Cette fois-ci j'eus la décence de ne pas me mettre à hurler lorsque je me réveillai une nouvelle fois auprès de Léo le lendemain. 

Mais ce n'était pas l'envie qui manquait...

Non bien au contraire je ressassais les évènements de la veille. Léo avait peut-être finit par me convaincre de rester avec eux finalement. Mais maintenant quoi ? Qu'est-ce que j'étais censée faire ? 

Je n'étais même pas supposée faire partie de cette fichue prophétie en premier lieu ! Maudites Parques à ne jamais vouloir me laisser me reposer !

C'est bien évidemment à ce moment exact que Piper débarqua alors dans l'écurie, tombant ainsi sur Léo toujours endormie et moi en train d'insulter le monde entier dans mon coin. 

- Oh. fit alors la fille d'Aphrodite avant d'esquisser un grand sourire. Oh. 

Je m'étais coincée dans une boucle temporelle c'était pas possible ! Comme hier je me sentis rougir jusqu'aux oreilles alors que je me relevais précipitamment, réveillant à moitié Léo par la même occasion. 

- J'imagine que je ne pourrais rien dire pour ma défense. maugréais-je en passant déjà sous la statue d'Athéna pour m'éloigner le plus possible de fils d'Héphaïstos.

- Tu imagine bien Eïleen, approuva Piper sans se dépêtre de son sourire. Une fois je veux bien que ce soit un concours de circonstances, mais deux ça à de quoi faire parler une fille d'Aphrodite. 

Je me contentais de lui répondre un très mature et réfléchi "gna gna gna" pour toute défense avant de m'enfuir à toute jambe, laissant la salve de moqueries et de remarques à Léo. 

Je finis par rejoindre le pont et ce fut sans surprise que j'y retrouvai Nico, assis près de la poupe à observer Festus avec curiosité. Néanmoins son regard ne tarda pas à se poser sur moi et une once de soulagement sembla traverser son regard.

- Je vois que tu n'es pas partie. 

Je haussais des épaules avec lassitude. 

- Je vois que ton plan a bien marché. répondis-je simplement, le gratifiant d'une dernière œillade assassine. 

Ce fut son tour de hausser des épaules d'un air dramatique, pour ce qui me sembla être une tentative de se moquer de moi en m'imitant...  Ce qui résultat en une bonne claque à l'arrière de sa tête de ma part. 

- Eh ! Tu frappes un estropié !

Je levais les yeux au ciel, pas le moins attendrie du monde. Je finis cependant par simplement ébouriffer ses cheveux pour toute représailles finales, mettant fin à la discussion.  

Une part de moi avait effectivement tellement envie de faire attention aux moindres de mes faits et gestes avec lui après tout ce qu'il avait vécu. Et puis je me rappelai que c'était exactement comme ça que tous les campeurs m'avaient traité après mon retour, et que tout cela n'avait fait que me pousser à me complaire dans mon mal-être...

Si bien que pour faire bonne mesure, je m'autorisai à lui confier ma mésaventure avec Piper (et la pourquoi du comment elle était arrivé, le pourquoi du comment étant cet abruti de Léo Valdez). Mésaventure qui sembla diviser Nico en un dégout profond et une pointe d'amusement. 

Ce fut ainsi alors qu'il commençait à proférer quelques menaces de mort contre Léo (pour la forme disait-il) que le dit Léo nous informa que nous étions arrivé à notre destination. 

Je ne tardai pas à laisser Nico pour m'approcher du rebord du bateau, pleine de curiosité. Je n'étais bien évidemment jamais allé à Venise, mais j'avais déjà vue plein de photo. Et honnêtement c'était mieux en vrai. Qu'est-ce que j'aurais donné pour faire partie de ces simples touristes qui étaient juste là pour profiter de la ville sans penser à la potentielle fin du monde qui arrivait le moins prochain...

Néanmoins un détail ne tarda pas à me sortir de mes pensées alors que je remarquai alors quelque chose que  je n'avais jamais vue sur des photos. Des espèces de vaches grise avec un large creux sur le dos était éparpillées un peu dans toute la ville. Les touristes ne semblaient pas les remarquer, j'en déduis donc que c'était des créatures magique.

-  Les mortels les prennent pour des chiens errants. dit alors Jason, me confirmant bien mon hypothèse.

- Ou même des chiens domestique qui se promènent, ajouta Piper. Mon père a tourné un film à Venise une fois. Je me souviens qu'il m'avait dit qu'il y avait des chiens partout. Les Vénitiens adorent les chiens.

- Mais c'est quoi ? Demanda Frank. On dirait des... des vaches affamées avec un pelage de mouton.

- Peut-être qu'ils sont inoffensif, proposa Léo. Ils ignorent les mortels.

- Inoffensifs ! Ricana Mr Hedge. Valdez, combien de montres inoffensifs avons nous rencontré jusqu'à présent ? On devrait leur balancer une charge de catapulte et voir ce qu'il se passe.

- Heu non. On va devoir passer parmi eux en espérant qu'ils sont inoffensifs, réfuta Frank. On a pas le choix si on veut retrouver le propriétaire du livre.

Léo se tut quelques instants, sortant le gros livre qu'il avait récupérer auprès des Cercopès. Il observa la couverture en fronçant des sourcils, peinant à déchiffrer le titre qu'il indiquait. 

- La Casa Nera, finit-il par lire, Calle Frezzeria.

- La maison noire, traduit Nico. Calle Frezzeria, c'est la rue.

- Tu parles Italien ? constata Frank avec une certaine surprise. 

Nico lui décocha un regard qui voulait certainement dire ''ne pose pas de question''. Frank n'osa rien ajouter, lui comme la plupart des autres demi-dieux semblaient quelque peu terrifié par le fils d'Hadès. Cela me paraissait tellement improbable, mais peut-être que si je n'avais pas connu Nico à l'époque où il était encore un gosse fan de jeu de carte aurais-je eu la même réaction au vu des mauvaises ondes qu'il avait tendance à émettre. 

- Frank a raison, dit finalement ce dernier. Nous devons trouver cette maison. Le seul moyen, c'est de parcourir la ville à pied. Et Venise est un vrai labyrinthe. On va devoir prendre le risque de s'exposer à la foule et à ces... ces je ne sais quoi.

Un roulement de tonnerre gronda, m'arrachant un sursaut. Je regardai le ciel avec inquiétude, il était vide à cet instant mais j'avais depuis longtemps appris à me méfier de l'eau qui dort.

- Je devrais peut-être rester à bord, dit alors Jason. Il y avait beaucoup de venti dans la tempête cette nuit.

- On se demande bien pourquoi..., marmonnais-je.

Seul le fils de Jupiter sembla m'entendre, il me jeta un léger coup d'œil mais ne dit rien, se contentant d'esquisser un léger sourire. Visiblement, ma scène de hier l'amusait toujours autant.

- Bha, euh... fit Piper en piétinant sur place. Je ne sais pas qui vas y  aller, mais il faudrait quelqu'un qui sache s'y prendre avec les animaux. Personnellement, je dois reconnaître que j'ai un problème avec les vaches.

Les regards des demi-dieux ne tardèrent pas à diverger sur moi. 

- L'odeur super forte, vous vous rappelez ? dis-je, cynique. Si vous voulez évoluer discrètement dans cette foule de monstre je ne suis pas certaine d'être la personne qu'il vous faut. 

- Je vais y aller alors. déclara finalement Frank.

Léo esquissa un grand sourire en lui tapant sur l'épaule, ravis de pouvoir ainsi s'échapper de cette aventure qui m'avait tout l'air des plus catastrophique. Il lui tendit ainsi le livre avec empressement.

- Je vais accompagner Frank, proposa à son tour Nico.

- Heu... Tu sais t'y prendre avec les animaux ?  Demanda Frank.

Nico fit un sourire dépourvue d'humour et répondit :

- En fait, la plupart des animaux me détestent. Ils sentent la mort. Mais il y a quelque chose dans cette ville... Une forte présence de mort justement. Beaucoup d'esprit sans repos. Si je viens, je pourrais les garder à distance. En plus, comme tu l'a remarqué, je parle italien.

- Je vais venir avec vous, conclut Hazel en passant son bras sous celui de  Frank. Trois, c'est le nombre idéal pour une quête n'est-ce pas ?

Frank parut la remercier du regard et bientôt l'étrange trio mit le pied à terre. Je ne pus m'empêcher de les suivre du regard du plus longtemps que je pouvais avant qu'ils ne se perdent dans la foule. J'avais beau essayer de traiter Nico avec nonchalance, une angoisse viscérale ne cessait de me parcourir à l'idée qu'on soit de nouveau séparé. Séparé pour une nouvelle quête pleines de monstres et de morts qui plus est. 

- Tu viens monter la garde avec moi ? me demanda alors Jason. 

Son regard semblait passer entre moi et la ville que je ne cessais d'observer avec appréhension. Je finis par pousser un long soupir et dégainai mon épée, lui lançant un regard en guise de remerciement.

- J'imagine que dézinguer des monstres ne pourra me faire que du bien.

- C'est le genre discours que j'aime entendre ça McGuire !!! s'écria Mr Hedge de l'autre bout du pont. 

J'esquissais un sourire et suivis finalement Jason, prête à me vider l'esprit dans les combats. 

J'eus le temps de réduire en poussière trois ventis avant qu'enfin, nos trois aventuriers ne remontent sur le bateau. Tous étaient dans un état qui me confirma que cette courte quête était belle et bien des plus chaotiques.

D'abord il y avait Nico qui semblait sur le point de tourner de l'œil et qui émettait une étrange odeur de pop-corn. Et puis Hazel elle émettait une odeur inhabituellement nauséabonde. Mais ce fut réellement quand Frank arriva que je poussais un hoquet de surprise. 

Il avait pourtant bien l'air d'être lui mais semblait deux fois plus et musclé qu'il y a seulement quelques heures. 

- Wow, bah mon poto !  Qu'est-ce que t'as encore mangé !?! nota Léo, qui ne pouvait décemment se retenir de faire une plaisanterie tant la situation était absurde.

Il me fallut toute ma volonté pour restée concentrée et écouter avec attention toute l'histoire de Frank. Parce que ce n'était pas réellement sur ses paroles mais sur lui-même que toute mon attention était focalisée. Je n'arrivais toujours pas à croire que c'était bien lui qui se tenait en face de nous. 

Néanmoins ma raison ne tarda pas à me rattraper lorsque Frank commença à raconter comment le Dieu de l'agriculture avait transformé Nico en maïs. En maïs ! 

Par Eris je savais que je n'aurais pas dû le laisser partir.

Et la suite de l'histoire ne fut que plus déprimante encore. Nico nous expliqua que nous allions devoir boire une poison mortel pour entrer les portes de la mort mais qu'une orge magique devrait nous garder en vie. 

"Devrait", tout cela était vraiment génial...

Oui, ce n'était que le début mais ce voyage était déjà désastreux. Et bien évidemment le cours des évènements n'allaient pas tarder à me prouver que ce n'était que le début.