L'aube baignait sur le domaine du Lotus Pier d'une lumière pâle et brumeuse. Devant les grandes portes du domaine, Wei Wuxian, Jiang Cheng, Yuri et Jiang Yanli étaient alignés, leurs bagages soigneusement attachés à leurs montures.

Jiang Fengmian leur adressa un regard paternel.

— Comportez-vous honorablement et représentez bien notre clan, dit-il avec calme.

Madame Yu, quant à elle, toisa chacun d'eux, son regard particulièrement froid en se posant sur Yuri.

— N'attirez pas l'attention.

Yuri soutint son regard sans broncher, mais Wei Wuxian eut un petit sourire amusé.

— Ça risque d'être compliqué pour moi, madame !

Il reçut un regard assassin en retour.

Quelques instants plus tard, ils montèrent à cheval et prirent la route. Le clan Gusu Lan les attendait.

Le voyage fut long, mais lorsqu'ils atteignirent enfin la chaîne de montagnes où se dressait le nuage de lumière de Gusu, une atmosphère solennelle les enveloppa.

Les hautes tours blanches du domaine semblaient toucher le ciel, baignées dans une brume sacrée. Une pureté immaculée flottait dans l'air, contrastant brutalement avec la chaleur et le chaos du domaine du Lotus.

Dès leur arrivée aux portes du clan, des disciples en robes blanches vinrent les accueillir.

— Bienvenue au Clan Gusu Lan, disciples du Clan Jiang.

Wei Wuxian observa les lieux, un sourire en coin.

— Tout est si... silencieux ici.

— C'est la règle, répondit un disciple d'un ton neutre.

Wei Wuxian échangea un regard amusé avec Jiang Cheng, mais Yuri, elle, restait immobile, détaillant les environs d'un regard perçant.

Quelque chose l'intriguait. Puis, ils apparurent.

Un groupe de disciples en robes blanches, mené par un jeune homme aux traits froids et impassibles, avançait vers eux. Il était d'une prestance impeccable, son port noble, son regard perçant d'une clarté rare.

Yuri, qui n'avait jamais été sensible à l'apparence des autres, sentit pourtant son regard se figer sur lui.

Il y avait quelque chose chez ce garçon. Une aura qu'elle n'avait jamais rencontrée auparavant.

Sa silhouette était droite, parfaite, comme sculptée dans l'acier et la lumière. Ses longs cheveux sombres contrastaient avec la pureté de sa robe immaculée. Mais c'était surtout son visage, son regard intense et insondable, qui la fascinait.

Wei Wuxian pencha la tête, un sourire joueur s'étirant déjà sur ses lèvres.

— Qui est-ce ? chuchota-t-il à un disciple.

— Lan Wangji, second fils du Clan Lan.

Yuri ne détourna pas les yeux. Elle n'aurait su dire pourquoi, mais pendant une fraction de seconde, quelque chose en elle sembla s'arrêter.

Wei Wuxian, lui, n'attendit pas une seconde de plus avant de faire un pas vers lui, un sourire rayonnant.

— Ah ! J'ai hâte de m'entraîner à tes côtés !

Lan Wangji resta silencieux. Son regard glissa brièvement sur Wei Wuxian, mais, étrangement, il ne s'attarda pas sur lui. Il se détourna presque aussitôt pour poser ses yeux sur Yuri.

Elle le fixait toujours, sans gêne, sans détourner les yeux comme l'auraient fait d'autres sous l'intensité de son regard.

C'était une sensation inhabituelle. Lan Wangji n'était pas habitué à être observé ainsi.

Mais ce qui le troubla davantage, ce fut ce qu'il ressentit en la regardant à son tour. Un frisson. Léger, mais bien présent. Quelque chose clochait chez elle.

Son apparence était celle d'une jeune femme ordinaire, mais son aura... elle était différente. Froidement neutre, comme un lac glacé.

Même dans le silence absolu du domaine Gusu Lan, elle lui semblait plus silencieuse encore.

Ce n'était pas de la retenue. Ni de la prudence. C'était... un vide.

Yuri cligna lentement des yeux.

— Tu me regardes.

Wei Wuxian, pris au dépourvu par cette déclaration directe, jeta un regard entre eux deux, intrigué.

Lan Wangji ne répondit pas immédiatement. Son visage resta impassible, mais son regard s'attarda un peu plus sur elle, comme s'il cherchait à comprendre ce qu'il venait de percevoir. Puis, finalement, il détourna les yeux, sans un mot de plus. Yuri, elle, continua de le fixer encore un instant avant de baisser légèrement la tête, songeuse.

C'était la première fois qu'un regard lui faisait ressentir quelque chose.