Chapitre 44...

Les paupières d'Alexanne sont la première chose que la jeune fille fait bouger. Son visage grimace par la suite et ses yeux essayent de s'ouvrir. Une lumière blanche, aveuglante, lui fait pousser un gémissement et Alexanne referme les yeux.

– Chambre 301, la patiente se réveille. Lance une voix que la jeune fille ne connaît pas.

Alexanne essaye une nouvelle fois d'ouvrir ses yeux mais en vain. Des pas résonnent et d'autres voix entrent dans sa chambre en discutant.

– Quelqu'un a prévenu sa famille ? Demande une voix grave.

– Je m'en occupe docteur. Répond une voix de femme.

Peu à peu les yeux d'Alexanne s'habituent à la lumière. En les ouvrant enfin, la jeune fille peut voir où elle se trouve. Alex aperçoit un plafond blanc composé de carrés et de petites lumières. À sa droite se trouve une grande fenêtre. Elle peut voir le ciel. Il est bleu. Il semble faire chaud dehors. De l'autre côté se trouve un lit vide et une armoire. Un docteur et deux infirmières se tiennent devant elle.

– Alexanne !

Madame Genêt fait irruption dans la pièce et vient auprès de sa fille. Sophie Genêt a les larmes aux yeux. Voir sa mère fait également monter les larmes auprès d'Alexanne et elle éclate en sanglot. Toute la peur qui s'était accumulée dans l'attraction sort à ce moment là. Alexanne avait tellement eu peur de mourir et de ne jamais revoir ses parents. La jeune fille veut se relever afin de prendre sa mère dans ses bras mais la douleur la fait rester au lit.

– Allez-y doucement jeune fille, vos blessures ne sont pas encore guéries. L'informe le docteur.

Sophie se poste à côté de sa fille et prend sa main gauche dans la sienne. À ce moment là, son père entre également dans la salle et vient se mettre vers elles. André Genêt pleure. Alexanne ne l'a jamais vu pleurer. Le sanglot de la jeune fille redouble et elle tourne sa tête afin de se blottir dans les bras de sa mère.

– Mon bébé tu peux pas savoir comment on était inquiets... Tu avais disparu si longtemps...Pleure Sophie en tremblotant. La police disait que les chances de te retrouver vivante étaient presque nulles...

– Vous m'avez tellement manqué... J'ai eu si peur là-bas...

André passe ses bras autour d'elles afin de les entourer toutes les deux.

– Ma fille est une battante, elle ne se laisse pas facilement avoir, n'est-ce pas ? Lance-t-il en essayant de maîtriser sa voix.

Alexanne se blottit encore plus contre eux et sans le vouloir elle s'endort.

*

Lorsqu'Alexanne se réveille il fait nuit. Ses parents sont assis sur deux chaises près d'elle. Ils dorment. La jeune fille se met à regarder leur visage. Ils sourient dans leur sommeil. Le sourire se dessine également sur son visage. Sur une table de chevet posée à côté d'elle se trouve une carafe d'eau ainsi qu'un verre rempli. Quelques magasines y sont également déposés. Alexanne se met assise doucement en ne pouvant s'empêcher de grimacer. Une fois assise, elle passe sa main sous sa tunique de chambre afin de tâter sa poitrine. Deux bandages se trouvent à l'endroit où elle a reçu les deux balles. Un autre où elle a été ouverte dans le bas du ventre. Alexanne se saisit par la suite du verre et boit un grand coup. Sentir l'eau couler dans sa gorge lui fait du bien. La jeune fille a l'impression qu'elle n'a pas bu depuis très longtemps.

Une infirmière passe dans le couloir et ouvre doucement la porte de la chambre. Lorsqu'elle voit Alexanne assise, elle se dépêche de venir auprès d'elle en chuchotant afin de ne pas réveiller ses parents :

– Restez allongée Mademoiselle, sinon vous allez faire sauter les poings de suture.

– Je pourrais avoir quelque chose à manger, s'il vous plaît ? Je meurs de faim.

– Je vous apporte ça tout de suite.

L'infirmière termine de border Alexanne puis appuie sur un bouton qui fait relever le haut de son lit. Par la suite elle sort de la chambre sans fermer la porte. En l'attendant, Alexanne prend l'un des magasines et commence à le feuilleter. Elle lit quelques articles portant sur l'Italie et sur le carnaval de Venise.

L'infirmière revient par la suite avec une pomme et un petit paquet de gâteaux. Alexanne ouvre le paquet doucement et se saisit d'un gâteau. Lorsqu'elle le met dans sa bouche, une onde de plaisir traverse tout son corps et elle a comme l'impression qu'elle rentre dans son matelas.

C'était comme si elle n'avait pas mangé depuis des années.

Alexanne s'enfile la moitié du paquet en même pas dix minutes puis croque dans la pomme. Là encore, elle mange en souriant comme une malade. Elle n'a même pas le temps de finir la pomme car sans qu'elle ne l'attende, le sommeil refait une nouvelle fois son apparition.

Alors Alexanne pose sa pomme à moitié entamée sur un mouchoir puis se blottis dans ses draps avant de s'endormir à nouveau.

*

Le lendemain, la jeune fille est réveillée par les bruits de passages dans le couloir. Lorsqu'elle immerge, ses parents sont vers elle, une tasse de café à la main. Ils ont des cernes énormes malgré le fait qu'ils aient dormi. Sa mère est la première à la voir et elle se penche vers elle afin de l'enlacer. Alexanne lui rend son câlin en s'accrochant à elle.

– Comment ça va aujourd'hui ma chérie ? Demande par la suite son père en lui caressant la tête.

– Bien, juste un peu mal au ventre à cause de mes blessures, lui répond sa fille en souriant.

La famille continue à discuter un petit peu avant que le docteur ne fasse son apparition dans la chambre.

– Mademoiselle Genêt, comment allez-vous aujourd'hui ?

Le docteur, un homme d'une quarantaine d'année, typé indien s'approche de la jeune fille doucement tandis qu'Alexanne lui répond. Il regarde ses bandages, vérifie son pouls et tout ce qu'il a à vérifier. Une fois son travail terminé, il met les mains dans les poches de sa blouse avant de lui dire gravement :

– Vous avez de la chance d'être en vie mademoiselle, c'est rare qu'après tant de temps une personne portée disparue soit retrouvée vivante... surtout avec les blessures que vous avez...

Alexanne baisse la tête en prenant en compte ce qu'il dit.

– Excusez-moi si je suis trop indiscret, mais... comment avez-vous fait ?

Le regard de la jeune fille se relève vers lui puis vers ses parents. Eux aussi semblent vouloir savoir ce qui lui est arrivée. Ils n'ont sans doute pas eu le courage de lui demander directement.

Les mains d'Alexanne agrippent les draps tandis que les souvenirs commencent à refaire surface. Tant de choses se sont passées. La jeune fille ne sait même pas comment commencer : ses souvenirs...Oliver...

Son sang ne fait qu'un tour dans ses veines et elle se redresse vivement.

– Où est Oliver ? Est-ce qu'il va bien ? Et Lexy et Gabin ?

Le docteur la regarde avec surprise avant de se tourner vers ses parents. Alexanne s'attend à ce qu'ils lui disent que ce sont ses amis mais bizarrement, eux aussi la regardent avec surprise.

– Qui ça ma chérie ?

Alexanne la regarde choquée.

– Comment ça «qui ça ?» ? se demande-t-elle intérieurement.

– Oliver ! Le fils de notre voisine qui a perdu son mari. Lexy, ma meilleure amie ! Et Gabin son copain ! On est dans la même fac tous les quatre...

L'illumination est absente. C'était comme si Alexanne parlait de total inconnus à sa mère. Sophie regarde son mari sans savoir quoi dire. Ce dernier réfléchit un instant avant de répondre finalement.

– Je ne savais pas que les voisins avaient un fils...

Alexanne ne comprend plus rien, aussi elle se tourne vers le docteur.

– Je n'étais pas la seule à avoir disparue, j'étais avec trois de mes amis. Ils ont dû être également retrouvés non ?

Le docteur se gratte la tête avant de dire :

– Je suis désolé mais il n'y a eu que vous...

– Comment ça que moi ?

– Vous avez été la seule à être portée disparue et la seule retrouvée dans cet espace de deux mois...

Alexanne sent ses mains commencer à trembler.

– Ce n'est pas possible...prend-elle peur intérieurement.

– Non, non, je suis sûr de moi, continue son père dans sa réflexion, Christine et Samuel n'ont pas d'enfant...

– Mais si ! C'est Oliver, mon ami d'enfance ! Il était même resté chez nous quand son père est décédé.

– Samuel n'est pas mort, Alex... et ils n'ont pas d'enfant, je le sais, ils sont venus chez nous il y a deux semaines...

– Quoi ?! Mais si...

La tension de la jeune fille commence à monter. Des tremblements ont pris possession de son corps tout entier. Elle a également de plus en plus de mal à contrôler sa respiration.

– Oliver... se met-elle à répéter entre deux souffles.

Le docteur s'approche d'elle en essayant de le faire la regarder dans les yeux.

– Alexanne, calmez vous. Respirez normalement, tout va bien...

– Oliver... Oliver... Oliver...

– Alexanne, calmez-vous, regardez moi.

Le médecin lui attrape les bras. La jeune fille se met à crier en se débattant férocement.

– Oliver ! Oliver ! Ce n'est pas possible ! Pas après tout ce que l'on a vécu !

Le docteur essaye de la maîtriser mais Alexanne ne se laisse pas faire. Elle devient hystérique. Elle entend le médecin appeler une infirmière et quelques secondes après, une aiguille se plante dans son bras. Alexanne crie de plus belle jusqu'à ce que l'aiguille soit retirée.

– Alexanne, calmez-vous, tout va bien... continue à répéter le docteur.

Puis, petit à petit, la jeune fille sent qu'elle se calmait. Sa respiration recommence à redevenir normale. Sa tête tombe contre son oreiller. Le docteur lui lâche les bras sans la quitter du regard.

Alex entend des sanglots et se dit qu'ils doivent provenir de sa mère qui pleure.

– Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Veut savoir son père avec inquiétude.

Le docteur passe de leur côté du lit.

– Vous connaissez les personnes qu'elle a citées ?

– Non... elle ne nous en a jamais parlées...

Le docteur discutent un instant avec ses parents tandis que de son côté, Alexanne lutte afin de ne pas s'endormir.

– Je vais demander à ce que l'un des psychologue de l'hôpital vienne la voir, finit par dire le médecin.

– D'accord, merci docteur...

Le docteur les salue avant de jeter un coup d'œil à sa patiente et de sortir de la chambre.

De son côté, Alexanne sent des larmes monter. Néanmoins, la piqûre est plus rapide. Et la jeune fille s'endort avant de pleurer.

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