Les jours avaient passé. Yuri errait dans un monde désormais silencieux. Affamée, seule, elle ne savait plus où aller. Ses souvenirs étaient flous, sa douleur physique presque absente. Elle ne ressentait ni peur, ni colère. Juste un vide immense et oppressant.

C'est dans une ruelle boueuse qu'elle le vit pour la première fois. Un garçon aux vêtements sales, à l'air farouche, fouillant les ordures pour trouver de quoi manger. Ses yeux noirs rencontrèrent les siens. Un silence pesant s'installa.

— Qui es-tu ? demanda-t-il, une miette de pain entre ses doigts.

Yuri haussa les épaules. Elle n'avait plus de réponses à donner.

Wei Wuxian, orphelin, vagabond des rues, sourit enfin.

— Si tu veux survivre, il faut savoir où chercher. Viens, je vais te montrer.

Ainsi commencèrent trois jours d'errance, où ils apprirent à voler, à fuir, à se cacher. Jusqu'au jour où un marchand piégea Yuri après un vol et où Wei Wuxian vit, pour la première fois, une lueur glaciale briller dans son regard. Une aiguille plantée, une réaction trop brutale. Il comprit alors que cette fille était bien plus qu'une simple orpheline.

Ils pensaient s'en tirer, comme à chaque fois. Mais cette fois-ci, la colère du marchand ne s'éteignit pas avec une simple douleur. Des voix hurlèrent derrière eux, des ordres fusèrent. En un instant, leur monde bascula de nouveau.

Yuri et Wei Wuxian furent soudain pris en chasse par plusieurs hommes armés. L'un d'eux les pointa du doigt en criant :

— Attrapez-les ! Ces sales gamins ont volé notre marchandise ! 

Yuri attrapa la main de Wei Wuxian et se mit à courir sans se retourner. Ils bondirent par-dessus des caisses, s'engouffrèrent dans des ruelles sombres, mais les bruits de pas lourds ne faisaient que se rapprocher.

Alors qu'ils arrivaient dans une impasse, une silhouette apparut devant eux. L'oncle de Wei Wuxian. D'un regard, il comprit qu'il était son neveu et s'approcha pour le serrer dans ses bras.

— Wei Ying...  murmura-t-il avec soulagement.

Mais il ne prêta aucune attention à Yuri, l'oubliant instantanément.

Wei Wuxian se détacha de lui et déclara avec fierté, dans les mots innocents d'un enfant de huit ans :

— Si j'ai survécu, c'est grâce à elle.