La nuit avait été longue, incroyablement longue. Drago se réveilla avec les premières lueurs du jour, fatigué et courbaturé. Il n'avait que trop peu dormi, une heure peut-être et la journée s'annonçait des plus pénibles.

Son supérieur, un homme grand et sec, toujours impeccablement vêtu et aux allures sévères, venait d'arriver. Il avait les traits tirés et anguleux, la silhouette décharnée et les mains osseuses. Le jeune médecin lui vouait un mépris qu'il contenait de plus en plus difficilement. Le docteur Jaeger était de ceux que rien ne semblait pouvoir atteindre. La mort qui imprégnait ces murs l'indifférait complètement, « ça ne l'empêchait pas dormir » comme il le disait si bien. Son attitude mettait Drago hors de lui bien qu'il se gardait bien de le montrer.

En compagnie des autres médecins et des infirmières, ils firent le tour des blessés de l'hôpital. Des plaies à examiner, des bandages à changer et des yeux à fermer. C'était une routine affreusement familière. Chaque jour était un éternel recommencement du précédent, atrocement identiques. Drago voyait en ce lieu une prison, son enfer personnel. Il n'y avait pas la moindre issue, pas la moindre chance de s'échapper, il le savait.

Vers midi, le docteur Jaeger apparut à nouveau et annonça, à la cantonade :

-Préparez-vous, il y en a des nouveaux !

Drago réprima un grognement. L'indifférence  qu'avait son supérieur pour des blessés le dégoutait profondément. Ils étaient une bonne dizaine, allongés sur des brancards, tous dans un sale état. Il écoutait d'une oreille distraite les ordres de son ainé alors que les infirmières s'affairaient déjà.

-Malfoy, tu prends celui-ci. Mary, prépare-lui un lit !

Le blond opina à la manière d'un automate et traversa la pièce à grandes enjambés. Le blessé était déjà installé sur l'une des nombreuses couches miteuses. Le médecin prit le soin de le détailler pendant quelques instants. Il avait la peau hâlé, le corps bien fait et les cheveux noirs complètement désordonnés. Il était sale, crasseux, dégoûtant, mais Drago s'y était habitué avec le temps. Ainsi, inerte, il aurait très bien pu être mort, sa tête reposait légèrement sur le côté. Mais ce n'était pas le cas et le jeune aristocrate ferait son possible pour le sauver !

Du sang lui maculait le côté et la jambe gauche au niveau de la cuisse. Ce n'était pas beau à voir, serte mais il en avait vu d'autre. Il ordonna à son tour, avec tout le professionnalisme qui le caractérisait :

-Mary, occupe-toi d'arrêter l'hémorragie de la jambe, je me charge du reste !

Drago n'aimait pas que l'on traine dans les pieds, surtout lorsqu'il s'agissait d'infirmières. Elles perdaient systématiquement tous leurs moyens en sa présence, regrettable et pathétique aux yeux du blond.

Il se mit donc à l'œuvre. Pendant plus d'une heure, il s'affaira à maintenir ce parfait inconnu en vie. Il était doué, ça ne faisait de doutes aux yeux de personne, mais il savait aussi que ça ne suffisait pas toujours. La blessure provenait sans doute d'un éclat d'obus et n'avait, par chance, touché aucun organe vital. La deuxième avait été causée par une balle ennemie, le muscle était endommagé mais pas suffisamment pour qu'une amputation soit envisagée. Aussi, Drago craignait qu'il ne meure d'hémorragie, malgré tous ses efforts.

Pour le moment, la situation du soldat était stable et le médecin ne pouvait plus rien faire pour lui. Il le laissa donc et partit donner main forte à ses collègues, encore quelques heures pour sauver d'autres innocents.

La nuit tombait déjà et Drago pu enfin prendre un moment pour lui. Il n'avait pas eu un instant de répit, de repos. Il mourrait de faim et de fatigue, la journée avait été encore plus éprouvante que ce qu'il avait pu imaginer. Une jeune femme, très blonde et pimpante lui apporta son repas du soir. Le médecin la remercia du bout des lèvres, sans même noter le sourire éclatant de l'infirmière. Il s'en fichait pas mal, de ses petites attentions, de ses regards insistants et de sa voix mielleuse. Il n'était décidemment pas d'humeur.

-Tu en veux encore ?

La voix féminine le tira de sa rêverie et il reprit, un peu perdu :

-De la soupe, tu en veux encore ?

Elle montrait le bol vide dans les mains de Drago que ce dernier avisa avant de répondre un peu trop sèchement :

-Non.

Devant sa moue déçue et un brin vexé, il se sentit forcé d'ajouter, pour toutes excuses :

-Mais merci, c'est gentil.

Elle tourna les talons, au plus grand plaisir du médecin. Il n'avait pas un caractère facile et la fatigue le rendait encore plus irritable qu'à l'ordinaire. Il faisait toutefois son possible pour ne pas paraître trop désagréable et garder ses remarques pour lui.

Il faisait déjà nuit et dans la petite pièce dont le blanc avait cédé sa place à un gris sale, le silence régnait. Oui, seul quelques gémissements ou grognements ; il n'y avait pas un bruit. Drago traversait une dernière fois cet endroit immense où les lits étaient alignés par dizaines. Il n'y avait pour eux pas la moindre intimité, tout en eux était remis en compte, jusqu'à leur humanité. C'était immonde. Ecœurant ! Le médecin se demandait combien de temps il pourrait encore le supporter.

Drago s'arrêta devant l'un des lits, presque au hasard et s'attarda sur ce dernier. C'était le jeune homme qu'il avait sauvé dans la matinée, lui au milieu des autres, lui et tous les autres. Il dormait, sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration. Le blond le contempla encore quelques instants : les traits anguleux de son visage, sa peau caramel, ses lèvres bien dessinées, ses yeux clos. Il était beau, c'était une évidence, peut-être était-ce pour cette raison que la vie l'avait retenue ? Il aurait pu faire parti de ses milliers de soldats morts sur le front, une masse informe et sans visage.

La nuit serait longue, encore une fois. Avec ses détonations qui résonnaient encore, illuminant l'espace d'un instant l'obscurité opaque. Avec ses vies qui oscillaient entre deux mondes. Pour cet inconnu et pour tous les autres, la nuit serait décisive et sans pitié !

Et voilà le premier chapitre. Harry est dans un sale état. Drago a du succès du côté du sexe féminin (désolée mesdemoiselles XD). Il y a déjà un petit quelque chose entre les deux et c'est parti pour évoluer. Donc l'arrivée du grand Harry Potter, du supérieur de Drago et de l'une de ses collègues.

J'essaie de mettre quelques dialogues parce que c'est souvent ce qui manque dans mes textes (j'avoue que ce n'est pas mon fort ^^)

Les chapitres feront tous un peu près cette longueur et je pense publier assez rapidement la suite (je suis sur productive en ce moment). J'espère que ce début vous plait, n'hésitez pas à me le faire savoir et je vous dis à très bientôt !