La guerre faisait rage. Ici, ailleurs, partout. Une terreur sans nom ni frontière, sans nationalité ou visage. Un fléau qui n'épargnait personne, encore moins les innocents.

Drago était bien placé pour le savoir : médecin, l'horreur du conflit ne l'avait pas épargné et l'avait emmené au cœur des combats. Il était jeune, l'âge d'aller au front comme ses milliers de jeunes hommes qui perdaient la vie sans distinction. Son diplôme de médecine en poche, il avait enfin ses rêves à portée de mains, ce dont il souhaitait depuis il était enfant. Ce fils d'aristocrates savait depuis toujours ce qu'il voulait : sauver des vies. Mais la guerre avait tout gâchée, tous ses projets et plus encore. C'était un idéal tout entier qui s'était effondré, tout ce en quoi il croyait depuis si longtemps. Parce que non, les hommes n'étaient pas tous bons, c'était tout ce que ce conflit sans fin lui avait appris. Une révélation des plus douloureuses qui lui était tombée dessus, sans qu'il ne puisse rien y faire. Il avait fallut changer, tout cacher, masquer le vrai Drago Malfoy qui survivait encore. Parce que oui, le rêveur irréaliste qu'il était ne pouvait pas survivre dans ce bas-monde !

Lorsque la guerre avait débuté, il avait fait partie de ceux qui ne pouvaient y croire. C'était impossible, comment une telle chose pouvait arriver ? Non, à cette époque, il ne pouvait simplement pas y croire.

Il faisait parti de cette génération sacrifiée. Ces jeunes gens que l'on avait contraint à grandir trop vite, que des combats qui les dépassaient avaient poussé à changer. A grandir, à se battre, à mourir s'il le fallait. Les tourments qui s'en suivaient n'étaient pas importants aux yeux de ce grand monde. Aux yeux des nations meurtries, même la vie elle-même n'était plus rien !

Dans les premiers mois de la guerre, Drago avait été blessé à la cuisse, le rendant inapte au combat. Ce sont ses compétences en médecine qui furent alors requiert. Il voulait sauver des vies, ici comme n'importe où et il y avait mis tout son cœur. Il souhaitait faire bouger les choses, apporter sa pierre à l'édifice comme tant d'autres. Il n'avait pas encore goûté à la noirceur de ces lieux, mais pouvait-on lui en vouloir ? Il était jeune, c'était bien suffisant pour lui pardonner sa naïveté.

Le front était là, à quelques kilomètres seulement de ce petit hôpital de fortune. Drago pouvait entendre la puissance des bombardements, le sol qui vibrait à chaque secousse comme mû d'une vie propre. A chacune d'elles, il ne pouvait s'empêcher de trembler, des images atroces défilaient déjà devant ses paupières closes. Des morts, encore et encore. Des corps blessés et mutilés, la chair détruite et le sang partout. Des jeunes hommes dont il aurait pu faire parti détruits, sans histoire et que l'on avait détruit à petit feu, jusqu'à ce que la mort daigne finir son travail funeste.

C'était atroce, affreux, sans mot. Toute cette misère, cette peur et cette douleur. Ces braves petits soldats sans avenir ni espoir, Drago voyait en eux son propre reflet, le reflet d'un monde imparfait et meurtri.

Les bombardements ne cessaient jamais. De jour comme de nuit, par tous les temps, par tous les jours, toujours ! C'était comme un éternellement recommencement, une journée condamnée à se reproduire à l'identique pour l'éternité. Il n'y avait ni répit, ni trêve et encore moins de fin. C'était une guerre sans fin !

Drago était de garde cette nuit-là. Une nuit comme les autres, sombres que les bombardements illuminaient brièvement et régulièrement. Une nuit qui avait apportée
son lot de blessés, arrivés dans la journée ou tard dans la soirée. Des gémissements, des grognements venaient briser ce silence de plomb, pesant sur les épaules du médecin. Un silence de mort qui lui donnait des frissons, un silence plein de menaces et de douleurs. Cette nuit emporterait surement quelqu'uns de ces jeunes hommes alités, emportés à leur tour.

Drago était las. Las de cette guerre, las de ses morts, las de cette peur qu'il connaissait bien à présent. Il fallait pourtant tenir bon, masquer ses sentiments qui le rendaient trop humain aux yeux de tous. Mais il savait mieux que quiconque combien cette terreur était commune à tous, soldats comme civils. Elle était encore plus présente que la mort ici, plus tenace, peut-être même aussi terrible. C'était incruster en eux, à leurs vêtements crasseux, à leurs traits fatigués, leurs mains ensanglantées. Ca faisait parti d'eux, d'eux et de lui.

Alors oui, le jeune médecin en avait assez, aujourd'hui plus que n'importe quand. Il n'y avait plus d'espoir, la peur et la mort l'avait détruit, ça comme tout le reste. Il n'y avait plus rien à quoi se rattacher, plus d'envie, de force, plus rien. A quoi bon se battre, à quoi bon survivre une journée de plus ? Peut-être que la place de Drago était au front, parce qu'ici la mort était plus présente que jamais, dans ce petit hôpital débordé qui manquait de tout. Il en avait assez de tout ça, de cette vie qui lui avait échappé depuis de longs mois !

La guerre lui avait tout pris. Ces convictions, son idéal, son rêve. Cette cicatrice monstrueuse incrustée dans sa chair le lui rappelait à tout moment, à chaque instant. Il voyait dans les yeux de ses patients, son propre calvaire, sa propre souffrance. C'était une plaie qui ne pouvait se refermer, une douleur qui ne cessait jamais, plus mentale que physique.

La guerre n'épargnait personne, même pas le fils d'une des plus grandes familles du pays. La guerre était comme une maladie dont l'on ne pouvait guérir, une blessure que rien ni personne ne pouvait soigner.

La guerre dévastait tout et Drago pouvait le sentir alors, il sentait cette horreur comme si elle était sienne. Il avait peur. Peur que ce conflit détruise ce qui lui restait d'humain, qu'à force de vivre l'horreur, il en devienne insensible. Ce soir, un soir comme tous les autres, la mort semblait plus présente et l'espoir toujours plus loin.

C'était la guerre !

Un court prologue pour commencer en douceur (pas sûre que ce soit la bonne expression sur le coup :')

Harry fait son apparition dans le premier chapitre où l'on rentrera assez rapidement dans le feu de l'action. Ce prologue sert plus à vous situer rapidement, expliquer le point de vu de Drago aussi. Ca sera important pour la suite.

Comme dit dans l'avant-propos, je ne suis pas une experte pour ce qui est des guerres alors les erreurs sont probables, j'en suis désolée. J'espère néanmoins que ça vous aura plu. Votez, commentez, reviewez (ça se dit ?), ça me fait toujours plaisir. Et je vous dis à très bientôt, Bye !