Chapitre 52...

Matteo est exténué. Il se laisse tomber sur son lit en poussant un grand soupir. Encore une journée sans rien. Encore une journée où il n'a rien trouvé. Pas le moindre indice. Pas la moindre piste. L'étudiant doit rendre visite à son amie le lendemain. Il ne sait pas ce qu'il va lui dire. Et sans le vouloir, le garçon s'endort d'un coup.

Le lendemain, Matteo marque une pause devant l'entrée de l'hôpital des Sœurs Thomas. Il n'imaginait pas Alexanne dans un établissement comme celui-ci. Le jeune homme grimpe les marches puis entre dans le bâtiment avant de se diriger vers l'accueil. Après une semaine d'internement, la jeune fille a enfin obtenu le droit de se faire visiter. Et encore, la visite ne dépassera pas une heure.

Un infirmier conduit Matteo dans un couloir avant de le faire monter dans l'ascenseur. Arrivé quelques étages plus haut, ils traversent un autre couloir puis finissent devant une porte. L'infirmier ouvre et Matteo peut enfin voir son amie. Alexanne est debout contre un mur, les yeux rivés vers son unique fenêtre. En entendant la porte s'ouvrir, le sourire de la jeune fille s'élargit et elle saute littéralement dans les bras de Matteo. Ce dernier la rattrape, surpris de son attitude.

– Mon chéri ! Tu es venu me voir !

Sur ces mots, l'infirmier préfère s'éclipser et referme la porte derrière lui. Alexanne reste quelques instants fourrée dans les bras de Matteo avant de finalement se dégager.

– Excuse moi pour l'accueil mais vu que je leur fais croire que mon traitement est efficace, il faut bien que je fasse comme si je me souvenais que tu étais mon petit copain.

La jeune fille s'assoit sur son lit tout en regardant le garçon. Matteo esquisse un sourire gêné en passant une main sur sa nuque :

– Oui, oui c'est logique.

Il remarque la chaise posée devant un bureau en vieux bois foncé et l'attrape pour s'asseoir devant la jeune fille.

– Alors, comment c'est ici ?

Alexanne lui fait un signe de se rapprocher, ce que fait le garçon, puis finit par répondre :

– Pour l'instant ça va. Tous les matins, je fais croire à mon infirmière que je prends mon cachet. En gros je le mets dans la bouche, boit l'eau pour l'avaler sauf que je ne l'avale pas. Je le garde dans la bouche et me mouche par la suite. Et c'est en me mouchant que je vire cette saloperie.

– C'est quoi ce cachet ?

– Un truc pour traiter ce que j'ai, dit-elle en faisant des guillemets avec ses mains, mais d'après ce que j'ai vu sur des gens ici, ça te rend plus légume qu'autre chose.

– Tu n'as pas peur qu'ils remarquent ton stratagème et le fait que tu ne te transformes pas en légume ?

Alexanne remet une mèche derrière ses cheveux puis se pose à quelques centimètres de son interlocuteur.

– Si, c'est pour ça qu'il faut que tu me fasses sortir d'ici.

Elle se décale par la suite afin d'observer Matteo. Ce dernier ne sait pas quoi répondre. Comment lui, un étudiant, pourrait la faire quitter un hôpital qui semble assez surveillé.

– Je fais ça comment ?

Décidément, cette Alexanne est vraiment particulière. Elle n'a pas grand-chose à voir avec la Alexanne qu'il connaît. Celle qu'il connaît est douce, sensible, gentille, rigolote. Bref, elle le fait craquer. Alors que celle-ci... Elle l'inquiète de plus en plus.

– Matteo, reprend Alexanne, j'ai trouvé quelqu'un qui est au courant pour l'attraction.

Ces mots font écarquiller les yeux du garçon.

– Elle a trouvé quelqu'un ? Ici ? Pense-t-il intérieurement. Moi j'ai beau eu faire le tour de toute la ville, j'ai rien trouvé...

– Il s'appelle Dimitri, il doit avoir dans la trentaine et je pense que la fille fantôme que l'on a rencontré avec mes amis est une amie à lui, lui raconte-t-elle.

– Et... tu... tu es sûr de ce qu'il raconte ?

– Il m'a décrit le devant de l'attraction exactement comme je l'ai vu.

Matteo hoche la tête. Il reste quelques instants à réfléchir avant de poser une question :

– C'était en quelle année ?

– 2002 pour lui.

Le garçon rentre cette date dans sa tête, il compte faire des recherches afin de voir s'il s'est passé quelque chose de particulier à cette date, une disparition ou un truc du genre. La jeune fille reste à le fixer avec espoir. Elle a l'impression que le témoignage de Dimitri lui donne du crédit à son récit. Enfin, elle a la preuve qu'elle n'est pas folle et qu'elle n'a pas rêvé tout ce cauchemar.

Soudain, Alexanne se souvient d'un détail :

– Et pour la porte ? Tu as trouvé quelque chose ?

– Non rien... désolé, lui répond son ami peu fier. J'ai beau retourner là où on était allé, je ne trouve rien...

Alexanne baisse les yeux déçue par ce point là. Trouver la porte comme lui a dit Oliver est très important pour qu'elle retrouve ses amis. Et pour qu'elle sorte de cet hôpital aussi. Elle ne peut pas le quitter sans aller directement à la fête foraine. Car sinon, elle serait retrouvée et elle serait enfermée pour de bon cette fois-ci.

– Bon, finit-elle par dire, je cherche ce que pourrait être cette porte et toi de ton côté, tu regardes pour l'année 2002 et tu surveilles les fêtes foraines du coin, d'accord ?

Le garçon hoche la tête. Il espère que la prochaine fois qu'il reviendra la voir, il aura du nouveau.

*

Septembre est arrivé. Matteo n'a pas revu Alexanne depuis ce jour du mois de Juillet où il était allé la voir. Il a appris que dans les jours qui ont suivi sa visite, la jeune fille a été démasquée. Les docteurs se sont rendus compte qu'elle ne prenait pas son médicament et lui ont donc interdit toute visite pour reprendre son traitement à zéro. Le garçon ne sait même pas si les parents d'Alexanne ont pu lui rendre visite par la suite. Il ne sait pas ce qui est arrivé à la jeune fille.

Le garçon essaie de suivre le cours qu'un professeur donne dans son amphithéâtre. La reprise a été dure pour lui. En un mot, il n'avait aucunement envie de reprendre les cours tout en sachant Alexanne enfermée. Et puis, l'Europe Médiévale n'est pas le sujet qui le passionne. L'étudiant gratte quelques mots sur sa feuille en regardant sans arrêt l'heure.

Après avoir vu Alexanne, il était retourné chez lui et avait cherché des informations concernant l'année 2002. Mais il n'avait rien trouvé. Pas un article sur une fête foraine. Pas une disparition dans la ville. Rien.

*

Maurice Jacob patiente dans sa voiture devant le campus de sciences humaines. Il attend Matteo Gómez. Cela fait maintenant deux semaines qu'il le suit. Maurice ne sait pas vraiment pourquoi il fait cela. Il sait juste que début Août, il était retombé sur une vieille affaire datant de 2002 où un jeune homme prétendait que ses amis avaient disparu dans une attraction. À l'époque, Maurice était jeune policier. Il quittait de peu l'école de formation. Ce n'était pas lui qui avait été en charge de l'affaire, mais un vieil enquêteur aujourd'hui à la retraite. L'affaire avait été vite classée et le jeune homme hospitalisé pour schizophrénie. En relisant ces rapports, Maurice n'avait pas cru en la coïncidence. Deux personnes, à presque vingt-ans d'écart, ne pouvaient pas tenir les mêmes propos. Surtout si elles ne s'étaient jamais rencontrées.

Il y avait un truc. Ça, l'instinct du capitaine en était sûre.

Soudain, il aperçoit Matteo sortir de l'université. Le policier sort de sa voiture pour aller à sa rencontre. L'étudiant marche en direction de la station de bus.

– Matteo Gómez ? L'interpelle-t-il en arrivant dans sa direction.

Le jeune homme s'arrête surpris en voyant le policier.

– Qu'est-ce que vous voulez ? Demande l'étudiant en cherchant ce qu'il aurait pu faire qui fasse qu'un policier vienne l'arrêter.

– Si je vous dis que j'ai des raisons de croire à l'histoire de votre amie, vous me suivez dans ma voiture ?

Matteo fixe le policier un instant. Il ne sait pas s'il doit le croire ou pas. Il se méfie.

– Écoutez, reprend le capitaine, en faisant du rangement dans les archives, je suis tombé sur une vieil affaire où une personne a raconté la même chose à propos d'une attraction.

– Ça s'est passé en 2002 ? Demande Matteo sous l'effet de l'espoir.

Maurice reste un instant à regarder le garçon. Il n'a aucune idée de comment ce gamin a pu avoir cette date.

– Comment vous êtes au courant, demande-t-il.

– Je crois qu'Alexanne a le type dont vous parlez.

Le capitaine hoche la tête puis entraîne le garçon avec lui.

– Et bah moi j'ai le capitaine qui était en charge de cette affaire et je vous amène avec moi pour le voir.



****

Nouveau chapitre ! :) 

Maurice Jacob entre dans l'action :)

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