En-fin
J'allai au sommet de la tour. Je pliai précautionneusement ma lettre en forme d'oiseau aux ailes étendues. Je fermai les yeux. Le vent était un torrent impétueux. Je la lâchai. Après quelques secondes, je les rouvris. Elle n'était plus visible. Mes derniers mots s'étaient envolés. Je m'assis face au Grand Rideau et attendis.
La nuit tomba. Comme d'immenses serpents, les traits de couleur de cet horizon de plus en plus proche s'emmêlaient, s'élevaient, se croisaient, chutaient, se mélangeaient. J'étais sereine. Je ne bougeais pas, devenue statue de marbre ornant le pic d'obsidienne. Nous étions invincibles, nous allions disparaître. Le matin vint. La colline avait disparu. La terre glissait en longs ruisseaux au pied de la tour. Les nuages avaient été repoussés depuis longtemps, et même le bleu du ciel s'était enfui. Il n'y avait plus qu'un mugissement continu, un hurlement: le cri de la fin. La tourmente était presque sur nous. Mon visage était fouetté par le souffle ardent de cette apocalypse. Je me levai en titubant face au déchaînement qui s'apprêtait à m'engloutir.
Et un miracle eut lieu. Soudain, une explosion, une bulle, mon dernier mot:
"Enfin"
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top