Chapitre 19
L'homme auquel je tiens le plus au monde depuis toujours, celui à qui je me suis donnée corps et âme, celui en qui je plaçais ma confiance . . . est là devant moi . . . ses lèvres que j'avais embrassées, caressées la veille, se pressaient contre celle d'une autre . . . Andréa. Alors qu'elle passait les bras autour de son cou. Je reste inerte face à cette scène, incapable de prononcer le moindre mot. Mes larmes acides me brûlent les joues sans que je puisse les arrêter.
J'en reviens pas qu'elle soit sortie toute seule ce matin. Bon dieu, il aurait pu lui arriver n'importe quoi. Et j'aurais même pas été là pour la protéger. Mais c'est pas encore le pire. Le pire se sont ces putains de mots qui sont sortis de sa bouche ce matin. Devant tout le monde, putain . . . avec ces mots « on n'est pas marié à ce que je sache ». C'est comme si, elle avait renié tout ce qui c'était passé entre nous, notre nuit. Ça me faisait chier, car pour moi cette nuit était spéciale. C'était pas juste un coup d'un soir, . . . on avait fait l'amour, bordel . . . pour moi ça avait de l'importance car c'était elle, Alice, la fille pour laquelle je craquais depuis si longtemps et que je m'interdisais d'aimer pour des raisons à la con. Merle avait pas tort, j'l'avais toujours regardée différemment, en fait.
Putain, elle est importante pour moi et j'pensais qu'elle avait remarqué mes efforts . . . Et merde, j'suis trop con, j'pensais au moins compter un peu pour elle . . . voir autant qu'elle pour moi.
Alors quand j'ai entendu ses paroles, j'ai eu mal comme jamais auparavant . . . même quand mon connard de père me battait cela faisait pas aussi mal que ce matin. Et comme un con, j'avais voulu qu'elle ait aussi mal que moi. Alors j'ai fait une connerie. Je savais qu'en acceptant Andréa avec moi, cela la rendrait dingue. Mais on était à peine sorti que je regrettais déjà sentant que cela se terminerait encore plus mal. Mais j'ai laissé faire.
Je me suis dit qu'il fallait que je fasse demi tour, que je rentre pour qu'on s'explique. Puis j'me suis dit aussi qu'il fallait que la tension retombe alors . . . autant chasser. Et si Andréa est avec moi, elle ne pourrait blesser ou faire de mal à Alice.
Perdu dans mes réflexions, c'est mon instinct qui me pousse à m'arrêter. J'ai la sensation d'être suivi, j'en fais discrètement part à Andréa pour qu'elle se tienne prête au cas où, on ne sait jamais . . .
Alors que je regarde autour de nous, je ne comprends pas tout de suite pourquoi Andréa se jette sur moi pour m'embrasser. La sensation est écœurante. Je vais pour la repousser mais je mets quelques secondes de trop pour la repousser . . . quelques secondes qui vont lui briser le cœur.
Quand j'entends son cri et que je lis le déchirement et la douleur sur son beau visage. Je regrette amèrement de ne pas avoir écouté ma première idée. Je pousse Andréa sans ménagement et me précipite vers Alice.
Au premier pas que je fais vers elle, elle se met à courir pour me fuir. J'essaie de la suivre mais elle court vite, et comme si cela ne suffisait pas il se met à pleuvoir. Je l'appelle, je crie son nom, . . . mais rien n'y fait, elle s'enfonce toujours plus profondément dans la forêt à l'opposé de la maison. Ne la voyant plus, je cherche ses traces, mais la pluie les efface, rendant ma traque impossible. Je m'arrête frappe dans un arbre de colère, de frustration, de désespoir . . . Puis je fais demi tour. Je vais ramener Andréa à la maison, comme ça au moins, . . . elle ne fera rien de plus à Alice.
Une fois rentrés, Merle et Carol comprennent tout de suite qu'il y un problème et . . . pas des moindres. Je leur explique ce qui vient de se passer sous le regard horrifié de Carol et l'air dépité de Rick. À la fin de cette discussion, je demande à le voir . . . seul.
Je cours, . . . je cours à perdre haleine. Mes poumons me brûlent et mon cœur est meurtri, mais pas par ma course effrénée. Pourquoi ? . . . pourquoi ? . . . est le seul mot qui résonne dans mon esprit. Alors que je cours pensant qu'en augmentant le distance entre nous, cela diminuera ma peine . . . toute la scène que j'ai surprise me revient en plein visage.
Je cours jusqu'à ce que je m'effondre d'épuisement sur le sol froid et humide. Une fois par terre, je n'ai plus l'énergie de me relever. Je reste là, recroquevillée sur moi – même dans cette boue. Tout ce que je veux à cet instant, c'est que cette douleur qui me transperce cesse. Que tout s'arrête. Je ne sais même pas si je veux être retrouvée. Malgré le froid, la faim, la peur et la douleur . . . je m'endors en boule . . . transie de froid . . . sur ce sol dur.
Cela fait plusieurs heures que nous cherchons Alice, avec Carol, Glenn, Maggie et Rick. Je me jure que quand on la retrouve, je lui déballe tout ce que j'ai sur le cœur. Et que même si on est pas marié comme elle le dit, pour moi, on en est pas moins un couple.
La nuit commence à tomber et les autres veulent rentrer. Mais pas moi, je peux pas la laisser dormir dehors, qui sait ce qu'il peut lui arriver.
_ Daryl, . . . Daryl, vient on rentre, on poursuivra demain, m'appelle Rick.
_ Non, j'reste, . . . j'peux pas, j'peux pas la laisser dehors toute seule Rick, répondis – je dépité.
_ Daryl, Alice est une fille intelligente et forte. Elle a du trouver un abri ou . . . elle est peut être même rentrée, me réconforte mon ami avec un sourire.
_ Non, elle est pas rentrée . . . elle me déteste, dis – je en baissant la tête et les épaules.
_ Daryl, que c'est – il passé entre vous deux, me demande Rick sur le ton de la confidence.
Je prends alors une grande inspiration et déballe à Rick toute notre histoire. Depuis la première fois, où j'ai remis en place ce connard qui avait osé la gifler, en passant par notre premier baiser dans la forêt, par Andréa et notre nuit ensemble. À mon récit, mon ami comprend sans équivoque ce que je ressens pour Alice même si je me refuse à le dire à voix haute. Il comprend aussi sans problème, le rôle et la responsabilité d'Andréa dans tout ce qui est arrivée à Alice ces derniers temps. Mais il a raison, nous devons rentrer. Même si je n'y crois pas vraiment, une parcelle de mon cœur espère fermement qu'Alice soit rentrée entre temps à la maison. Je n'irai pas bien, tant qu'elle ne sera pas dans mes bras en sécurité.
Je sens que l'on me bouscule avec un bâton, j'ouvrirai bien les yeux mais ce geste m'est terriblement douloureux tant j'ai pleuré.
_ Tu croix qu'elle est vivante ?
_ On n'a pas le temps de gérer des poids morts, magnez vous le cul les filles !
Les pensant plus éloignés qu'ils ne le sont en réalité, j'ouvre les yeux et jette un regard dans la direction où j'avais entendu les voix.
_ Salut, belle au bois dormant, me dit un grand rouquin avec des plaques militaires. Il pourrait aisément faire peur avec sa stature de colosse mais son regard est rieur et chaleureux.
Une jolie brune d'origine hispanique, je pense, lui donne une petite tape sur le bras pour le gronder comme un enfant.
_ Arrête gros nigaud, tu vas l'effrayer, puis elle reprend avec douceur en me tendant la main pour m'aider à me relever.
_ Salut, moi c'est Rosita, l'idiot à côté de moi se nomme Abraham, et là – bas, il y a Tara et Eugène.
_ Bonjour, . . . je suis Alice, répondis – je simplement.
_ Bien le bonjour Alice, tu viens avec nous . . . ou tu te fossilises sur place, me demande le géant rouquin en riant aux éclats.
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