1o. Another one bites to dust

Je continuai de m'extasier durant encore je ne sais combien de temps face à chaque chose que Bill et Weis me montraient. Je n'arrivai toujours pas à bien réaliser ce qu'il m'arrivait. J'étais toujours à des mètres sous l'eau, dans des territoires marins certainement encore jamais exploré et littéralement un tout nouveau monde s'ouvrait à moi. Alors bien évidemment ma petite partie de Serdaigle refoulée prenait son pied à découvrir tant de nouvelles choses à la fois.

- Rholala, le combat sous l'eau, ça doit être tellement vivifiant ! M'exclamais-je alors que Bill et Weis étaient en train de s'armer à l'arène.

- Oh ça tu n'as pas idée ! Approuva Bill avec un grand sourire en passant une lance dans son dos. Ça ouvre tellement plus de perspective que de la terre.

- Je ne peux qu'imaginer.

Et ça je le pouvais aussi très facilement en comprenant enfin d'où venait la musculature dessinées de chacun des pensionnaires. Chaque mouvement rapide devait nécessiter une force bien plus supérieure à la normale, ils seraient certainement terrifiant de rapidité à l'air libre.

- Tiens, d'ailleurs ! s'exclama alors Weis en me lançant quelque chose. J'allais l'oublier !

J'attrapais presque mécaniquement mon bracelet au vol et ne put retenir un soupir de contentement lorsqu'il vint magiquement s'entourer autour de mon bras.
Ce à quoi Weis et Bill ne manquèrent pas de se moquer de moi à coup de grand éclat de rire.

C'était agréable. Agréable d'avoir face à moi quelqu'un qui ne prenait pas des milliards de précautions pour me parler. Je me rendais bien compte que mon était physique comme mental était plus que diminué. Il n'empêche que je ne m'habituais toujours pas à être traitée comme une petite chose fragile.

Ce que tu es quand même un peu...

Je tentais de reléguer cette pensée au fin fond de ma tête afin de (pour une fois) essayer de me concentrer sur les rares choses de ma vie qui n'étaient pas cauchemardesque.

C'est sur ces discussions que je quittai enfin le camp, toujours entourée de Weis et Bill et désormais d'une flopée de créature marine plus intrigantes les unes que les autres.
Le premier jour de voyage ne fut que plus intéressant encore. Des monstres nous attaquèrent mais ces demi-dieux surentraînés n'en faisaient qu'une bouchée.
À vrai dire je ne servais pas à grand-chose si ce n'est qu'à servir d'appât avec mon odeur anormalement forte. Mais Weis et Bill faisaient de leur mieux pour me distraire avec leur histoires plus incroyables les unes que les autres. Et puis finalement mon rôle d'appât les avait quand même bien aidé.
Il m'arrivait même parfois d'entrapercevoir la coque de l'Argo II à certain moment de la journée.

Non, les choses avaient réellement commencer à se corser lorsque la nuit était tombée. Toute cette sortie maritime m'avait soudain paru bien moins amusante lorsque je commençais à avoir dû mal à voir ce qu'il se trouvait à à peine quelques mètres de moi. Weis et Bill tentèrent de me rassurer comme ils pouvaient, mais eux comme le reste du camp sous-marin semblait alors bien plus tendus.

Si bien que je n'avais pas été plus surprise que ça lorsque les premiers hurlements avaient envahies la troupe de demi-dieux marins.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?! n'ais-je pu m'empêcher de m'exclamer, dégainant inutilement mon épée.

Mon inquiétude ne fit que monter en flèche lorsque je vis Weis et Bill s'observer avec des yeux écarquillés d'horreur, les deux tout aussi pâle d'angoisse.
De nouveaux hurlements retentirent alors que la panique générale commençait à disperser le groupe de demi-dieu.

- Qu'est-ce que c'est ?! répétais-je alors.

Weis se tourna vers moi avant de maugréer :

- Des sirènes du Nord. Faut surtout pas qu'on traine ici. Elle prennent la forme de tes pires peu...

- 'leen ?

Je me figeais brusquement sur place alors que je sentais parfaitement un mouvement se faire derrière moi.
Ce fut à mon tour d'écarquiller les yeux d'horreur alors que je reconnaissais immédiatement la voix qui venait de m'appeler.
Bill poussa un juron alors que lui comme Weis avaient les yeux rivés derrière moi avec incompréhension.

- Qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? murmura Bill.

- 'leen ? répéta la voix.

Je ne pus retenir une grimace de désespoir avant de me résigner à me tourner vers elle.
C'est alors sans surprise aucune que je la vis.
De long cheveux roux rassemblés en une élégante tresse qui flottait sur une grande silhouette musclée. Une tenue sophistiquée ajoutait à l'aura de pouvoir qui émanait d'elle alors qu'un énorme manteau bien trop grand pour elle s'agitait autour de ses épaules.

Bien sûr elle était plus belle, plus calme, plus forte et puissante.
Mais il n'y avait pas de doute, c'était bien moi qui me faisait face. La moi de cette ancienne vie oubliée.

- Eïleen elle n'est pas réel je..., commença alors Weis.

- Je m'en occupe. lea coupais-je alors d'une voix blanche en relevant la main derrière moi pour les empêcher de s'approcher.

Il était hors de question que quiconque pâtisse à nouveau de mes propres problèmes.

J'effectuais alors simple mouvement de jambes pour m'approcher de moi. D'elle.

D'Edlyn. De la sorcière impitoyable que j'étais dans une vie précédente.

Cette dernière réagit à peine, se contentant d'arquer un sourire moqueur en me voyant avancer.

- Et bien que voilà ? persiffla-t-elle. Une version bien pathétique de moi n'est-ce pas...

Je ne répondis rien, parce que j'étais trop occupé à diriger chaque parcelle de ma volonté sur le contrôle de moi-même, sur le contrôle de mes émotions. Comme j'aurais aimé pouvoir utiliser mon enrôlement en cet instant...
Edlyn pinça des lèvres, l'air des plus ennuyé et fit alors apparaître un poignard de bronze entre ses doigts.

- Tu y crois ? Luka qui se sacrifie deux fois pour... ça.

Je sentis mes mains se mettre brusquement à trembler.
Reste calme et rationnelle Eïleen. Elle n'est pas réelle. Ne la laisse pas gagner.

- Non, reprit Edlyn. À vrai dire pathétique ne conviendrait même pas. Tu ne me fais pas juste pitié, tu es aussi méprisante. Tu ruines tout ce que j'étais avec tes actes monstrueux. Je n'aurais jamais pu abandonner mes amis moi. Comment crois tu qu'Emma soit morte ? Après que tu l'ais tué.

Le poignard fusa brusquement vers moi.

- Eïleen ! S'exclamèrent Bill et Weis d'une même voix.

Inutile.

Je le rattrapais d'un geste, le faisant tout naturellement tournoyer entre mes doigts.

- T'as fait une erreur en me choisissant moi. fis-je alors. Parce que si tu es effectivement ma plus grande peur, tu es aussi l'être que je hais le plus au monde.

Je tendis alors la main face à moi et la repliait d'un coup. Sa veste élégante se serra alors autour d'elle avant de se déchirer à certains endroit.

Je ne sus comment je faisais ça. Peut-être était-ce car nous n'étions plus loin de la surface. Peut-être qu'être privé de mes pouvoirs quelques heures avait été le déclic qu'il me fallait pour que je puisse les réutiliser comme je le souhaitais.
Peut-être qu'Edlyn avait raison tout simplement. Peut-être étais-je réellement ce monstre.

Toujours est-il que les lambeaux de sa veste ne tardèrent pas à se retrouver sur le pourtour de sa gorge qu'ils se mirent à violemment étrangler.

Ce fut avec la plus grande des lenteurs que je m'approchais à nouveau d'elle pour lui faire face, l'observant suffoquer sous ma magie. Je n'eus qu'à recourber ma main pour que sa veste ne se serre qu'un peu plus, l'avançant vers moi. Je relevais alors les yeux vers elle et je la vis tressaillir d'un coup, l'image d'Edlyn semblant disparaître peu à peu alors que le monstre tentait de reprendre son souffle.

- T'es peut-être ma plus grande peur. Murmurais-je alors qu'elle m'observait, les yeux écarquillés de terreur. Mais t'es aussi moi.

Et sur ses mots je plantais alors le poignard avec force entre ses côtes.
Un éclair de soulagement sembla traverser son regard un instant avant qu'elle ne disparaisse sous mes doigts.

Un silence de plomb suivit durant lequel je gardais les yeux rivés sur le poignard, essayant de détacher mes pensées de ce qu'il venait de se passer.

- Eïleen ? fit alors Bill.

Évidemment les choses ne pouvaient simplement se dérouler comme je le souhaitais...
Je finis par prendre une longue inspiration avant de caler le poignard sous ma ceinture.
Je me tournais finalement vers Weis et Bill qui m'observait tous les deux avec des yeux ronds.

- Vous voyez ? dis-je alors avec le sourire le plus rassurant que j'étais capable de faire. Je vous avais dit que je pouvais m'en occuper.



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