La filature
(mais sommes nous tous des étoiles perdues... tentant de briller, d'illuminer cette obscurité...)
Des mois s'étaient écoulés depuis la rencontre du jeune Gallagher et de W. Durant ces mois, elle avait continué à noircir ses murs pendant la nuit. Il avait continué à s'offenser. Il était de nombreuses fois resté éveillé jusque très tard, espérant l'apercevoir par la fenêtre, en vain. Depuis leur rencontre, elle s'était fait encore plus discrète. Il avait surpris une fois sa silhouette à l'allure féline s'enfuir dans la pénombre de la nuit.
Il voulait la revoir. Il avait besoin de la revoir. Cette jeune femme lui évoquait tellement de choses, tellement de choses qu'il n'avait plus. Il revoyait encore et encore dans sa tête, sa silhouette agile s'élancer dans la nuit. Pour lui, cela rimait avec liberté et courage, tout ce qu'il n'avait jamais eu.
Il devait lui parler, il avait besoin de lui parler.
Cette nuit, il passerait à l'action. Il sortit discrètement de sa propriété, se dissimulant derrière un tronc d'arbre. Viendrait-elle ce soir?
Son tronc d'arbre lui offrait une cachette ainsi qu'une vue imprenable sur la villa.
À quatre heures, après deux longues heures d'attentes, il distingua une silhouette féminine se diriger vers l'habitation. Elle marchait d'un pas lent et assuré. Son ordinateur dans les mains, elle entreprit, comme à son habitude, de désactiver le système de sécurité. Elle disparu dans l'ombre de la villa pendant près d'une heure avant de ressortir aussi furtivement qu'à son arrivée. Il attendit qu'elle s'éloigne un peu et la prit en filature.
La jeune femme s'arrêta finalement près d'une Range Rover noire. Elle déverrouilla la voiture et se dirigea vers la porte avant du véhicule. Le pouls de James s'accéléra, il devait absolument faire diversion. Il marcha finalement dans les graviers, sous l'ombre des arbres. La jeune femme se figea un instant. Il continua à marcher, faisant la jeune femme se reculer. Elle se retourna, cherchant l'origine du bruit. Il saisit ce moment pour rentrer dans la voiture. Il se cacha à plat ventre dans le coffre.
Préoccupée par ce bruit étrange, la jeune femme n'avait pas prêté attention au claquement de la porte du coffre. Elle s'installa au volant et claqua la portière. Le plafonnier s'éteignit. Le moteur rugit et le véhicule quitta l'allée pavillonnaire.
Le jeune homme à l'arrière, inconfortablement installé, tentait bien que mal de changer de position, sans se faire remarquer de l'automobiliste. Les virages empruntés par la conductrice l'obligèrent à se cramponner aux sièges lui faisant face.
Le véhicule arriva finalement sur une autoroute. La jeune femme ouvrit alors les fenêtres avant et alluma la radio. Un air de country jaillit des enceintes.
W. chantonnait les paroles des musiques défilant sur la station.
Le trajet avait duré une demie-heure quand le véhicule s'immobilisa. La portière avant claqua et W. verrouilla sa Range Rover de l'extérieur. James releva lentement la tête, où était-il? Quand ses yeux arrivèrent au niveau de la vitre arrière, il balaya l'endroit du regard. Apprenant qu'il n'était que dans une station-service sur l'autoroute, il se rallongea dans le coffre. Vers où roulaient-ils? Combien de temps rouleraient-ils? Où étaient-ils exactement?
James attendit patiemment le retour de sa conductrice. La portière claqua une seconde fois et le véhicule s'engagea dans l'allée pour rejoindre l'autoroute. Bercé par les mouvements de la Ranche et par la musique de l'auto-radio, James ferma les yeux et s'endormit au fond du coffre.
****
Le jeune blond fut réveillé par des éclats de voix. Combien de temps avait-il dormit? Il jette un coup-d'œil à sa montre: 10h30. Cela faisait plus de cinq heures qu'ils roulaient en direction d'un ailleurs inconnu.
W. discutait avec un homme par le haut-parleur du véhicule. L'homme s'exprimait d'un ton sec, dans un de ces accents distingués. James mit longtemps à entendre clairement leur conversation.
"Combien de temps vous reste-t-il avant d'arriver à destination?" demanda l'homme d'une voix posée
"Cela fait un peu plus de cinq heures que je roule. Je pense m'arrêter dans un motel dans deux ou trois heures, le temps de me reposer, puis je reprendrais la route le plus rapidement possible." répondit la voix douce de W.
"Bien. Je vous recontacterais demain matin."
L'homme coupa la communication.
W. soupira et ralluma la radio. L'air calme d'une chanson s'éleva dans l'habitacle. W. ne chanta pas les paroles, ni celles des chansons suivantes. Elle semblait comme incapable de s'exprimer. Elle tenta d'étouffer ses sanglots, se concentrant sur la route.
Au fond du coffre, James s'inquiétait de son état. Il aurait tellement voulu la serrer dans ses bras, lui murmurer que tout irait bien, même s'il ne connaissait pas la raison de ses pleurs. Il ne put s'empêcher de lui demander "pourquoi pleures-tu"
"Cette chanson me rappelle ma famille." lui répondit la jeune femme d'une voix brisée.
Ses mains se crispèrent sur le volant et elle demanda d'une voix chevrotante qui était là. La voiture pila sur une place réservée aux arrêts d'urgence et la jeune femme réitéra sa question. James se résolut finalement à se découvrir. Les yeux de W. s'écarquillèrent d'incompréhension, que faisait-il là?
"Je suis désolé, je suis désolé. S'il te plaît ne t'énerve pas. J'avais besoin de te parler. Je me suis donc caché derrière un arbre, puis dans le coffre. C'était moi les bruits de pas dans les graviers."
"Qu'est-ce que vous vouliez me dire?" demande-t-elle d'une voix dure
Le jeune homme paru perplexe.
"Euh... Ça va?" hésita-t-il
"Vous vous foutez de moi? Vous risquez nos vies pour me demander si je vais bien?" s'énerva-t-elle
"Dans ma tête ça sonnait mieux" sourit-il
Elle se massa l'arête du nez et expira longuement.
"Sinon on va où?" changeât-il de sujet
"Vous voulez dire 'où je vais', car je vous laisse au prochain motel. Passez devant, je ne suis pas un taxi."
Il entreprit de sortir du coffre et d'aller s'installer à l'avant. Le véhicule redémarra et quitta son emplacement.
"Je suis désolé pour ta famille. Si ça peut te réconforter, je ne sais pas vraiment pourquoi je t'ai suivit jusqu'ici. C'est juste qu'il y'a un sentiment de liberté qui se dégage de toi. Tu es si libre, si courageuse, si forte. Tu peux faire tout ce qu'il te plaît, t'exprimer comme tu le souhaite, tu reste forte malgré ton passé familial...Tout le contraire de moi, et je t'admire pour toutes ces qualités."
Elle esquissa un sourire triste.
"Vous pensez réellement que je suis libre?"
"Oui, tu peux faire tout ce que tu veux, tu n'as pas tout le temps les médias sur les talons. Toi tu es libre, moi je n'ai que l'illusion de cette liberté."
"La différence entre vous et moi, c'est que vous êtes enfermé dans une prison dorée, tandis que moi je suis retranchée dans un trou à rat. De quelle liberté me parlez-vous? Vous pensez réellement qu'avec le travail que je fais, je suis libre? Libre de quoi? Je n'ai même jamais eu le droit à cette illusion de liberté, j'ai toujours était enfermée, piégée."
"Finalement on est pas si différent."
Le reste du trajet se déroula en silence. Aucun d'eux n'osait briser ce silence.
♪ Spirits - The Strumbellas ♪
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Vous avez pu remarquez un titre de chanson en fin de ce chapitre. Je pense dorénavant en mettre de temps en temps, les paroles des chansons n'ayant pas forcément un lien avec l'intrigue du chapitre.
Ici, j'ai choisit la chanson Spirits d'un nouveau groupe Canadien, The Strumbellas. Je vous conseille d'aller lire/écouter les paroles (ou la traduction) de la chanson, car elle est vraiment en lien avec l'histoire. Sentez-vous libre de l'interprétée comme état la chanson que W. écoute à la radio.
N'hésitez pas à me faire part de vos remarques sur ce chapitre ou les précédents ainsi que sur mon choix musical. Continuez de plus à voter ;)
Merci de votre lecture :)
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