Tremblement de terre


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– Tu as dis quoi !? 

– J'ai dit... AU DIABLE VOTRE RÉPUTATION PÈRE !  Se lève aussi Pharôn de sa chaise, les points sur la table et le regard tumultueux, dégageant une aura telle un hérisson qui déploie ses épines.

– Pharôn !!  S'insurge à son tour Reine Marion de sa chaise en cuir d'or fin. C'est ton père voyons...

– Ce n'est pas de ta faute Pharôn. Ta mère ne t'a pas appris les bonnes leçons de respect. Une notion que tu dois encore travailler à mon égard.  Dit Jacob, avec une étincelle de regret dans la gorge, mais le visage toujours froid et neutre.

– Jacob !! Comment peux-tu... S'offusque Marion sans finir.

– Comment osez-vous prétendre que mère m'a mal éduqué ?!!  Termine Pharôn à la place de sa mère.

– De toutes façons... Je ne discuterai pas avec vous plus longtemps. Ma décision est souveraine. Sonah Grays sera la future princesse de l'Égypte à tes côtés. Fin.  Décide le Pharaon en déposant son verre de champagne. Il était prêt à se lever pour déguerpir quand...

– Attendez Père !!

Jacob s'arrête sur le champs, dos tourné, ses mains entrelacées derrière lui, tel que la position respectueuse de la coutume l'imposait. Il lève un sourcil condescendant, ramenant une partie de son visage au dessus de son épaule gauche.

– MA décision, sera la même. Sonah Grays ne deviendra jamais mon épouse, ni la belle-fille de ce manoir.  Susurre le futur prince, la mâchoire inférieure serrée ; il frôle le haut de sa colère.

– ***

– Laissez-moi vous informer que, pour l'affection que je lui porte néanmoins, je serai avec elle durant toute la période que perdura l'audience. Elle ne doit absolument plus être seule et je lui ai donné la garantie que je serai son bras droit. Et de mon vivant père, elle n'ira jamais derrière les barreaux. Car je m'assurerai que le Seigneur de la communauté des sept qui est le responsable de sa vie misérable, subisse exactement le même sort qu'il a tant préconisé pour ELLE !!

À ces mots, Jacob Salaan se figa corps et âme, telle une piqûre furtive d'araignée venimeuse dans le cou. Ses yeux s'écartèrent de stupeur. La sensation de flagrant délit, sachant qu'il est bien la personne dont on parle, le rend puissamment impuissant pour un laps de temps, comme si la foudre de la vérité fuyarde avait claqué sur son échine. Tout semblait s'écrouler autour de lui, avec un écho qui le dominait malgré lui, les paroles de SON FILS.

Tu veux dire que tu veux te liguer contre moi à l'audience ?! Contre le royaume ?! Contre la communauté des Sept ?! Tu veux aider à défendre une coupable de naissance !? Une traîtresse du pays tout entier !?   Interroge Pharaon, toujours dos tourné.

– Oui père !! Car tout ce que vous insinuez, ne concerne nullement son nom. Celui qui sied d'être banni, puni, traîné en justice, c'est l'un des seigneurs de la communauté des sept. Et moi, je suis et serai toujours du côté de la vérité ! Et la vérité, c'est que Sonah, n'ira JAMAIS en PRISON ! JE ne laisserai personne oser permettre ça !

– Es-tu conscient de tout ce que tu avances ?! Es-tu conscient des conséquences sur la réputation de cette famille, lorsque tu perdras brillamment cette audience !?

– Qui vous dit que c'est une perte ?

– Cette audience est une perte d'avance. Rien que par le fait que tous les seigneurs de la communauté des Sept seront contre elle, sans compter qu'elle était l'épouse du mafieu Mohammed Amane avant sa mort dont ELLE est l'auteur !!!

– Vous ne comprenez pas père ! L'ennemi du royaume du Scorpion n'est pas SONAH GRAYS !!

– Alors de qui parles-tu ??!

– Je vous le dirai au bon moment. Les preuves sont en cours...

– Ah tu veux dire...les preuves qui conduiront à la perte de cette fille de joie, et à sa honte devant le monde entier ??!

–  Ne l'insultez pas je vous en conjure père !!!

– Elle n'a même pas encore trouvé d'avocat pour sa défense ! Et il ne reste que six jours avant son arrestation définitive !

– Elle ne le sera pas au nom de ma sœur biologique !!!

Un ange passe.

En parlant de sa sœur anonyme, il vient de soulever le cœur de Pharaon, toujours ancré à son passé.

Marion baisse la tête, peureuse du pire pour cette dispute entre son mari et son fils, leurs seules voix d'hommes à tous les deux résonnant déjà comme des grondements dans toutes la pièce face à son impuissance.

– Et oui père. Un détail très important : figurez-vous que j'ai déjà trouvé une avocate à Sonah.

Ces paroles là atterrirent comme un fouet à l'audition de Jacob et le firent  sentir brusquement que l'audience pourrait être en danger maintenant.

Qui est cette femme ??! Qui est cette avocate assez courageuse pour prétendre le défier, et tenter de l'empêcher d'atteindre son but d'antan : faire périr Sonah Grays !!?

– Quelle insubordination ?!!!! Baliverne ! Quelle femme oserait se porter volontaire pour échouer ? Hausse Jacob en se retournant enfin pour fixer grandement son fils.

– Vous la connaîtrez au moment voulu. MAIS , elle n'échouera pas.

– Je refuses que tu traînes mon nom dans la boue de cette dérive aveugle sur laquelle tu t' obstines à cheminer.

– Père. Vous devez me faire confiance. S'il-vous-plaît plaît. Je vous implore... Tout ira dans l'ordre. Mais ...ne commettez pas l'erreur de me faire épouser Sonah Grays.  Dit Pharôn avec plus de douceur, suppliant un accord sincère, ne serait-ce que par connivence, tout en s'approchant de son père, plus près, rompant la distance que la longue table à manger, empêchait depuis sa naissance. N'ayant que de rares, voire pas d'occasions où il pouvait au moins toucher son propre père. C'est une vision nouvelle pour Reine Marion, qui couvre sa bouche de sa tendre main droite.

– Bien alors écoute. Fils. Tu n'épouseras pas Sonah Grays, à une condition.

– Laquelle Père ? Je donnerais tout pour que plus juste se doive. Dit Pharôn, le regard éperdu vers son père.

– Que tu changes de camp durant l'audience. Tu dois me promettre ta loyauté; tu ne laisseras pas Sonah espérer gagner cette satanée audience. Tu dois me promettre, qu'elle pourrira en prison. Dit Jacob en posant la main droite de Pharôn sur sa tête, signe de la tradition signifiant l'importance de la promesse.

Le fait que Jacob prenne la main de Pharôn était une surprise chaleureuse et aimable pour ce dernier ; mais la promesse en échange de ce bien-être, fit que l'attention et le sentiment d'être vivant, près de l'homme qui lui a donné naissance, s'écoule de très court. Comme si cette proximité tant voulue avec son père, était un pot de vain en échange de sa propre estime. Sa vie. Son amour . Sa liberté. Si enfin reprendre un meilleur tome avec son père stipulait ruiner une partie de son cœur, Sonah , alors c'était une promesse impossible à respecter pour Pharôn.

Le cœur lourd, le souffle court, il baisse son regard bleu mer déployé de regrets, et retire lentement sa main de la chevelure noire et grise de Pharaon. Celui-ci en déduit la réponse.

- Bien. Alors tu épouseras Sonah Grays. Demain, elle sera ta fiancée. Et puisque tu as décidé de mettre cette fille entre toi et moi, et de te liguer contre mon nom en l'occurrence, toi et moi seront opposés au tribunal. Je ne suis plus ton père.  Et tu n'es plus mon fils.

Père !

Ne m'appelles pas ainsi.

***

Cependant il y a bien une chose que je ne tolérerai pas le moins du monde : que tu gâches mon image en osant me faire honte devant le représentant du roi Sahid et la déesse Moroné demain. Car ils savent et s'attendent à te voir fiancer Sonah Grays.  Et personne d'autre. Oh non je ne tolérerai surtout pas une telle humiliation.

- ***

- Alors ouvre grand tes oreilles Fireawn ( Pharôn en arabe. Prononciation : Firwane ) .  Si tu oses me décevoir devant le seigneur Azrôn, tu n'imagines même pas jusqu'où ma colère déambulera Menace Pharaon, les sourcils bien froncés, le regard ferme et le ton suprêmement sévère.

- ***

- Il vaudrait mieux que tu m' évites un tel désagrément. J'espère que je me suis bien fait comprendre.

– ***

Ces derniers avertissements retentirent comme la parole d'un Dieu. Comme si le ciel savait, un tonnerre gronda et déchira le silence empli de colère et de frustration, comme expulsant ce que l'âme de Pharôn ressentait à ce moment précis mais était incapable de trahir.

Les larmes aux yeux, Reine Marion, n'ayant pas droit à la parole, dépourvue d'ailleurs même de mots pour la circonstance, se contente pour le moment de suivre les pas de son époux jusqu'à la chambre conjugale, soulevant sa longue incarnate robe évasive. Leurs talons sur le sol, furent les derniers battements, avant le tremblement de terre qui faillit faire s'écrouler Pharôn de sa hauteur. Il disjoncte, manquant d'air. Au paroxysme du brouillard qui lui semble maintenant impossible d'affronter, il saisit le verre de champagne dans lequel son père buvait, et le projette violemment au sol, faisant frissonner les serviteurs et servantes devant les tessons rebondissant de ce fracassement.

Là, le sang en ébullition, Pharôn Salih n'a qu'une seule idée en tête...

# Pendant ce temps, à Hamunaptra, dans l'humble demeure d'Érika Falone #

PDV de Sonah Grays

Fais chier.

Je me demande bien où ils veulent en venir. J'ai des choses importantes à faire au lieu de rester là devant leurs têtes tristes. Pourquoi ne veulent-ils pas tout simplement accepter le sort de Kurby ?

– Il est clair que ce n'est pas Pharôn Salih qui a collé ces affiches.

Mais... c'est pourtant évidant Francis !

– Bien-sûr.  Aucun d'entre nous d'ailleurs. Alors dis-nous Sonah je t'en prie... Si seulement tu as une idée, de qui aurait prémédité tout ça. Qui aurait collé ces affiches ?

– Maman. Est-ce que... est-ce que tu essaies de me faire culpabiliser ?  Demande-je, les larmes aux yeux, et bien-sûr c'est de la comédie.

– Mais non... Ce n'est pas mon intention.

– Tu crois que j'aurais fait un truc pareil délibérément, et être si égoïste pour faire tant de mal à Kurby ?!

– Mais non arrête, s'il-te-plaît... C'est juste que, il semble évident que...la personne qui a fait ça ne l'a pas fait à tue-tête. La situation s'aggrave et Allah seul sait jusqu'où tout ça ira ... Plus vite on trouvera le coupable, plus vite nos cœurs, et surtout celui de Kurby, seront apaisés. Car il ou elle, sera puni.

– Ah ouais ? Alors dans tout ça, je compte que pour du beurre ? Y a que pour Kurby que vous vous souciez !!

– ***

– Et moi alors ? Et moi qui ai autant été surprise qu'elle ?!! Moi, dont le visage apparaît sur tous les murs de la moitié de l'Égypte ! Moi que tout celà concerne plus intimement que quiconque, vous avez pensez à ce que MOI AUSSI j'ai pu ressentir, à ce moment là ?  Blâme-je. J'avais confiance au maître Pharôn plus qu'on ne devrait faire confiance à un dieu ! Je n'aurais jamais imaginé, qu'un beau jour, il aurait laissé une telle blessure se former en moi. Je n'imagine même pas la trahison que ressent Kurby en ce moment. Ça doit être affreux ! Elle ne sort pas de sa chambre, et vous êtes tous inquiets pour ELLE, je peux le comprendre. Mais celà ne veut pas dire, que moi aussi je ne peux pas être blessée ! Le maître Pharôn n'aurait jamais dû laisser ça arriver. Il a trahi ma sœur. C'est égoïste !! C'est méchant !! Je ne veux pas l'épouser !

– ***

– Vous savez, hier soir, vers 21 heures, tout le monde dormait. Il est venu. Il était là. Il a prétendu venir me voir. Et vous savez ce qu'il m'a dit ? Il ... Il m'a d'abord emmenée jusqu'à sa voiture en prétendant qu'il voulait être seul avec moi. J'étais gênée d'être seule avec lui, mais j'avais confiance. Je me suis demandée pourquoi n'a-t-il pas informé Kurby. Il...il aimait me toucher les cheveux. Nous étions assis dans sa voiture. Et là, il...

– Il quoi ? Intervient Johnny.

Tous les regards sont croisés sur moi en l'occurrence.

– Je ne veux pas le dire. Vous allez dire que je mens. Que j'ai créé une histoire et que je suis une psychopathe.

– Non. Tu peux t'exprimer Sonah. Nous sommes en famille. Ne nous cache rien, surtout maintenant. Me rassure Francis en posant une main sur mon épaule.

Il m'a dit qu'il m'aimait. À un point que je ne peux imaginer. Avoue-je, le regard baissé, l'air d'avoir honte.

Je peux voir maman couvrir sa bouche de ses deux mains. Il n'y a que Kuhu qui m'a l'air différente de point de vue. J'espère qu'elle n'est pas trop intelligente celle-là. De toutes façons, j'ai pas menti.

J'adore les demi-vérités.

Un silence pèse, reposant sur la larme chutant sur la joue de maman.

Je vous le jure. Alors, vous pouvez imaginer à quel point je me sens utilisée, meurtrie, trahie. Ça ne m'étonnerait pas que ce soit le maître Pharôn l'auteur de cette mascarade... J'ai ...j'ai aussi très mal, comme Kurby Tante Érika.

– Alors pourquoi ne l'a-t-il pas mentionné ? Interroge Kuhu.

Les regards me quittent pour flancher vers Kuhu qui lève enfin la tête et montre bien qu'elle s'adresse à moi.

Pharôn est mon meilleur ami, je le connais très bien. Lorsqu'il s'attache à quelqu'un, il ne se gêne pas de lui dire qu'il l'aime. Et peu importe le degré, sache Sonah, que Pharôn est l'homme le plus franc que je n'ai jamais connu. Il t'a dit qu'il t'aimait. Il me l'a dit plusieurs fois aussi tu sais ? À un point qu'il ne laisserait jamais personne me faire du mal.

Mon cœur manque un tambour.

– C'est un homme bon et sensible parfois. S'il aime quelqu'un au point d'insinuer un mariage, il le dit clairement. Comme il l'a fait avec Kurby. Oui il t'aime beaucoup. Il s'est attaché à toi. Mais détrompe toi. S'il avait l'intention de t'épouser, il ne serait pas passé par un bout de papier sur les murs, ou comme une soi-disante suprise sur les réseaux sociaux. Il te l'aurait dit en te regardant dans les yeux. Il t'aurait dit, sans se cacher, devant tout le monde : « Sonah, je t'aime profondément. Et je veux que tu sois ma femme, car l'amour que je ressens pour toi ne vivra que par le lien de cette bague que je te mettrai, que tu consentes ou pas, car tu m'appartient déjà. Je veux t'épouser Sonah ».   Il l'aurait dit comme ça, sans le froid aux yeux.

Je sens mon sang entrer aux 165 degrés celsius.

– Et puis franchement, grâce à Pharôn, tu es ici, vivante. Il ne t'a pas rejeté malgré ce qu'il s'est passé au Sheikh Zaied. Et il est prêt à tout pour te protéger. Voilà pourquoi il a dit qu'il t'aimait à un  point que tu ne peux imaginer Sonah.  Tu devrais lui faire confiance. Ne le blâme pas. Et ne pense surtout pas qu'il serait obsédé par toi pour t'avoir emmenée dans sa voiture, qu'il  t'aurait touché les cheveux ou je ne sais quoi. Parce que laisse-moi te dire, je mets ma main au feu qu'il n'a pas, même tenté, d'enfreindre des limites avec toi. N'est-ce pas ?

– ***

– Il t'a touché les cheveux. Et alors ? Ce n'est pas si impudique ! Il ne t'a pas manqué de respect, ni touché le cou ou une partie intime.

– ***

– Pardonnez-moi tante Érika de donner mon point de vue, mais je pense qu'on devrait plutôt attendre Pharôn ici. Car il viendra. J'en ai la certitude. Il viendra nous parler de ce qu'il en pense de tout ça. Et c'est de la bouche de Pharôn, qu'on aura tous les cœurs nettes.

– Effectivement. Moi aussi je pense que Kuhu a totalement raison. C'est une sage décision d'attendre la version de Pharôn Salih pour tout celà.

– Je pense aussi. Ajoute Johnny.

– Je pense aussi. Renchérit Maman en séchant ses larmes.

Quoi ?!?  Ils ont tous écouté Kuhu !! Non mais... NON !!

Là je ne peux pas prétendre que Pharôn m'a embrassé pour pimenter les choses. Sinon c'est moi qu'on prendra pour une parano après le putain de jolie discours de Kuhu !

– Mais pourquoi vous refusez de comprendre ?!  Mon honneur sera  vraiment changé demain ! Je ne pense pas que le maître Pharôn viendra nous fournir d'explications ce soir, car il doit être en train de préparer les fiançailles de demain soir ! Et peu importent ses justifications, son père le Pharaon, tous les membres de la communauté des sept et le roi Sahid Prem Amaad sont au courant de cette vêpres et y assisteront ! Vous pensez vraiment que Pharôn aura le temps de tous leurs expliquer un à un que c'était une erreur !?

– Bien-sûr que non Sonah. Il n'aura pas assez de temps. Susurre une voix rauque et morne comme manquant d'oxygène, derrière nous tous , ce qui nous fait tous nous retourner avec équanimité.  KURBY ??!!!?

Kurby !! Quand est-elle sortie de sa chambre ?

Waouh, elle fait vraiment pleurer là... On dirait vraiment quelqu'un qui a littéralement versé toutes les larmes de son corps. Elle a tout de même emmêlé ses cheveux dans son ruban arabe violet. À croire qu'elle ne s'est même pas changée depuis...

– Kurby !  Gémit maman avant de se lever immédiatement pour aller serrer fort sa fille dans ses bras. Cette dernière ne lui rend même pas le câlin, comme si toute sa peine l'avait cruellement épuisée. Son regard est perceptiblement dévoré par l'enfer des coeurs brisés. L'impression qu'au reflet de ses iris, demeure l'essence d'une rose fanée. Elle peut lever les yeux n'importe où, son regard est si vide, comme si Anubis avait extrait son âme.

Kurby... Accourt également Kuhu.

– Enfin ! Enfin tu es sortie de ta chambre mon enfant. Ne me fais plus jamais ça s'il-te-plaît. Tu sais comme tu m'as fait peur ? Pleure maman saisissant son petit visage en coupe.

– Kurby... Dis quelque chose... Supplie doucement Johnny en se rapprochant un peu d'elle aussi.

Ça y est ! Cette pétasse est redevenue le centre d'attention. Apparemment je suis la seule à ne pas m'approcher comme eux.

Puis, tout le monde entend une voiture se garer dehors, suite à klaxonner plusieurs fois, indiquant qu'elle est là pour l'un de nous.

– Ne vous inquiétez pas. C'est moi qui ai appelé ce taxi. Dit Kurby avec monotonie.

– Quoi ?!? Pour aller où à cette heure ? Hein ?  Se surprend maman.

– Au manoir Salih.

– *** le choc pour tout le monde.

– Faire quoi là-bas ? Questionne Maman, yeux écarquillés de désaccord pour cette décision.

– Je reviendrai. J'ai juste besoin de parler à Pharôn. J'ai besoin d'avoir les réponses à mes questions. Je dois parler à Pharôn maman... Parle-t-elle comme une enfant ensommeillée mais bien consciente. Ça fait bizarre de la voir comme ça. Oh non. Qu'est-ce que j'ai fait ?

– Non tu n'iras nulle part ma fille. Et puis, il pleut des cordes dehors. Tu n'as même pas de pull. Tu ...

– Non maman. Il faut. Que j'y aille. Dit-il en repoussant maman, avant de se diriger jusqu'à la porte, la traverser, et sans se précipiter sous la pluie, arrive jusqu'au taxi, monte, et s'en va. Tandis que maman resta à hurler son nom, la suppliant de ne pas partir à Thèbes.

– Reste tranquille Érika, s'il-te-plaît. Elle a sûrement de bonnes raisons. Elle n'est plus une enfant. Elle reviendra j'en suis certain. Allez, viens t'asseoir une minute. S'il-te-plaît... Console Francis en soutenant maman qui n'arrête pas de verser des larmes.

Kuhu elle, semble ne pas supporter de voir son amie comme ça. Je la vois se diriger à la cuisine. Johnny lui, reste là, devant la porte vitrée, et regarde la pluie tombante, comme s'imaginant que Kurby reviendrait vite. Je peux ressentir sa tristesse. Mais j'ignore encore, ce qu'il pense vraiment de tout ce que j'ai dit tout à l'heure et de... Ce mariage.

Le souffle court, je me rapproche de lui. Je me porte à sa gauche et attend qu'il remarque ma présence. Je veux lire dans ses yeux.

Je ne sais pas si c'est toute cette situation avec Kurby, mais là je verse de sérieuses larmes. Les mots me sont difficiles. Mais j'espère que ceux de Johnny ne lui sont pas aussi pensant que les miens.

Ah! Il a enfin remarqué ma présence. Il se tourne en un quart pour me darder de sa hauteur, 17 centimètres séparant nos yeux. Il me neutralise du regard. Un regard tranchant, qui me persuade, qu'il ne survivra pas si jamais ce mariage prend lieu.

– Johnny je...

– Veux-tu te marier avec le maître Pharôn Salih ?  Me coupe -t-il autant que mon souffle l'a fait instantanément. Comment lui répondre ? Comment pourrais-je lui dire que, je me sers juste du maître Pharôn pour accomplir ma vengeance qui m'est si chère,  qu'il n'y a que lui dans mon petit cœur, et que quand tout ça sera fini, je ne pourrai pas de toutes façons être avec lui car Antonio Ferreras me retrouvera certainement avant ?  Une larme que j'ai essayé de retenir, a daigné s' expulser, donnant l'impression à mes iris  que j'ai déjà tout perdu.

John...

– Est-ce que... tu... voudrais te marier avec lui ? 

– *** Pour... pourquoi cette question ?

– Parce que j'ai besoin de la réponse Sonah. Au point où on en est. J'ai besoin de savoir, si je rêve, ou pas. Dit-il gardant une expression presque neutre, alors qu'une goutte salée sort de ses yeux verts noirs, et glisse sur sa joue.

Un frisson traverse la poitrine. Mes joues chauffent.

– Je...

– Sonah ? Vient nous interrompre maman.

– Tante Érika ?

– Je... Je peux te voir en privé, deux minutes S'il-te-plaît ?   Me demande-t-elle, avec ses 10 centimètres de plus que moi.

Oh non. C'est l'heure des aveux je crois. Car seule cette femme sait qui je suis réellement ici.

– Heum...oui bien-sûr tante Érika.

Elle me devance donc. Je regarde Johnny une dernière fois, essayant de lui lancer un signe. Mais non. Il m'a laissée partir, sans me regarder. L'impression que la chanson
" Somewhere only we know"  de Keane, hymne notre séparation, qui semble définir un long terme. J'ai juste pu le voir se reconcentrer sur sa vision de départ. Serait-ce parce que je ne lui ai donné aucune réponse ?

# Pendant ce temps, avec Kurby dans le taxi #

Les reflets de la lune se réfléchissent dans les lentilles de la fille aux yeux verts.  Cette lune envers qui elle confie son imagination présente, celle de Pharôn lui prêchant toutes les justifications possibles. Mais n'y vois rien pourtant.  Seule l'image du souvenir où Pharôn lui demande en mariage, en Allemagne, au milieu de Kuhu et Kénol, se projette et se fige dans le ciel, chaque étoile représentant les invités de cet instant jadis magique pour elle. Ce moment, brisé par le tonnerre qui la ramena sur terre, et la fit voire qu'il n'y a ni lune, ni étoile, juste des nuages abyssaux, transmettant les mêmes larmes qu'elle. Cette atmosphère portée dans les cieux, par la chanson "I  wanna be  yours"  de  Arctic Monkeys.

Puis...

Un Klaxon longiligne et assourdissant, accompagné de soudains crissements violents sur le goudron, la firent lever la tête, mais trop tard. Son taxi venait de heurter une Toundra noire de jais qui était trop pressée sur la route. Le taxi fut assez endommagé. Cet accident laissa place à un silence étrange sur cette route dépeuplée. Le chauffeur adverse a lui aussi été touché.

#  Pendant ce temps, chez Érika, dans sa chambre #

Érika a soudain un mal de tête étrange. Sonah lui demande ce qu'il y a, elle dit qu'elle a ressenti comme si Kurby était en danger. Son instinct maternel venait de l'alerter d'un mauvais oeil.

– Tss. Je me fais peut-être encore des idées. Parlons de choses sérieuses.

– ***

– Sonah Grays. C'est toi qui a collé ces affiches et balancé la nouvelle sur les réseaux. N'est-ce pas ? 

– ***

Soupire. Ma mâchoire se crispe. L'impression que dans cette chambre, avec elle, il n'y a plus lieu de faire semblant. Mes yeux balaient le sol un moment. Je me retourne pour essayer de faire le vide avec le sentiment fort que j'ai encaissé tout à l'heure face à l'interrogation de Johnny. Mais je me fais retourner rapidement par la main de maman, face à son regard en colère. Chaque matière de ses iris bleus mer me sont visibles.

– Je t'ai posé une question Sonah ! Ne me tourne pas le dos.

Je fixe la main qui tient mon bras, comme j'avais regardé celle de l'infirmière Anna au Sheikh Zaied quand elle voulait me défier.

Je te connais Sonah. Tu es ma fille. Je sais que tu as essayé de tuer ma Kurby, que tu as envoyé Nzogho, que tu as fait semblant de prétendre qu'il est un psychopathe, et pire, aujourd'hui tu as fait exprès de jeter ce verre d'eau sur son portrait pour faire perdre du temps au dessinateur. Comme par hasard, Jazeera est venu te chercher, pas pour aller prendre l'air, mais mettre en place Dieu seul sait quoi avec Dieu seul sait qui, pour faire exploser cette annonce. Il n'y a que toi qui puisse être capable d'une telle chose Sonah.

– Oui c'est moi. Confirme-je de sang-froid.

Ces trois mots ont suffit pour qu'elle retire seule sa main, comme si j'étais un microbe.

Je ne peux décrire décrire ce qu'il se passe dans sa tête en ce moment lorsqu'elle me regarde. Mais essayez de ressentir ce qui peut traverser tout l'être d'une mère à ce genre de révélations.

– Et tu as quand même essayé de nous faire croire ce soir, que ça pourrait être Pharôn l'auteur de l'état dans lequel se trouve Kurby en ce moment... Murmure-t-elle, dépourvue de forces dans la voix, tant  elle est devenue rauque. Je baisse la tête, mes cheveux noirs couvrant légèrement mon exposition.

–***

– Peux-tu seulement me dire POURQUOI... Dit-elle, ruisselante d'eau salée dans ses yeux rougis de je ne sais colère, déception ou tristesse. Peut-être les deux.

– Je...

– Tais-toi !!!  Hurla-t-elle en collant une sacrée baffe sur ma joue gauche, ramenant sauvagement mon visage du côté droit. Le rouge m'habille de suite. Ça fait mal...

– Maman...?!

– Pourquoi ??! Pour ton intérêt tu es allé jusqu'à causer autant de peine à Kurby ! Non mais tu as vu son état ?! Est-ce moi qui t'ai élevée sans cœur ??!  Blâme -t-elle en me poussant de ses mains, de sorte que je manque de trébucher.

Ma respiration va plus vite. Une lame emperle ma joue, mais je n'arrive pas à cerner si c'est à cause de la gifle, ou du sentiment que ma mère est déçue de moi.

– Maman...

– Je ne veux pas t'entendre !!! À cause de toi Kurby est devenue pâle ! J'ai le sentiment qu'elle va faire une bêtise au manoir Salih. S'effondre -t-elle en couvrant son visage, secouant la tête, elle redoute nettement le pire. Après tout, j'ai poussé le bouchon trop loin avec ces affiches.

– Laisse-moi t'expliquer maman s'il-te-plaît...

– M'EXPLIQUER ??!

– Je suis désolée... M'effondre-je à mon tour en couvrant ma gueule de mes deux mains. Tu as raison, je suis sans cœur. J'aurais pu être gentille, comme Kurby. Mais j'ai trop de peine ; tu m'as toujours soutenu, mais je ne te mériterai jamais maman...

Elle pleure abondamment.

– Mais c'est pour toi que je fais tout ça.

– Moi ?

– Je veux te libérer d'un fardeau : moi.

– Arrête...

– C'est vrai. Écoute. Mon histoire va bientôt se terminer. Très bientôt, je retournerai chez moi. Oui maman. Antonio Ferreras, m'a enfin retrouvée.

– Quoi ?!?

– Tu sais que je suis vouée à El Caijo. Je resterai sa propriété jusqu'à ce qu'il se lassera de moi. Mais avant qu'il ne me capture encore, et que les frasques de ma malédiction ne refassent leur routine, j'aimerais vraiment, je voudrais vraiment venger mes parents. Tuer l'homme l'homme qui a fait de ma vie un carnage depuis ma naissance.

– Non Sonah. Tu perds les pédales. Écoute moi...

– Non, toi Écoute-moi maman. Je sais que je t'ai déçu. Je ne suis pas un modèle parfait. Je n'ai ni parents, ni amis, ni amant, rien. J'aime le sang. La vengeance, la violence, le mensonge, je suis habituée à ça. Et je ne suis pas sensible.

– Non arrête...

– Une lueur d'espoir est apparue dans mes yeux, lorsque le maître Pharôn m'a prise dans ses bras pour la première fois au Sheikh Zaied et m'a susurré qu'il ne m'abandonnera jamais.

–***

– Cependant il est le fils d'un des seigneurs de la communauté des sept. Et l'un des seigneurs de la communauté des sept est responsable de ma vie misérable. J'ai donc décidé de me servir de lui pour le rapprocher de tous ces seigneurs à la fois, et distinguer celui que je cherche, grâce à cet grand événement, ces faux fiançailles.

– Tu es devenue folle...

– Écoute maman. Demain, tous ces seigneurs seront à ma cérémonie. Y compris mon ex beau-père Zedh-Ali. Je jouerai d'une pierre deux coups. Non seulement je trouverai mon ennemi et le tuerai, mais je gagnerai aussi du temps pour pouvoir préparer mes preuves pour le tribunal. Tu vois tout ce que réfléchir à un tel plan m'a coûté ?!

– ***

– Et une fois que ce sera fait, je disparaîtrai complètement de vos vies à tous. Je ne reviendrai pas.

– Tais-toi...

– Je me marierai certainement avec le maître Pharôn, quelques temps seulement. Peut-être un mois, le temps que je profite du pouvoir dont je bénéficierai en tant que princesse du royaume du Scorpion, pour assouvir ma vengeance. Alors je te demande une chose. Laisse Kurby souffrir pour le moment. Car c'est pour un laps de temps, je lui rendrai son amour dès que j'en aurai finit.

Mère secoue la tête.

– El Caijo me cherche. Mais l'objectif de retrouver mon ennemi me tamponne l'esprit chaque jour, minutes, secondes que je respire !! D'ailleurs il manque bien une autre bonne raison pour laquelle je fais tout ça.

– ***

– Je ne veux pas seulement gagner du temps avant l'audience ou traquer min ennemi durant la fête. Je veux aussi définitivement habiter dans ce palais, loin d'Antonio, loin de son parfum, loin de son âme, de son corps, de sa respiration ! Loin de son regard turbulent, de son emprise. J'en ai marre d'être sa préférée, encore moins sa propriété !

– Je prix comprendre tes états d'âme. Mais comment as-tu pu penser, que c'est en faisant du mal à ta sœur que tu arriveras à dribbler Antonio ? Lui aussi doit être au courant maintenant de cette cérémonie et de son lieu ! Qu'est-ce qui te dit qu'il ne s'y rendra pas déguisé ? Tu y as pensé ??!

– Justement ! Je m'en fiche. Je serai protégée par le maître Pharôn. Car il ne laissera jamais personne me faire du mal ou ne serait-ce que me toucher.

– Et pendant combien de temps crois-tu que celà va durer ? Avant que Pharôn ne découvre tout et te jette hors de sa vie !??

– Il sait déjà une bonne partie maman. Et c'est ça qui est plus excitant !

– Ah oui ? Et s'il découvre l'autre bonne partie ?

– Ça n'arrivera jamais ! T'entends ? Jamais !

– Et Kurby dans tout ça ?

– Tss. Ne pense pas d'abord à Kurby. Pense à moi et à comment me sortir de cette audience. Car c'est par ma libération que Kurby sera à nouveau heureuse, tu comprends ? Tu peux faire ça pour moi maman ?

Mère fait les cent pas dans toute la pièce, faisant plusieurs gestes avec des mains comme ne sachant plus quoi dire. Après une longue inspiration, yeux clos, elle s'arrête devant moi et demande enfin :

– Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

– Mon identité. Un détail crucial pour me donner un avantage dès la première audience. Qui détaille qui éloignera des soupçons concernant l'appartenance à une quelconque mafia.

Mère recommence ses cent pas. Jusqu'à ce qu'un souvenir semble lui revenir.

– Lorsque ta mère est venue me voir, elle m'a dit: « tu devras l'appeler Sonah Grays ».

– C'est tout ?

– Il est vrai, tu avais déjà au moins deux mois ! Si "Sonah Grays" n'est pas connu sur les réseaux, alors il est possible qu'elle ne m'ait pas donné le bon prénom, pour...

– Pour ?

– Peut-être... Peut-être qu'elle savait que celui qui avait tué ton père, devait aussi s'en prendre à elle et à toi. Alors pour te protéger, elle m'aurait donné un autre nom. Ce qui veut dire que ton vrai nom existe bien quelque part Sonah. Un nom qui prouverait que tu es égyptienne.

– Tu veux vraiment dire, qu'il est possible que Sonah Grays ne soit pas mon nom ?

– Oui.

– ***


Fin du chapitre 59

























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