Chapitre 50...

Alexanne est assise devant le bureau du capitaine Jacob. Derrière elle, ses parents observent la scène inquiets. La psychologue Juliette Robert a également été appelée. Matteo se trouve contre la porte, là malgré lui.

– Merci de votre aide Capitaine, commence Juliette, mais je crois que la suite de la discussion va se dérouler dans mon cabinet.

– Je n'irai pas. Affirme Alexanne en croisant les bras.

– Alex... commence son père.

– Mademoiselle Genêt, le coupe le docteur, votre état ne vous donne pas la possibilité de refuser.

Sophie Genêt lève la tête vers cette femme. Elle ne supporte pas la façon dont elle s'adresse à sa fille.

– Madame Robert, intervient-elle, ma fille n'a jamais été du genre à fuguer. Si elle l'a fait, il y a forcément une raison.

Alexanne est surprise d'entendre sa mère la défendre. Jusque là, elle avait plutôt l'impression qu'elle était du côté du médecin.

La femme semble perdre patience.

– Je vous attends là bas. Venez, c'est pour le bien de votre fille que je vous le demande, termine Juliette en accentuant son côté attendrissant.

La famille Genêt ne répond rien et Juliette Robert profite de ce silence pour s'éclipser. Le capitaine attend que la porte soit de nouveau fermée pour s'adresser aux parents d'Alexanne :

– Vous devriez aller à ce rendez-vous, je pense que cette psy a raison. Votre fille a tenu des propos étranges lorsque nous l'avons attrapée.

– Faites comme si j'étais pas là surtout... Ironise la jeune fille.

André Genêt se contente de remercier le policier avant d'entraîner sa famille avec lui. Ils sortent du bureau et referment la porte en silence.

Maurice Jacob soupire en fermant les yeux. Au fond de la pièce, Matteo se demande quoi faire. Il ne sait pas s'il doit partir ou si le policier compte lui parler. Le garçon va pour ouvrir la porte quand le capitaine l'interpelle :

- Monsieur Gómez attendez. Il faut que je discute avec vous.

*

André conduit la Skoda de sa femme en silence. Aucun bruit est perceptible dans cette voiture. Sophie ne cesse de lancer des regards à sa fille. Cette dernière se contente de regarder le paysage par la vitre sur la banquette arrière.

– André ? Tu vas où ? Demande soudainement sa femme en voyant que son mari ne reprend pas le chemin de la maison.

– Alexanne a besoin d'aide chérie...

Tout à coup, Alexanne panique en voyant une inscription sur un panneau de signalisation : « Hôpital Psychiatrique des Sœurs Thomas ». Sophie voit également ce panneau. Elle regarde son mari sans comprendre.

– André ! Tu ne peux pas choisir pour nous !

– Papa ! Je ne veux pas y aller... s'il te plaît...

Alexanne commence à avoir les larmes aux yeux. Elle sait que si elle est internée dans cet endroit, elle ne pourra pas aller à la recherche de ses amis.

André ne répond rien et s'engage dans l'allée menant à l'institut psychiatrique. La voiture traverse d'abord une voie dessinée avec des haies puis arrive sur un parking fait en gravier. Un grand château en pierre blanche, rénové et aménagé en hôpital se dresse alors devant eux. Le docteur Juliette Robert ainsi qu'un infirmier sont debout devant les escaliers du bâtiment. André gare la voiture devant eux puis se tourne vers sa fille. Alexanne le regarde avec les larmes aux yeux puis murmure avec une voix tremblante :

– Papa... s'il te plaît, ne...

– Tu vas rester là Alexanne, la coupe son père, c'est pour ton bien.

Alexanne se met à pleurer et se tourne vers sa mère, espérant obtenir son soutien.

– Sophie, elle a fugué. Imagine ce qui aurait pu arriver si elle était tombée sur quelqu'un de pas net...

Sophie baisse les yeux pour cacher ses larmes. André ouvre alors sa portière et se tourne vers les deux médecins.

– Combien de temps ?

– On va faire le traitement de base. Il faut qu'Alexanne reste avec nous pendant un mois environ.

Le père de famille acquiesce puis ouvre la portière arrière afin que sa fille sorte de la voiture. Alexanne est assise de l'autre côté de la voiture et refuse de bouger. André se baisse alors vers sa fille :

– Ne rends pas la chose plus difficile s'il te plaît...

Alexanne ne répond pas et ne bouge pas plus. Juliette fait alors signe à l'infirmier pour qu'il aille aider le père de sa patiente. L'infirmier ouvre la deuxième portière arrière puis attrape la jeune fille. Alexanne se met à crier en se débattant. L'homme la maintient fermement puis l'amène à l'intérieur du bâtiment.

– Vous avez fait le bon choix. Souligne Juliette Robert en s'adressant à André Genêt.

L'homme ne répond rien et remonte dans sa voiture. Il remet le contact et prend cette fois-ci le chemin de sa maison. Sa femme à côté de lui ne dit rien. Elle n'en revient pas que son mari ait pris cette décision seul. Elle aurait pensé qu'il lui en parlerait.

– Je suis désolé... Dit André en jetant un œil à Sophie.

*

– Alexanne n'est pas folle, monsieur le capitaine de police, continue Matteo en fixant son interlocuteur.

L'homme se penche vers le jeune garçon et pose ses deux coudes sur son bureau.

– Depuis quand la connaissez-vous ? Quels sont vos relations ?

– Je connais Alexanne depuis la rentrée de septembre, on a d'abord été camarades de classe avant de sortir ensemble. Je connais cette fille. Elle a changé après sa disparition. C'est comme si c'était une autre personne, vous voyez ?

– Ce que vous décrivez s'apparente à de la schizophrénie vous savez ?

Maurice Jacob regarde cet étudiant assis devant lui. Il voit que ce gamin a un truc à lui dire mais il n'arrive pas à cerner ce que c'est.

– Écoutez, reprend Matteo en voyant qu'il n'arrive pas à se faire comprendre, le problème d'Alexanne n'est pas un truc avec une double personnalité ou je ne sais pas.

Le jeune homme ferme les yeux pour réfléchir.

– Vous connaissez la science fiction ?

Le capitaine regarde son interlocuteur avec surprise.

– Pourquoi il me parle de science fiction lui ? Se demande-t-il intérieurement.

– Euh oui, mais je ne vois pas le lien...

– Alors, vous voyez ce que je vous dit si je parle d'autre dimension ?

– Hein ?

– Je pense que même si on a l'impression qu'Alexanne est complètement folle, mais je crois qu'elle dit vrai quand elle parle de ses amis. Avant que vous nous trouviez, elle a eu une sorte de vision où elle m'a dit avoir vu ses amis ainsi qu'un forain qui lui a tiré dessus.

– C'est peut-être dû à...

– Honnêtement capitaine, le coupe l'étudiant, qui survit à deux balles tirées dans la poitrine ainsi que le bas du ventre ouvert ?

La question du jeune homme laisse le policier sans voix. Il est vrai que lui-même avait trouvé cela miraculeux qu'Alexanne soit toujours vivante après des blessures de cette portée.

– Je vous dis que la Alexanne que vous avez trouvé dans ce champ n'est pas celle d'avant sa disparition. Elle a vécu quelque chose que l'on ne peut pas imaginer.

Maurice Jacob ne sait que dire. En tant qu'être sensé il ne peut croire ce que ce garçon essaie de lui raconter. C'est un homme logique. Pour lui, toute enquête a une conclusion qui se base sur des preuves. La science fiction pour lui n'existe que dans les films.

Maurice se lève puis fait le tour de son bureau pour aller ouvrir la porte de son bureau.

– Restez joignable, nous en avons fini pour le moment.

Matteo soupire en voyant qu'il n'a pas été entendu puis se lève. Il quitte la pièce en saluant le policier puis prend le chemin de sa maison. En rentrant chez lui, Matteo se dit qu'il ne va pas abandonner. Et puis, ce policier doit sûrement attendre des preuves pour le croire... Matteo sait alors ce qu'il doit chercher.

L'ennui est qu'il ne sait pas où.


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Hello ! Deux chapitres cette semaine car il n'y en a pas eu la semaine dernière :)

La bise !

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