11. I'm fucked up
P.d.v d'Eïleen :
Je piquais un nouveau (et oh combien éreintant sprint) pour tenter de distancer le coureur fou, mais peine perdue.
Ben me rattrapa à peine étais-je sortie des bosquets.
Il me ceintura la taille et me plaqua au sol comme il l'avait fait avec Thomas.
- On va tous crever ici à cause de vos conneries !!! hurlait Ben en me broyant le bras tandis que j'essayais de me débattre tant bien que mal.
Je décalais mon visage pour éviter sa main qui allait atterrir en plein dessus mais me recevait tout de même un coup sur la tempe.
Ses mains se refermèrent alors soudainement sur mon coup avec fermeté.
Et alors je ne sais pas exactement ce qu'il se passa. Je peinais à croire que les demi-dieux décrit par Rick Riordan ait aussi peu de PTSD. Mais pour ma part, un violent stress post traumatique s'empara soudain de tout mon corps alors que j'avais l'impression de revivre ma première nuit à la colonie. Cette nuit bien trop traumatisante où à à peine treize j'avais réellement cru que j'allais mourir.
Je peinai à faire la différence entre mes souvenirs cauchemardesques et la réalité. Ma vue commençait déjà à se brouiller, je ne comprenais plus ce qui m'arrivait. J'avais l'horrible impression de perdre totalement le contrôle de mon corps.
Alors je fis la dernière chose qui me venait à l'esprit et j'appelais (ou plutôt hurlai) à l'aide en suffoquant.
Et l'aide arriva. Deux grands bras tirèrent soudain Ben vers l'arrière avec un cri de colère, l'obligeant à me lâcher.
Je prenais une grosse inspiration en hoquetant sur le sol avant de me redresser difficilement. Ma tête me tournait dangereusement et j'avais perdu mes lunettes dans l'affrontement. J'eus donc besoin d'un certain temps (et de retrouver mes lunettes et un état mental plus ou moins stable) avant de comprendre ce qu'il se passait.
Visiblement le combat n'avait pas cessé (à croire qu'il ne s'arrêterait jamais). Mais ce n'était plus Ben qui dominait, à vrai dire le garçon ne semblait guère dans un meilleur état que moi. Il tremblait légèrement sur le sol tandis qu'il se faisait latter... par Luke.
- Ne. La. Touche. Plus. Jamais !!! Criait le garçon en assénant un nouveau coup à chacun de ses mots.
Il en était presque effrayant.
Non, il était effrayant. Je ne savais plus qui semblait le plus fou entre lui et Ben.
- Luke. murmurais-je en m'approchant lentement de lui. Arrête. Tu vas finir par le tuer. fis-je avec inquiétude avant de poser ma main sur son épaule. Arrête !
Le blond se figea, le poing en l'air et tourna la tête vers moi en écarquillant des yeux. À croire qu'il ne m'avait pas remarqué avant. Ses yeux descendirent alors sur les striures qu'avaient fait le filet sur mes bras, il y a deux ans. Et l'horreur de son visage ne sembla que redoubler.
- Eïleen, je..., commença-t-il.
Mais l'arrivé des blocards l'empêcha de continuer.
Ces derniers nous crièrent quelque chose mais un soudain bourdonnement dans mes oreilles m'empêchait de comprendre quoi.
Je sentis qu'on nous tirait vers le haut Luke et moi mais je n'y prêtai pas attention.
Le garçon ne semblait pas s'en formaliser non plus.
Mon regard était focalisé sur lui et inversement. Il ne m'avait jamais paru aussi perturbé et mal qu'aujourd'hui. Et je n'arrivai pas à comprendre pourquoi.
Je continuais de le fixer jusqu'à ce que l'on me jette soudain violemment à l'intérieur d'un tout petit bâtiment de pierre et de bois, m'obligeant à rompre le contact.
Je repris mes esprits en clignant des yeux.
Je me trouvais visiblement dans le gnouf, la prison du bloc et Luke se tenait dans un coin, un peu à l'écart de moi, tremblant de tout ses membres. Les yeux écarquillés et les mains qui passaient frénétiquement dans ses cheveux.
- Luke ? demandais-je doucement en m'approchant de lui.
- C'était moi..., murmura-t-il. C'était moi.
Il se mordit violemment la lèvre et ses yeux se remplirent soudain de larmes.
Je posais toujours aussi lentement ma main contre son bras. Le blond semblait être pris de crise de stress post-traumatique encore plus violentes que les miennes. Mais je n'arrivais toujours pas à en comprendre la raison. Il continua donc devant mon air perdu.
- Lorsque cet enflure t'a frappé, expliqua-t-il d'une voix tremblante. Je me suis vue à sa place, à sa place il y a cinq ans. Te frappant, te blessant. Toi, toi et des centaines d'autres. il émit soudain un sanglot rauque. Par tous les dieux Eïleen je suis tellement désolé. Tu as raison, je ne suis qu'un monstre et rien de plus !!!
Sa voix se brisa et il tomba à genoux, secoué par ses pleurs.
- Je suis un monstre, un monstre.
J'en restais coite. Jamais je n'aurais pensée ça venir de lui. Jamais je n'aurais pensé qu'il pouvait être aussi... humain.
Et je me détestais pour ça, j'étais une nouvelle fois stupide. Je n'avais pas cherché à le comprendre. Je m'étais contenté de fuir encore et encore. Je n'avais pas vu à quel point il était brisé.
Je me rendis soudain compte que je pleurais en sentant de grosses larmes rouler sur mes joues.
Je m'accroupissais devant Luke et posais mes deux mains sur ses joues creuses toujours aussi doucement.
- Tu n'es pas un monstre. Soufflais-je en relevant son visage pour le regarder droit dans les yeux. J'ai mentis. Je suis stupide, tu devrais le savoir pourtant. fis-je en esquissant un sourire triste. Tes causes sont et étaient justes crois moi. Tu n'as pas à tout prendre sur toi. Tu n'es certainement pas le plus responsable de cette histoire, Cronos l'est... Et peut-être même un peu les dieux.
Je le regardais longuement. Il avait arrêté de sangloter et me fixait de nouveau du regard. Je posais sa main sur mon coup, désormais couvert des deux grosses marques des mains de Ben.
- Je vais bien. dis-je lentement en détachant chacun de mes mots. Malgré tout. Je suis en vie. Je suis en vie et c'est grâce à toi, encore une fois.
- Eïleen..., fut tout ce qu'il trouva à me répondre.
Prise d'un soudaine impulsion de Poufsouffle, je le serrais alors dans mes bras.
Il sembla se figer quelques instants mais referma à son tour ses bras sur moi.
Je ne sais pas vraiment combien de temps on resta comme ça, mais ce moment me parut durer une éternité.
Cette étreinte était notre façon à nous de nous excuser mutuellement. Et je pense que c'est tout simplement ce dont l'on avait besoin tout les deux.
- C'est ridicule, finis par souffler Luke. J'ai presque 10 ans de plus que toi et c'est toi qui me console.
- Que veux tu, je combles le monde de mon incroyable sagesse.
- Permet moi d'en douter. s'exclama alors un nouvel arrivant derrière les grilles de bois du gnouf.
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