Chapitre 4 : Mauvaise journée
On dit souvent que la nuit porte conseil. A défaut d'être reposante, elle avait au moins permis à Drago de mettre de l'ordre dans ses pensées. Pendant de longues heures de veille, il décortiqua chaque pensée, chaque idée, chaque bribe de sentiments. Il fallait tout prendre en compte, réfléchir à tout et tout supposer, juste pour être bien certain de ne rien regretter.
Il se sentait idiot, terriblement bête, incroyablement risible et pathétique. De quoi avait-il peur ? Ce soldat partirait comme les autres et il n'en entendrait plus jamais parler. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes de paniquer pour une raison absolument pas valable. Toutes ces infirmières qui lui courraient après à longueur de journée, ça ne lui posait aucun problème.
En quoi cet Harry était-il différent ? Il était beau et même plus que ça, c'était un fait, mais pour le reste, il ne se différenciait pas de tous les autres. C'était le même espoir déchu, la même peur qui les rongeait et la même douleur déchirante. C'était tant de vies gâchées, même pour ceux qui y survivaient. La guerre restait graver en eux, au fer rouge dans la chair, une déchirure inscrite dans chacune de leurs cellules, de leurs esprits. La guerre était un fardeau et il fallait vivre avec. Il fallait y survivre et l'accepter, c'était ça ou la mort !
Drago avait songé à confier les soins d'Harry à un autre médecin de l'hôpital. Après tout, sa vie n'était plus en danger et son expertise n'était plus indispensable. Mais il avait rapidement renoncé, c'était bien trop lâche !
Le médecin se levait du matelas inconfortable et sortis de la chambre rapidement. Il avait vite oublié ses petits caprices d'enfants gâtés, le luxe dans lequel il avait grandi. Il avait fait une croix sur le confort et les privilèges dû à son rang. En faite, sa vie d'avant n'était plus qu'un lointain souvenir, infiniment doux et agréable. La guerre y avait mis un terme, à ça comme à tellement d'autres choses.
Un café brûlant pour commencer la journée, Drago comptait sur le liquide amer pour le réveiller un temps soit peu. Il avait l'impression que son cerveau fonctionnait au ralenti, que les informations l'atteignaient toujours trop tard. Il était épuisé.
-Salut Dray !
Pansy s'installait en face de lui, sans en demander l'autorisation, évidemment. Elle profitait pleinement de son statut et se fichait pas mal de ce que les autres pouvaient bien penser. C'était la fille du dirigeant de l'hôpital, un homme richissime que personne ne voyait jamais. Ce lieu était pour lui un investissement supplémentaire qui ne lui apportait qu'un peu plus de pouvoir. En quelques mots, il savait faire profil de ce que la guerre apportait. C'était une ordure de la pire espèce.
Pansy quant à elle n'était pas mauvaise, mais Drago aurait pu la détester rien que pour son père. C'était une enfant pourrie gâtée, qui ne connaissait aucune limite et qui pensait en toute bonne foie que tout lui était du. Le médecin voyait en elle le petit garçon insupportable qu'il avait été, il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça. Elle était simplement le fruit de l'éducation qu'elle avait reçue.
-Salut.
La jeune femme ne parut pas remarquer le manque d'enthousiasme de son homologue. Elle souriait à pleines dents, mettant en avant tous ses attributs féminins dans une tentative de séductions parfaitement ridicule.
-Tu as du temps libre aujourd'hui ?
Drago aurait pu la gifler si son exceptionnel sang-froid ne lui en avait pas empêché. Qu'est-ce qu'elle croyait ? Qu'il passait sa journée à se balader, à prendre du bon temps ?
-Tant que tu entendras les bombardements, je n'aurais pas de temps pour moi !
Il termina son café en quelques gorgées et laissa Pansy seule. Avec un peu de chance, elle le laisserait tranquille au moins jusqu'à la fin de la journée. On en faisait pas plus collante que cette fille là, les infirmières ne faisaient pas le poids face à elle.
Drago était d'une humeur exécrable et si les traits de son visage ne laissaient rien paraître, les cernes et son aura ne pouvaient que le trahir. Il s'arrêta devant le lit d'Harry qui était déjà bien réveillé, contrairement aux autres soldats encore assoupis.
-Matinal, Potter ?
Un sourire étira les lèvres du blessé qui dévisagea son vis-à-vis un moment avant de lancer :
-C'est l'habitude. Toi, par contre, tu aurais mieux fait de dormir un peu plus.
C'était rare que quelqu'un lui réponde sur ce ton, que l'on lui tienne tête d'une quelconque façon que ce soit. Drago prit un moment avant de répondre, rassemblant ses idées, y mettant de l'ordre :
-On ne fait pas toujours ce que l'on veut.
Harry médita ses paroles un court instant. Evidemment, il savait cela comme tous ceux qui se trouvaient dans cette pièce. C'était une réalité, une de ces dures réalités que la guerre ne permettait pas de fuir.
-Ca va mieux ?
Drago avait retrouvé ce ton neutre, professionnel qui ne laissait sa place à aucunes émotions. Pas de trémolos dans la voix, c'était juste SA voix, à peine un peu trainante pour se distinguer de toutes les autres.
-On peut dire ça ...
-Mais encore ?
Harry soupira, passant sa main dans ses cheveux déjà bien emmêlés dans un geste d'une désinvolte étudiée.
-Je n'ai pas l'habitude de quantifier la douleur, alors si tu veux un rendu précis, je ne suis pas ton homme.
Apparemment, il n'était pas le seul à être irritable aujourd'hui et cette pensée failli arracher un sourire à Drago. Il devrait s'estimer heureux que le jeune soldat ne soit pas du genre pleurnichard.
Le médecin n'ajouta rien, gardant toutes remarques pour lui. Il approcha sa main du front d'Harry et se fraya un chemin entre les mèches rebelles. Bien, il n'avait pas de fièvre et les cernes qui soulignaient son regard émeraude n'étaient pas si affolantes. Ici, la fatigue était partout, soldats comme médecins et personne n'y faisait attention.
Un regard suffit à Drago pour qu'Harry comprenne. Le blessé retira la couverture presque rageusement, sa désinvolte le rendait presque insolent. Le médecin se mit alors au travail, sans un mot, d'une précision chirurgicale et d'une vitesse synonyme d'habitude.
Si Harry souffrait, il n'en montra rien. Le regard perdu et les points serrés sur la malheureuse couverture rapiécée, il ne bougeait pas d'un muscle. La blessure par balle semblait déjà être dans un meilleur état, la cicatrisation n'était plus qu'une question de temps. La plaie à l'abdomen était autrement inquiétante et la guérison allait sans doute être longue.
-Est-ce que tu arrives à te redresser ?
Avec un peu d'aide de la part du médecin, Harry parvient difficilement à s'assoir. Sa tête le lançait, le décor ne semblait plus très stable et une douleur aiguë lui vrillait le côté gauche. Les doigts fins de Drago dans son dos le ramenèrent à la réalité et il oublia momentanément sa souffrance. Il ne comprenait pas les courbes que dessinaient le médecin sur sa peau bronzée.
-Potter, qu'est-ce que c'est ?
Et le chapitre 4 est en ligne !!
Nos deux protagonistes se sont levés du pied gauche apparemment, et les nerfs sont à vif (le sadisme se réveille).
L'apparition d'un nouveau personnage, plutôt détestable encore, Pansy. J'étais obligée de la faire apparaître, rien que pour donner un peu de piment. Et puis, elle joue avec la bonne humeur (disparue) de Drago alors ça m'amuse XD
Le chapitre 5 repose sur le passé d'Harry et vous verrez que j'ai essayé de rester un minimum fidèle à la saga. Je ne vous en dis pas plus pour le moment, la suite arrivera bien assez vite ;3
Je compte sur vous pour me donner vos ressentis, vos impressions, vos éventuelles critiques, ce qui vous a plu, ce que vous aimé moins, bref, n'importe quoi (dans la limite de la politesse) !
Kiss sur vos têtes !
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