Dispute

* PDV EXTERNE *

–  Maadi. Petit havre de paix, calme, loin de toute l'agitation cairote où les rues calmes, arborées et fleuries, sont appréciées. 

– Wow! Tu as bien révisé ton texte c'est ça ?  Taquine Kuhu.

– Comment tu as deviné ? C'était sensé être un secret !  Badine Johnny à son tour avant de continuer.  Nous pouvons trouver tous les produits dont nous avons besoin à portée de main et tout celà à pied !

– Ça va les chevilles ?  Marmonne à nouveau Sonah.

– Humhum... Grommèle Johnny avant de reprendre.  Je disais, que dans ce quartier, il y règne vraiment un véritable esprit de quartier, avec ses restaurants, magasins, étales de fruits et légumes colorés.  Énumère-t-il en pointant du doigt à chaque détail.

– Je ressens vraiment de la douceur dans l'air ici !  S'exclame Kuhu.

– Et ouais !  Multiculturel où se mêlent aussi bien les expatriés que les habitants des quartiers plus populaires, il y a plusieurs écoles, dont l'école française et  américaine.  Le lycée français, déplacé à Merag il y a quelques années n'est pas très loin d'ici d'ailleurs.

– Et tous ces grands immeubles !  S'exclame Kuhu.

– Et oui. C'est un quartier dynamique où beaucoup d'activités sportives ou créatrices peuvent y être pratiquées, telles que le tennis, des danses, des peintures, des cours de cuisine...de langues...

– Ah bon ? Et quelles sont alors les langues les plus apprises par ces écoles ?  Interroge Kuhu.

– La journaliste est dans la place !  Embête Kurby, connaissant sa copine.

– C'est ça... Et ça vient juste de commencer !  Se défend-elle.

– Bah, l'arabe standard, l'arabe standard moyen, l'égyptien ancien, l'anglais britannique, l'allemand, à cause de notre appartenance à l'Allemagne et pour finir...le français .

– Intéressant ...  Ironise Sonah, les yeux scotchés sur son téléphone en marchant. Tout le monde se retourne vers elle. Elle s'en rend compte et rigole seule , brièvement.

– Et si vous voulez faire un tour à l'Institut français à l'IFAO et au Centre-ville, un métro est mis à votre disposition.  Pratique, non ?

– Très pratique ... Confirme Kurby.

– Je crois que j'ai un petit creux maintenant. Qu'est-ce que je dois faire ?  Pose Sonah.

–  Pas de problème.  On a qu'à faire demi-tour sur nos pas  pour le restaurant ! On va commander en trois lettres : KFC ...

À peine il avait fini de prononcer ces lettres, à peine ces filles là s'étaient mises à trépigner et gigoter sur place en criant de bonheur du "KFC" , sauf Sonah à qui ça n'enchante pas tellement au point de faire pareille qu'elles et tandis que Johnny en ricane.

– On y va juste, ou on va encore attendre que vous finissez de faire les folles en pleine ruelle ? J-vous signale que les gens vont finir par nous remarquer,  là.  Se lève Sonah.

– Elle a raison. On ne doit pas trop savoir que je ne suis pas d'ici... Soutient Kuhu après qu'elles se soient stoppées.

Ils font donc demi-tour.  Le KFC se trouve à ½ kilomètre d'eux. Mais comme Kuhu et Kurby ont pris le devant en marchant ensemble main dans la main, il ne restait plus qu'à leurs pas Johnny et Sonah. Ils se lancent un regard neutre avant de finir par suivre les deux folles qui sautillent et chantent en scandant :

On va au K  F  C !  On va au K  F  C !

Tu aimes les burgers j'espère. Commence Johnny, en marchant les mains dans les poches.

– Tu m-prends pour qui ? Quel énergumène n'aime pas ça, dis-moi ?

– Au moins l'énergumène m'aurait certainement répondu gentiment et avec un grand sourire.

– Oh...moi je ne souris pas aux hypocrites comme toi...

– Hypocrite ?!?  Se froisse Johnny en s'arrêtant. Il attend la justification de Sonah mais elle est scotchée sur son téléphone. Il le lui arrache et le met dans sa poche.

– Hey ! Mais qu'est-ce que tu fais? Rends-le moi !   Gronde-t-elle en essayant de le reprendre mais Johnny finit par bloquer ses bras.  Elle le pousse par le torse avec ses mains et il recule de deux pas. Mais pour qui tu t-prends ?!  Rends-moi mon téléphone !

– Pourquoi tu me traites d'hypocrite ?  Demande-t-il avec des yeux déjà larmoyants et d'un ton doux.  Je n'aime pas les insultes. Finit-il en baissant la tête, avec un air triste. 

– Oh mon Dieu ! Tu pleures là ? Qu'est-ce que tu fais ? Ne pleures pas devant moi Johnny, j'ai une réputation quand même ! Hein ! Et puis...je vais te dire une chose pour que ce soit bien clair.

– ***

– J'ai su que tu es hypocrite depuis l'instant où tu as mélangé ta putin de langue à la mienne !!  Tu as violé cette barrière que n'importe qui n'a pas le droit de franchir !!  Se fâche -t-elle sérieusement.

– Mais... c'est pas ma faute ! Je voulais juste t'aider. Je ne m'étais pas rendu compte que tu...

– Oh la ferme! Pas de justificatif ! Okay ? Je connais bien les garçons dans ton genre et moi je fracasse bien plus que ça Johnny ! Dit-elle en faisant référence aux muscles non forts pompés de Johnny. 

***

– Tu n'as pas idée de ce que je suis capable de te faire.  Prononce-t-elle en s'avançant très près du visage de Johnny, avec un air qui disait " je peux te tuer sans remords" . 

Alors qu'une larme s'est mise à couler de l'œil gauche de Johnny, elle profite de cette proximité pour faire glisser sa main dans l'une de ses poches pour récupérer son portable.  Une fois récupéré, elle le montre à Johnny et finit en disant...  Fais gaffe à moi Johnny.  Achève-t-elle en se dirigeant maintenant vers le KFC , la démarche fière, l'air rancunière et le nez cassé.

Johnny essuie sa larme et réfléchit un instant aux paroles de Sonah. Mais il n'arrive pas à lui en vouloir. Il a juste compris qu'il ne doit pas s'approcher d'elle.

Kuhu et Kurby sont déjà au KFC quand elles se rendent compte que Johnny et Sonah sont en retard. Lorsque Kurby sort pour vérifier s'ils sont loin, elle aperçoit de loin la voiture noire qui les suit depuis un moment. Elle prend presque peur et referme la porte. Son deuxième réflex est de regarder le GPS dans son portable et elle constate que Peter les suit vraiment partout.

– Qu'est-ce qu'il y a ? Tu les a vu ? Demande Kuhu.

– Oui. Ils arrivent.  Répond-elle promptement.

– On dirait que quelque chose ne va pas. Quelque chose te dérange ?  S'inquiète Kuhu.

– Non. Rien. T'inquiètes pas. Je...euh...je me demandais juste...de quoi Sonah et Johnny seraient restés à discuter comme ça...  Ment-elle.

Hahaha ! Ne t'inquiètes pas pour ce qu'ils pourraient se dire. Tu sais quoi, moi je les trouve plutôt mignons ensembles, tu trouves pas ? finit-elle en chuchotant à l'oreille de Kurby.

– Vraiment ?

Sonah entre dans le restaurant sans remarquer la voiture noire qui a pourtant  klaxonné deux fois de suite. Johnny sur ses talons, entre à son tour, cachant sa déception à Kuhu et Kurby.

– Vous avez commandé ?  Demande-t-il.

– Pas encore. On t'attendait. Répond Kuhu.

– Servez-vous. Je paierai. La route sera quand même longue jusqu'au 6 octobre.

– 6 Octobre ?! Comment ça ?  Se demande Kuhu.

– C'est un quartier du Caire-Ouest. Lui dit Kurby.

– Parfois je me demande, qui donne les noms aux quartiers...?  Marmonne Sonah comme d'habitude.

– Du coup ça me donne envie de découvrir ce quartier ! Perdons plus de temps, on y va...

Sonah fait semblant de les laisser aller devant, car elle a enfin remarqué le logo de la voiture noire qui était dehors, par les vitres transparentes du restaurant.  C'était tagué AF ( Antonio Ferreras) en italique sur la boîte du réservoir. C'était la marque de toutes ses voitures. Elle a donc deviné qu'un de ses amis mafieux était là pour elle. Elle se demande s'il s'agit de Nzogho, ou de quelqu'un qu'Antonio aurait envoyé pour la chercher.

Elle se laisse tellement déconcentrée par la voiture dehors, qu'elle finit par faire remarquer son absence, surtout par Kurby.  Celle-ci la regarde de loin. Ses yeux s'écarquillent quand elle voit Sonah viser  un geste obscène à destination de la voiture noire qui les suit depuis une heure déjà.

– Pourquoi Sonah a-t-elle fait ce geste ?  Connaîtrait -t-elle Peter par hasard ?  Se demandait Kurby dans le cœur, en oscillant les sourcils.

Sonah se retourne vers les autres et frissonne d'un coup sec quand elle constate que Kurby avait les yeux rivés dans sa direction depuis quelques minutes.

– Est-ce que Kurby a vu le geste que j'ai fait à Nzogho ? Pourquoi me regarde -t-elle comme si j'étais une revenante ? C'est elle la revenante ici. Est-ce qu'elle me soupçonnerait de quelque chose ?  Je dois me montrer plus discrète que ça.  Sifflait Sonah dans sa propre tête.

– Sonah, tu viens ?  Lui demande Kuhu, ce qui coupe la connexion des regards entre Kurby et elle.

– Oui. J'arrive.  Sourit Sonah. Kurby détourne son regard d'elle. Sonah se sent soulagée quelques secondes.

15 minutes plus tard ils sortent tous avec un emballage chacun, sauf Johnny qui n'a pas d'appétit. Elles ont essayé de le convaincre mais, il les a rassurées.  Arrivés dehors, Sonah et Kurby s'arrêtent de frayeur en même temps, lorsqu'elles ne voient plus la voiture noire. Et comme par hasard, elles se regardent automatiquement comme si elles se parlaient du regard.

– Pourquoi tu me regardes ?  Demande Sonah un moment.

– Bah ...je t'ai vu me regarder alors...

– Mais de quoi vous discutez encore, les soeurettes ?  La voiture ne roulera pas toute seule j-vous signale...   les avertie Kuhu, la bouche pleine, déjà assise dans la voiture.

Elles montent également, et Johnny démarre.  Il veille à rouler à une vitesse raisonnable pour que les filles ne soient pas bousculées alors qu'elles  digèrent encore leurs Steak frites, hamburgers et Doritos.  Il met le son "médicine"  de James Arthur.  Tout le monde l'apprécie et chante ou mime en chœur. Jusqu'à ce qu'ils arrivent à Garden City.  Mais ils ne s'arrêtent pas. Il explique et fait son discours sur la présentation et les atouts de ce quartier. Kuhu passe de surprises en surprise.

Pendant ce temps, Sonah s'écrie discrètement avec Nzogho sur WhatsApp.

– Tu as intérêt à m'expliquer ce qui s'est passé, Nzogho.  Et tu as intérêt à me faire un résumé clair , logique,  et courci .  Et puis pourquoi est-ce que tu me suis partout comme ça ? Tu vois pas que tu peux nous faire repérer ? Il y a ma sœur par ici qui me regarde bizarrement depuis qu'elle est revenue d'entre les morts grâce à toi.

– Je vais tout t'expliquer. Mais face à face. Dis-moi seulement là où je peux te rencontrer.

– Tu es bête !? Je ne peux pas te rencontrer. Je suis occupée aujourd'hui. Vas-t'en. Et arrête de me suivre partout. Je n'ai plus besoin de toi. Je n'aurais pas dû te faire confiance, tu n'es qu'un idiot !  Tu as osé laisser ma sœur en vie.

– Mais que voulais-tu que je fasse ? Elle est trop mignonne. Je ne sais pas pourquoi. C'est la première fois que ça m'arrive. Je ne voulais vraiment pas la tuer. Mais bon je t'expliquerai tout, promis.  Si tu ne me dis pas où je peux te trouver, je continuerai à t'harceler et je sais que tu sais très bien à quel point je peux être chiant.

– Nzogho. Laisse-moi tranquille s'il-te-plaît. Pour l'amour de Dieu va-t-en et arrête de nous suivre.

– Grays. Pour l'amour d'Antonio, tu ferais mieux de m'écouter. De plus j'ai vraiment quelque chose à te dire à propos du maître Pharôn Salih. Envoie moi un message dès que tu sauras où on peut se retrouver. Bye. Je décale.

– Hein ? Le...le maître Pharôn ??! Comment ça ? Hey ! Réponds-moi ! Chiotte !!!

Elle jette un coup d'œil pakistanais par  derrière et ne voit plus la voiture de Nzogho les suivre. Elle souffle un instant.

– La voiture noire ne nous suit plus. Oh merci infiniment Tout-puissant. Ça veut dire qu'il a renoncé à me suivre et que Sonah n'a rien à voir avec tout ça. Elle est ma sœur quand même !  Médita Kurby en elle.

– Je me demande bien ce que Nzogho veut me dire à propos du maître Pharôn. Pourquoi ? Pourquoi me persécute -t-il maintenant ?  J'ai malheureusement intérêt à lui obéir ou il me trahira auprès d'Antonio.  Il lui informera que je suis encore en vie ! Quel est le but de ma vie Tout-puissant ??!  Tu peux me répondre ??!   S'énerve Sonah dans son cœur.

– Et nous voici enfin au 6 Octobre ! Je vous souhaite la bienvenue. Ne vous inquiétez pas. Je vais garer près d'un parc.

– Un parc !  Se réveille Kurby.

– Ouais... Confirme Johnny avant de poursuivre....  Pour des raisons professionnelles ou pour simplement trouver des résidences au calme, le quartier du 6 Octobre est certainement une solution.

– Autrement dit Kuhu, si tu veux passer un bon moment en inbox et au calme avec Kénol, c'est l'endroit idéal !  Spécifie Kurby.

– C'est ça... Avale Kuhu de gêne.

Tout le monde rigole.

– Les nombreux expatriés vivant à l'Ouest du Caire ont trouvé leur bonheur le long de la route qui s'appelle Sheikh Zayed .

– Nous sommes au Sheikh Zaied !  Hey ! Voilà l'hôpital du Beit Eleala !  S'agite Kuhu comme une enfant en pointant du doigt partout où elle reconnait quelque chose.

– Et ouais. Les "Counpounds"  par dizaines , des villas moins chères et plus grandes, des piscines, des clubs, des malls, énumère Johnny et...si jamais tu veux skier, laisse-moi te présenter à ta gauche, Skyegypt qui se situe même dans le Mall of Egypt. La piste couverte est un peu plus grande que celle de Dubai.

– Oh my God !  S'émerveille Kuhu en apercevant un grand stade de loin, à sa gauche par la vitre.  C'est grand ici !!!

–  Si vous avez déjà entendu parler de ces quartiers un jour : Beverly Hills, Alegria, Karma, Azizia, Palm Hills, Banbou, Garana... eh bien sachez qu'on y trouve tout sur place.

– Pas besoin de voyager ici.... Rigole Kuhu.

–  Bah... ça c'est une excellente question... En fait, c'est l'une des particularités du 6 Octobre. Toutes les enseignes connues sont ici : Carrefour, Spinneys, Alpha Market à ta droite,  et voilà... bientôt on arrive à ...

– Seoudi, Paul et Zara.  Devance Sonah, qui joue au jeu du Zuma Deluxe dans son téléphone.

– Ouais... T'as deviné. 

– Et donc on peut passer des semaines ici sans avoir besoin d'aller au centre-ville !  Conclue Kuhu.

– Exactement. Et devines quoi.

– J'écoute.

– Les Pyramides sont à 15 minutes de ce quartier.

– Ma parole !!!  S'excite Kuhu de telle sorte que Kurby se moque un peu.

– Calme toi Arorha.... Rigole Kurby.

– Désolée. Mais les pyramides c'est vraiment...ce que j'ai le plus envie de voir.

– Quel dommage. On ira pas voir les pyramides aujourd'hui mais un autre jour Kuhu. Parce qu'il faut prendre rendez-vous d'abord et... malheureusement je n'ai pas eu de place aujourd'hui. Par contre... J'ai eu des places pour....

– Cinéma ?  Suppose Kuhu.

– Un autre Steak !  Propose Sonah...

– Non plus. Et toi Kurby ? Qu'en penses-tu ?

– Euhm...je crois que je vais rester neutre...  Dit Kurby

– La personne qui devinera la bonne réponse, gagnera 30 gigas de forfait, plus une pizza gratuite chez Francis Palace...

– Oh my Gosh ! S'exclame Kurby. T'as préparé ton coup, toi... Tu te rends compte de la tentation !? 

– Bah...je peux encore pimenter le jeu !

– Pas la peine. Je connais la réponse.  Intervient Sonah.

Tout le monde se tait. Johnny la regarde par le rétroviseur.

– Vas-y dis-nous.... Dit Kurby.

– Le musée. Répond Sonah.

Tous les regards se croisent en direction de Johnny pour attendre sa réaction.

– Alors ? C'est ça ou pas ? S'impatiente Kuhu.

– Elle a trouvé. Affirme Johnny avec un sourire mignon, que Sonah remarque et ne quitte pas des yeux depuis le rétroviseur. Elle déconnecte son regard lorsque Johnny distrait le sien vers la route.

Kurby et Kuhu se mettent à crier et glousser de bonheur.

– Eh bien mes demoiselles je vous présente les grandes chaînes hôtelières, et un peu plus loin, on va voir le nouvel aéroport déjà opérationnel.

– Le Sphinks Airport. Ajoute Kurby.

– Sphinks Airport. Répète Arorha.

Plus tard. Ils passent également par le New Cairo où Johnny continue son discours. Ils s'y sont arrêtés pour faire des photos et des selfies, l'une d'elle où Sonah, en filmant, a coupé expressément Kuhu à côté pour ne prendre que Kurby. Comme une psychopathe.  Après ce dernier quartier, ils contournent un carrefour pour retourner au centre-ville.

– Hey Johnny. J'ai entendu parlé de Memphis. Dis, on peut aussi y aller s'il te plaît ?  Supplie Kuhu.

– Eh bien...

– Non.  Interrompt Sonah avant de continuer.....   Elle n'existe plus depuis des années.

– Ah bon ?  Se crispe Arorha.

Oui malheureusement Dit Kurby.

– En fait, les vestiges de Memphis se situaient près des villes de Mit-Rahineh et d'Helwan au sud du Caire. Pour être plus précis... Ça fait...

–  30 kilomètres... Termine Sonah.

– Merci Sonah. Continue Johnny. Memphis n'a pas survécu à l'époque moderne. Pour s'y rendre en avion, le temps était de 2 heures 17 minutes. Pour se rendre en train, 14 heures 46 minutes, en bus, 14 heures 29 minutes...et

– En Taxi, 10 heures 42 minutes, et en voiture, 10 heures 42 minutes. Termine à nouveau Sonah, laissant Johnny bouche cousue.

– Eh bien...tu maîtrises vraiment les lieux!  Félicite Kuhu.

J'ai grandi ici.  Répond Sonah.

– T'es née dans quel quartier ? Ou quelle ville ?

– Je suis née à Assouan. Répond-elle d'un ton neutre et froid à la fois, comme à son habitude.  Et ne posez pas la question. C'est vraiment très loin du Caire.

– Tu vivais avec quelqu'un là-bas ? Demande Kurby.

– Mes parents adoptifs. Ils sont morts. Brûlés, avec la maison toute entière.

Tout le monde prend un air triste.

– Je...suis vraiment désolée Sonah. S'émue Kuhu.  Je...je peux comprendre ce que tu as dû traverser.

– Non. C'est faux. Personne ne peut comprendre. Mais bon... Ce n'est pas grave du tout.  Ne vous inquiétez pas pour moi. Je ne suis pas malheureuse alors arrêtez moi ces tronches de retraités.  Sape Sonah en mettant ses écouteurs avant de se concentrer sur la route par la vitre.

– Désolée. Elle est parfois grincheuse. Je suis sûre qu'elle ira mieux au Musée.  Calme Kurby.

– On va dans quel musée exactement ?  Interroge Arorha.

– Le Musée Gayer-Farukhân C'est un musée d'art au centre-ville. Je suis sûr que tu vas trouver des choses intéressantes là-bas, Kuhu.
Dit Johnny.

– Est-ce qu'il y aurait par hasard la statuette de Néfertiti ?

– Oui. Tu verras, ce sera chouette.

– Je paris que tu as préparé tout un autre discours. Taquine Kurby.

– Je t'assure que j'ai presque pas dormi de toute la nuit Kurby. Rigole Johnny. Il met donc la vitesse pour qu'ils arrivent un peu plus vite.

– Pourquoi est-ce que les parents adoptifs de Sonah, ont-ils été tués ? Ce genre de choses n'arrivent que quand une loi n'a pas été respectée. Mais ... laquelle ? Serait-ce celle à laquelle je pense ?   Pense Kurby dans son cœur.


* CONSCIENCE DE SONAH *

C'est El Caijo qui m'a kidnappée le jour où mes parents ont été brûlés. En même temps il m'avait sauvée ce jour là, ce pourquoi je lui dois beaucoup malgré qui il est.  Mais en même temps, même s'il ne m'avait pas emmenée avec lui ce jour-là, mes parents adoptifs auraient toujours été brûlés. À cause des lois stupides de la communauté des sept.

Il y a une loi qui exige que les filles soit mariées au plus tard jusqu'à leurs 20 ans. Quand elles prennent leurs 18 ans, leurs parents doivent déjà chercher un époux pour elle. D'où le trafic de maîtresse qui se fait en Égypte, que la fille soit consentante ou pas.  Cependant, à mes 18 ans je savais déjà trop de choses sur la tuerie avec la mafia de Mohammed. Je ne voulais pas me marier. Ça ne m'intéressait pas.  Mes parents adoptifs m'ont suppliée de rentrer à la maison. Ils ont cherché tellement de prétendant pour moi, que j'ai toujours fuis.  Jusqu'à l'année du dernier délai, 2 ans plus tard, à mes 20 ans, où les autorités sont repassées sur ce chemin pour vérifier que la règle a été respectée.

En effet, quand cette règle stricte n'est pas respectée, ce sont les parents et leurs biens qui en subissent les conséquences. Car les adoptions sont interdites également. C'est ainsi qu'ils sont morts, devant mes yeux au loin. Je pouvais faire quelque chose pour les sauver. J'étais prête à tuer ces gens du recensement qui étaient venus. Mais Antonio m'a empêchée de verser du sang ce jour là. Ils sont morts devant mes yeux. Je n'ai rien pu faire.

Et Antonio m'a faite sienne en m'emmenant ici au Caire où est plantée sa mafia sous terre. Loin d'Assouan.

Tout ça avant que Mohammed me réclame à son tour pour son complot avec son père. Je l'ai tué. Mais ce n'est pas pour autant qu'Antonio est quelqu'un avec qui je rêve de vivre pour le restant de mes jours, à le servir corps et âme.

Aujourd'hui j'ai 24 ans. Et je suis toujours en vie. Personne ne doit jamais connaître mon âge. Sinon je mourrai si je persiste à ne pas vouloir me marier. Le problème c'est que je ne veux me marier avec personne. Antonio peut me sauver de tout ça, mais je ne veux surtout pas l'épouser, lui.

Le seul que je désire à présent, c'est le seul et unique, le maître Pharôn Salih.


***

10 minutes plus tard, ils sont tous arrivés au centre-ville. Johnny gare la voiture net en face du musée Gayer-Anderson. Ils descendent et Sonah retire ses écouteurs.

– Sonah. Ça va ? Demande chaleureusement Kurby discrètement.

– Oui. Ça va mieux t'inquiètes. Répond gentiment Sonah pour une fois.


* PDV DE SONAH*

Ne me souris pas trop Kurby, ça ne sert à rien. Je vais me débarrasser de toi à un moment ou un autre. Si je suis de nouveau joyeuse c'est parce que j'ai dit à Nzogho de venir me trouver ici, au musée Gayer-Farukhân.

S'il ne fait pas correctement son travail cette fois-ci, alors crois-moi je m'occuperai personnellement de toi, Kurby.


Fin du chapitre 50

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