Chapitre 46...

– Alors... réfléchit Alexanne en ramenant ses genoux vers elle sur son lit, toi et moi on est ensemble...

Matteo, assis sur sa chaise de bureau en face d'elle, la regarde avec étonnement.

– Bah oui... ça fait plusieurs mois d'ailleurs...

– Sérieux ?! Lâche Alexanne sans se maîtriser.

Le jeune homme se ferme en se redressant sur son siège. La jeune fille le remarque et tente de se rattraper.

– Excuse-moi mais avec ce qui est arrivé, j'ai du mal à me souvenir de tout...

Matteo accepte cette excuse puis vient s'asseoir à côté d'elle.

– Tu... tu veux en parler...?

– Je ne préfère pas. Répond Alexanne.

Même si elle avait voulu discuter avec lui, Alexanne ne l'aurait pas fait. Elle ne connaît pas ce garçon. Elle n'a aucune idée de comment elle s'est retrouvée à sortir avec. Et elle sait que si elle lui racontait ce qui lui était vraiment arrivé, il la prendrait pour une folle. Alors Alex se tait et se met à fixer ses pieds.

Matteo regarde sa copine avec une pointe de tristesse. Il pensait que sa relation avec elle était différente de toutes celles qu'il a eu auparavant. Pour lui, Alexanne est différente des autres filles, c'est pour cela qu'il l'aime. Il sait aussi qu'elle vient de vivre un moment horrible, elle a été enlevée puis miraculeusement retrouvée par un agriculteur.

– Qui sait ce qui a pu lui arriver entre ces deux moments... Se dit Matteo tout en la regardant.

Alexanne se lève d'un coup et lui propose à boire. Matteo accepte un verre de jus de pomme et la jeune fille quitte la chambre pour aller chercher leur boisson. Pendant ce temps, le garçon observe cette chambre. Elle semble plus grande que celle qu'il a chez sa mère en appartement. Il n'a pas la plus grande chambre, il a préféré la laisser à Juanita, sa grand-mère. Chez son père, en Espagne, Matteo n'a aucune idée de la taille de sa chambre. D'ailleurs, il ne sait même pas s'il en a une. Il n'y est jamais allé et son paternel ne l'a jamais invité. Même pas pour son mariage ni la naissance de sa fille.

Matteo se lève du lit pour parcourir la chambre. Il s'approche du bureau en souriant. Alexanne a ressorti la page d'agenda où il avait noté son numéro plus tôt dans l'année, avant qu'ils ne sortent ensemble. Matteo se souvient encore de leur rencontre. Première année de fac d'histoire, lui en retard pour un TD sur l'Europe pendant la Renaissance, une seule place disponible dans la salle et une rencontre historique.

Les yeux de Matteo se pose par la suite sur les quelques photos accrochées sur un tableau en liège au dessus du bureau. Des photos d'Alexanne avec ses parents, plus jeunes, de cette année avec des filles de la fac... Pas de photos d'eux par contre. Soudain l'attention de Matteo est dirigée vers un post-it collé au bois du tableau. Dessus, trois prénoms sont écrits mais un seul est écrit plusieurs fois :

– Oliver... lit-il.

Matteo lit ensuite les deux autres prénoms :

– Gabin... Lexy...

Le garçon regarde ce papier perplexe.

– C'est qui ?

Soudain, le bruit de la porte le fait sursauter et se retourner d'un coup. Alexanne le regarde avec deux verres de jus de fruits à la main.

– Qu'est-ce que tu fais ? Demande-t-elle en se rapprochant.

– Euh rien... je... découvrais ta chambre... bafouille Matteo en passant une main dans ses cheveux.

La jeune fille ne dit rien puis lui tend un verre. Le garçon boit une gorgée toujours gêné. Alexanne le regarde avec surprise et boit à son tour. Matteo ne peut s'empêcher de regarder à nouveau le post-it sur lequel sont notés des prénoms qu'il ne connaît pas. Alexanne surprend son regard puis vient décrocher ce papier pour le mettre dans un tiroir.

– C'est... qui ? Demande Matteo poussé par sa curiosité.

– Des personnes que tu ne connais pas.

Matteo pose le verre sur le bureau.

– Pourquoi le prénom Oliver est écrit plusieurs fois ?

Le garçon fixe sa copine tout en posant la question. Il guette une quelconque réaction de sa part. Alexanne pose à son tour son verre avant de lever les yeux vers Matteo.

– Tu... tu ne comprendrais pas.

– C'est sûr que si tu ne m'expliques pas, je ne comprendrais pas.

La jeune fille regarde ce garçon. Elle ne comprend pas pourquoi il la connaît alors qu'elle n'a aucune idée de qui il est. Néanmoins, elle sent que ce qu'il ressent pour elle est sincère et elle ne veut pas le blesser non plus. Alors Alexanne inspire un bon coup avant de dire :

– Oliver est un garçon qui habite en face de chez moi. Enfin, il y habitait. Mais apparemment pas aujourd'hui... Car apparemment mes voisins n'ont jamais eu de fils du coup...

– Attends... quoi ? La coupe Matteo complètement perdu.

– Ce que je veux dire c'est que ce sont trois personnes que je connais mais qui semblent ne pas exister ici...

– Hein ?

Matteo est complètement largué face à ce que la jeune fille essaye de lui dire.

– Trois personnes qu'elle connaît mais qui n'existent pas...?

– Est-ce que... tente-t-il, c'est dû à ce qui t'est arrivée ?

– Oui ! Lui répond Alexanne frénétiquement et les yeux pleins d'espoirs.

Elle va pour rajouter autre chose mais Matteo est plus rapide.

– Tu... tu as besoin de te créer des amis imaginaires pour surmonter tout ça ?

Là, le visage de la jeune fille se ferme et elle ne répond pas. Matteo sent qu'il vient de sortir une connerie. Il tente un rapprochement vers elle mais se voit repoussé.

– Laisse moi... je... je suis fatiguée...

– Alexanne...

– Non.

Pour appuyer ses dires, la jeune fille s'allonge sur son lit en lui tournant le dos. Matteo la regarde un instant, hésitant, puis finit par sortir de la pièce. Alexanne attend d'entendre la porte d'entrée s'ouvrir puis se fermer pour se redresser sur son lit. Elle savait que ce Matteo ne comprendrait pas. Elle le savait pourtant.

– Pourquoi je lui ai dis moi...?

*

Un après-midi, la mère d'Alexanne vient toquer à la porte de sa chambre. La jeune fille est sur Internet en train de parcourir les actualité. Sophie Genêt s'approche de sa fille et pose une main sur son épaule.

– Tout va bien ma chérie ?

– um...

– Tu n'invites plus ton ami Matteo...? Ça fait un petit moment...

Alexanne ne répond pas. Sophie Genêt fixe sa fille parcourir les nouvelles régionales.

– Tu cherches quelque chose ?

– Des informations datant du jour où on m'a retrouvée...

– Pourquoi ?

– Je sais pas. Savoir comment ça s'est passé. Si j'étais seule...

Sophie attrape les mains de sa fille avant de la tourner vers elle.

– Ma chérie... tu étais toute seule. Il n'y avait personne d'autres où cet agriculteur t'a trouvée...

Alexanne se met à pleurer. Sa mère la regarde sans comprendre.

– Mais... pourquoi tu pleures...?

– Oliver... Oliver...

La jeune fille se met à répéter ce prénom sans s'arrêter. Sophie Genêt est complètement désemparée. Elle ne comprend pas l'obsession de sa fille avec cette personne imaginaire. Elle a même peur pour elle. Peur que ce qui lui est arrivée ne l'ait totalement traumatisée au point de la rendre folle. Elle espère qu'elle a tord et que ce sera juste passager...

Parce que sinon, pour le bien de sa fille, Sophie Genêt devra employer les gros moyens.

Après avoir réconforté sa fille, Sophie Genêt la laisse dans sa chambre à ses recherches. La femme descend les escaliers pensive.

– Et s'il était déjà trop tard ? Se demande-t-elle inquiète.

En bas des marches, elle se tourne vers la porte de chambre d'Alexanne. Elle tient trop à sa fille pour risquer de la perdre pour toujours. Les yeux de Sophie se tournent alors vers le téléphone.

– Madame Robert saura sûrement me conseiller...

Alors Sophie attrape le téléphone pour appeler la psychologue de sa fille.

Elle ne se doute pas des conséquences de cet appel...

Pas encore du moins.

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