L'oncle de Wei Wuxian le tenait fermement par l'épaule, prêt à l'emmener loin de ces ruelles sales et dangereuses. Son regard, dur et pragmatique, ne se posait que sur lui, ignorant totalement la fillette qui se tenait à ses côtés.

Yuri, droite, silencieuse, ne réagissait pas. Ni espoir, ni tristesse, ni peur. Juste ce vide habituel, cette absence de sentiment qui la caractérisait tant.

Wei Wuxian, lui, fronça les sourcils.

— Elle vient avec nous.

L'homme s'arrêta net, interloqué.

— Non.

Sa réponse était froide, définitive. Il n'avait aucune raison de recueillir une inconnue. Wei Wuxian était son neveu, son devoir. Cette fille n'était rien.

— Mais elle m'a aidé ! protesta l'enfant, les poings serrés. Si j'ai pu survivre, c'est grâce à elle. On ne peut pas juste la laisser là !

L'oncle ne daigna même pas accorder un regard à Yuri.

— La rue est remplie d'orphelins. Elle trouvera son chemin.

Un silence s'installa. Yuri ne bougea pas, n'implora pas. Elle ne fit même pas un pas en avant. Wei Wuxian, lui, la regarda, perplexe. Pourquoi ne disait-elle rien ? Pourquoi ne se battait-elle pas pour être acceptée ?

Le soleil couchant transperça un nuage et illumina fugacement le visage de la fillette. À cet instant, un éclat doré brilla dans ses yeux sombres.

L'oncle tiqua. Son souffle se coupa un instant, son regard se figea. Ses doigts se crispèrent autour de l'épaule de Wei Wuxian tandis qu'il faisait un infime pas en arrière, comme s'il venait d'apercevoir un fantôme.

« C'est impossible... »

Il lui fallut quelques secondes pour masquer sa réaction, mais son cœur tambourinait dans sa poitrine. Ce reflet doré... Il l'avait déjà vu, autrefois. Une mémoire enfouie, un avertissement qu'il ne parvenait pas à retrouver. Mais cela n'avait rien d'ordinaire.

— D'où viens-tu, petite ?

Yuri resta silencieuse.

Wei Wuxian, lui, se redressa fièrement.

— Elle est avec moi. C'est tout ce que tu as besoin de savoir.

L'homme fronça les sourcils, jetant un dernier regard à la fillette, puis soupira, fatigué.

— Très bien. Mais tu en es responsable.

Un sourire victorieux étira les lèvres du garçon. Il attrapa la main de Yuri et la serra brièvement, comme pour lui dire : ne t'inquiète pas, je suis là.

Mais elle ne répondit pas, car depuis cette nuit-là, elle n'avait jamais eu besoin de s'inquiéter.