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J'ai ma tête courbé le regard fixé sur la pointe de mes pieds et mes doigts n'arrête pas de remonté la monture de lunettes. La dame face à moi s'exprime : « Eh bien, je suis bien rassurée de savoir que ma petite Leïa à une amie comme vous. Vous êtes sûre que vous ne voulez pas que je vous ramène chez vous ? ». Je prends une voix très basse, à peine audible et lui réponds : « Je ne voudrais pas vous déranger, et puis j'ai un bus qui ne passe pas loin dans quelque minute. De plus, ma mère ne serait pas rassurer en me voyant avec une inconnue ». La dame me sourit, me salue et ferme sa porte. Je commence à sortir de l'allé de la maison, je marche un moment le long de la route silencieuse et penchée sur moi-même. Une fois que selon moi je suis assez loin, je relève ma tête, redresse mes épaules, retrousse le coin de mes lèvres. Ma démarche mal à l'aise, se mue en une démarche plus souple, plus ondulante. J'enlève mes lunettes, je les range dans mon sac. Je retire ce haut en laissant découvrir un débardeur blanc. J'ai étouffé sous ce haut toute la journée, je crois que je n'ai jamais porté un haut qui avait un col aussi près de mon cou. Franchement, quelle idée aussi de porter un haut manche longue avec cette chaleur ? Je fais craquer ma nuque. En repensant au spectacle que j'ai offert à la mère de Leïa, un sourire apparaît sur mon visage, laissant apparaître une rangée de dents prêtes à dévorer ma proie. Sa mère ma adorée. Je donnerai tout pour voir sn visage, quand sa mère va parler de moi et qu'elle va comprendre qu'il s'agit de moi.

Je regarde ma montre. 21h38. Je m'empare de mon portable et regarde alors les horaires de bus. Prochain bus, 21h50. Parfait. J'envoie un message à mon frère. « Lulu, je rentrerai vers 22h15. ». Je pose mon portable au côté de mes lunettes et referme le sac. Je m'assois à l'arrêt de bus et inspire une grande bouffé d'air frais. Lorsque j'expire, un sourire s'esquisse de nouveau sur mon visage. J'ai l'impression de pouvoir respirer à nouveau depuis hier soir, c'était comme si j'avais passé ma journée en apnée. Je ferme alors les yeux pour profiter de cet instant, comme si je savais que ce calme était qu'un court instant avant la tempête. J'entends le bruit d'un bus. Alors que je commence à me relever, j'entends quelqu'un m'appeler. J'ouvre alors soudainement les yeux. La tempête semble être arrivée plus vite que je ne le pensais. Je me retourne alors immédiatement et commence à monter dans le bus, mais mon interlocutrice me retient le bras.

« Salut Aria ! Qu'est-ce que tu fais par ici ? » Elle me dit ça avec un grand sourire. Est-ce qu'elle essaierait de me tester ? De me piéger ? Je lui réponds alors simplement « Je suis venue remettre en ordre un problème. » Je lui rends son sourire. A présent elle me regarde curieuse, avec ces grands yeux de chiot. Je crois que un des trucs que je déteste chez cette fille, c'est cette naïveté, cette sorte de pureté. J'ai juste envie de lui foutre une grande claque et de lui crier « On n'est pas dans le monde des bisounours réveille-toi ma vielle ! ». Peut-être que j'ai envie de lui dire ça parce que au fond, j'envie un peu cette pureté. Je me dis que elle, elle n'a pas souffert comme j'ai souffert. Peut-être qu'au fond je me dis que j'aurais aimé avoir une vie comme elle a eu. Sans souffrance. Je me débarrasse de sa main, comme si elle était infestée. Même la sensation de sa main sur mon poignet je ne le supporte pas. Son touché, sa présence, son regard, sa façon de penser, de se déplacer, tout chez elle est pure ! Je lui lance que je dois partir vite je m'assois et demande au chauffeur de démarrer. Il faut à tout prix que le chauffeur démarre rien que sa présence et dangereuse pour moi. Mon dieu, mais qu'est-ce que je viens de penser ! Je viens de me dire que je l'enviai ! Je regarde cette dernière par la vitre. Mais qu'est-ce qu'elle venait de me faire. Je regarde alors mon poignet. Aucune trace de brulure ou quoi que ce soit. Alors pourquoi tout à l'heure j'avais une sensation de chaleur sur mon poignet ? Je ferme les yeux et m'affale dans mon fauteuil et expire un grand coup. Je me dis alors à moi-même : « Tu deviens folle Aria ».

Je finis par descendre du bus et remonte l'allée de mon bus. Je marche les yeux dans le vide, encore troublée par ce qui vient de m'arriver. A peine ais-je poussé ma porte d'entrée, que je suis accueilli par plusieurs personnes riant. Je referme la porte et alors Holly me dit de les rejoindre dans la cuisine. Je me dirige alors vers cette dernière. Quand je rentre dans cette dernière, je reste figée devant l'encadrement de la porte. Il y a un homme dans la cuisine. Il. Y. A. Un. Homme. Dans. La. Cuisine. « Aria je te présente Josh. ». Je mets quelque minute avant d'assimiler ce qu'elle me dit. Je m'apprête à lui demander qui est Josh, lorsque je me rappel de l'annonce qu'elle nous avait fait la dernière fois. Je m'approche alors très près de Josh, je le fixe dans les yeux et lui dit d'un ton très sérieux et un peu effrayant « Vous voulez vous enfuir avec Holly et nous abandonner ? ». Je vois que ce dernier et tout à coup très mal à l'aise. Il répond alors tout en desserrant sa cravate « Non bien sûr que non. ». Le voyant dans cet état je rigole intérieurement, je reste stoïque malgré tout à l'extérieur. Je lui dis alors sur le même ton : « Vous ne dites donc que vous ne l'aimez pas assez pour vous enfuir avec elle ? Vous ne prenez pas au sérieux votre relation ? ». Je vois une goutte de sueur perler sur son front. Il commence alors à bégayer : « N... N... Non... J'... J'... J'aime beaucoup Holly. ». Je le regarde encore un long moment sérieuse, silencieuse. Je sens qu'il est au bord de l'évanouissement alors je me redresse et lui tape dans le dos tout en souriant et lui lance « Calmez-vous Josh, je vous taquinez ! ». Voyant qu'il souffle d'un coup soulagé, je rigole intérieurement. Pauvre Josh. N'empêche que grâce à lui, j'ai retrouvé ma bonne humeur.

23h47, Josh est en train de partir. Je me dirige vers ma chambre. Josh me semble gentil. C'est le secrétaire de l'entreprise de Holly, contrairement à Holly, il ne supporte pas très bien la pression et déteste la compétition. Il est gentil comme tout, et risque de se faire bouffer par Holly, mais à ce que j'ai compris, ces deux-là se fréquentent depuis un bout de temps. J'attrape mon pyjama et me dirige vers la salle de bain. Il me semble que je n'ai jamais vu Holly avec le cœur brisé, elle devait toujours les quitter la première, connaissant le personnage. Je penche et lance de l'eau sur mon visage. Ce soir ils étaient si complice, serait-il possible que l'amour dans ce chaotique puisse fonctionner ? Je pense alors à mes parents, enfin ce qu'il me reste de souvenir d'eux. Depuis quand se connaissaient ils ? Ils devaient se connaître depuis un moment avant de faire des enfants. S'aimaient-ils encore ? Je passe le gant savonné sur mon visage. Sûrement. En y repensant, c'est la première fois que je pense à mes parents... Je me rince le visage. Le visage de Lukas m'apparaît. J'attrape ma brosse à dent. Se pourrait-il que ce soit lui ? Celui qui me correspondrait, celui qui me protégerait de tout. En y pensant un sourire s'affiche sur mon visage. J'insère ma brosse à dent dans ma bouche. Le visage de Leïa me vient alors en tête. Je me brosse intensément les dents. Je repense au moment de tout à l'heure. Qu'est-ce qui s'est passé ? J'ai pété les plombs ? Les commentaires d'internet me sont montés à la tête ? Oui ça doit être ça ! J'ai dû être influencée par les commentaires de ce matin. Je crache la mousse du dentifrice. Je ne suis pas jalouse de Leïa ! De toute façon qu'est-ce que je pourrais lui envier ? Je me rince la bouche. Son regard innocent me revient en tête. Oui elle est innocente et alors ? Elle ne le sera plus dans quelque jour. Comme pour appuyer mon affirmation, je jette violemment ma brosse à dent dans son pot. Je sors de la salle de bain tout sourire et me jette dans mon lit. Très vite je m'endors.

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