YunShen Buzhi (partie 6)
Song Lan observait avec intérêt le comportement de Wei Wuxian et Lan Wangji. Dans les regards qu'ils se jetaient mutuellement, on pouvait y lire un profond attachement et une totale confiance l'un en l'autre. Il était étrange de penser que dans leur monde ils étaient amants ! Alors que dans le leur, ils avaient été ennemis au point de s'entretuer. Mais peut-être était-ce pour cela qu'ils l'avaient fait ! À cause de sentiments non dévoilés ...ne disait-on pas que l'amour et la haine se ressemblent et suscitent le même type de réactions violentes ?
Song Lan soupira et ses yeux tombèrent sur Xingchen. À certains moments, il se demandait ce qu'il serait arrivé s'ils ne s'étaient pas retrouvés et avoué leur affection ? Il y avait un moyen de le savoir ...il allait interroger Wei Wuxian au sujet de leurs homologues dans l'autre monde quand le médecin Wen prit la parole. Au son de sa voix douce et timide, il était difficile de croire que c'était un cadavre féroce.
- Maître Wei ? Avant de retourner monter la garde, j'aimerais vérifier les blessures de Maître Lan et Maître Xiao Xingchen ! Je présume qu'ils vont regagner la source froide cet après-midi cette fois-ci, il faudrait exposer directement les plaies aux bienfaits curatifs de l'eau ! Une légère hésitation se fit entendre dans sa voix.
- Afin de préserver la pudeur de chacun, nous pouvons organiser une rotation entre mes deux patients.
Le second frère de Jade inclina sensiblement la tête en signe d'acquiescement.
- Mnn, allez-y en premier Maître Xingchen. Répondit Lan Wangji d'un ton uniforme en changeant imperceptiblement de position.
Le cultivateur aveugle pencha lui aussi le visage et sourit en direction du bruissement discret de robe.
- Merci à vous, Lan Gongzi (*).
Song Lan aida Xiao Xingchen à se lever puis ils suivirent Wen Ning derrière l'un des paravents qui avaient été installés en leur absence.
Xingchen prit place sur un putuan (**) et dénuda son torse afin que le médecin Wen puisse vérifier sa blessure.
- Maître Xichen, votre plaie est en bonne voie de guérison. Encore deux ou trois bains dans la source, alliée à la musique curative et votre énergie spirituelle aura intégralement soigné votre lésion.
- Je vous remercie de vos bons soins, Wen Gongzi.
Le cadavre féroce se mit à rougir et bégaya une réponse.
- Mer... merci maître Xingchen. Mais ...je... je ne suis pas un Gongzi. Je ne ...je ne suis qu'un obscur sur... survivant du clan Wen ...enfin survivant ...pas ...pas complètement.
Xingchen émit un petit rire discret.
- Toujours est-il que je vous dois mon prompt rétablissement, même si ce n'est qu'en partie !
Maintenant avec votre autorisation, je vais me rhabiller et nous vous attendrons à la source.
Xingchen rabattit sa tunique puis sa robe sur ses épaules et se leva pour rejoindre Song Lan.
Ensemble, ils prirent la direction du bassin froid. Le soleil brillait de mille feux à cette altitude. Le vent qui un peu plus tôt les avait accueillis, c'était calmé. Les oiseaux faisaient entendre leurs gazouillis dans les arbres environnants. YunShen Buzhi était véritablement un havre de paix. Il était vraiment dommage qu'un endroit si serein ait été détruit à cause de la convoitise et de la jalousie des hommes.
Song Lan saisit la main de son amant. Les doigts longs et fins de Xingchen se refermèrent sans hésitations autour des siens.
- La chaleur de ton corps m'a manqué la nuit dernière. Murmura le maître du temple BaiXue.
- Ce soir, je dormirais dans tes bras, alors ne t'en fait pas. Nos hôtes ne sont pas comme les autres. Les relations comme la nôtre ne les choquent pas, puisqu'ils vivent la même chose que nous.
Alors qu'ils passaient le pont enjambant la rivière, Song Lan s'arrêta un instant et se tourna vers Xingchen afin de lui donner un baiser.
Ses lèvres se posèrent délicatement sur celles de son amant. Une légère humidité les recouvrait et le goût du bouillon du congee (***) les avait imprégnées. Puis il s'égara jusqu'à la naissance de l'oreille de son partenaire qu'il se mit à mordiller. Il connaissait parfaitement les points de son corps provoquant des réactions et déclenchant en lui du plaisir. Sa langue traça un sillon dans son cou qui fit frémir la peau de Xingchen, entraînant de délicieux frissons, prémisse du désir.
Ils se pensaient seuls au monde quand ils entendirent un toussotement. Le jeune SiZhui se tenait au pied du pont, le visage légèrement rouge. Il essayait de détourner pudiquement les yeux du couple enlacé devant lui.
Song Lan s'écarta et tenta de reprendre contenance. Xingchen quant à lui se retenait de rire devant l'embarras flagrant de son âme sœur.
- Je suis désolé de vous interrompre, mais je venais pour jouer du Qin...
Song Lan se racla la gorge avant de répondre
- C'est nous qui devrions nous excuser de la position embarrassante dans laquelle vous nous avez surpris.
Un immense et magnifique sourire illumina le visage du plus jeune des Lan.
- Vous savez, Maître Song Lan, avec mes pères, je suis habitué. Il arrive très fréquemment que je les découvre dans des situations pires que celle-là !
Song Lan brûlait d'envie de savoir au sujet de leurs autres "moi".
- Nos homologues, ils ne se sont jamais retrouvés après le massacre du Temple BaiXue ?
- Non jamais... je crois que c'est pour ça que Die est heureux de vous voir, car ici vous êtes ensemble et comme Père et lui. Song Lan se sentit encore plus gêné. Mais Xingchen vint à son secours.
- Puisque vous nous avez rejoints, allons ensemble à la source. Song Lan veillera en attendant l'arrivée de Wen Gongzi et vous jouerez pour moi, maître Lan.
- Avec plaisir Maître Xingchen ! Il y avait beaucoup d'entrain dans la voix du jeune homme, ce qui fit rire Xingchen et sourire Song Lan.
Ils partirent tous les trois en direction du bassin. Une fois sur place, SiZhui se détourna le temps que Xiao Xingchen enlève ses vêtements et entre dans l'onde pure. Il vint ensuite s'asseoir au bord de l'eau sur le même rocher que le matin et commença à faire voler ses doigts sur les cordes de son instrument.
Song Lan s'approcha de lui et le regarda longuement. Tout à l'heure, il n'avait pu interroger Wei Wuxian sur leurs doubles, mais peut-être que leur fils pourrait lui répondre.
- Lan Gongzi, si cela ne vous dérange pas dans votre tâche ,puis-je vous poser une question sur nos autres "nous" dans votre monde ?
Le musicien inclina légèrement le visage.
- Que voulez-vous savoir ?
- J'ai cru comprendre que nos homologues étaient morts ?
SiZhui remua la tête et sembla réfléchir avant de répondre. Il devait se demander ce qu'il pouvait leur dévoiler.
- Et bien, je n'ai jamais rencontré Maître Xingchen de son vivant. Mais mes pères l'appréciaient énormément tout comme vous, Maître Song Lan. J'ai fait votre connaissance dans la ville de Yi mais Xue Yang vous avait déjà transformé en cadavre féroce. Mais grâce à Die et à Wen Ning, vous avez retrouvé la raison.
- Xingchen comment... comment est-il.... ?
- Xue Yang a profité de sa cécité et l'a manipulé pour qu'il assassine des innocents. Quand il s'en est rendu compte, il... ce monstre, vous a lâché sur lui pour le forcer à vous tuer. Mais lorsque Maître Xingchen a compris que c'était vous qu'il combattait et les horreurs que Xue Yang lui avait fait commettre, il a préféré... mettre fin à ses jours. Die malgré tout son savoir et ses pouvoirs n'a pas réussi à reconstituer l'âme spirituelle de Maître Xingchen. Il a juste pu regrouper quelques bribes de son essence vitale et vous les a confiées. Depuis ce jour, vous parcourez le monde afin d'aider ceux qui en ont besoin avec vos deux épées sur le dos.
Le silence s'installa dans le renfoncement où se situait la source froide. La musique douce et envoûtante s'immisçait dans chaque parcelle du corps de ceux qui s'y trouvaient, soignant leurs blessures et régénérant leurs énergies spirituelles.
Wen Ning, tel un fantôme, s'approcha sans se faire remarquer et prit position, comme le matin, sur le rocher surplombant le bassin. Song Lan ne s'aperçut de sa présence que lorsque Wei Wuxian et Lan Wangji les rejoignirent.
Xingchen sortit de l'eau et ils retournèrent sans se presser jusqu'au HanShi mais au lieu d'y entrer, Song Lan détourna son âme sœur en direction des vestiges d'un jardin qu'il avait repéré, de loin, le matin lors de leur arrivée. Ce dernier était à l'écart devant un pavillon réduit en cendre. On pouvait néanmoins encore distinguer une terrasse qui avait dû faire suite à une galerie sur laquelle s'ouvraient les pièces de la demeure. Un petit kiosque luttait pour rester debout au milieu de plantes qui avaient depuis longtemps pris le dessus sur les allées jadis bien ordonnées.
Un sourire étira les lèvres de Xingchen.
- Song Lan pourquoi m'attirer dans un coin désert à l'écart des autres ? Aurais-tu des intentions inavouables à mon endroit ? La bouche de Song Lan avaient commencé à butiner le cou de Xingchen en y déposant une multitude de baisers.
- À ton avis ? Nous avons été interrompus tout à l'heure et ce n'est pas cette nuit que nous pourrons avoir des gestes tendres avec le nombre de personnes se trouvant avec nous...
- Alors, tu comptes prendre les devants en m'attirant ici.
- Tu as tout compris.
Une main exploratrice se glissa sous la robe et la tunique de Xingchen, écartant délicatement le tissu afin de révéler sa peau blanche et nacrée. Elle remonta lentement le long de son torse et dénuda son épaule sur laquelle la bouche de l'homme en noir vint se poser.
L'indécente repartit de plus belle en direction du dos du cultivateur aveugle. Chaque caresse sur sa peau provoquait une tempête de feu dans tout son corps. Il était doux de penser qu'après tant d'années, le toucher de son âme sœur lui faisait toujours autant d'effets.
Xingchen se cambra, basculant la tête en arrière afin de dégager sa gorge pour que les lèvres de son amant y apposent leur marque.
- Je sais que tu n'es pas en état d'aller plus loin, mais avoue que cela fait du bien...
Xingchen se contenta de rire et de glisser à son tour les mains sous la robe de Song Lan.
Les deux âmes sœurs continuèrent leurs caresses jusqu'aux dernières lueurs du soleil puis regagnèrent le HanShi main dans la main pour le dîner.
Après le repas, Wen Ning refit les bandages de ses patients et ils allèrent tous se coucher.
Xingcheng se coula contre le corps de Song Lan et posa sa tête dans son cou. Le bras de celui-ci étreignant sa taille. Avec un sourire aux lèvres, ils s'endormirent tous les deux dans le calme et la sérénité du HanShi.
(*) Gongzi : Jeune maître, formule de politesse pouvant s'ajouter au nom de famille.
(**) Putuan : coussin de prière ou de méditation (autre nom : zafu)
(***) Congee : Bouillie de riz gluant
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