Quotidien



Je resserai les pans de mon châle en laine sur mon corps, non pas parce qu'il faisait froid bien au contraire, mais parce que je me sentais fragile face aux éléments déchaînes et que cela me rassurait, de tenir quelque chose. Je me retournai et m'avançai vers l'escalier intérieur. Mes cheveux blanchis par l'âge fouettèrent mes joues creusées. Je descendis la volée de marche jusqu'à arriver à une porte en bois de chêne. Je l'ouvris puis la refermai derrière moi. J'étais dans l'étage principale de la tour: le salon, qui servait aussi d'atelier. J'y passais une bonne partie de mes journées, comme c'était la plus comfortable. Je jetai, par habitude, un coup d'œil à la porte scellée. C'était pat celle-ci que j'étais rentrée, comme dans une prison. Je continuai à descendre l'escalier hélicoïdale, passai devant ma chambre et son lit à baldaquin, devant la grande bibliothèque, la réserve, et arrivai à la ferme. Les patates qui y poussaient ainsi que l'eau de pluie récoltée me permettait -heureusement- de vivre en autarcie. Je versai un peu d'eau sur la terre.

J'avais, au fil des années, établi une routine que je me forçais à respecter pour ne pas me laisser sombrer. Au réveil, après m'être lavée, j'allais inspecter les alentours et l'avancée du Grand Rideau depuis le sommet de la tour, puis je m'occupais des pommes de terre. Je lisais ensuite quelques heures avant de préparer à manger. Après le repas, je remontai quelques instants sur la terrasse avant de reprendre ma lecture jusqu'au soir. Une fois le souper consommé, je retournai en haut de ma prison pour admirer une dernière fois le paysage jusqu'à ce que la nuit tombe. Enfin, venait mon moment préféré: l'écriture d'une lettre.

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