Photographie

(maintenant je sais que j'ai un cœur, car il se brise)

La vie est une succession de souffle légers. En un seul souffle, tout peu changer.
Inspiration.
Taguer les murs de la villa de James.
Expiration.
Être recueillie chez James pendant un an.
Inspiration.
Se retrouver enfermée quelque part à Riverside, après avoir quitté la villa de James.
Expiration.
Tout cela en un souffle léger.

La jeune femme ferma les yeux, sa tête reposant contre le mur. En un souffle léger, son existence avait à jamais basculée.
Dans sa cellule, la jeune femme étouffait. Sa respiration se faisait plus saccadée. Elle dégagea de ses mains poisseuses les cheveux collés sur son front. Elle referma les yeux, pensant aux événements de la veille.

Cette femme, ce visage, elle ne les connaissait que trop bien. Elle fit quelques pas, s'approchant lentement du meuble situé à la gauche de son interlocutrice. Quelques photographies y étaient disposées. Olivia en saisit une de ses mains tremblantes. Elle caressa doucement l'image. Autour d'elle, tout semblait s'être arrêté. La jeune brune n'avait d'yeux que pour ce portrait de sa mère, disparue il y'a dix ans.
Son interlocutrice, Emma, la rejoint. Elle s'empara du cadre toujours dans les mains de la jeune fille avant de le reposer à sa place initiale. D'un sourire crispé, elle lui demanda de ne rien toucher, s'il vous plaît.
Tant de questions brûlaient les lèvres d'Olivia. Comment cette Emma connaissait-elle sa mère? Pourquoi était-elle enfermée ici, et où était-elle?
Au lieu de répondre à ces nombreuses questions, la quinquagénaire sourit à la jeune femme et lui proposa de la raccompagner jusqu'à sa "chambre".
N'ayant pas d'autres choix, Olivia emprunta, à sa suite, la succession de couloirs, regagnant ainsi sa cellule.

Elle sortit avec méfiance le portrait de sa mère, pris la veille lorsqu'Emma ne regardait pas. Les larmes inondèrent bientôt ses joues. Elle retraçait du bout de ses doigts sales, les contours de ce visage tant aimé. Elle essuya rapidement les larmes qui lui collaient au visage avant de cacher le papier à la ceinture de son jean.

Elle s'apprêtait à appelé l'homme imposant de la veille, lorsqu'elle entendit le son d'un rire étouffé. Le son semblait si proche mais si lointain à la fois. Il ne pouvait provenir des pièces l'entourant. Le bruit se répéta une deuxième fois, se faisant un peu plus proche. Olivia se déplaça en direction du son. La personne rit une troisième fois.
Olivia se heurta contre le mur de la cellule. Le son venait bel et bien d'à côté.
Pourtant elle n'avait vu aucune autre porte dans cette succession de couloirs, si ce n'était celle de la salle de bain et celle de cette pièce imposante où elle avait trouvé le portrait de sa mère.
Elle entendit ensuite des bruits de conversation. La personne semblait être seule dans la pièce. Elle ne percevait certes pas les paroles de cet étranger, mais distinguait le ton de sa voix. Après chacune de ses interventions, s'en suivait une courte pose.
Olivia en déduisit, que la personne était au téléphone.
Mais si elle pouvait entendre le son de cette voix, l'inverse était-il possible?
Elle vérifia que la voie était libre avant de réciter quelques phrases. Elle se colla au maximum contre le mur avant de réciter plusieurs fois d'une voix grâve:
"Je m'appelle Olivia. Olivia Nills. J'ai vingt-cinq ans et je ne sais pas ce que je fais ici. Aidez-moi." Elle prenait garde à bien détacher chaque syllabe, espérant que cet étranger derrière le mur capte chacun de ses propos.
Elle répétait ces quelques phrases inlassablement, retrouvant ainsi un peu d'espoir.

Un coup contre le mur répondit à ses propos. Déboussolée, elle continua à réciter ses quelques phrases. Un deuxième coup succédé d'un troisième, répondit. Olivia tapa à sont tour contre la cloison. Les coups se succédaient de l'autre côté de la cloison.
Il lui fallu quelques minutes avant de réaliser que ces coups n'étaient autre que du morse. Un coup bref, puis un coup plus fort. Elle répondit à son tour en morse, récitant une nouvelle fois son message.
Trois coups forts. Un coup bref, un coup fort, deux coup bref.
Son interlocuteur lui demanda sa position. Elle décrivit tant bien que mal les nombreux couloirs qui l'entourait. Elle décrivit la salle de bain miteuse et le grand salon où elle avait rencontré Emma. De l'autre côté du mur, on lui suggéra de tout faire pour retourner dans le salon.
Pleine d'espoir, elle cria à l'attention de l'homme chauve qu'elle avait vu la veille. Celui-ci tarda à arriver. Une fois devant lui, elle le supplia d'une voix désespérée d'aller voir Emma.
- Dites lui que j'ai accepté sa proposition, pleura-t-elle.

L'homme en survêtement noir ne semblait pas être au courant des affaires de la "maison". Olivia en profita donc pour inventer une quelconque proposition faite par la femme blonde.
Le chauve ne tarda pas, cette fois, à ouvrir la porte. Il saisit la jeune femme par l'épaule, et la mis violemment debout. Comme précédemment, il la mena vers la miteuse salle de bain. Elle y trouva une nouvelle fois une serviette, un jean et un débardeur. Un petit peigne avait été caché dans les plis de la serviette.
La jeune femme brossa douloureusement ses cheveux emmêlés, avant de cacher le peigne aux côtés du dentifrice et de la photo de sa mère.
En sortant, elle fit un signe de tête à l'homme, avant de le suivre jusqu'au salon.
Devant le salon, ce dernier la fit patienter, le temps d'aller prévenir la femme qui l'avait reçue la veille.
Olivia poussa discrètement la porte du salon et y pénétra. Elle se cacha derrière un pan de rideau et attendit. Les pas de l'homme revenaient. Il ouvrit la porte du salon, s'apprêtant à annoncer à la jeune brune, qu'Emma n'était pas disposée à la recevoir.
Lorsqu'il remarqua l'absence d'Olivia, il fit marche arrière et courut prévenir ses supérieurs.
Dissimulée derrière le pan de rideau, Olivia attendait son potentiel sauveur.
De sa position, elle pouvait voir la deuxième porte menant au salon, celle qu'avait emprunté Emma et l'homme vêtu de noir. D'ici, elle pourrait voir n'importe qui entrer.

Après ce qui lui sembla être quelques heures, quelqu'un poussa enfin la porte du salon.

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