📜 Les liens du passé
Les premières heures dans le clan Gusu Lan furent une épreuve.
Les disciples étaient rassemblés dans l'une des grandes salles d'étude, alignés en rangs parfaits, écoutant attentivement un disciple aîné réciter les trois mille règles du clan.
Wei Wuxian bâilla à s'en décrocher la mâchoire. Yuri, elle, ne tenait pas en place.
Elle passait d'un pied sur l'autre, ses doigts tapotant doucement sur la manche de sa tunique, son regard fuyant vers les grandes portes ouvertes donnant sur la cour.
L'enseignant continuait :
— Règle 428 : il est interdit de courir dans les couloirs du temple.
— Règle 429 : il est interdit de rire trop fort.
— Règle 430 : il est interdit de sortir après le couvre-feu.
Wei Wuxian souffla discrètement à Yuri :
— Même respirer est réglementé ici, non ?
Yuri ne répondit pas. Parce qu'elle n'était plus là.
Wei tourna légèrement la tête et vit sa silhouette disparaître à l'extérieur, se faufilant entre les piliers.
— Oh non... murmura-t-il en se levant d'un bond.
D'un pas rapide, il sortit discrètement derrière elle.
Yuri marchait d'un pas décidé dans les jardins du temple, ses yeux rivés sur la sortie principale. Elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait ici. Ces règles ? Ces restrictions ? Tout cela lui semblait absurde. Elle se sentait enfermée. Elle allait partir. Peu importait où, mais pas ici.
— Tu comptes aller où ?
Sa démarche s'arrêta net. Lan Wangji était là. Appuyé contre un pilier, son regard froid fixé sur elle.
Il n'avait fait aucun bruit, et pourtant, il était là, comme s'il l'avait attendue.
Yuri ne répondit pas immédiatement. Elle se contenta de le regarder et Lan Wangji sentit de nouveau ce malaise étrange. Quelque chose d'invisible et froid en elle.
— Je sors, déclara-t-elle enfin. Je ne veux pas rester ici.
Un silence.
— Tu ne peux pas partir.
Son ton était neutre, mais son regard pesait sur elle.
— Et pourquoi pas ? répliqua-t-elle avec calme.
Wei Wuxian arriva à ce moment-là, coupant court à l'échange.
— Ah, Yuri, Yuri, Yuri... Il posa une main sur son épaule, faussement dramatique. Tu ne peux pas fuir dès le premier jour ! Tu vas vexer nos chers hôtes.
Elle haussa un sourcil.
— Pourquoi pas ? Je n'ai rien à faire ici.
Wei Wuxian secoua la tête, un sourire tendre sur les lèvres.
— Je saute, tu sautes, tu te rappelles ?
Un léger tremblement passa dans les yeux de Yuri.
Ce souvenir. Ce moment gravé en eux.
Le vent soufflait violemment ce jour-là.
L'eau bouillonnait en contrebas de la falaise, formant un gouffre noir et sans fond.
Wei Wuxian était accroché à une paroi glissante, ses doigts cramponnés à la pierre alors que ses pieds glissaient lentement vers le vide.
— Ne bouge pas, Wei ! cria une voix.
— Yuri.
Elle était en haut, debout sur le rebord, son regard fixé sur lui.
Wei leva les yeux, le cœur battant à tout rompre.
— Ne viens pas, Yuri ! C'est trop dangereux !
Elle ne répondit pas. Elle sauta. Sans hésitation. Sans peur.
Elle plongea dans le vide, le vent fouettant son visage, son corps fendant l'air comme si elle n'avait jamais craint la mort.
Et dans un mouvement précis, elle l'attrapa en plein vol, leurs corps s'enroulant l'un autour de l'autre alors qu'ils s'écrasaient dans l'eau glaciale en contrebas.
Yuri resta immobile. Elle leva lentement les yeux vers Wei Wuxian.
— Je saute, tu sautes... murmura-t-elle.
Un sourire léger effleura ses lèvres.
Lan Wangji les observa, une incompréhension nouvelle dans les yeux. Il ignorait ce qu'il voyait en elle, mais il venait de comprendre une chose. Cette fille... ne ressemblait à personne.
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