Ecrit grâce à, principalement, "All Along the Watchtower" d'Hendrix, mais aussi grâce à "Downhill" de Rishloo, "November Rain" de Guns and Roses et de "Living in the Past" de Riverside.

Le ciel était comme un fantastique brasier, tout en nuances de rouges et de jaune: l'ocre y côtoyait le mauve, le rose, l'ambre. Des nuages, longs coups de pinceau charbons aux contours déchiquetés, filaient à toute vitesse, soufflés par un vent semblable à un courant puissant et chaud, putride, charriant des cendres et une odeur de charogne. Chaque jour, il se faisait plus fort, sifflant en frottant sur les arêtes acérées de ma tour d'obsidienne.

Devant moi, rien que des plaines vides, orangées, des collines sans cesse abrasées, rongées par ce torrent de destruction. Même la route, auparavant si empruntée, avait fini par disparaître devant l'inarrêtable avancée du cataclysme. Il n'y avait, aux alentours, plus que moi, la gardienne, l'observatrice, le témoin de la fin du monde en marche, seule avec ma tour. Elle était comme un défi, la dernière volonté de braver la Nature, comme une ultime muraille de sable devant la mer montante. Même si destin était tout tracé, son combat désespéré la rendait grandiose.

Mes proches m'avaient abandonnés il y a plusieurs décennies déjà, tentant de fuir l'inévitable fin. Ils m'avaient laissée comme une sorte de preuve que, un jour, les hommes avaient vécus ici. Nul ne savait d'où venait cette immense barrière qui dévorait le monde, mais elle progressait sans jamais s'arrêter. Les océans les plus vastes, les montagnes les plus hautes, les armées les plus nombreuses, les magiciens les plus doués, les villes les plus vastes, tous avaient été avalés. Le Grand Rideau ne faisait pas d'exceptions. Ma disparition n'était donc plus qu'une question de temps. Un temps qui se faisait proche.