Au bout de quelques jours, le gros de l'épidémie est passée. Elle s'est achevée comme elle est venue. Toute seule en somme. À l'infirmerie, il ne reste plus qu'Hailly et moi. Je me refuse à bouger ayant la désagréable impression de revivre les moments où elle était blessée à la cuisse. C'est si dur, mais je me dois d'être fort pour elle, pour nous, . . . pour lui. Je suis perdu dans mes pensées et je n'entends pas Maggie arrivée.

_ Comment va – t – elle, me demande – t – elle avec un sourire réconfortant.

_ Elle ne se réveille pas mais elle n'a plus de fièvre, donc j'pense que c'est bon signe, lui répondis – je d'une voix neutre.

_ Pete nous a expliqué que cela devrait aller, il faut juste qu'elle se réveille et tout ira bien, rétorque – t – elle sans se départir de son sourire.

_ C'est ça le problème, Maggie, répondis – je en m'énervant un peu, elle ne se réveille pas.

_ Daryl, je peux te dire quelque chose de personnel, fit – elle avec une voix douce en baissant légèrement les yeux.

_ Ouais, si tu veux . . .

_ Je suis enceinte Daryl, comme . . . Hailly, finit – elle par dire avec un sourire sincère. Je voulais te le dire car . . . un bébé . . . c'est une bonne nouvelle, Daryl, insiste – t – elle comme pour me convaincre.

_ Une bonne nouvelle, m'emportai -je, une bonne nouvelle, j'vais perdre la femme que j'aime à cause de c'te putain bonne nouvelle. Sans lui, elle aurait pris les médocs et serait là dans mes bras, finis – je mais en pleurant.

Maggie avance doucement vers moi comme elle avancerait vers un animal blessé. C'est ce que je suis à cet instant. Sans elle, je perds tout repère. Elle m'enlace et me dis en m'obligeant à la regarder dans les yeux.

_ Daryl, tout ce que Hailly veut c'est . . . toi . . . et votre bébé. Le votre celui que vous avez fait à deux.

C'est comme un électrochoc dans ma tête. Ce bébé est aussi le mien et aussi celui d'Hailly. C'est une moitié de nous deux. Je regarde Maggie comme si je voyais enfin clair par rapport à cela et je répète.

_ Notre bébé . . . notre bébé . . . je vais être papa, finis -je par dire en souriant comme un imbécile. Maggie resserre son étreinte, contente de m'avoir ouvert les yeux. Elle m'embrasse sur le front et sort après un dernier regard doux adressé à Hailly.

Une fois Maggie sortie, je me rapproche de celle que j'aime le plus au monde. Je pose alors ma main, sur celle qu'Hailly a sur son ventre. Je veux que ce bébé sache que sa mère est forte. En regardant ma main sur son ventre légèrement arrondi, je me rend compte que je vais être père car elle va survivre et se battre . . . pour moi . . . pour lui

. . . pour nous.

Quand j'ouvre péniblement les yeux, il fait nuit et j'ai terriblement soif. Ma gorge me brûle c'est un véritable enfer. Je voudrais parler mais j'ai vraiment trop mal. Je regarder et vois Daryl endormi, la tête posée sur mon ventre. Je tends la main pour caresser ses cheveux mais il se redresse d'un bond.

J'arrive juste à articuler un faible, « j'ai soif », daryl me tend un verre d'eau que j'engloutis en deux secondes. Pour le deuxième verre, je prends mon temps. Me sentant mieux, je me redresse sur mon lit, Daryl ne m'a toujours pas parlé et la faible lumière m'empêche de voir son visage clairement.

Entendant du bruit, Pete sort de son bureau et m'ausculte pour vérifier que tout va bien ce qui est le cas. Le bébé et moi nous portons comme un charme. Après cela Pete retourne d'où il vient pour nous laisser un peu d'intimité.

_ Salut toi, finis – je par articuler d'une voix rocailleuse de ne pas avoir était utilisée pendant plusieurs jours.

_ Salut vous deux, finit – il par dire.

_ Oh . . . je vois que le secret médical n'est plus ce qu'il était, essayais – je de plaisanter, coulant un regard vers le bureau de Pete.

_ Non, . . . c'est Rick qu'a lâché le morceau, dit – il toujours d'un ton calme.

_ OK, dis – je simplement en triturant mes doigts. Je n'ose même plus le regarder tant je suis mal à l'aise. Tu es fâché ? Finis – je par lui demander tant son silence me pesait. Je m'attendais à d'autres retrouvailles dois – je m'avouer à moi – même.

Daryl s'avance enfin vers moi, et m'oblige à le regarder dans les yeux.

_ Fâché pour le bébé . . . non . . . que tu es pris des risques . . . oui, me dit – il calmement.

_ Tu n'es pas fâché . . . mais pas heureux non plus donc, lui dis -je droit dans les yeux voulant voir sa réaction.

_ Hailly, tu t'attendais à quoi. J'ai eu peur de te perdre dans ce monde, . . . et c'est compliqué . . . J'me voyais pas en p'tit copain alors encore moins en père . . . et t'es arrivée et . . . t'as tout bousculé.

Il se lève et se met à arpenter la pièce de long en large. Je m'inquiète de sa réaction. J'ai tellement peur qu'il nous rejette moi et le bébé. Je sais à quel point notre relation peut être fragile. Pour Daryl, l'engagement est bien plus effrayant que pour la plupart des autres personnes. Le malaise grandit et je me sens soulagé de l'arrivée de Pete dans l'infirmerie.

_ Daryl, je vois avec Pete pour la suite et je vous rejoint à la maison. . . OK

_ Ouais, j'dis à Carol de te rejoindre, dit – il en sortant sans un regard en arrière.