Lexy marche sur sa plateforme en essayant de ne pas regarder en bas. Elle n'arrive même pas à imaginer combien de mettre de profondeur ce trou peut bien faire, et ne veut surtout pas s'imaginer à quoi peut bien ressembler cette «chose» qui est en train de remonter le trou.

– Tout va bien pour tout le monde ? Demande Gabin sans quitter ses pieds.

– Oui, pour l'instant. Répond sa copine.

– On va dire que ça va... Continue Oliver, progressant petits pas par petits pas.

– Ne regarde pas le vide, tout va bien se passer... Lui conseille Alexanne.

– T'es marrante... le vide est partout autour de moi, comment tu veux que je fasse ?

Les étudiants continuent d'avancer et Lexy est la première à arriver au bout de sa plateforme. Une fois là, elle regarde autour d'elle sans savoir quoi faire.

– Les gars, je suis coincée, je fais quoi maintenant ?

Alexanne, Gabin et Oliver lèvent la tête vers elle afin d'analyser sa situation puis Oliver leur montre quelque chose plus loin et surtout plus haut.

– Regardez, il y une autre plateforme violette là bas ?

– Je fais comment pour l'atteindre ? Les interroge Lexy en cherchant autour d'elle un chemin ou au moins un indice.

Personne ne sut lui répondre. Les autres reprennent leur marche afin de voir si la réponse ne se trouve plus loin. Puis soudain, Alexanne les avertit d'une voix forte :

– Regardez bien le sol, j'ai failli marcher sur une sorte de bouton.

– Quelle sorte de bouton ? Demande Lexy intriguée.

– Et bah, on dirait une sorte de carré de couleur violet. Mais il y a un chiffre dessus. C'est écrit trois.

– J'en ai un moi aussi ! Lance Gabin par la suite. Sur le mien, c'est indiqué deux.

Les trois étudiants se tournent tous vers Oliver. Ce dernier est toujours en train de marcher à petit pas sur sa plateforme. Il marmonne aussi des choses que les autres ne peuvent pas entendre tout en regardant le plus loin possible devant lui.

– Oliver, il va falloir que tu regardes ta plateforme, lui annonce Gabin en suivant sa progression des yeux, tu dois aussi avoir un bouton violet.

– Vous... vous êtes sûrs...?

Ses amis pouvait clairement voir que ça allait être compliqué pour lui.

– Regarde juste deux secondes au moins. Essaye Alexanne avec une voix douce. Tu baisses les yeux deux secondes lorsque tu arrives à notre hauteur et puis tu les relèves vite après.

Oliver la regarde un petit moment avant de relever la tête et d'accepter. Il continue donc à marcher tandis que Lexy, Gabin et Alexanne suivent sa progression. Puis, une fois qu'il est à leur hauteur, ces dernier lui font d'arrêter de marcher et de regarder sa plateforme. Le jeune garçon respire plusieurs fois tout en serrant ses poings, un moyen comme un autre de rassembler son courage, puis baisse rapidement les yeux à son sol avant de les relever.

– J'ai aussi le carré violet. C'est écrit un dessus.

Oliver est félicité par ses amis pour avoir réussi à surpasser sa peur l'espace d'un instant puis Lexy fait par de sa remarque:

– À mon avis ce sont les boutons qui débloquent la suite de mon chemin. En gros, si vous n'appuyez pas dessus, je ne peux pas avancer.

– C'est aussi ce que je pense. Confirme Gabin en hochant doucement la tête. Oliver, tu es prêt ? C'est toi qui a le bouton un.

Ce dernier marque son approbation d'un mouvement de tête puis appuie sur le bouton. Gabin presse le sien et finalement c'est au tour d'Alexanne. Une fois les trois boutons comprimés, les étudiants attendent tous de voir ce qui va se passer pendant des secondes qui leur paraissent une éternité. Et puis, soudain, la plateforme de Lexy se met à trembler et un mur se forme à son extrémité. Ce n'était pas un mur en fait, mais plutôt une sorte d'escalier qui allait la mener à la plateforme du haut qu'Oliver avait montré précédemment.

La jeune femme attend que l'escalier soit complètement fini avant de commencer à monter tandis que les autres reprennent leur marche.

Tout à coup, Lexy entend le cri du monstre des profondeurs qui se fait de plus en plus fort. Comme s'il se rapprochait dangereusement...

Un rire glaciale se met à résonner dans toute la pièce puis la voix horrible du fantôme se fait entendre :

– Vainquez le gouffre ou il vous mangera dans dix minutes...

Les étudiants s'arrêtent d'un coup, stupéfaits.

– Dix minutes ? C'est tout ? S'insurge Alexanne.

Ils n'ont pas encore parcouru la moitié du gouffre...

– Il faut que l'on accélère ! Lance Gabin en commençant à marcher plus rapidement.

– Il est marrant lui mais moi je ne peux juste pas, pense Oliver. Je suis tellement paralysé que je me demande comment je fais pour avancer déjà. Je déteste le vide. À chaque pas que je fais, j'ai l'impression que le vide est en train de se rapprocher de moi, qu'il m'attire, qu'il cherche à me faire tomber vers lui.

– Je suis au bout de mon chemin ! Indique Gabin. Je vais avoir besoin de vous les gars !

– J'ai trouvé ton bouton, mais j'ai le numéro trois ! Dit Lexy au dessus de leurs têtes.

– J'ai le un. Termine Alexanne peu de temps après.

De son côté, Oliver continue à marcher sans avoir accéléré. Il ne peut pas.

– Oliver, il va falloir que tu te dépêches un peu, il nous reste moins de dix minutes... Lui lance Gabin.

Le jeune garçon serre les dents en essayant d'accélérer un peu. La sensation est horrible. Il a super chaud et transpire beaucoup. Oliver commence même à voir flou, ses mains tremblent tandis que ses genoux se transforment petit à petit en guimauve.

– Oliver... Entend-t-il de la voix de Lexy.

Le jeune garçon a maintenant les larmes aux yeux. Sa respiration s'accélère de plus en plus. Il a conscience qu'il est un poids pour tous les autres. Et malgré toute la volonté qu'il a de se dépêcher, ses jambes refusent de lui obéir.

Une larme se met à couler sur sa joue quand l'horrible vérité prend forme dans ses pensées : – Nous ne sortirons pas vivants de cette «attraction», nous allions mourir, ici, maintenant, et tout ça à cause de moi, à cause de ce putain de vertige sur lequel je n'ai aucun pouvoir. Ce putain de vertige qui me domine entièrement.

Une autre larme coule sur sa joue et il s'arrête de marcher.

– Pardon. Lâche-t-il juste assez fort pour que ses amis puissent l'entendre.

Le jeune garçon baisse la tête, trop honteux, lâche aussi.

– Oliver tu peux y arriver ! Essaye de l'encourager Gabin.

Oliver se met assis doucement en secouant la tête.

– Non je ne peux pas y arriver, pense-t-il, c'est au dessus de mes moyens. J'ai déjà fait tout mon possible pour arriver jusque là mais là c'est fini. Je n'en peux plus...

Gabin et Lexy continuent à l'appeler mais leur ami se met dos à eux avant de cacher sa tête dans ses bras.

– Ils peuvent me détester s'ils le veulent. Moi même je me déteste à ce moment là.

– Vertige ! Vertige ! Je n'ai pas peur de toi ! Tu ne m'auras pas puisque papa est là !

Oliver tourne sa tête surpris. Cela fait plus de dix ans qu'il n'avait pas entendu cette chanson.

– Vertige ! Vertige ! Tu te crois si fort ?! Mais ce n'est pas vrai car tu n'existes même pas ! Chante Alexanne tout en le regardant.

Le jeune garçon se relève doucement tout en la fixant.

– Vertige ! Vertige ! Tu n'as pas peur de lui ! Il ne t'aura pas vu que je suis là pour toi...

– Alexanne...

– Chante avec moi ! Lui ordonna-t-elle d'une voix forte. Chante avec moi tout en marchant ! Tu es plus fort que lui Oliver !

Elle recommence la chanson tandis qu'Oliver se remet à marcher tout en chantant. Une nouvelle force semble être entrée en lui.