Chapitre 8 : Sentiments naissants
La nuit était longue. Le Soleil était couché depuis plusieurs heures déjà et Drago n'avait dormi que très peu malgré sa fatigue. L'obscurité régnait, étouffante et semblait peser sur ses épaules. Elle rendait l'air douloureusement dur, comme lors d'un jour d'été où l'orage se sentait partout. La chaleur était d'ailleurs épouvantable, rendant son corps tout moite. Les draps collaient à sa peau, alors qu'il tentait en vain de garder son calme et de rester sagement allongé dans son lit.
Il mourait d'envie de se lever, de quitter cet endroit et de reprendre son service. Tout en lui rejetait cette pensée, cette évidence, mais il crevait d'envie de voir comment se portait Harry. Il savait pourtant que ce dernier ne risquait pas grand-chose, le jeune médecin avait réagit rapidement. Il n'y avait donc pas de quoi s'inquiéter. L'angoisse n'était pas le seul motif, Drago voulait juste le voir. Et il se haïssait pour ça, d'être faible à ce point. Un coup d'œil à sa montre à son poignet suffit à faire mourir tous ses contres arguments. Il sauta du lit, s'habilla prestement, le tissu contre sa peau lui était réellement désagréable. Pestant contre la chaleur insupportable de la pièce, il quitta sa chambre sans penser à la nuit de sommeil qu'il venait de gâcher.
Drago ne croisa personne, le couloir miteux était complètement désert. C'était une bonne chose, il n'avait aucune envie de devoir envoyer balader une des innombrables infirmières trop collante. Pas de Pansy à l'horizon non plus, Dieu merci !
Le jeune médecin ouvrit la porte doucement, celle-ci émit un grincement semblable à une plainte. Les lits alignés se dessinaient dans la semi-obscurité, les rendant identiques au-delà du possible. Malgré ça, Drago s'avançait et n'eut aucun mal à reconnaître la couche d'Harry. Il n'avait même pas hésité, aucun doute n'était venu perturber ce semblant de certitude qui guidait ses pas.
Doucement, il s'installa aux côtés du soldat endormi. Il entendait son souffle régulier, et ce son étouffa toutes ses angoisses. Le jeune homme restait là, dans une immobilité qui n'avait rien de naturel. Pourtant, il ne regrettait pas d'être venu. Il aurait pu se reposer, prier pour que la Mort n'ait pas l'envie de prendre un innocent de plus. Les traits d'Harry à peine visible suffisaient à le conforter dans son choix. Imperceptiblement, les lèvres fines du médecin n'étirèrent en un rictus minuscule.
Doucement, Drago amena sa main vers le visage du blessé. Il passa une fois encore la barrière improbable que formaient les mèches noires et colla sa paume contre la peau douce du front. Un soulagement véritable lui arracha un nouveau sourire quand il découvrit que l'épiderme était d'une température tout à fait correcte. Cet homme avait de la chance !
Plongé dans ses pensées, le blond ne vit pas les paupières de son vis-à-vis papillonnées, annonçant un réveil proche. Il eut tout juste le temps de retirer sa main avant qu'Harry n'ouvre les yeux pour de bon. Les prunelles émeraude rencontrèrent celles aux nuances métalliques. Drago sentit clairement l'air se comprimer dans ses poumons, alors que l'intensité du regard de son homologue le frappait de plein fouet. Un mélange d'innocence et d'espoir. Tout ce que la guerre pouvait détruire, des trésors qui brillaient dans les yeux du jeune soldat.
-On dirait que tu ne peux plus te passer de moi, Malfoy.
La voix roque ne s'élevait pas plus qu'un murmure, et il avait plus que de l'ironie dans ses propos. Une forme d'espoir ? Harry avait moins de fierté que le jeune médecin mais masquait au mieux les sous-entendus derrière les mots d'apparence banals.
Drago n'avait pas le cœur à briser cette chose, ce petit rien qu'il sentait naître dans l'obscurité. Il ne savait simplement pas quoi dire, comment fallait-il réagir ?
-Il faut croire que oui. S'entendit-il murmurer, encore plus bas que nécessaire.
Le sourire qui s'étendit sur les lèvres charnues du soldat était magnifique. Etait-ce le même homme ? Celui que même la vie révulsait, qui aurait souhaité mourir plutôt que souffrir encore ? Oui, ou peut-être non. En plus, quelque chose avait changé, c'était certain.
-Je fais souvent cet effet aux gens.
L'imitation était parfaite, et Drago aurait très bien pu dire ces paroles. L'expression malicieuse d'Harry le rajeunissait considérablement, il ressemblait davantage à un adolescent qu'à un véritable adulte. Il était beau, personne ne pouvait le nier, pas même le jeune médecin.
-Je ne suis pas ces « gens ».
Son égo malfoyien signait son retour, faisant renaître le sourire sur le visage de son vis-à-vis. Les regards s'accrochaient une fois encore, avec insistance et audace. Même dans la nuit, dans le silence qui n'avait plus rien d'oppressant. Il y avait quelque chose de nouveau, de véritable, de fort et qui ne pouvait être ignoré.
Lentement, Harry se redressait sur ses coudes faisant abstraction de la douleur qui refaisait surface. Il était comme hypnotisé par le regard qui n'avait plus rien de froid. C'était comme si il n'était plus vraiment lui, comme si plus rien n'avait d'importance. Un sentiment nouveau qu'ils ne pouvaient quitter des yeux. Du bout des doigts, le soldat retraçait le contour de la mâchoire de Drago, un contact aérien, rêvé.
-Non, tu n'es pas comme tout ces gens.
Il n'y avait plus d'hôpital, plus de blessés, plus de morts, plus de bombardements et plus de guerre. Tout cela avait disparu alors qu'ils se noyaient dans l'infini de leurs regards. Il avait le pouvoir d'oublier souffrance et tourments, de s'évader de ce monde brisé. C'était tout ce qu'ils pouvaient lire, tout ce qu'ils pouvaient encore deviner. Et c'était bon ! Laisser ces émotions nouvelles découler, ne plus en avoir peur, ne plus jamais avoir peur ! Ne plus douter d'eux, des humains qu'ils restaient, des sentiments qui se déchainaient. Y croire pendant qu'ils en avaient la capacité. C'était cela la vie, c'était ce que la guerre leur avait appris. Et aujourd'hui, un espoir était né, comme un rien, au milieu d'une nuit calme, dans une chaleur qui agaçait les nerfs.
Sans s'en rendre vraiment compte, ils s'étaient rapprochés, jusqu'à ce que leurs souffles s'accrochent, se mélangent. C'était envoutant, de ces moments qui se passaient bien explication, de pensées. Alors leurs lèvres se rencontrèrent enfin, comme l'accomplissement de toute une existence de souffrance et d'errance. Un baiser pour tout détruire, pour tout recommencer. Pour s'aimer envers et contre tout.
*rire nerveux*
OUAIS ENFIN LE BISOUS !!!
J'espère que ça vous aura plu au moins, moi j'ai bien aimé l'écrire en tout cas 8D
On s'approche doucement de la fin (pas si doucement que ça en fait), encore deux petits chapitres et la fin de l'aventure. J'ai été nostalgique quand j'ai terminé l'écriture, mais je vais l'être à nouveau en postant le dernier chap, je le sens XD
Harry va mieux, et il le montre bien le petit. Drago n'avait pas à s'inquiéter finalement. Au programme du prochain chapitre ... Comment dire sans trop spoiler ? Un petit flash-back et, ça va se préciser entre les deux. J'arrête là, je vous laisse la surprise.
Comme d'hab, je compte sur vous soutien, il m'est très précieux !
Je vous embrasse ;3
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