Chapitre 6
En avançant vers le calme que me propose la forêt, je vérifie que j'ai bien le couteau que Merle m'a offert. « Vise la tête, princesse », je l'entends encore me le répéter comme à chaque fois que l'on s'est entraîné. J'aime bien la ferme, mais là c'est trop, . . ., trop de monde, trop de souvenirs, . . . juste trop. J'ai besoin de calme, de solitude pour . . ., je ne sais pas, je suis paumée mais je veux être seule.
Je profite de la fraîcheur et de la sérénité que m'offre la forêt quand je me rends compte que je n'ai prévenu personne que je partais seule. En même temps, je n'ai pas l'habitude que l'on se préoccupe de moi. Oh, et puis c'est pas grave, je ne serais pas absente longtemps de tout façon. Je m'éloigne pas trop, car même si Merle est un super prof pour lire les traces, mon sens de l'orientation quand je suis seule n'est pas encore des plus développé.
J'écoute pour la première fois tous les bruits de la forêt, les chants des oiseaux, le bruissement des feuilles, le bourdonnement des insectes. J'apprécie simplement. Avant je n'avais jamais de temps à moi, je courais toujours partout et il y avait Ethan. J'adore m'occuper de lui et c'est mon rôle de grande sœur. Mais parfois j'aurais aimé être juste une grande sœur et pas une mère de substitution. Ma vie amoureuse était un vrai désastre. Je secoue la tête pour chasser ses pensées négatives qui viennent troubler ce moment apaisant, mon moment à moi, . . . rien qu'à moi. En fait, en réfléchissant bien, je n'ai jamais eu de vrai temps pour moi. Je souffle un bon coup et reprend ma promenade.
Mais un pressentiment m'envahit, le chant des oiseaux se fait plus ténu, l'ambiance devient plus pesante, oppressante, sans réelle raison apparente jusqu'à . . . jusqu'à ce que j'entende ce grognement caractéristique. Mon sang se glace et un bourdonnement raisonne dans mes oreilles. C'est la première fois que j'en rencontre un seul quand je suis seule. Puis mon cerveau se met à tourner à plein régime. Je dois absolument savoir où il est, et si je peux me cacher. Mais ma réflexion est stoppée nette dans son élan quand des doigts glacés se referment sur mon bras. À ce contact, je ne peux réprimer un cri d'effroi, ce qui n'est pas malin car je risque d'en attirer d'autres. En une fraction de seconde, j'oublie tout ce que m'a appris Merle et je me mets à courir le plus vite possible. Je n'accorde aucune importance à la brûlure dans mes poumons ni à la douleur dans mes jambes. Je cours.
Je ne sais pas dire au bout de combien de temps je m'arrête, hors d'haleine, en sueur. Je regarde autour de moi et deux mots me viennent à l'esprit « chouette et merde ». Le premier car je ne vois ni n'entends le rôdeur et le deuxième car je n'ai absolument aucune idée d'où je suis. La seule chose dont j'étais sûre, . . . j'étais perdue dans une forêt que je ne connaissais pour ainsi dire pas.
Je m'oblige à respirer calmement, afin de recouvrir mes esprits. Merle m'a appris à suivre des traces, je vais essayer de suivre les miennes mais en sens inverse. Je finirai bien par retrouver le chemin de la ferme. De toute façon, je ne pouvais compter que sur moi, qui viendrai me chercher ? Me dis – je à moi – même. J'essaie de repenser à ce que Merle m'a enseigné. Au bout d'une heure je pense, je me rends compte qu'en fait je tourne en rond, . . . et merde me dis – je une fois de plus.
Soudain un grognement se fait entendre, mais je n'ai plus la force de courir. Il va falloir que je l'affronte. Je me cale bien sur mes pieds. J'imagine Merle à mes côtés me disant quoi faire et comment le faire. . . miracle j'en viens à bout. Le corps de cette chose tombe à mes pieds . . . et moi . . . je m'effondre à côté d'elle. Je craque. Pourquoi, la pression, ce qui se passe en ce moment. Je me recroqueville sur moi – même et pleure. Je ne sais pas combien de temps, ni sur quoi je pleure, . . . mais j'ai l'impression que cela ne cessera jamais. J'entends les voix au loin qui m'appelle. À chaque appel, je me recroqueville un peu plus sur moi – même.
Cette voix rauque, éraillée, qui reprend mais doucement comme si la personne à qui elle appartenait était derrière moi.
_ Alice, . . . Alice, . . . c'est Daryl, . . . le frangin d'Merle.
À son nom, des connections se font dans mon cerveau. Je lève vers lui mes yeux ravagés par les larmes et la douleur.
_ Merde, dans quel état tu t'es mise, ma belle, murmure – t – il.
Il s'assoit à côté de moi et sort de la poche arrière de son pantalon, un chiffon rouge. Il commence à m'essuyer le visage. Il est doux et délicat. Sous son contact mes yeux se ferment et ma respiration se calme. Il continue doucement de me redonner forme humaine. Quand j'ouvre mes yeux et que je les plonge dans les siens bleu océan. Il me semble déstabilisé. Mes yeux se perdent dans les siens.
Sans me comprendre, sans réfléchir, je passe mes bras autour de son cou et pose mes lèvres sur les siennes. Je m'attends à ce qu'il me repousse, mais non. Mes lèvres bougent doucement sur les siennes puis avec avidité. Contre toute attente, Daryl m'enlace et m'attire contre lui. J'accentue alors le baiser, me pressant contre lui, ouvrant doucement mes lèvres pour permettre à sa langue de venir caresser la mienne. Je voudrais ne plus jamais bouger.
Quand je la vois par terre, ramassée sur elle – même, on dirait un oiseau blessé. Je lui parle doucement, je veux pas l'effrayer. Elle pose ses yeux sur moi, je ressens une décharge. J'ai l'impression qu'elle me voit vraiment, . . . moi, . . . pas ce que je montre aux autres, mais moi. Ses yeux émeraudes sont magnifiques, puissants, hypnotiques. Alors quand elle m'embrasse, je suis surpris mais j'arrive pas à la repousser. Ses lèvres sont si douces, elle est si belle. Je sais que je devrais pas, mais j'arrive pas, j'peux pas. Au moment où elle se colle moi, je perds pieds et m'abandonne à ce baiser.
Soudain, elle met fin à ce moment d'intimité. Elle ouvre de grands yeux comme surprise de ce qu'elle venait de faire. Je la vois mal à l'aise, gênée et je m'sens comme un con. Et ses paroles qui suivent vont m'achever.
_ Excuse – moi Daryl, . . . oh mon dieu, . . . je n'aurais pas du, . . . je suis désolée, dis – elle puis elle marque une courte pause et reprend, oublies tout ça, . . . s'il te plaît.
Je n'ai pas le temps de lui répondre quoi que soit, ou de réagir, qu'elle est est déjà debout en criant « je suis ici, Daryl vient de me trouver ».
Carol arrive et me serre contre, tout en me disant.
_ Ma puce, qu'est – ce que je suis contente que tu n'es rien, on sait tous fait un sang d'encre, me dit – elle et elle ajoute en voyant arriver Daryl
_ Je savais que si quelqu'un pouvait la trouver, se serait toi, lui dit – elle tendrement avant de l'embrasser sur la joue.
Daryl mal à l'aise ne dit rien et voir Carol l'embrasser sur la joue me fait bouillir intérieurement même si je n'ai aucun droit de réagir ainsi. Carol nous regarde tour à tour puis termine en disant.
_ Allons rejoindre les autres et rentrons.
J'acquiesce d'un signe de tête fatiguée par toutes les émotions de la journée. Une fois rentrée à la ferme, je remercie tout le monde d'être venue me chercher et m'excuse pour l'inquiétude que j'ai pu causer. Je vais voir Rick, je lui dois des remerciements corrects. Je le trouve en pleine discussion houleuse avec se femme.
_ Excuse moi, je peux te parler, commençais – je mal à l'aise.
_ Bien sûr, Alice, qu'y a – t – il ? Me répond – t – il calmement avec un sourire engageant.
_ Je voulais de remercier d'avoir organiser et mener les recherches pour me retrouver. C'était stupide, j'ai paniqué et . . . j'ai mis en danger des personnes de ton groupe . . .
Rick arrête ma tirade d'un geste de la main, et poursuit toujours avec un sourire scotché aux lèvres.
_ C'est gentil mais c'est normal pour trois raisons. Premièrement, tu es arrivée avec Merle donc, même si on n'est pas toujours d'accord, tu fais partie du groupe. Deuxièmement, on vit sur les terres de ton grand – père, je me tends à cette remarque. Rick a la délicatesse de ne faire aucune remarque sur ma réaction. Et troisièmement et non des moindres, . . . tu as . . . un effet bénéfique . . . sur les frères Dixon, alors rien que pour ça. Tu as toute ma reconnaissance, termine – t – en se marrant.
Je souris et retourne voir Ethan. Exceptionnellement, il dort dans mon lit ce soir. Mon petit – frère a eu peur pour moi. Je le rassure lui disant que je serai toujours là. Il a beau avoir quinze ans, il reste encore un petit garçon quand cela ne va pas.
Quelques jours passent. J'essaie de trouver mes marques au milieu du groupe et de ma famille. C'est plus facile avec le groupe et Maggie ou encore Beth, mais avec Hershel, . . . ça reste compliqué. Ethan se rapproche de plus en plus des frères Dixon, ce qui semble plaire à Merle. Avec Daryl, on s'arrange pour ne pas nous retrouver seul l'un avec l'autre. En même temps, je ne sais pas à quoi je m'attendais. Mais je préfère l'éviter car à chaque fois, que je croise son regard. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce baiser et mes sens s'affolent malgré moi. Il va falloir que je me domine rapidement pour avancer sinon cela va me compliquer la vie.
J'ai demandé à Merle de reprendre avec lui les entraînements. Chaque matin, on part en forêt aux aurores et on revient pour le déjeuner avec la chasse du jour. Je lis maintenant les traces sans me tromper. On a travaillé mon sens de l'orientation, ce qui est indispensable quand on pense à ma dernière ballade seule en forêt. Tous les jours, il me force à tuer des rôdeurs de différentes manières. Là aussi, je m'améliore, je m'endurcis.
Ce matin, comme tous les matins, je suis assise sur les marches du perron de la ferme en train de lacer mes chaussures en attendant Merle. Quand Daryl s'avance seul vers moi, une boule se forme instinctivement dans ma gorge et mon estomac se serre. C'est lui qui parle en premier.
_ T'es prête ? Me demande – t – il simplement.
_ Merle ne vient pas ? Demandais – je à tout hasard me doutant déjà de la réponse.
_ Non, y a qu'moi, dit – il en partant vers la forêt sans un regard en arrière.
_ OK.
Je me lève et le suis. La matinée risque d'être épique me dis – je en le suivant.
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