Chapitre 10...(corrigé)
La première chose que voit Gabin est cette boîte carrée aux murs faits dans un aluminium usé. Il ferme les yeux une première fois afin de chasser cette vision mais quand il les ouvre de nouveau, elle est toujours là.
Elle reste là à le hanter...
À côté de lui se trouve un petit garçon à la peu mate et aux cheveux hirsutes. Il porte un jean sale ainsi qu'un blouson de pluie jaune. Il se tient devant l'unique fenêtre percée dans la boîte et son regard ne se dégage pas de la scène qui se passe devant lui. Malgré lui Gabin se sent attiré par la fenêtre et ses jambes bougent toutes seules afin de le placer derrière le garçon. Il a maintenant accès au spectacle horrible qui se déroule à l'intérieur.
Au centre de la pièce se trouvent quatre personnes : deux garçons et deux filles d'environ 17-18 ans.
Le jeune homme veut baisser les yeux afin de ne pas voir ce qui va suivre. Mais il est comme ce petit garçon devant lui, paralysé. L'une des filles, celle au cheveux noirs jais, lève la tête en poussant un hurlement inaudible de l'extérieur. Puis elle se tasse sur sa chaise en haletant et regardant ses amis.
C'est là que son regard croise celui de Gabin pour la première fois. Juste l'espace d'une seconde. Elle n'a sûrement pas le temps de prendre conscience de sa présence.
Elle semble appeler ses amis mais ces derniers ne bougent pas. Ils se contentent de la regarder. Comme s'ils n'étaient plus conscient de ce qui se passait. La jeune fille lève à nouveau la tête en poussant cet hurlement inaudible mais que Gabin a l'impression d'entendre.
Il veut reculer pour s'enfuir mais il est comme bloqué par cette vision.
La jeune fille se tourne à nouveau vers ses amis. Sa bouche bouge rapidement mais le jeune homme ne peut « lire » ce qu'elle dit. Son bras se lève vers ses amis et Gabin sent son regard rencontrer le sien. Ils restent un instant à se regarder et le jeune homme a l'impression que ses forces s'échappent petit à petit...
– bin...
Il sait ce qui va se passer. Une larme se met à couler sur sa joue.
Le regard de la fille aux cheveux noirs semble le supplier mais il n'arrive pas à bouger. Puis elle a une sorte de sursaut avant de s'affaisser sur sa chaise. Morte.
– Gabin ! Réveille toi ! C'est un cauchemar !
Une sorte de vent se met à souffler. Le jeune homme regarde le petit garçon qui continue de fixer la fenêtre, il pleure et est tétanisé. Le vent se fait de plus en plus fort et ne semble le toucher que lui, les vêtements du petit garçon confortent cette idée.
Soudain, la boîte disparaît comme par magie et Gabin se retrouve attiré par quelque chose au dessus de lui. En montant, son regard ne quitte pas ce garçon qui se retrouve au milieu d'un champ, près d'une Fête Foraine et qui regarde tout autour de lui en haletant et pleurant.
Ce petit garçon qu'il connaît fort bien.
Lui enfant.
* *
Oliver suit cet homme qui n'arrête pas de lui parler en souriant. Il semble si réel. Mais en même temps cela semble si irréel.
Sans qu'il ne se rende compte, il quitte la Fête Foraine avec lui et arrive à sa maison. Sa mère semble les attendre sur le seuil de la maison et court vers son père avant de l'embrasser avec fougue. Oliver reste à côté en les regardant. Son père la serre fort contre lui avant de rentrer dans la maison. Le jeune garçon les suit à l'intérieur et s'installe à table. Sa mère a cuisiné tous les plats préférés de son père afin de fêter son retour de mission.
Oliver a toujours rêvé de vivre ce moment. Ce moment où son père serait venu le chercher à l'école comme il l'avait promis en rentrant de sa mission. Sauf qu'il n'est jamais venu. Il s'est fait tuer la nuit de son retour. Il avait été retrouvé tenant la photo de sa femme et de son fils. C'est donc sa mère qui était venue le chercher le lendemain après avoir appris la terrible nouvelle. Quelque part, du haut de ses 6 ans, le jeune garçon avait compris qu'il s'était passé quelque chose. Néanmoins, il s'imaginait qu'il avait juste eu un contretemps et qu'il serait à la maison le lendemain. Puis sa mère l'avait prise dans ses bras et lui avait dit ces mots déchirants : Papa ne rentrera pas à la maison. Jamais.
Là, le petit garçon avait compris. Mais, il ne voulait pas y croire. Pour lui, sa mère était une menteuse. Son papa ne les abandonnerait jamais.
Il s'était alors dégagé des bras de sa mère et avait couru le plus loin possible en appelant son père, son visage baignant dans les larmes. Le soir, sa mère l'avait retrouvé chez leurs voisins, les parents d'Alexanne. Ces derniers l'avait trouvé sous le jeu pour enfants dans le parc, à deux kilomètres de sa maison...
Oliver secoue la tête pour chasser ce souvenir horrible et ses yeux se posent sur son père qui discute avec sa mère à propos des gens qu'il avait secourus. Il se tourne ensuite vers lui avant de dire :
– C'était ma dernière mission avec Médecins Sans Frontière mon bonhomme. Papa est rentré pour de bon...
Sans pouvoir se contenir, le jeune garçon se met à pleurer en se jetant dans ses bras. Même s'il savait au fond de lui que rien de tout ça n'était vrai, il avait envie d'y croire.
Il ne voulait plus le perdre alors il allait y croire.
* *
Alexanne court dans la forêt à en perdre haleine. Derrière elle la Bête la poursuit dangereusement, la jeune fille est capable t'entendre les brindilles craquer sous la course de l'animal. Une branche lui griffe la joue et elle pousse un gémissement de douleur en continuant de courir. Alexanne ne s'arrête pas. Il ne faut pas qu'elle s'arrête. Si jamais elle s'arrêtait, la Bête la rattraperait et c'en serait fini pour elle.
Le bas de sa cape rouge se prend dans une ronce et la jeune fille tire dessus afin de la dégager. Elle tire tout en regardant la Bête arriver vers elle. Dans un mouvement désespéré, elle parvient à déchirer sa cape et reprend sa course de plus belle. Elle n'a aucune idée d'où elle va.
Elle court. Simplement.
Alexanne court pour sa vie.
Elle aperçoit par la suite la lisière de la forêt ainsi qu'une maisonnette en pierre blanche. De l'espoir émergea en elle. Si elle arrivait à atteindre la fin de la forêt elle pourrait appeler de l'aide et les habitants de la chaumière la sauveraient.
La jeune fille est tellement portée par cet espoir qu'elle ne voit pas la racine et trébuche, renversant par la même occasion son panier d'osier. Elle se remet rapidement debout, laissant son panier, mais est incapable de repartir. Alexanne se tourne lentement, très lentement. La Bête se tient juste devant elle, sur deux pattes, à moitié courbée, elle la regarde en montrant les crocs.
Ses yeux sont les mêmes que ceux qu'elle avait vus dans ses pires cauchemars...
– Tu ne peux pas m'échapper... Lui lance l'animal avec sa voix gutturale.
Les mains de la jeune filles se serrent sur le pli de sa robe. Elle est paralysée.
– Je vais te manger Petit Chaperon Rouge...
Un déclic.
Le regard d'Alexanne quitte la Bête pour se concentrer sur elle-même : la cape rouge, le panier...
Et c'est là qu'elle comprend : elle est plongée dans son plus grand cauchemar. Rien de tout cela n'est réel.
– Je ne suis pas le Petit Chaperon Rouge ! Se met-elle à crier à l'attention de la Bête qui se rapproche. Je ne suis même pas là !
Un vent se lève tandis que le souffle de la Bête se pose sur son visage. La jeune fille lève la tête vers le ciel en fermant les yeux :
– Réveille toi Alexanne... murmure-t-elle à elle-même, ce n'est qu'un cauchemar...
Le souffle de l'animal disparaît au même moment où Alexanne se sent aspirée par une force inconnue...
Elle ouvre les yeux et se retrouve auprès de Gabin. Elle met un moment à comprendre réellement ce qui vient de se passer puis regarde son compagnon. Il dort profondément mais n'est pas paisible dans son sommeil. Il a les traits tendus.
Il fait un cauchemar lui aussi, se met-elle à penser.
La jeune fille se dirige alors vers lui afin de l'appeler en le secouant pour qu'il se réveille.
– Gabin ! Gabin réveille toi ! Ce n'est qu'un cauchemar ! Gabin ! Réveille toi ! C'est un cauchemar !
Elle voit ses paupières bouger doucement puis la seconde d'après il se réveille. Il regarde autour de lui en haletant sûrement afin de vérifier que sa vision ne l'a pas suivi.
– Tout va bien Gabin, ce n'était qu'un cauchemar, dit Alexanne pour le rassurer.
Le jeune homme se rassoit doucement et la jeune fille demande :
– C'était quoi ton cauchemar ?
Il semble hésiter avant de répondre :
– Je... J'ai vu ma mort... et toi ?
– Le Petit Chaperon Rouge...
Gabin la regarde avec surprise mais ne relève pas. Puis Alexanne se lève afin d'essayer de trouver une sortie à cette endroit de malheur. Gabin se lève à son tour et une voix retentit :
– Vous n'êtes pas restés bloqués dans vos cauchemars. Vous pouvez rejoindre la réalité...
À ce moment là, un escalier en bois foncé apparaît devant eux, juste à côté du lit, et se prolonge jusqu'à la porte au dessus de leur tête. La même qu'ils ont emprunté en arrivant. Gabin et Alexanne se regardent surpris et puis montent sans un bruit.
* *
Le carrosse s'arrête devant les marches d'un immense château en cristal. Un portier vient ouvrir la porte à Lexy et elle agrippe sa robe de couleur ivoire avant de sortir de la voiture. La jeune femme monte ensuite les marches en cristal, précédée de l'homme qui est venu la chercher précédemment et ce dernier lui ouvre les grandes portes du château avant de s'incliner en la laissant passer.
Lexy rentre donc dans ce château de rêve en regardant tout autour de soi. C'est magnifique, exactement comme dans ses rêves...
Une fois au centre du hall du château, elle entend une porte s'ouvrir à l'étage et quelques secondes plus tard Il apparaît devant elle. Il est magnifique dans ce costume assorti à sa robe.
Il vient la prendre dans ses bras avant de l'embrasser.
– Tu m'as manqué Princesse.
La jeune femme pose son front contre le sien en fermant les yeux.
– Toi aussi Gabin...
Puis, l'homme qui était venu la chercher les laisse seuls. Lexy et son prince restent un bon moment sans bouger, savourant leurs retrouvailles.
C'est merveilleux... Comme Lexy voudrait que le temps s'arrête.
Gabin est le premier à se dégager puis lui tend la main en souriant pour l'inviter à le suivre. Elle lui prend sa main en lui rendant son sourire et ils vont de pièces en pièces, découvrant ce château de mes rêves.
Lorsqu'ils arrivent à la dernière pièce, leur chambre, ils se couchent sur leur lit en s'embrassant. La chambre est la plus grande pièce du château. Elle est composée d'un grand lit deux places à la parure en harmonie avec la couleur blanc-bleu du cristal, d'un dressing garni des plus belles robes que l'on pouvait imaginer, d'un tapis soyeux aux couleurs pastels, d'une coiffeuse en marbre blanc et de tous les mobiliers qui ont toujours fait rêver la jeune femme.
Gabin passe au dessus d'elle en l'embrassant dans le cou et Lexy savoure ce moment en fermant les yeux. Puis les lèvres du jeune prince se décollent de son cou et la princesse le sent la regarder.
Alors qu'elle s'attend à un regard plein d'amour et de désir, elle est surprise de le voir la regarder avec un regard sans expression. Un regard neutre.
– Gabin ?
– Tu sais que tout cela n'est pas réel Lexy... ? Sa voix semble différente.
Bien sûr qu'elle le sait... Elle n'est pas idiote.
La jeune femme détourne son regard sur le côté pour échapper aux yeux sans vie de son prince.
– Un jour nous construirons notre château. Ensemble. C'est promis. Mais pour l'instant il faut que tu te réveilles...
Lexy se met à grogner. Elle n'en a aucune envie. Elle n'a pas envie de se réveiller pour se retrouver de nouveau dans ce jeu horrible. Tout ce qu'elle veut c'est être avec lui dans ce château.
– Lexy... ?
La jeune femme repose son regard sur lui avant de passer ses mains dans ses cheveux pour l'attirer contre elle.
– Tais-toi. Lui ordonne-t-elle. Tu es le fruit de mon imagination alors tu dois faire tout ce que je veux...
Et elle l'embrasse. Il lui rendit son baiser ce qui fait sourire Lexy.
C'est elle qui contrôle tout cela.
Et elle ne compte pas se réveiller.
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