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Et là, ce fut comme un déclic. Jeune femme. Cri de détresse. Coup de feu. Je m'en souviens. Ceci s'est déroulé durant la veille de la rentrée scolaire. Du moins, si ma mémoire ne me fait pas défaut. Sans me rendre compte, mon souffle est saccadé. Qu'est qui est arrivée à cette fille ? Cette question m'angoisse. Énormément. J'attends impatiemment que Wayne continue son récit, tout en faisant violence à ne pas l'interrompre. 

— Elle s'appelait Nevan. Nevan Hood... Et c'était une innocente. L'expression du visage de Wayne reste plus que sérieuse.

Ce dernier souffle bruyamment tandis que je suis tout ouïe. Cette conversation est de la plus haute importance ! Il ne faut pas que je me déconcentre, ou bien que je sois distraite. Avant même qu'il ne dise davantage vis-à-vis de l'histoire de cette fameuse Nevan ; je devine déjà son sort. Mon intuition me dicte qu'elle n'est plus de ce monde. C'est certain. 

— Enfin, bref ! Hum... Cette fille était la petite-amie de Shado, le chef des Outsiders. Et étant donné que je suis en guerre avec son gang, Shado essayait de la protéger de nous, les Night Warriors. Un temps de pause puis, il reprit sa tirade. Avec les gars, on s'était mis d'accord pour ne pas attaquer Nevan puisqu'elle ne servait pas rien... Mais, ce crétin de Shado a voulu nous provoquer en franchissant les limites d'UnderGlade.

Wayne pose son pot de glace et racle sa gorge. J'imagine que c'est à cet instant que les événements ont dégénéré. D'après l'expression faciale qu'il entreprend, la suite ne risque pas d'être agréable à entendre. Alors que mon impatience augmente en puissance, mon cœur tambourine dangereusement contre ma cage thoracique. Ce suspens me ronge considérablement de l'intérieur. L'ignorance m'agace jusqu'à en devenir insupportable. 

— Trois de mes alliés sont morts sur le coup. L'un avec une balle en pleine tête, et les deux autres avec la gorge tranchée.

Cet aveu à l'effet d'une bombe. Cette notion de violence humaine est encore inconnue pour moi. Le simple fait de penser à une marée de corps inerte me donne la nausée. Contrairement aux habitants d'UnderGlade, je n'y suis pas habituée. Autant de morts... c'est atroce ! 

— Donc, un soir ; je me suis vengé.

Sa voix est plus grave que précédemment. Je sens la chair de poule s'étendre sur chaque partielle de ma peau lorsque je réalise la gravité de ses propos. Mes yeux sont immobilisés dans les siens, tandis que je suis presque paralysée. 

— Je l'ai tué. Déclare-t-il sereinement.

Oh, god. Je tente de garder une expression neutre, en vain. Ma bouche est fermée, il m'est impossible de dire quoi que ce soit. Que dois-je faire ? Je l'ignore. Totalement. Être choquée ?  À quoi bon. Cela ne servira à rien. Le fait que Wayne puisse tuer cette jeune femme innocente était si prévisible... Nevan Hood faisait partie des exceptions ; elle ne méritait pas de mourir, et Wayne en était parfaitement conscient. À mon plus grand étonnement, celui-ci poursuivit sa narration.

— On l'avait pris par surpris, moi et quelques membres de mon gang. Débute-t-il pendant que je hoche légèrement de la tête pour montrer qu'il a toute mon attention. Elle était sur le point d'entrer dans sa voiture quand nous sommes arrivés. Brendon avait tiré sur son capot, de ce fait, Nevan s'est dépêchée pour courir.

Je ne dis rien, encore une fois. Car, de toute manière, mes remarques ne feront que de ralentir Wayne.

— Il faisait nuit, à ce moment-là. Personne ne sortait de chez eux. Mais malgré tout... elle criait. Encore et encore. Il souffle une énième fois. On était une dizaine à la poursuivre. Alors, elle n'avait aucune chance. Pourtant, elle persistait à courir aussi vite qu'elle pouvait. Carter l'a mis à terre, et Terence a prononcé la phrase fatidique... « Ton destin est scellé. » À ces mots, j'ai tiré sur elle.

Comment suis-je censée réagir face à ça ? L'atmosphère est assez pesante. Par conséquent, un certain malaise s'installe dans la chambre froide.

— Tu ne l'as pas torturé, c'est déjà ça. Dis-je calmement.

C'est quelques secondes plus tard que je me rends compte de la débilité de mes paroles... ! Finalement, il fallait que je me taise. Je ne fais qu'empirer la situation, ugh. 

— Attends, quoi ?

— Bah, euh... Sa sentence est plutôt sympa comparé à celle que tu prépares pour The Wanted. Annoncé-je en entamant un morceau de glace.

Wayne esquisse un sourire suite à ma remarque. Mon cœur rate subitement un bond. 

— Pas tort.

Je me retiens de ne pas déglutir. Minute papillon ! Qu'est-ce qu'il compte faire à The Wanted ? Poser cette question serait beaucoup trop douteux. Je devrais m'en abstenir afin d'éviter d'éveiller ses doutes. 

— Hum, je... Commencé-je avec hésitation. Je peux te demander une faveur, vu que je t'en ai déjà accordé une ?

— Ouais, vas-y. 

J'éclaircis ma voix. Et prends mon courage en main. 

— Promets-moi de ne pas me tuer, après que tu connaîtras l'identité de The Wanted. Rétorqué-je en le regardant à nouveau dans les yeux.

D'après son expression, il paraît étonné. Ceci est totalement normal, puisque mon attitude est plutôt suspecte. Je pense que j'ai été beaucoup trop directe, merde. 

— Pourquoi je le ferais, hein ?

— Tout simplement, car j'ai refusé de te révéler son nom. Nous savons très bien, toi et moi, que tu détestes lorsqu'une personne ne se soumet pas à tes ordres. Or, je l'ai fait... plusieurs fois. J'ajoute en posant mangeant une nouvelle cuillerée de glace. Alors ?

— J'accepte ta faveur. Mais, à une seule condition.

— Laquelle ?

— Tu dois garder ta fenêtre ouverte, me laisser dormir sur un matelas et m'autoriser à être sans tee-shirt. Dit-il en souriant.

— Eh ! Ça fait plus d'une condition. Je riposte d'une voix amusée.

— C'est soit ça, soit tu crèves. Choisi ! Affirme-t-il en riant machiavéliquement.

— D'accord pour tes conditions de merde. Grogné-je. Mais, au fait, tu ne m'as toujours pas expliqué pourquoi tu tiens tant squatter chez moi !

Je ferme le couvercle de mon pot de glace, avant de le poser sur l'une des étagères. Mon ventre est plein ! Je me suis assez empiffrée de crème glace pour ce soir.

— T'es chiante. Souffle-t-il tandis que je me contente de lui gratifier mon plus beau sourire.

— Je sais. Allez, accouche ! C'est quoi cette fameuse raison qui t'oblige à venir m'énerver pendant toutes ces semaines ?

Wayne roule intentionnellement des yeux, et semble hésitant. 

— Tu te souviens de James, le gérant... ? Alors, en fait. Cet enfoiré est allé dire à son ami, Shado, que tu étais ma petite-amie. Du coup, bah, les Outsiders te cherchent pour te tuer afin de venger la mort de Nevan. Explique Wayne comme si cela était tout à fait ordinaire.

Mes yeux s'écarquillent. Oh, putain de bordel de merde ! Un gang veut ma mort. Oh, mon dieu ! Je plaque ma main contre ma bouche, complètement abasourdie. Ce n'est pas possible. Pourquoi a-t-il fallu que le malheur s'abatte constamment sur moi ? Actuellement, je suis en train de pleurer de l'extérieur, croyez-moi. J'ai vraiment la poisse ! 

— Es-tu pensais me le dire quand, au juste ? J'interroge, toujours autant chamboulée.

— Plus tu étais éloignée de la vérité, mieux c'était.

— Donc, tu n'allais rien me dire ! Je conclus, estomaquée.

— Ouais...

Il est complètement cinglé ! Des personnes malfaisantes guettent mon dernier souffle, et il ne comptait même pas me l'informer. J'hallucine. Je n'arrive pas y croire. La situation commence sérieusement à devenir absurde. Il faut que je prenne l'air. Ouais, c'est ça. Je dois aller dehors, histoire d'encaisser toutes ces révélations. C'est sûr cette détermination que je m'oriente vers la sortie – ou plutôt, la fenêtre entrouverte.

— Où est-ce que tu vas ? Demande-t-il, manifestement inquiet.

— Qu'est-ce que ça peut te faire de toute façon, hein ? Tu te fiches carrément de moi ! Soupiré-je en croisant mes bras contre ma poitrine.

— Non, écoute, Early... Si je ne t'ai rien dit, c'est pour ton bien. Je ne voulais pas que, enfin euh. Dit-il en s'avançant vers moi, tout en essayant de trouver ses mots. Tu dois me faire confiance, d'accord ? Je te promets de te protéger, quoi qu'il puisse arriver. Mais pour ça, tu dois arrêter de te mettre toujours en danger.

Comment puis-je faire confiance à un meurtrier ? Ses paroles semblent si sincères... J'aimerais tellement y croire, rien qu'un instant. Merde. Je crois que je vais chialer. Early, ressaisis-toi ! Wayne ne peut pas me protéger à tout jamais étant donné que c'est moi ; la seule et unique traîtresse. S'il le savait, je doute que sa bienveillance soit toujours là.

— Je vais juste prendre l'air. Marmonné-je en franchissant la fenêtre.

Un vent glacial balaye les horizons. De ce fait, des frissons me submergent. Inspire. Expire. Désormais, la mort rôde autour de moi plus qu'avant. Jamais, je n'aurais cru qu'emménager ici me mettrait dans une telle situation ; principale ennemie à abattre du leader des Night Warriors, et cible potentielle des Outsiders. Quelques minutes passent à une vitesse effrénée. Soudain, j'émis un sursaut lorsqu'un objet est en contact sur mes épaules. La veste de Wayne. Sans plus tarder, je l'enfile afin de ne pas attraper froid.

— On ne va pas tarder à y aller. Intervient-il et j'acquiesce furtivement.

— Attends un peu.

Désormais, mes yeux sont rivés sur le ciel rempli d'étoiles. Ce panorama m'aide à me calmer. Pendant une fraction de seconde, j'oublie tous mes problèmes. Et c'est vraiment agréable. 

— Je suis désolé de t'avoir causé tous ces ennuis. Déclare Wayne, à voix basse.

À l'entente de ses mots, je baisse les yeux pour le regarder davantage. Et comme d'habitude, je me noie dans la contemplation.

— C'est rien, t'inquiète pas. Tout le monde fait des erreurs.

Et parfois certains, plus que d'autres... Nos regards convergent vers le ciel, tandis que nos esprits demeurent sereins. À cet instant, aucun de nous ne se doutait qu'une personne était là, dans les buissons, à nous observer.

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 PEACE. Xx