o7. Hello traumas my old friends
Cela faisait des jours et des jours que je n'avais pas dormi.
Et les cauchemars qui m'assaillirent me prouvèrent que j'avais eu raison.
Je me retrouvais cette fois à la colonie, sur la branche de pin que j'occupais habituellement, et je crus un instant que toute cette histoire n'avait été qu'un rêve et pas l'inverse.
Mais une étrange silhouette féminine était alors apparue devant moi.
Sa peau était d'un marron terne et sa longue robe semblait être faite de feuille et de mousse.
Ses longs cheveux bruns comme la terre que l'on vient de retourner tombait sur son visage qui semblait terriblement reposé. Il ne m'en fallut guère plus pour reconnaître la Mère-Terre en personne.
- Eïleen McGuire..., siffla Gaïa en secouant lentement la tête avec un claquement de langue désapprobateur. Qu'est-ce que tu fiches avec ces soit disant héros ? Je t'avais promis un avenir bien plus grand pourtant. Tu n'as rien à faire sur ce bateau.
- Si j'y suis c'est parce que vous m'avez enlevé la seule personne encore chère à mes yeux. rétorquais-je en descendant de l'arbre d'un bond.
- Ce fils d'Hadès ? rétorqua Gaïa toujours aussi calme. Ce n'est qu'un dommage collatéral. Je ne peux pas le laisser en vie après ce qu'il a découvert.
- Et c'est comme ça que vous espérez me recruter parmi vous ? fis-je cyniquement.
- Les portes de la mort..., répondit Gaïa en balayant la question d'un geste comme s'il s'agissait de broutille. Ce n'était qu'un gêneur, sa disparition ne fera de mal à personne.
Je m'arrêtais brusquement, plantée face à elle, piquée à vif. La terre sous mes pieds se mit à trembler.
- Qu'est-ce..., murmura Gaïa.
- C'est mon monde de cauchemar ici. perssifflais-je en esquissant encore un pas vers elle alors que le paysage de la colonie commençait à se disloquer autour de nous. Et vous n'avez rien à faire ici.
- Je vais où je veux je suis Gaïa, je suis la Mère Terre en pers...
Je ne lui laissais pas le temps de terminer et dégainai brusquement mon épée alors que l'entité commençait à se désagréger sans que je ne cesse de la fusiller du regard.
- Tu ne récupéras jamais le fils d'Hadès si tu ne te joins pas à moi !
- Et je doute que vous seriez d'une grande aide pour que je le fasse dans tout les cas.
J'esquissais un dernier pas vers elle alors que le sol était en train de l'engloutir tandis que je la virais à violent coup de pied magique de mon rêve.
- Maintenant laisse moi te dire ça Terre Mère de mes deux. murmurais-je en me penchant vers elle. Si Nico meurt, je tues tous tes enfants un par un avant d'en finir avec toi.
Je ne lui laissais pas le temps d'ajouter quoi que ce soit et lui tranchais alors brusquement la tête.
Je l'observais disparaître avec lenteur, profitant de ces quelques instants de répits qu'elle m'avait apporté malgré elle.
Et puis comme je m'y attendais, le rêve changea d'un coup... pour devenir un cauchemar bien réel cette fois. Un cauchemar que j'avais repoussé jusque là pour ne pas que Gaïa le voit, pour qu'elle ne sache pas que mes menaces n'étaient que du flan.
Un cauchemar dong ne semblait pas pouvoir se séparer cette ancienne moi.
- Eïleen ! s'écria Luke alors que je le tenais d'une main et que l'autre était serrée sur le manche de mon épée, mon épaule déboitée bringuebalant nos deux corps dans le vide.
- Non, murmurais-je en sachant pertinemment ce qui allait se passer, non, non, non.
Luke avait les yeux rivés sur moi, comme si le vide lui importait peu.
- On va tomber tout les deux. maugréa Luke. Il faut...
- NON !!! hurlais-je en resserrant l'emprise sur sa main. Je ne te laisserais pas partir !!! Pas encore !!!
Le visage de Luke changea d'un coup et ne devint plus qu'un masque de cruauté.
- C'est trop tard. dit-il froidement. Tu as déjà tout gâché, on ne peut plus rien faire. Et c'est ta faute.
- Luke..., soufflais-je en sentant des larmes traitresses couler le long de mon visage.
Mais le blond lâcha brusquement ma main et tomba d'un coup dans le vide.
Je savais parfaitement que je rêvais. Ça ne m'empêchait pas de vouloir rejoindre Luke au royaume des morts pour autant.
- Arrêtez ça..., murmurais-je alors en sanglotant, arrêtez ça je vous en prie.
Mais je ne m'en réveillais pas pour autant. Au contraire, une ombre s'esquissa au dessus de moi.
Je relevai difficilement la tête, toujours suspendue dans le vide, pour découvrir la silhouette d'Emma et Teresa se dessiner devant moi.
- Tu es pitoyable. déclara Teresa en m'envoyant un regard de dégoût. Je n'aurais jamais dû te sauver, tu n'en valais définitivement pas la peine.
Je tentais de fermer les yeux pour ne plus les voir mais la voix d'Emma résonna si fort en moi que je pus la percevoir totalement.
- Elle a bien raison. dit-elle. Tu es horrible. Tu m'as laissé tomber. Tu m'as tué moi aussi. Tu ne mérites aucun d'entre nous. Tu ne mérites que de disparaître.
J'ouvrais les yeux embués de larmes et vit les deux filles se désagréger sous mes yeux.
Une troisième femme arriva, blonde et vêtu d'un costume impeccable.
- Et si nous reprenions les expériences ? demanda Ava Paige avec un grand sourire. À moins que tu ne veuilles tuer quelqu'un d'autre.
Elle donna un puissant coup de pied sur mon épée et je sombrais à mon tour dans le vide en hurlant.
- Eïleen !!! s'écria alors Léo.
Je me redressais en sursaut. Léo se tenait devant moi, les deux bras posés sur mes épaules, visiblement il avait tenté de me réveiller. J'avais du mal à savoir s'il était réel alors que la dernière vision que j'avais d'Ava Paige était encore parfaitement visible dans mon esprit.
- Ce n'est pas réel, ce n'est pas réel. Et même si ça l'était elle ne peut plus te faire de mal, elle est morte et son cadavre repose dans une autre dimension.
Je tentais d'insuffler de l'enjôlement à mes paroles mais aucune magie n'en sortit. La douleur était encore bien là, tout aussi mentale que physique alors que chacune des vingt huit cicatrices que la scientifique était parvenue à me faire en seulement un mois semblait se rouvrir sur ma peau.
J'avais du mal à reprendre ma respiration et enfonçais brusquement mes ongles sur mes bras, me rendant alors compte avec horreur que ma veste, comme mon écharpe avait disparues et que chacune de mes blessures se retrouvaient à nue.
Je devinai alors plus que je ne voyais réellement la présence de Léo en face de moi lorsqu'il prit brusquement mon visage entre ses mains.
- Eïleen ! s'écria-t-il brusquement. Eïleen tout cela est bien réel ! Tu es éveillée et en sécurité et quoi que tu aies pu voir dans ton rêve ne se trouvait que là-bas. Il n'y as plus que moi ici et je ne te ferais jamais de mal !
Je tentais de m'accrocher à ses paroles. Je tentais de me concentrer sur ses doigts étrangement chaud sur mon visage glacé et humide de mes larmes. Je le regardai réellement pour la première fois dans ses yeux inhabituellement sérieux et m'accrochais désespérément à son regard sans parvenir pour autant à me calmer.
- Ok Enchanteresse, fit-il alors tout aussi fermement. Regarde moi et suis mes respirations d'accord.
Je hochais presque frénétiquement la tête et pris alors une grande inspiration avec lui avant de bloquer cette dernière pour finalement souffler un long moment. Nous répétâmes l'action plusieurs fois jusqu'à ce que mes pleurs se tarissent et que mon cœur arrête d'essayer de sortir de ma poitrine.
C'était réel. J'existais encore bien. Je n'étais plus dans le monde cauchemardesque du Labyrinthe ou avec leur scientifique malade.
Il était là. Il n'y avait que lui. Et même si j'allais très certainement avoir envie de mourir dans quelques heures à l'idée qu'il m'ai vu dans cet état pour l'instant, à défaut de mon enjolement, lui était là et c'était tout ce qui comptait.
Je ne sais pas combien de temps nous restâmes ainsi à nous regarder comme ça sans que ce soit gênant mais mes larmes finirent par se tarir et ma respiration reprit un cours normal sans que j'ai besoin de la calquer sur la sienne.
- Je suis clairement ridicule. finis-je par maugréer en essuyant les dernières larmes du coin de mes yeux.
- Oh crois moi je peux l'être bien plus que toi ! rétorqua Léo avec un sourire en coin en me lâchant finalement.
Je hochais doucement la tête.
Ce ne fut qu'à ce moment là, que lorsque je repris vraiment complètement conscience de l'ampleur de la situation. Je remarquais d'abord le mouvement étranges des boucles brunes de Léo autour de sa tête avant de me rendre compte qu'il en allait de même pour mes propres cheveux. Et puis toute l'environnent tout aussi étrange qui nous entourait, nous étions dans une espèce de grotte dont l'entrée était obstruée par un immense coquillage. Ce n'est que lorsque je vis ce dernier que je compris enfin où nous étions. Je me relevais alors d'un bond et me mis à flotter lentement au dessus du sol.
- On est dans une grotte sous-Marine !? m'étranglais-je brusquement, des bulles d'air que je n'avais pas remarqué jusque là apparaissant à chacun de mes mots.
Je portais alors brusquement la main sur ma bouche, m'attendant presque à me noyer et m'effondrer sur place. Mais rien ne se passa. Je respirais toujours aussi normalement.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? m'exclamais-je alors avec panique.
- Doucement l'Enchanteresse ! Fit Léo en attrapant ma main pour me ramener sur le sol. On se calme je ne suis pas beaucoup plus avancé que toi. Je me suis réveillé ici avec Frank Mais des espèces d'homme poisson sont partis le chercher. On doit être là depuis hier je dirais. Pour ce qui est du fait qu'on ne soit pas déjà mort noyé c'est parce que je crois qu'on est entouré d'une pellicule d'air très fine. J'ai essayé de faire marcher mes flammes mais j'ai juste failli m'étouffer avec.
Je croisais mes bras, pensive, tentant d'enregistrer chacune des informations qu'il venait de me donner. Ce n'est qu'à ce moment là que je pris conscience d'un étrange vide en moi.
Lorsque je m'étais réveillée je n'avais rien fait de surnaturel, ce qui n'était clairement pas normal. Une fois j'avais faillit détruire le bungalow d'Hadès à cause de ma magie et mes cauchemars, sans parler de mon enjôlement inefficace.
- Je n'arrive plus à faire de magie. fis-je en regardant mes mains.
Je n'aurais pas dû m'en réjouir, la magie était une partie de moi trop importante. Mais elle m'avait tellement compliqué la vie ces derniers temps qu'être délestée de cette arme incontrôlable au moins pendant quelques heures ne me dérangeais pas vraiment.
- C'est censée être une bonne chose ? demanda Léo d'un air dubitatif.
- Ça veut dire que je ne risque pas de te tuer dans d'atroce souffrance par accident.
- Tu marques un point.
Un nouveau silence se fit alors entre nous deux. Le fils d'Héphaïstos finit par s'asseoir contre le sol et je ne tardai pas à le rejoindre. Il me fixa alors d'un air intrigué et je me rappelai soudain que je n'avais plus ni mon habituel veste et écharpe et que même mes habits ne parvenait pas à cacher les dizaines de cicatrices qui parcouraient mon corps. Je ramenais alors instinctivement mes genoux contre moi.
Léo dû se rendre compte qu'il me fixait puisqu'il détourna immédiatement le regard, le rouge au joue.
- Désolé..., marmonna-t-il en se prenant de passion pour le plafond de pierre.
Je ne répondis rien, me contentant de fixer distraitement les bouts de mon collier qui flottait au niveau de mon menton.
Un nouveau silence.
Et je fus la première à craquer.
- Pose ta question Valdez. bougonnais-je alors. Ta curiosité devient presque palpable là.
Léo tourna à nouveau son regard vers moi et sembla encore plus rouge que tout à l'heure. Il passa nerveusement sa main de ses cheveux et dit alors :
- Ta cicatrice sur le bras droit. C'est la seule que je n'arrive pas à identifier.
Je pris quelques instants à comprendre sa question. Je suivais alors son regard et eut un "oh" de réalisation en reconnaissant les affreuses rainures noires qui s'étendait sur mon avant-bras. Un souvenir que m'avais laissé l'un des griffeurs du labyrinthe et que même ma magie n'avait réussie à faire disparaître, le poison s'étant installé de façon définitive dans mon corps.
Je ne pus cependant m'empêcher de pousser un léger ricanement.
- Qu'est-ce qui te fais rire ? demanda Léo.
- Rien. éludais-je. Je me demandais juste comment j'allais bien pouvoir t'expliquer ça sans que ton esprit d'Héphaïstos ne plante complètement.
Je ne fis qu'un peu plus augmenter sa curiosité.
Mais je me contentais de hausser des épaules.
- Peut-être que je t'en parlerais un jour..., finis-je par conclure. Mais on a définitivement assez de problèmes comme ça.
- Quoi !? s'offusqua-t-il alors. Non McGuire tu ne peux pas simplement me laisser là-dessus. Tu sais très bien que je ne vais plus réussir à dormir tant que je ne saurais pas !
- Tant pis. rétorquais-je d'un air blasé. Et puis tu peux parler, pour ce qui est des secrets je crois que tu en as aussi quelques uns. Je t'ai vu sur le pont avec Hazel avant que la crevette géante ne démarque.
Le semblant de fermeté qu'il avait eu s'effaça bien rapidement alors qu'il lâchait un "ah" mal à l'aise. Et cette fois ce ne fut pas moi qui fût la première à briser l'énième silence qui s'était installé entre nous.
- Ce n'est vraiment pas ce que tu crois. finit-il par dire en se dandinant sur place. Je..., en fait Hazel a la capacité de faire revivre ses souvenirs à d'autres. Et, elle, on en fait, on a découvert quelque chose nous concernant, d'une certaine manière, tout les deux.
- Je ne suis pas certaine de bien te suivre là ? fis-je dubitative.
- Bon en fait pour faire cours elle a connu mon grand-père et je lui ressemble comme deux gouttes d'eau, comme si j'étais une espèce d'incarnation de l... Eïleen tout va bien ?
Je me rendis alors compte que je m'étais brusquement redressée, bouche bée et les yeux écarquillés, tout en m'écartant de lui.
Le demi-dieu se releva à son tour, l'air encore plus perdu que moi.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Je ne répondis rien alors que je tentais de le sonder du regard, je le voyais sous un jour complètement nouveau.
Ce n'était quand même pas possible que lui aussi...?
Le fils d'Héphaïstos esquissa un pas vers moi pour dire quelque chose lorsque l'énorme coquillage de nacre s'ouvrit.
J'allais dégainer mon épée mais je me rendis soudain compte avec surprise que mon bracelet n'était plus à mon poignet.
- C'est impossible..., murmurais-je.
Mais quelque chose d'encore plus improbable et qui me fit complètement oublier toute les pensées que j'avais auparavant apparut alors devant moi.
- Un poisson centaure ?! ne pus-je m'empêcher de m'exclamer avec incompréhension.
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