Un vent frais vint me caresser le visage. Était-ce le jour ou la nuit ? Est-ce que cela avait encore de l'importance?

J'avais commencé la méditation. Mon estomac s'était momentanément calmé mais cela n'allait pas durer. Je posais la main sur l'épée. Dans cette grotte, protégé par le talisman que j'avais modifié et créé, l'esprit de vengeance se taisait. Qu'en serait-il une fois dehors ?

Cela n'avait pas vraiment d'importance, en soi. Je n'avais pas le choix et je devais repérer les lieux proches de la grotte si je voulais survivre !

Si la vie existait, elle devait se trouver sur les flancs de la montagne. J'y avais réfléchi. L'endroit n'avait pas dû être souillé par la mort. Il devait être préservé, d'où l'eau claire. Il était la dernière trace de ce qui avait été La Montagne Céleste... 

Je sortis de mon refuge. 

Aussitôt comme je m'y attendais, les voix des temps anciens m'assaillirent, m'exhortant à la vengeance, à la violence ... elles fondirent sur moi comme un prédateur sur sa proie. Autour du halo de lumière produit par l'épée , je voyais l'énergie noire volée , foncée sur moi puis arrivée proche de la clarté, s'éloigner de nouveau. Je ne devais pas faillir, j'avançais. La méditation avait au moins ça de bon , j'arrivais à garder conscience pour un plus long moment.

Mais je sentis que je ne tiendrais plus très longtemps , alors je rebroussais chemin. Ma recherche avait été veine ... pour cette fois!

Je ferais une nouvelle tentative dans quelques heures. Je retournais à la grotte. L'énergie noire me suivait. Elle attaqua de nouveau, et une fois de plus elle fut repoussée ! Je franchis l'entrée et tout se tus. Je retrouvais un peu de sérénité. Je replantais l'épée au centre du talisman.

 J'entrepris de faire l'inventaire de ce que j'avais trouvé dans ce qui était désormais ma demeure, qu'il soit cassé ou non ! Dans ma situation je n'allais pas faire le difficile !

J'avais découvert un bol qui me permettait de puiser de l'eau et de boire. Bien caché dans un recoin, une vieille tenture avait été oubliée. En partie déchirée, elle me procurait néanmoins un semblant de couverture. Les « nuits » , enfin ce que je pensais être la nuit, se faisaient fraîches. Deux pierres de silex me permettaient de battre le briquet pour faire du feu. Je ne manquais pas de bois mort ! . 

Je m'organisais mais la faim recommençait à me tenailler. Ma cheville me faisait toujours mal tout comme mes cotes. Les quelque herbes médicinales que j'avais dans ma pochette Qiankun s'épuisaient à vue d'œil.

Après quelques heures de méditation ,  je pris la décision de ressortir et d'explorer l'autre côté du versant de la montagne. J'espérais dans mon fort intérieur que cela me permettraient d'aller un peu plus loin et de trouver quelque chose. Sinon tout ce que j'avais fait n'aurait servis à rien ! Je ne voulais pas capituler que ce soit devant les esprits de l'épée ou ceux du Tertre Funéraire ! 

Je saisis la poignée et sortis.

Je longeais le flanc sur la gauche. L'énergie noire me suivait toujours. Les voix anciennes répétaient inlassablement les mêmes paroles toujours et encore ! Je regardais autour de moi, il me semblait que les herbes avaient l'air moins brûlées , que les arbres étaient plus clairs ! Était-il possible que j'approche de ce que je recherchais ? J'avançais droit devant moi , ma main posée sur la paroi de la montagne qui me servait de guide. Les pierres noires devinrent grises. Je sentis quelque chose de doux sous ma paume. Je regardais et vis de la mousse ! 

La vie existait dans cette zone maudite.

Je continuais d'avancer, mon excitation masquait les voix. Je n'y prêtais plus attention, seul l'espoir de trouver quelque chose pour caler mon estomac, guidait mes pas. J'arrivais dans un renfoncement et fus éblouis. Un rayon de soleil illuminait ce que je considérais être un paradis céleste ! 

Quelques arbres , une mare et une petite forêt de bambous ... 

Derrière moi, l'énergie noire était à l'affût. J'espérais de tout cœur qu'elle ne puisse pas entrer dans ce lieu idyllique ! C' était mon seul espoir de survie. Je devais le préserver. Il y avait des fruits sur plusieurs arbres . Je reconnu des Kumquats et des jujubes. Je m'approchais de la mare et des bambous. Si je trouvais quelques pousses en plus des fruits, je pourrais sûrement survivre ! 

Mais je devais protéger l'entrée de cet endroit. Je sentais l'énergie douce et sereine du lieu. Elle me fit penser à Lan Zhan ! 

Je pris l'un des clous que j'avais trouvé dans la grotte et que j'avais placé dans ma bourse Qiankun. Après m'être griffé avec, je traçais avec mon sang, un talisman similaire à celui que j'avais élaboré dans mon refuge mais je réalisais que je devais l'adapté non seulement à la configuration du lieu mais aussi à son énergie.

Mon imagination créative fit de nouveau son œuvre ! Je me savais doué et les esprits du lieu allaient le découvrir ! Enfin , s'ils ne me faisaient pas craquer avant !

Quand le talisman fut en place, mon esprit s'éclaircit.

Je ramassais quelques fruits et coupais quelques pousses de bambou, puis retournais à la grotte.

Une certaine routine s'installa. Je repris progressivement quelques forces. Je devais me restreindre sur la nourriture, mais je survivrais.

Je devais maintenant trouver un moyen de sortir d'ici. Deux forces étaient présentes.

La première, les esprits de l'épée alliées à la puissance du Fer Yin. Je pouvais y résister un certain laps de temps mais pas les contrôler.

Le deuxième, les esprits damnés du Tertre funéraire ! Ce qui faisait leur force n'était pas leur puissance comme pour l'épée mais leur nombre. S'il était possible de le limiter où de convaincre certains d'entre eux de m'aider ...

Je me penchais plus en avant sur la raison de leur fureur. La majorité d'entre eux étaient morts lors du combat entre les clans et Xue ChongHai. Leurs corps n'avaient pas reçu de rites funéraires et leurs esprits n'avaient pas été apaisés ! Étais-je capable de le faire ? Comment pouvais-je m'y prendre ?

La fatigue me gagnait, je ne mangeais pas à ma faim, et je devais faire attention. Je me mis en état de méditation et laissais mon esprit vagabonder. Je ne fut pas étonné de le voir s'égarer vers YunShen Buzhi et Lan Zhan. Il était souvent dans mes pensées. J'entendais sa voix me dire « Ennuyeux ! » ou « indécent ! ». Je revoyais sa colère et sa stupeur lorsqu'il avait ouvert le livre de HuaiSang que j'avais substitué à celui, bien trop sérieux, qu'il lisait. Qu'est ce que j'avais ri !!!

Il me revint en mémoire la raison qui m'avait amené à cette « punition » dans la bibliothèque en sa compagnie ! Mon idée révoltante, selon Lan QiRen, sur l'utilisation de l'énergie du ressentiment. Il m'avait accusé d'aller à l'encontre de l'ordre naturel des choses et d'ignorer l'éthique et la morale. J'avais essayé de lui expliquer que lorsque les solutions ne sont pas adaptées, il fallait trouver une alternative si peu conventionnelle fut-elle ! Mais sa réponse avait été de me lancer un rouleau de parchemin. 

 Et bien en cet instant, j'y étais, moi dans cette situation où aucune des 3 solutions adéquates n'étaient envisageables ! Alors il ne me restait plus que la 4ème alternative ! Mais comme il me l'avais demandé à ce moment-là, comment pourrais-je être sûr que l'énergie du ressentiment n 'écoute que moi et ne blesse personne d'autre ? 

En même temps j'étais seul alors si quelqu'un était blessé ce serait moi !!! Mais comment pouvais-je contrôler ces esprits pour qu'ils mettent leur énergie à ma disposition ?

Un souvenir s'imposa à moi . Il avait eu lieu peu de temps après l'épisode de la bibliothèque. Notre chasse aux goules d'eau et le maelstrom de l'Abysse Hydrique. Je revoyais Lan Xichen, l'un des deux Jades de Gusu et frère aîné de Lan Zhan , jouer de sa flûte et maîtriser ces forces d'une puissance extraordinaire. 

La musique ... Elle était la spécialité du clan Lan. Ils l'utilisaient pour contrôler les esprits, les interroger, les apaiser ou guérir . Est-ce que la musique pourrais m'aider ? J'avais toujours été un bon musicien et ma mémoire sur ce sujet était excellente !

Dans la clairière céleste , comme je l'avais appelé, il y avait des bambous.

Demain, je me confectionnerai une flûte et je m'engagerai sur ce chemin encore jamais suivi par personne.

Demain, je ferais naître une nouvelle culture. Un culture basée non pas sur l'énergie intérieure procurée par un noyau d'or, mais par la force naturelle que l'on a en soi, sur la volonté et la détermination .

Demain serait le début d'un nouveau pouvoir !