📜 L'ombre du doute

Deux semaines s'étaient écoulées depuis leur arrivée au Clan Gusu Lan. Deux semaines où Yuri avait intégré, malgré elle, les règles strictes du clan. Deux semaines où elle avait dû supporter le regard lourd de Lan Qiren, qui ne cachait ni son agacement, ni sa méfiance envers elle. Et surtout, deux semaines où Wei Wuxian et Lan Wangji s'étaient imposés comme les deux seuls points d'ancrage dans ce lieu qui lui paraissait étranger et oppressant.

Ce jour-là, les disciples étaient rassemblés dans la cour principale, sous le regard sévère du chef du clan Lan et de Lan Xichen qui observait la scène avec une expression indéchiffrable.

Yuri, comme à son habitude, était en retrait. Elle ne comprenait pas pourquoi, chaque fois qu'elle entrait dans une pièce, les regards se posaient sur elle avec insistance. Elle ne comprenait pas pourquoi Lan Qiren la regardait comme s'il voulait la voir disparaître. Aujourd'hui encore, cette tension atteignit un nouveau sommet.

— Tu as encore désobéi.

La voix de Lan Qiren était froide, tranchante comme une lame.

Yuri haussa un sourcil, visiblement perplexe.

— Qu'ai-je fait cette fois ? demanda-t-elle d'un ton neutre.

Wei Wuxian et Lan Wangji, restés en arrière, échangèrent un regard prudent. Ils avaient appris à reconnaître ces affrontements silencieux, où Yuri et Lan Qiren semblaient enfermés dans une lutte que seul le chef de clan comprenait.

Lan Qiren serra légèrement les poings, mais ce fut Lan Xichen qui prit la parole.

— Tu es... différente.

Yuri cligna des yeux.

Un frisson, imperceptible, parcourut la cour.

— En quoi est-ce un crime ? répliqua-t-elle calmement.

Wei Wuxian sentit la tension monter d'un cran. Il fit un pas en avant, prêt à désamorcer la situation. Lan Qiren, lui, resta silencieux, mais son regard se durcit davantage. Comme s'il luttait contre quelque chose. Comme s'il savait quelque chose qu'elle ignorait encore.

Yuri, elle, ne ressentait rien face à leur sévérité. Mais... cette fois, elle voulait comprendre. Pourquoi chaque pas qu'elle faisait attirait un jugement ? Pourquoi chacune de ses paroles semblaient sonner comme une menace ? Pourquoi chaque regard posé sur elle paraissait chargé de méfiance, de rejet, ou pire... de crainte ?

Elle croisa les bras.

— Expliquez-moi, dit-elle tout simplement, ne quittant pas ses yeux.

Son ton n'était ni provocant ni défiant. Il était juste sincère. Lan Xichen l'observa longuement. Un silence étrange s'installa. Puis, après un instant, il prononça des mots qu'elle n'attendait pas.

— Tu ne ressens rien, n'est-ce pas ?

Wei Wuxian écarquilla légèrement les yeux. Lan Wangji tourna la tête vers son frère, surpris par son intuition.

Yuri, elle, ne bougea pas. Mais cette fois, son cœur eut un léger sursaut.

La voix de Lan Xichen, bien que posée et douce, résonna comme un glas. Les mots flottèrent dans l'air, invisibles, mais lourds. Yuri ne répondit pas immédiatement. Elle savait que c'était vrai. Elle le savait depuis toujours, et pourtant, l'entendre dire à voix haute... c'était différent.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais Lan Xichen continua avant qu'elle ne puisse parler.

— Je l'ai vu dès ton arrivée ici.

Son ton était calme, mais son regard était perçant, presque tranchant. Wei Wuxian et Lan Wangji restaient silencieux, suspendus à ses paroles. Même Lan Qiren, pourtant inflexible, ne l'interrompit pas.

— Le vide.

Un simple mot, mais qui résonna dans le corps entier de Yuri. Elle sentit un frisson parcourir sa peau, une sensation qu'elle ne connaissait pas.

« Le vide. »

Il avait mis un nom dessus.

— Alors, dites-moi.

Sa propre voix lui sembla étrangement distante.

— Pourquoi suis-je comme ça ?

Lan Xichen l'observa longuement, comme s'il pesait chaque mot avant de parler.

Puis, enfin, il commença à répondre.

— Parce que ton existence...

Une explosion retentit soudainement. Le sol trembla sous leurs pieds. Les disciples se tournèrent dans un mouvement synchronisé, leurs visages blêmes de stupeur.

Une attaque.

Yuri, elle, ne réagit pas immédiatement. Elle était encore suspendue aux mots que Lan Xichen n'avait pas pu terminer.

« Parce que ton existence quoi ? »

Mais l'instant d'après, les hurlements brisèrent le silence et la bataille éclata.

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