leur disposition.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? Veut savoir Alexanne terrifiée.

La jeune fille est cramponnée à Matteo qui n'arrive pas à la rassurer à cause de son mutisme. Caroline essaie de décrire ce qui se passe tout en maintenant ses cris de peur. Les étudiants glissent toujours puis finissent par se détacher du sol pour tomber.

Ils crient tout en tombant et atterrissent sur du sable. La hauteur de la chute fait qu'en atterrissant, ils se sont enfoncés dans le sable.

– Tout le monde va bien ? S'empresse de demander Oliver en s'asseyant.

Les autres se redressent tout en s'époussetant et Matteo et Gabin reprennent leur place auprès de leur ami aveugle.

– On a atterri dans du sable, décrit Lexy. C'est assez bizarre comme chute.

– Oui, on a glissé contre une sorte de paroi car la terre semblait se retourner et on est encore dans du sable, complète Caroline.

Gabin se met alors à genou puis trace quelque chose à l'aide de son doigt. Il attire ensuite l'attention de Lexy qui vient vers lui.

– Sablier, lit-elle avant de dire, il nous refait le coup du sablier ?

– C'est différent, lui montre Oliver, cette fois-ci on est tous à l'intérieur.

– J'ai l'impression qu'il y a moins de sable que la dernière fois, non ? Demande Caroline à destination d'Oliver qui s'était retrouvé dans le sablier.

– Le sable se remplissait plus vite lors de la première partie, analyse-t-il tout en tâtant son environnement. Par contre, le sablier était beaucoup plus étroit aussi.

– Toujours par de nom ? Intervient Alexanne.

Matteo lui fait le code du deux tapotements tandis que Lexy lui répond à voix haute. Caroline et elle sont restées assises dans le sable. Leur blessure leur fait énormément mal et elles ont peur de saigner encore plus.

Gabin lâche alors son ami quelques instants avant d'aller auprès d'elles. Il les regarde intensément tout en montrant leur blessure avec la main.

– Pour l'instant c'est supportable, lui répond Caroline. Mais je crains que si on perd trop de temps, on n'arrivera pas à finir l'épreuve.

Lexy hoche la tête, approuvant totalement la réponse de sa camarade. Le jeune homme se met alors à genou puis écrit dans le sable :

– Je pense que... lit Caroline en même temps. ... le sable va remplir... de plus en plus... notre sablier et... que nous devons... trouver la porte.

La jeune femme relève ensuite la tête vers lui avant de dire :

– Tu vois une porte quelque part toi ? Car moi non.

En effet, aucune porte n'est visible pour l'instant. Marcher est inutile également car s'ils se trouvent vraiment dans un sablier, leur surface est réduite.

Le tremblement de terre refait son apparition. Les étudiants sont secoués à nouveau avant d'être entraînés sur le côté tout en glissant.

Ils finissent par tomber et c'est en tombant que Caroline remarque quelque chose d'écrit contre un pan du sablier. L'écriture est limite transparente. C'est pour cela qu'il ne l'avait pas vue avant.

Les étudiants atterrissent dans une surface encore plus remplie en sable et après avoir demandé à tout le monde s'ils allaient bien, Caroline fait part de ce qu'elle a vu :

– C'était écrit Saturne tout à l'heure contre un mur du sablier.

– Je ne me souviens plus de qui c'est celui-là, avoue Oliver.

Les autres ne semblent pas avoir d'idée également.

– Il doit être un dieu dont on entend moins parler, essaie Caroline.

Les autres n'ajoutent rien, toujours dans l'optique de trouver la porte qui les transportera ailleurs.

Ils sont de plus en plus recouverts par le sable si bien que Lexy vient à demander :

– Comment il s'appelle déjà celui qui a bouffé ses enfants ?

– Le père de Zeus et tout ? Lui répond Alexanne en essayant de voir ce qu'elle veut dire.

– Oui, c'était bien le dieu du temps celui-là...

– C'est Cronos, lui rappelle Alexanne, mais c'est un Titan.

Matteo se met alors à écrire dans le sable avant d'attirer l'attention des filles.

– Il a voulu manger ses enfants, non ? Lit Lexy avant de lui répondre à l'affirmative.

Cette information laisse Matteo pas très serein. Il a peur que le Forain leur ait concocté la même fin.

Un nouveau tremblement et les étudiants ont l'impression que les secousses sont de plus en plus rapprochées. Ce tremblement est accompagné d'un grondement qui glace le sang aux étudiants. Tous se regardent en se demandant si Cronos ne se rapproche pas.

– Il va venir nous manger, prend peur Lexy, ôtant les mots de la bouche à Matteo.

– On doit trouver la sortie.

C'est alors que leur glissade vers l'autre partie du sablier commence. Tombés de l'autre côté, le sable les recouvre jusqu'à leurs aisselles.

– On a presque plus de temps, comprend Alexanne.

– Toujours pas de porte en vue, lui rappelle Caroline.

– Elle doit être presque invisible, continue la jeune fille, comme les écritures.

L'hypothèse d'Alexanne est prise en compte par les quatre voyants qui se mettent à regarder les parois. Le grondement se fait à nouveau entendre et donne la chair de poule à tout le monde. Ils sentent que le titan est en train de se rapprocher. Ils le savent mais ils sont piégés à l'intérieur de ce sablier géant. Ils ne peuvent pas s'enfuir à moins de trouver la porte.

– On va avoir une dernière chance pour trouver la porte, prévient Oliver, car après, on sera trop enterrés.

Ils ont déjà essayé de se dégager mais ils ont remarqué qu'ils n'y arrivent pas. Une trop grande partie de leur corps se retrouve à chaque fois dans le sable.

Un nouveau basculement se fait, accompagné de son tremblement et de sa glissade. En tombant, Gabin aperçoit finalement la porte. Il avertit ses amis une fois le basculement terminés.

– Comment on fait pour se diriger vers la porte alors que l'on glisse ? Demande Lexy.

Le sable leur arrive au niveau de la tête. Au prochain retournement du sablier, ils seront enterrés.

– Il va falloir que l'on saute, propose Caroline.

Le grondement de Cronos se fait de nouveau entendre. Il est si fort qu'il fait vibrer le sablier.

– Il sera là au prochain basculement, comprend Alexanne avec une voix apeurée.

D'ailleurs, le sablier se met encore à trembler, préparant le prochain retournement.

– C'est maintenant ! Prévient Lexy en haussant la voix pour être entendue.

Les étudiants se mettent à glisser tandis que des yeux rouges et gigantesques apparaissent au loin.

Gabin désigne la porte tout en s'approchant d'Oliver. Matteo agrippe Alexanne fermement. Les étudiants voient la porte presque invisible sur la paroi d'en face. Ils doivent sauter au bon moment s'ils espèrent la traverser. Un saut trop tard ou trop tôt les condamneraient.

– Sautez ! Annonce Caroline en espérant ne pas s'être trompée dans son calcul.

Le groupe appuie ses pieds contre la paroi afin de sauter vers la porte d'en face. Tandis qu'ils sautent, Cronos fait son apparition en poussant un cri tout droit sortant des enfers. Alexanne se met à crier tout en étant collée à Matteo.

Caroline est la première à passer la porte. Puis vient Lexy et Gabin. Puis Oliver. Enfin Alexanne traverse alors que Cronos vient d'agripper le sablier entre ses mains gigantesques.

Lorsque Matteo franchit la porte, le Titan secoue tellement fort le sablier qu'il se brise en éclat. Matteo se cogne alors contre le battant de la porte et atterrit dans le nouvel endroit assommé.