Samedi soir VI [ Xénon ]
# Pendant ce temps, chez les Widelman #
- N'insiste pas Érika. Je n'ai pas sommeil.
- Mais tu dois te reposer ! Le docteur Brooks l'a dit. C'est quoi ton problème ?
- Ça fait presque une heure que tu me dis la même chose. Mais je n'ai pas sommeil ! C'est quoi ton problème ?
- Je vais donc te donner un somnifère.
- Non non non...t'as pas intérêt à faire ça !
- Je le ferai quand même. Et puis d'abord, je vais te servir à manger. Puis tu prendras tes médicaments et tu dormiras. D'accord ?
- Non ! Non... Où tu vas ? Je n'ai pas faim non plus ! Arghrrrrr...
- Ça ne regarde que toi ! Crie Érika encore à portée de voix dans le couloir.
* CONSCIENCE DE FRANCIS*
- C'est pas vrai.... Encore des médicaments !
- Évidemment. C'est pour ta santé.
- Mais j'ai juste trébuché ! Ça va maintenant. Pas besoin d'en faire tout un tas de carottes !
- Bah c'est pas moi qui t'ai envoyé trébucher. Assume tout court !
- C'est ce que je fais déjà !
- D'après toi comment ça se passe à la cérémonie ?
- Bien. J'imagine.
- J'espère que Johnny n'a pas eu de perte de mémoire en route ...
- Moi j'espère qu'il aura le courage d'avouer ses sentiments à Sonah.
- Bref... laissons un peu les enfants. Tu te rends compte que tu es tout seul avec Érika dans la maison ?
- Où veux-tu en venir ?
- Non non. J'ai rien dit.
- Conscience ??
- Et merde...oui t'as raison. C'est ce à quoi je pense.
- À quoi tu penses ? Demande Érika devant moi avec un plat de nourriture. La seule chose qui m'attire vraiment dans ce plateau c'est le Bacon. Miam miam...
- Moi ? Non...je ne pensais à rien du tout !
- Menteur !
- Boucle-la ! Espèce de conscience...
- Si tu le dis. Allez pousse-toi. Je vais te donner à manger. Puis tu prendras tes médicaments et tu dormiras que tu le veuilles ou que tu le veuilles Francis !
Et merde...
# Durant ce temps, à Thèbes, au manoir Salih #
La situation est critique pour Sonah dans le cinquième Salon du deuxième étage.
- Lâche-moi...
- Il faut que je te ramène à la maison. Antonio m'a précisé de ne pas rentrer sans toi.
- Mais...je ne peux pas rentrer ! Lâche-moi Xénon... Je t'en prie...aie pitié de...
- Orh la ferme. Écoute moi très attentivement. Toi et moi on va sortir de là comme si de rien était. Si quelqu'un te pose la question, tu lui diras que tu as besoin de me parler en privé. C'est tout. Le van nous attend dehors. J'ai garé très loin. Allez, on y va. Dit-il avant de me tirer avec lui par mes cheveux.
- S'il-te-plaît.... arrête...tu...tu...tu ne peux pas me traiter comme ça... Tu m'fais mal !
Il me lâche enfin la chevelure, mais assez violemment de telle sorte que je tombe au sol sur mes pieds. Ses chaussures sont juste devant moi. Je respire assez rapidement. Je n'arrive pas à réfléchir. Où est le maître Pharôn ??! Au secours...
- J'ai eu beaucoup de mal à arriver jusqu'ici à cause de tous les seigneurs de la communauté des sept, leurs gardes du corps et la garde royale. Je ne retournerai pas sans toi. Me dit-il alors que je suis encore à terre.
Je réfléchis à deux fois avant de me lever.
- Tu vas le regretter si tu m'emmène loin de ce manoir. Susurre-je, les crocs serrés à point.
- Je comptes jusqu'à 3. Si tu ne te lèves pas, tu sais très bien que tu le pairas chère. Dit-il.
Et oui je suis bel et bien consciente de mon sort si je désobéis à Xénon. Ça revient au même que désobéir à Antonio Ferreras. Je ne suis qu'une viande pour eux. Je n'arrive pas à me débattre devant ces deux là. Pire. Devant Antonio.
Celà ne me dérange pas de retourner à la mafia. Ce qui me dérange c'est la façon dont le temps m'est imparti. Je tiens à ôter la vie à mon ennemi. S'il meurt même avant la foutue audience, ça m'aiderait à souhait. Mais tant que je ne l'aurai pas tué, je ne bougerai pas d'ici.
- Tu ne m'écoutes pas ? D'accord. 0. 1. 2...
Je me relève en un flash. Mais je ne le regarde pas dans les yeux.
- Bien. Gentille fille. Maintenant suis moi avec un de tes déhanchés les plus naturels. Dit-il avant de se mettre à marcher en avant de moi.
Arrivé à la porte, il se rend très vite compte que je ne l'ai pas suivi. Il s'arrête, baisse la tête en pinçant son arête nasal, soupire profondément comme un père déçu de son enfant, et ferme cette porte à clef avant de se retourner gracieusement vers moi.
Il lève les iris furtivement, la tête pourtant penchée. Son regard est tueur. Un frisson s'empare de toute ma taille.
Il glisse maintenant sur le sol en enjambant en ma direction sans détourner les yeux. Je recule, au même rythme, mais plus saccadé, les lèvres tremblotantes, les mains déjà derrière moi pour chercher un quelconque support, une quelconque défense bien qu'incertaine...
Ses pas ne réfléchissent pas. Ils savent où ils vont. Mais moi non.
- Non ! Pitié ! Arrête tu m'fais peur! Arrive je à supplier sans me tourner, d'une voix embuée , en hurlant, finalement limitée par un mur, mes mains cherchant une quelconque poignet de porte.
Oh non. Qu'est-ce qu'il compte me faire ?
# Pendant ce temps, au premier étage #
Pharôn a pris le héraut à part pour lui demander de renvoyer à 30 minutes le lancement des rituels de fiançailles. Il accepte et prévient tout le monde sur l'estrade, tout en demandant de se calmer , d'être plus patients et continuer à profiter de la musique. Il prend hélico presto l'ascenseur en direction du deuxième étage, impatient de clarifier les choses avec Sonah.
Les portes panières de l'ascenseur s'ouvrent et il en sort.
- Hey ! Où vas-tu si pressé mon ami ?
Pharôn se retourne après avoir presque sursauté.
- Orh ! Shébouel ! Tu m'as fait peur.
Répond-il soulagé à ce jeune garçon de 24 ans , très beau ce soir avec cette tenue traditionnelle dont il choisit le bleu ciel comme couleur, brodé tel que celle de Pharôn, mais uniquement sur les largeurs des épaules, sandales blanches, cheveux de jais taillés avec une touffe principale chapeautant le côté droit du devant de son petit visage tendre qui ne laisse pas deviner le petit veinard interne.
- Ah tu vois ! Grâce à moi tu es plus beau ce soir. Tu as changé de coiffe comme je te l'ai suggéré... Sourit le type en s'avançant jusqu'à Pharôn.
- Ah... merci. Dit rapidement Pharôn avant de se retourner et partir, quand
Shébouel le retint .
- Hey mais... pourquoi es-tu pressé ? Je croyais qu'on allait papoter un peu avant les rituels de fiançailles...
- Oui...on aura largement le temps mais là...il faut vraiment que j'y aille. La discussion sera longue alors... s'il-te-plaît... Volubile -t-il en faisant des pas en arrière, en vain.
- La discussion avec qui ?
- Sonah .
- Ah je vois... T'as envie de te la faire histoire de tester avant le mariage officiel ! Glousse Shébouel Prem Amaad d'une oeillade frivole tout en lui tapant du coude. T'as raison. Après tout on vérifie toujours la date de péremption avant de payer chère hein... Félicite -t-il en lui tapotant l'épaule.
Pharôn froisse les sourcils et pince son arête nasal en baisant la tête.
- Tu ne penses vraiment qu'à ce genre de choses toi ! Je peux savoir pourquoi ?
- Bah autrement, si l'homme ne pense pas au sexe c'est qu'il pense au travail ! Tu devrais le savoir ! C'est son bras droit et son bras gauche...
- Petit effronté. Je demanderai à ton père le roi de te filer une fessée ! Non... plutôt...te priver de tes prostituée pendant au moins deux bons mois.
- Deux mois !! T'es malade !! Tu veux ma mort en fait. J'étais sûr que tu ne m'as jamais aimé. Comment tu veux que je sois fier de moi si je ne teste pas mon corps H 24 ?
- Tu parles de tester ton corps ! Bah vas faire du sport !
- C'est déjà du sport ! Tu parles vraiment comme quelqu'un qui ne connait pas la vraie vie ...
- Bon écoute. Assez blablaté. Faut qu- j'y aille.
- Mais non mais non... attend !
- Qu'est-ce que tu veux Shébouel ?
- J'ai écrit un poème pour une meuf. Tu me connais. C'est pas mon genre d'aller en douceur. Mais c'est le genre de fille qu'on laisse pas passer tu vois ? Je veux que tu me dises ce que t'en penses.
- Tss. Shébouel. T'es sérieux ?
- Allez quoi...t'es mon frère préféré.
Râle -t-il nonchalamment.
- Shébouel...
- Je t'en supplie... Juste une fois. Écoute : << les roses sont roses. Le rouge est ta peau. Le bleu est tes yeux. Le sang est tes lèvres. L'amour est ton corps. Je ne...
# Pendant ce temps, au salon 5 de cet étage #
- Non ! Pitié ! Arrête tu m'fais peur! Arrive je à supplier sans me tourner, d'une voix embuée , en hurlant, finalement limitée par un mur, mes mains cherchant une quelconque poignet de porte.
Oh non. Qu'est-ce qu'il compte me faire ?
Par instinct de survie peut-être, je prépare inconsciemment un poing avec ma main. D'un mouvement échéant, alors que je tends à peine le poing, il me le tord et me voilà dos à lui, le bras droit empêtré.
Alors que je lâche un type de coassement, je le sens passer sauvagement une main par dessus mon épaule, certainement pour faire passer mes cheveux en derrière. Il accorde ensuite son cou sur le mien et me parle en soupirant. Sa voix est pourtant mielleuse, mais les paroles qu'il profère à mon oreille gauche font chavirer en moi un tremblement dermique constant.
J'essaie de me détacher, mais avec inanité car, il me tient comme un psychopathe assidu tiendrait sa propre femme qui lui refuserait du sexe.
- C'était bien tenté Sonah. Mais tu n'aurais pas dû.
- Laisse-moi tranquille... Pleure-je.
- Maintenant tu vas venir avec moi espèce de traînée !! C'est clair ? Se frustre -t-il en se retournant avec moi suite à me catapulter brutalement sur le plancher. Je tombe sur le ventre.
Mon menton a raté de se fendre en deux grâce à l'intervention de mes mains sur le sol avant la chute de mon visage et du reste de mon corps. Je reste ainsi durant une vingtaine de secondes. Je digère le choc. Mais je n'arrive pas à réagir malgré que j'entends ses pas saillants s'approcher de moi. Il s'arrête pile devant mes mains. Puis, il assoupit expressément ses chaussures à semelles de métal sur mes deux mains.
Je ne manques pas de gémir de douleurs par des grincements. Si jamais j'hurle, il fera autre chose que je ne veux pas imaginer.
- Je ne veux pas détruire ta belle robe en te donnant une leçon là maintenant. Ce n'est pas le bon endroit. Alors tu as intérêt à faire ce que je te dis. Tu vas encore me désobéir ?
- Non...non...non pardonne moi... Je te demande pardon...aaaaah.... Réussis-je à extirper de ma douleur digitale, qui n'est rien comparé à ce qui m'attend auprès d'Antonio. Xénon tu m'fais mal...
Comme s'il attendait ces derniers mots, il retire ses pattes chaussées. Je ramène aussitôt mes mains devant ma bouche pour souffler dessus. Dieu a épargné mon vernis noir. Mais qu'en sera-t-il d'après ?
- Lève toi Sonah. Murmure -t-il. Je sais qu'il me regarde de haut. Je ne veux pas te faire de mal.
J'obéis. Je me lève doucement mais sûrement, avec une drôle envie de meurtre.
- Tu es prête à me suivre gentiment ?
- Non. Répond-je après trente secondes.
- Et pourquoi ça ? Interroge -t-il sans un grain de souciance devant l'état de mes pauvres doigts.
- Parce que... Hah! Exfiltre-je en tombant gravement au sol. Le mec vient de me filer une baffe incommensurable sur la joue gauche. Et je suis tombée. Une larme chute automatiquement de mon orbite gauche, probablement dûe à l'effet pimenté, ma main sur cette pauvre joue rougeoyante.
C'est tout ce cirque qui a participé à rouir ma conscience depuis mes 8 ans.
Je...je...je dois apprendre... à...à ne plus me ...me...laisser ....faire...
Je me relève tête baissée. Je balais mes cheveux en arrière avec une main. Puis je le regarde AVEC. ENVIE. DE. MEURTRE.
Il vaudrait mieux que je ne le fusille pas du regard, ou il se sentirait offensé.
Il me tend sa main droite avec attention. Il m'invite à me laisser rentrer chez nous, où je serai à nouveau soi-disant domestiquée aux pieds d'El Caijo.
- Je te trahirai à Antonio. Je lui dirai que tu m'as touchée. Tu n'ignores pas que je suis sa propriété.
- Et moi je suis chargé de tes punitions.
- Il y a une différence. Tu sais bien que si jamais Antonio apprend que toi et moi avons été intimes, il ne t'épargnera pas. Lui seul a le droit de me toucher.
- ***
Bouche cousue ?! Comment ça ? Serait-il en train de cogiter sur ce que je viens de dire ?
Oh non. Maintenant, il s'arme d'un sourire en coin , ce qui fait pétiller ses yeux. Il met une main dans ses poches et l'autre, il la met sur la joue qu'il a giflée. Il se met à la caresser en la fixant tandis que j'étudie sa posture pour une quelconque formule d'attaque.
- Tu veux peut-être que toi et moi soyons vraiment intimes pour en arriver là...
Oh le con ! Pas ça. Je veux pas .
Je m'autorise à retirer vivement sa main de là. Il ne semble pas dérangé par ce que je viens de faire.
De ce que je me souviens, il n'a aucune faiblesse à part... Moi. Bien qu'il nous maltraite toutes, il n'y a qu'avec moi qu'il s'est quelques fois permis quelques parties de sexe pour son plaisir. Il appelait subtilement celà " ma punition interne " .
- Si je te trahis à Antonio, ce n'est pas à moi qu'il fera du mal. Mais à toi. Il te tuera.
Là, il retient un sourire pervers avant de finalement éclater à gorge déployée. L'impression que ce rire écailleux me rend stérile. Il n'a pas peur de ma menace.
- Trêve de plaisanterie. Sonah. Prends ma main. Et allons-nous en. Dit-il avec sa nature électriquement relaxe.
- Je ne veux pas prendre ta main. Et je tiens à préciser deux choses. La première, je suis la belle-fille de cette famille princière. Il y a des caméras de surveillance dans cette salle. On nous voit tous les deux. Imagine la suite. Le maître Pharôn débarquera en moins de deux pour te refaire le portrait, si jamais tu oses m'emmener loin d'ici. Et de toutes façons, cette cérémonie est dédiée à mes fiançailles. Tu crois vraiment qu'il suffira que je dise aux gardes que j'ai besoin de te parler en privé, pour qu'ils me laissent sortir du château contre les ordres du maître Pharôn Salih ? Si t'as cru ça c'est que t'es stupide.
- ***
Face à cette insulte, il ne cille guère de toute sa hauteur. Il me darde. Mais ne dit rien. Il n'est ni offensé ni enjoué.
Je continue...
- Et la deuxième chose, c'est qu'en vérité, je ne suis pas venue ici pour me marier par amour. Il s'agit d'un mariage arrangé. Car je suis là pour une mission.
- ***
Encore le silence. Il me regarde avec envie d'en savoir plus.
- J'ai fini par découvrir que l'un des seigneurs de la communauté des sept est l'auteur de la mort de mes parents. Je suis ici pour le traquer. Rien de plus. L'enjeu le plus grand a été de trafiquer le système de communication de l'État pour organiser dans les délais cette vêpres où j'ai réussi à rassembler tous ces maîtres. Maintenant tout doit se jouer ce soir ou jamais car je n'aurai plus d'autres occasions comme celle-ci. Étant donné que je connais la description de celui que je recherche. Je n'ai plus qu'à le tuer, et m'enfuir même avec toi ce soir, avant la foutue date d'audience.
- Antonio n'est pas du tout d'accord que tu passes cette audience au tribunal.
- Justement. C'est pourquoi j'ai fait tout ça. Je sais déjà que cette audience est peine perdue d'avance rien que par ma véritable identité inconnue. Même un excellent avocat ne me sortira jamais de là.
- Et comment comptes-tu faire au cas où tu ne tues pas ton ennemi ce soir ? Tu seras contrainte à passer l'audience et à tout déballer sur El Caijo, c'est ça ?
- Je sais comment faire pour que les affaires de mafia n'interviennent pas durant cette audience. Tu devras juste me faire confiance. Tout de même, pour éviter d'en arriver là, je dois tuer mon ennemi ce soir pétanque. Si tu veux, tu peux m'aider pour qu'on aille plus vite. Ensuite je retournerai sans soucis auprès de mon maître El Caijo. Et je le servirai corps et âme. Comme toujours.
- Si tu avais commencé par là depuis mon arrivée, je n'aurais pas eu à te brutaliser. J'aurais compris ta mission. Je sais à quel point c'est important de se venger de celui qui a gâché sa vie.
- Alors tu vas m'aider ou pas ?
- Non. Tu te débrouilleras. Mais je préviens. Je serai là dans ce manoir partout où tu seras. Tu ne me verras pas car je changerai d'accoutrement à chaque fois. Mais je ne partirai pas sans toi. J'attendrai dans la pénombre, le moment où cette soirée tournera en bourrique par ce décès. Et gare à toi si tu m'as menti.
- Ça veut dire que tu ...
- Accomplis ta mission. Je t'attends. Juste là. Derrière chaque porte. Et dès que tu sortiras du manoir, je serai déjà en train de t'attendre dans le van, avec ta tenue de combat. Si jamais Antonio te voit habillée comme ces grandes dames, il en sera offensé.
- Noire n'est-ce pas ?
- Rouge cette fois-ci. Après tout, le retour de la princesse du djihad, mérite un peu de sang à verser.
J'acquiesce avec un rictus en coin. Il se retourne mains empochées et serpente le plancher. Son costume rouge scintillait sous la luminosité douce qu'offre cette chambre, une couleur incarnate.
- J'ai oublié quelque chose. S'arrête -t-il devant la porte. 3 mètres nous séparent. Il se retourne calmement et me fixe en pinçant sa lèvre inférieure. Je sais ce qu'il va se passer. Mes pensées gigotent à ce regard sombrement sexy.
Ni une ni deux, nous voilà empressés dans un tourbillon de baisers mortifères. Après une minute, il me serre cruellement la taille et susurre, son front collé au mien...
- Tu m'as manqué Sonah.
Je ne veux pas écouter ça. Je sais que c'est un système de mafieux. Tout sans exception, n'est qu'une saleté de business corporation.
J'avoue. Ses marques antinomiques de tendresse me faisaient parfois mal bien.
Le voilà qui échaude mon cou avec ses lèvres et sa langue, ce qui me rend frêle , faible, malléable, impuissante, alors qu'il me condamne sévèrement entre la porte et lui, dans ce même élan où mes mains se permettent des sillons sur son dos arqué sur moi, et sa nuque. M'entendre gémir l'a toujours excité à ne pas stopper son engagement. C'est dans cet embargo farouche que nous ne nous lâchons pas. Nos langues en profitent pour se rappeler les sensations, les vibrations d'antan dont Antonio n'a pas la moindre idée.
# Pendant ce temps, avec Pharôn et Shébouel #
- Alors ? Comment était mon poème ? Demande le jeune prince avec des lentilles pétillantes d'une attente favorable.
- C'était nul.
- Ah ?! Comment ??! Manque-t-il de s'évanouir, le teint soudain hâlé.
- Les filles de nos jours ne s'intéressent plus vraiment aux poèmes mon vieux. On en reparlera plus tard mais s'il-te-plaît... laisse-moi passer. Tu m'as fait perdre du temps avec ton poème long !
- Hey ! Mais... attend s'il-te-plaît !
- Est-ce que tu n'as pas faim? Va ! Vas-y. Tu trouveras certainement quelque chose sur le buffet. Arrête de m'agacer...
- Mais...
- Shébouel. Je te le demande gentiment pour la dernière fois. Laisse-moi passer.
Face à cette expression faciale dressée plus que jamais, Shébouel décide de ne pas emmerder son frère plus que ça. Il se met de côté d'un seul geste de pieds. Pharôn se contente de fendre ses lèvres en un sourire niais avant de reprendre la route en trombe.
Les vibrations de ses pas se font ressentir sur le plancher et leur empressement se fait déjà entendre par l'ouïe excellente de Sonah.
Celle-ci rassemble des forces pour se retirer des baisers de Xénon. Dès qu'elle réussit, elle prévient...
- Tu dois partir. Quelqu'un arrive.
- Hmm content d'apprendre que tes sens fonctionnent encore à merveille. Sourit le mec en remettant ses mains en poches. Il passe avec énergie une main dans ses cheveux. N'oublie pas. Je t'attends. Dans la pénombre. Derrière toi. Glisse-t-il à mon oreille avant d'en mordiller une dernière fois le lobe.
Il sort de suite, me laissant là, son parfum sur mon cou, son élasticité encore stagnante sur mes lèvres, son élixir sur ma langue. Mon cœur grelotte alors que je sens des pas se rapprocher. Serait-ce le maître Pharôn ?
Je m'éloigne de la porte et pars tenter de me remettre les plombs en place devant une statuette étrange. La tête d'un gnou à cornes accrochée au dessus du mur rouge. J'étais déjà presque lucide quand... La porte s'ouvrit et se referma derrière moi. Je me retourne après une grande inspiration. Mon cœur s'apaise.
Le maître Pharôn Salih est debout, serein, devant moi. Il me regarde le regarder. J'espère qu'il ne se pose pas de questions sur mon nouveau parfum. 6 mètres nous séparent. Il ne se doutera point du carnage qu'il y a eu ici en son absence.
- Est-ce que ça va ?
J'opine.
- Je te demande pardon. J'ai mis trop de temps à revenir.
- Ce n'est pas grave. Répond-je en rangeant une mèche rebelle derrière l'oreille.
- Heum...on..on devrait s'asseoir je crois. Ce dont on va discuter, risque de te perturber. Dit-il d'un ton emprunt d'une tristesse qu'il essaye de cacher. Mais à peine a t-il fini ces mots, mon cœur a cessé ses balancements.
Je suis muette. Il s'avance jusqu'à moi, me tend la main. Je l'accepte et le laisse m'emmener sur le sofas en poil de chat sauvage. Nous nous asseyons. Il garde mes mains au creux des siennes.
Je ne comprends plus ce qu'il se passe. J'ai le pressentiment d'une mauvaise nouvelle. Une nouvelle qui me portera préjudice. Mais qu'est-ce que c'est ? Son silence m'inquiète horriblement.
- Je...
- Avant que vous ne disiez quoi que ce soit... vous êtes sûr que ça va , maître Pharôn ?
Ses iris se lèvent sur les miens. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Un sourire chaleureux, qui cache beaucoup de pensées.
- Après ce que je vais te dire, tu vas, peut-être, me détester. Me haïr. Dire que je ne sais pas ce que je veux. Ou même me traiter de salopard. Mais...je me suis préparé à toutes ces éventualités. Il faut qu'on en parle. Sonah.
- Qu'est-ce que vous racontez ? Je ne vous insulterai jamais !
- Hm. Tu sauras donc me comprendre et me pardonner ?
- Je vous offrirai toujours mon pardon maître Pharôn. Vous comptez tellement pour moi.
- Toi aussi. Et arrête de me vouvoyer.
- Désolé.
Oups ! Je crois qu'il remarque des rongeurs fines sur mes mains. Il les relèves plus près de ses yeux.
- Qui est-ce qui t'a fait ça ? Tu t'es fait mal ?!
- Oh...non...je...Heum...je me les suis mordues de stresse tout à l'heure. Ce n'est rien. Le rassure-je en ramenant les mains sur mes cuisses, le souvenir des chaussures de Xénon dessus.
- D'accord. Ça ira. Je te mettrai une pommade dessus.
Il se lève immédiatement et se dirige vers une armoire. Il en sort une trousse de secours dans laquelle il retire juste une pommade qui m'est familière. Je lui dit que ce n'est pas nécessaire mais il ne m'écoute pas. Il se soucie de moi.
Un temps soit peu, celà me touche sincèrement. Alors que je le vois masser délicatement mes doigts de cette pommade tout en soufflant par dessus de temps en temps, une larme emperle ma joue de mon visage ému. Le maître Pharôn est le seul homme qui m'aie montré du respect jusqu'à lors. De l'affection, de la tendresse. De la conciliation. Il sait me parler. Il aime que je sois à l'aise. Il m'a protégée contre tout et tous au Sheikh Zaied. Comment un tel homme peut-il encore exister sur terre ? Mon cœur s'épanche d'un hymne à cet amour désintéressé. Cet amour qu'il me porte et qui m'a rendue amoureuse malgré qu'il soit à une autre.
Mais je refuse qu'il soit à une autre.
Je ne dois pas me laisser déconcentrer de l'objectif. Il doit y avoir un meurtre ce soir. Je ne dois surtout pas le manquer. Alors je me souviens que la nouvelle qu'il a pour moi risque de me perturber. Il l'a lui même précisé.
- Je crois que ça ira. Dit-il en rangeant la pommade dans la trousse sur la table basse devant nous.
Par mon silence, il sait que je l'interroge du regard. Il se lance donc. Je déglutis.
- Ce soir je... Je ne t' épouserai pas Sonah.
Un frisson me coupe les ailes. L'impression que le long de mon échine se fissure tel un préliminaire de tremblement de terre.
Aurait-il entendu les fracas de mon cœur ? Mon souffle coupé ?
- Je regrette. Mais ...tu n'es pas celle que j' épouserai ce soir Sonah.
Non. Non non non non non non non ! Tout part au vinaigre ! Pourquoi tout part au vinaigre !!? Il doit absolument m'épouser pour que je me rapproche de mon ennemi ! NON !!
- Il est hors de question que vous changiez d'avis ce soir maître Pharôn. M'insurge en me levant civiquement, le regard rigoureux, le ton imbus, sûre de ce que j'avance.
Certainement surpris par mon changement d'expression, il se lève aussi sans me lâcher des yeux. Moi qui le voyait de haut, mes yeux n'ont pas lâché son élévation. Ses sourcils se froissent. Son regard devient intensément confus. Tandis que le mien ne cille pas.
Il n'a pas intérêt à faire ça. Ou il ne me sera plus d'aucune utilité. Là tout d-suite.
Fin du chapitre 69
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