Je ne me rendis compte d'à quel point je commençais à apprécier cette tranquillité dans laquelle je me complaisais sur Ogygie que lorsqu'elle me fut brusquement arrachée. Calypso s'affaira en une journée seulement pour nous trouver de quoi nous faire un radeau. 

Je ne pus ne trouver qu'un seul instant pour lui parler tant elle fut occupée à entamer notre départ. À préparer cet affreux départ qui me donnait une nouvelle fois l'impression de l'abandonner. Léo ne semblait guère plus heureux que moi, mais il fut tout aussi efficace que Calypso malgré tout, noyant ses émotions dans le travail.

Alors je pris mon mal en patience, et me décidai finalement à agir aussi. Calypso voulait que nous partions. Bien. Mais il n'était pas question de ne pas passer au moins une dernière soirée ensemble.

Je m'affairai ainsi à la cuisine une bonne partie de l'après-midi, aidée de près par les esprits du vent qui peuplaient l'île. Si bien que ce fut pleine de fierté que je disposais alors sur la belle table disposée sur la plage le dernier plateau de sushis. 

- On mange !  m'exclamais-je alors à Léo et Calypso qui semblaient faire un inventaire de nos provisions à l'autre bout de la plage. 

Ils ne tardèrent ainsi pas à me rejoindre, observant avec ravissement le festin que je leur avait préparé. Léo s'apprêtait à se  jeter sur la nourriture, mais je l'arrêtai au dernier moment en mettant ma main sur son visage et en le faisant reculer.

- Pas touche !  criais-je en envoyant une décharge de magie qui atterrit à quelques centimètre de la main de Léo, main qu'il retira vivement du plateau de sushi qu'il s'apprêtait à voler. 

Calypso éclata de rire alors que Léo commençait à se lancer dans un long plaidoyer pour faire justice à son ventre. 

- Tout d'abord, il vas falloir apprendre à Calypso à manger avec des baguettes. fis-je avec un grand sourire sadique au lèvre en sachant que ça agacerait Léo.

- Quoi !?!  fit ce dernier comme je m'y attendais. Parce qu'en plus on doit les manger avec des baguettes ?!

- Ca fait partie du jeu !  Pourquoi ?  Tu ne sais pas te servir de baguette ? Ajoutais-je d'un ton moqueur.

- Bha non !  Quand je mange des sushi je me serre avec les doigts !

Je soupirai longuement en levant les yeux au ciel.

- Je suis d'accord que c'est plus facile, mais c'est pas drôle sinon.

- T'as pas le droit de demander à un hyperactif d'apprendre quelque chose quand il a autant envi de manger !  

Je m'apprêtais à répliquer pour noter l'absurdité de son argument mais il attrapa un sushi en otage et me menaça de l'avaler si je faisais le moindre geste.

Heureusement, Calypso resta de mon côté et se jeta sur Léo avec un entrain qui me surprit tout autant que lui. Si bien que le sushi atterrie dans la bouche de la nymphe plutôt que celle de Léo. Un long silence suivit son geste alors qu'elle eu d'abord une expression dubitative avant que son visage s'illumine de ravissement.

- Par les chdieu !!! S'exclama-t-elle en s'en fourrant un autre dans la bouche. Ch'est délichieux !!!

- Ah non tu vas pas t'y mettre !! Fis-je semblant de pleurnicher.

Je tentais d'argumenter encore quelques instants mais face à Léo et Calypso je peinais à garder la face.

- Oh les dieux merci ! S'exclama Léo en m'embrassant la joue en remerciement.

Puis ils se jeta sur les sushis comme si de rien était alors que je restais figé sur place, le rouges au joue. Je touchais légèrement ma joue avec hésitation et je sentis cette dernière ne devenir qu'un peu plus rouge lorsque je croisai le regard malicieux de Calypso. 

- Pas de commentaire. maugréais-je en attrapant enfin un sushi.

- J'ai pas de commentaire à faire quand tout est sous nos yeux. rétorqua-t-elle d'une voix mélodieuse en attrapant ma main. 

Je n'aurai pas pensé pouvoir rougir d'avantage, pourtant le regard toujours plus amusé de Calypso me prouva le contraire. Je persifflai donc une vaine insulte contre la nymphe avant de reporter mon attention sur notre table. 

- Léo comment t'as fait pour manger la moitié de tout ce que j'avais fait ?! m'offusquais-je alors. 

- Eh ! se défendit ce dernier. J'étais affamée d'accord. 

- C'est pas comme si je vous ai nourri avec amour de tous mes bons petits plats ces derniers jours..., ironisa Calypso. 

Ce fut au tour de Léo de se mettre à rougir jusqu'aux oreilles. 

Elle a décidé de vous torturer parce qu'on est sur le point de partir ?! 

Peu m'importait à vrai dire, constatais-je en appréciant le contact de ma main dans la sienne tandis qu'elle se moquait allégrement de Léo. Peu importait la tristesse qui m'envahissait déjà à l'idée de la quitter. Peu m'importait ces étranges sentiments qui se soulevaient en moi alors que je contemplai la nymphe et le fils d'Héphaïstos se chamailler avec amusement. 

J'étais là à ce moment, sur Ogygie. Calypso et Léo étaient là à mes côtés, et c'était bien là la seule chose qui comptait à cet instant. 

La soirée se déroula alors dans une joie débordante, comme si tous, nous oublions l'espace de quelques heures ce qui n'allait pas tarder à arriver. Ce qui allait bientôt se terminer. 

Calypso nous offrit même l'honneur de nous chanter une autre ballade qui m'arracha quelques larmes. Et Léo, pour faire bon usage, tenta de nous démontrer ses talents de cirque dans un tour de cracheur de feu. Tour qu'il termina en fichant le feu à la table. Ce qui lui valut une bonne engueulade de la part de Calypso. 

Pourtant, ce fut sans aucune animosité que nous finîmes par nous retrouver allongés sur la plage à contempler le ciel étoilé, discutant avec animation de nos projets futurs. Qu'il était agréable de prétendre être normal l'espace d'une soirée. Léo ne tarda pas à commencer une chasse à l'étoile filante, nous administrant de grandes exclamations de joie à chaque fois que l'un de nous en apercevait une. 

- Je souhaiterai vivre ce bonheur à jamais. murmurais-je alors. 

Ni Calypso ni Léo ne dirent rien. Pourtant, ce fut d'un même geste que tous deux attrapèrent alors ma main. Et alors, ce fut sans même réfléchir à la portée de mes paroles que je déclarai alors avec force : 

- Non en fait j'en ai marre de juste souhaiter être heureuse. Je jure sur le styx retrouver ce bonheur, même lorsque qu'on aura quitté l'île. 

Un frisson sembla nous traverser tous les trois. Et alors Calypso se redressa d'un coup, les yeux écarquillés, semblant hésiter entre me hurler dessus et fondre en sanglot. 

- Mais t'es complètement malade ! s'exclama-t-elle. Tu te rends compte de ce que tu viens faire ?! 

Pour toute réponse je haussais des épaules avec lenteur avant de lui esquisser un sourire. 

- Ma précédente incarnation avait bien réussi à revenir ici. déclarais-je alors. Je m'assurerai juste de ne pas de nouveau te briser le cœur. 

- Et je m'assurerai de l'aider dans sa tâche ! ajouta alors Léo en se redressant à son tour.

Calypso ouvrit la bouche, mais visiblement les mots lui manquaient alors qu'elle nous contemplait avec de gros yeux, complètement transportée par l'émotion. 

- Vous...! Je vous déteste ! s'exclama-t-elle alors. 

Pourtant ce fut sans lâcher ma main qu'elle retomba lourdement dans le sable avant de relever les yeux vers le ciel. Et ce fut dans un murmure presque inaudible qu'elle murmura alors :

- Mais peut-être que j'essaierai de vous aider en priant tous les soirs les étoiles...

C'est ainsi que nous finîmes par nous endormir tous les trois sur la plage, nos mains toujours entrelacées, plus heureux que jamais.

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Wahou !!!! Et encore un nouveau chapitre !!!!  Je me surpasse dites donc !

Gros smoutch tout baveux sur votre tête virtuelle mes cervelles d'algues !